« On a affaire à une stratégie purement financière »
Tous vêtus d’une blouse blanche, arborant différents slogans tels que : « Sanofi, à qui le tour ? » reprenant la célèbre phrase de la Française des Jeux, les chercheurs de Sanofi étaient près de 700 (source syndicats) à défiler dans les rues de Montpellier, la semaine dernière à l’occasion des « jeudis de la colère »[[Rassemblements qui se tenaient habituellement devant les laboratoires Sanofi chaque jeudi et qui regroupaient entre 200 et 300 personnes.]]. Cela dans le but de lutter contre le projet de restructuration de l’entreprise annoncé le 7 juillet dernier. Le congrès du canceropôle était également une bonne occasion pour les salariés de Toulouse de rencontrer et partager leurs craintes avec leurs homologues montpelliérains. Leurs revendications sont claires : suppression pure et simple du projet qui n’a, selon eux, que des visées financières et qui menace, à terme, la recherche en France. 914 postes (voire entre 1600 et 2400 pour les syndicats) seraient menacés sur le territoire dont 600 à Toulouse qui semble être le site le plus touché pas le plan. « C’est une stratégie purement financière qui prévoit de reverser jusqu’à 50% des bénéfices colossaux de l’entreprise aux actionnaires ! » nous confie Denis Murat du syndicat Sudchimie. On peut, en effet, s’interroger sur l’intérêt d’un tel plan alors que Sanofi enregistre des bénéfices record de 8.8 milliards d’Euros l’année passée (source Le Point [[http://www.lepoint.fr/economie/reorganisation-de-sanofi-haute-tension-lors-de-la-tenue-des-comites-centraux-11-10-2012-1515992_28.php]]). Le groupe est aujourd’hui en passe de devenir la première entreprise française en bourse, devant le géant Total. Les syndicats déplorent notamment l’absence de réelle stratégie d’investissement et la dégradation de la recherche engendrée par ce plan. Le cabinet d’expertise Syndex avait révélé lors d’une enquête menée en mars que la stratégie du groupe Sanofi s’axait vers la finance alors que d’autres solutions étaient possibles.
Autre problème du projet selon les syndicats : l’externalisation d’une partie de la recherche à des start-up voire au service public, ce qui dégraderait davantage la qualité de la recherche pharmaceutique. « De plus, Sanofi refuse de négocier précisément sur les livres 1 et 2[[Les livres 1 et 2 rendent compte, poste par poste, des projets de licenciements de Sanofi.]] , alors que nous avons tout l’argumentaire pour leur répondre. » ajoute Denis Murat « Ils veulent négocier tout en même temps et nous ne sommes pas d’accord » conclut-il.
«Pas de licenciements secs.»
La direction de Sanofi annonce quant à elle qu’il n’y aura « pas de licenciements secs » mais uniquement des départs volontaires et que le site de Toulouse ne serait pas touché hormis le secteur infectiologie. Des affirmations dont nous n’avons pu nous procurer les détails puisque l’entreprise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, qui traîne déjà les boulets des plans sociaux chez Arcelor, Petroplus, PSA ou Carrefour, pour ne citer qu’eux, se contente de cette annonce faite par l’entreprise alors qu’il semblait fermement opposé au projet à la mi-septembre. Reste dorénavant à savoir si les syndicats et la direction parviendront à trouver un terrain d’entente, ce qui est encore loin d’être assuré.
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