Un seul mot d’ordre : la pénurie. L’établissement français du sang (EFS) a lancé samedi 10 janvier un appel national. Et pour cause : les stocks sont actuellement à 75% des besoins réels. Sur l’Hérault et le Gard, la demande s’élevait à 950 poches de sang par semaine en 2006/2007. Aujourd’hui, ce chiffre est plus proche de 1250. La cause de cette augmentation ? « Le vieillissement de la population conduit à des traitements plus long, explique Thierry Etourneau, responsable de la promotion des dons à l’EFS de Montpellier. De plus en plus de pathologies se soignent par transfusion, et on peut ajouter aussi le fait que les transfusions sont de moins en moins tardives ».
Dans ce contexte de crise, Roselyne Bachelot a signé le 14 janvier un arrêté correspondant à l’application d’une directive européenne sur la sélection des donneurs. A cette occasion, la ministre de la santé en a profité pour élargir l’encadrement des donneurs. Ainsi, l’âge du premier don sera relevé à 65 ans. Tout comme l’âge du dernier qui, lui, est repoussé jusqu’à 70 ans au lieu de 65. Enfin, le nombre maximum de dons par une personne en un an a augmenté. Cet arrêté fait pourtant polémique : la population homosexuelle masculine demeure maintenue à l’écart de cet acte civique.
Pour Roselyne Bachelot, il reste un risque.
Contrairement à ce qu’elle avait annoncé en 2006, la ministre de la santé a conservé les restrictions encadrant le don. Dans un entretien accordé à Libération, elle explique sa démarche : « J’ai sollicité l’avis des experts et des agences sanitaires pour asseoir ma décision sur une évaluation médicale solide. En matière de risques liés au sida, tous ces experts m’ont fait part de deux éléments. D’abord, il y a une période muette de plusieurs jours, entre le moment où la personne a été en contact avec le virus et le moment où le virus circule dans le sang et donc devient détectable. Ensuite, les données épidémiologiques sont incontestables : entre 10 et 18 % des gays sont contaminés, alors que ce pourcentage est de 0,2 % pour les hétérosexuels. Il y a un risque, et ce risque est trop élevé ».
Pour Hussein Bourgi, président du collectif contre l’homophobie, le problème n’est pas si simple. « Je regrette que l’on assigne des personnes à un groupe, et qu’au nom de cette appartenance on leur refuse un droit. Au lieu de parler de populations à risques, on devrait penser la question en terme de comportements à risques ». Thierry Etourneau, lui, ne voit « aucun jugement moral d’exclusion » dans cette affaire. Et de compléter : « Les femmes homosexuelles peuvent donner leur sang. Les personnes qui ont séjourné 12 mois en Angleterre entre 1980 et 1996, elles, ne le peuvent pas. C’est toujours embêtant de faire des restrictions, mais c’est fondé sur l’idée de risque global car il faut toujours penser qu’en bout de course, il y a un receveur ».
Des explications qui apparaissent comme un peu légère pour la communauté homosexuelle. « L’EFS se cache derrière le principe de précaution, accuse Hussein Bourgi. C’était totalement justifié dans les années 90, époque où la recherche médicale n’avait pas encore bien cerné le sujet. Mais aujourd’hui, il devient difficile d’accepter avec fatalité ces dispositions».
Pour plus de renseignements:
- sur le don du sang: www.dondusang.net
- sur la lutte contre l’homophobie: www.contrelhomophobie.org
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