« Si on peut voter à 16 ans, il faut nous aider »

Par le 22 novembre 2016

Pour leur primaire, Europe Écologie Les Verts et le PS ouvrent le vote aux jeunes à partir de 16 ans. Reportage à la sortie des lycées auprès des intéressés, pas vraiment concernés.

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Voter à 16 ans n’est pas une priorité

Pour eux, la primaire est très floue. Aucun des ados rencontrés aux lycées Joffre, Clémenceau ou dans les rues de Montpellier n’est au courant de la nouveauté électorale proposée par le PS et les écologistes à l’occasion de la primaire : les 16-18 ans ont la possibilité de voter ! La primaire, certains en ont entendu parler dans un cadre familial mais très peu se sentent concernés ou prêts à aller voter.
À 16-17 ans, la plupart d’entre eux affirment avoir d’autres préoccupations que la politique et ne se sentent pas suffisamment armés pour en comprendre tous les enjeux et les rouages. Cette complexité les déroute ainsi que le « trop grand nombre de candidats » à leurs yeux. Trois jeunes qui auront 18 ans en début d’année 2017 préfèrent ainsi attendre la présidentielle elle-même pour se concentrer sur un minimum de candidats.

« À 18 ans ce n’est pas simple de voter. Nous nous familiarisons tout juste avec la politique et cela demande du temps et de l’investissement. Il est plus difficile pour un jeune de 18 ans de comprendre toutes les subtilités des programmes politiques du fait de son manque d’expérience. Personnellement je préfère m’intéresser à moins de candidats mais être certaine de bien comprendre leurs intentions plutôt que m’intéresser à plus de candidats mais ne faire que survoler leurs programmes. Pour cette raison, j’irai voter aux présidentielles de 2017 mais pas aux primaires. » explique Camille, 17 ans, en terminale ES à Clémenceau.

La politique à 16 ans, pas sans accompagnement

Si certains adolescents reconnaissent « manquer de maturité » pour voter à 16-17 ans, ils ne rejettent pas la politique de manière catégorique pour autant. « Aborder les questions politiques à 16 ans pourrait être intéressant à condition que nous soyons renseignés et accompagnés », affirme Damien, 17 ans, lycéen à Joffre. Il regrette d’ailleurs que l’initiative du PS et de EELV pour impliquer plus tôt les jeunes dans la vie politique ne s’accompagne pas d’une sensibilisation spécifique à leur égard. À l’entendre, inviter les jeunes à voter n’est pas suffisant : il faut aller à leur rencontre, les renseigner et répondre à leurs questions : « Les membres des partis locaux auraient pu nous rencontrer à la sortie du lycée ou venir nous parler en classe directement », poursuit Damien.

Pour cette sensibilisation au débat politique, les lycéens rencontrés se tournent aussi vers leurs profs : « Nous sommes en terminale ES et nous suivons des cours de science politique. Si le droit de vote est abaissé à 16 ans nous trouverions ça normal que les enseignants nous aident à y voir plus clair », affirme en chœur un petit groupe du lycée Georges Clémenceau. « Au lycée on nous demande d’avoir du savoir et de la culture. On nous parle de santé, de sexualité… alors pourquoi pas de politique ? » ajoute Nicolas, 16 ans.

Faute de débat en classe sur les questions politiques, le seul endroit où les adolescents abordent ce sujet qui les préoccupe assez peu reste le cadre familial. Les débats demeurent alors conduits et orientés par les parents : « À 16 ans, nous sommes surtout tentés de voter comme eux » affirme un lycéen sous l’acquiescement général. En dehors des parents, les enseignants restent des interlocuteurs à privilégier pour ces jeunes en manque de repères. Du fait de la neutralité exigée par leur profession, ces derniers sont en effet les plus à même d’informer, sans influencer.

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à propos de l'auteur

Auteur : Chloé Garillot

Éditrice de formation, je m’intéresse à la littérature en tant que miroir réaliste ou métaphorique de nos sociétés contemporaines. Depuis toujours, la littérature participe à éveiller les consciences politiques et sociales des lecteurs et constitue un tremplin majeur dans la formation et l’avancée des débats publics. Aussi, c’est presque naturellement que cette appétence pour l’information et l’examen de nos civilisations m’a conduite vers le métier de journaliste. Loin d’être antagonistes, je perçois l’édition et le journalisme comme des pratiques d’informations complémentaires qui me permettent d’élargir mes horizons et de satisfaire ma curiosité. Aujourd’hui, je souhaite moi aussi prendre la plume, investir le terrain et m’immerger au cœur des problématiques populaires. Car, comme le disait Socrate, je suis d’avis que l’information la plus juste se glane sur « la place publique, près des comptoirs des marchands ». Idéaliste pragmatique, j’aspire à faire reculer le mépris ignorant et participer à l’émulation collective d’idées et d’opinions. En devenant journaliste, j’aspire à faire démentir la citation de Paul Valéry qui affirme que « la politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».