Slate.fr, l’information à l’américaine

Par le 11 février 2009

L’ancien directeur de la publication du « Monde », Jean-Marie Colombani, a annoncé mardi 10 février le lancement officiel de la version française du site d’information américain Slate.com. Un nouveau « pure player » sur la toile, qui tente d’enrayer la crise de la presse écrite par une information de qualité sur Internet.

Il y avait Bakchich, Rue 89 puis Mediapart. Des « pure player » comme on aime à les nommer. Des journaux numériques fidèles aux préceptes de l’éthique de la presse écrite, mais animés d’une fougue et d’une croyance dans le papier pixelisé. Aujourd’hui, ils sont rejoint par un quatrième mousquetaire, média qui a déja fait ses preuves aux Etats-Unis avec un succès indéniable : Slate.

Fondé en 1996 par Michael Kingsley avec le soutien financier de Microsoft, Slate sera racheté par le Washington Post en 2004. Depuis, Slate.com est devenu le premier site d’information américain « pure player » (qui ne décline pas de version papier ou audiovisuelle), avec 6 millions de visiteurs uniques mensuels. Son code de valeurs se distingue par une rigueur, une pertinence, parfois même un ton provocateur et ironique. Son design est sobre mais efficace, et nourrit l’ambition du projet : faire de Slate un journal numérique d’informations, de « facts, facts, facts« , mais avec un recul, avec un fort esprit d’analyse.

La participation du site mère, Slate.com, sera à hauteur de 15% du capital.

Slate possède donc désormais sa version française. Mais le nouveau « pure player » dirigé par Jean-Marie Colombani se veut pour autant indépendant, comme l’explique l’ex-patron du monde en affichant son ambition sur le site : « Slate.fr, entreprise indépendante contrôlée par ses fondateurs, a pour ambition de devenir l’un des principaux lieux en France d’analyses et de débats dans les domaines politiques, économiques, sociaux, technologiques et culturels« . L’actionnariat majoritaire sera ainsi détenu par Jean-Marie Colombani, mais aussi par deux anciens du Monde, Eric Leser et Eric Le Boucher, auxquels s’ajoutent Johan Hufnagel, ancien rédacteur en chef du site 20 minutes, ainsi que l’écrivain et économiste Jacques Attali. La participation du site mère, Slate.com, sera à hauteur de 15% du capital.

« Slate.fr est destiné à ceux qui veulent prendre du recul, et avoir une vision de l’actualité avec une valeur ajoutée »

Le lancement de ce petit frère français du géant américain est une très bonne nouvelle pour la presse hexagonale. Reconnu comme un média indépendant avec une information de qualité, admiré et source d’inspiration de médias français comme Mediapart, Slate.com redonne ses galons de noblesse au journalisme, à son éthique. Son information est de type magazine, distanciée et pesée, ne privilégiant pas l’actualité chaude, les dépêches, et le flux mené d’une main de fer par Google News. La version française devrait reprendre ces mêmes dogmes. Pour Eric Leser, fondateur, Slate.fr est destiné « à ceux qui veulent prendre du recul, et avoir une vision de l’actualité avec une valeur ajoutée ». D’ailleurs, le site français traduira régulièrement des articles de Slate.com afin de proposer du contenu, et enrichir de plumes américaines un site pour l’instant encore pauvre en articles.

Les fondateurs se sont donné un délai de trois ans pour être stables financièrement dans un projet où ils auront investi 2 à 3 millions d’euros. Des rumeurs circulent sur le soutien politique d’un certain Nicolas Sarkozy. Eric Leser s’en défend : « nous n’avons aucun engagement politique, tous les bords sont représentés« . Il serait en effet dommage que l’espoir d’une nouvelle presse de qualité et indépendante se fonde dans la mélasse politique de nombreux titres français.

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à propos de l'auteur

Auteur : Mathieu Martiniere

Basé à Lyon, indépendant depuis 2011, Mathieu Martiniere travaille sur des enquêtes et des reportages au long cours pour des médias français ou européens, comme Mediapart, Slate, La Cité, Libé, La Tribune de Genève ou RFI. Il est le cofondateur en 2014 de We Report, un collectif international de journalistes indépendants, qui réalise des enquêtes long format et multimédia. Prix : Bourse Netzwerk Recherche 2015 de la fédération allemande des journalistes d’investigation, avec Robert Schmidt, pour son travail sur l’industrie du tabac. Prix international DevReporter 2015, avec Alberto Campi et Daphné Gastaldi, pour des reportages sur les Roms en Roumanie et Slovaquie. Contact : mathieu[@]wereport.fr // Twitter : @Mat_Marty