Georges Frêche controversé mais soutenu

Par le 24 janvier 2010

Georges Frêche bénéficie d’un large soutien. Il s’appuie sur ses puissants réseaux, mais pas uniquement. Les représentants locaux du Mouvement des Jeunes Socialistes et de la gauche du PS soutiennent le monarque local.

« Je n’ai qu’un seul ennemi, la droite: l’UMP et le FN ». Georges Frêche se présente comme l’unique recours face à l’UMP. Son discours lors de l’inauguration de son local de campagne, samedi 23 janvier 2010, affiche les ambitions du candidat président. Au-delà, il espère rallier toute la gauche autour de lui. Yves Pietrasanta, des Verts, et le communiste Jean-Claude Gayssot ont déjà intégré sa liste. Georges Frêche demeure soutenu jusqu’à la gauche du PS. Pourtant, le personnage alimente la controverse. Propos racistes, politique clientéliste, démagogie revendiquée, le président de Région sortant n’est pourtant jamais contesté dans son hégémonie.

Ralliement électoraliste

En 2007, Georges Frêche est exclu du PS pour avoir évoqué le trop grand nombre de noirs en équipe de France selon lui. La gauche du PS, incarnée par Benoît Hamon, revendique l’initiative de cette exclusion. Cependant, en 2010, avant les élections, les avis ont soudainement changé. En dehors de quelques personnalités, la majorité du PS se range en ordre de bataille derrière le féodalisme local. Les diverses personnes interrogées à l’issue du discours ne sont pas perturbées par les frasques du personnage ni par sa politique.

Merry Laballe, qui dirige le Mouvement des Jeunes Socialistes de l’Hérault, défend le bilan de Georges Frêche. Le soutien de Chasse Pêche Nature et Tradition, proche de la droite, ne la dérange pas. Elle insiste sur l’accord général autour du programme: « si CPNT rejoint notre programme, alors ce n’est pas gênant de s’allier avec eux ». Les propos de Georges Frêche, considérés comme racistes, et son autoritarisme sont relativisés: « Je pense que cela fait partie du personnage. Mais, au-delà de son caractère, il faut observer tout ce qu’il a fait pour la région ». La jeune politicienne égrène les quelques mesures qu’elle juge sociales, prises au cours du mandat régional. Interrogée sur l’opposition à l’implantation d’Agrexco, entreprise israélienne jugée criminelle, elle semble douter: « Je ne sais pas, il faut évaluer le bon et le moins bon ». Cependant, le soutien affiché de Georges Frêche au colonialisme israélien n’est pas remis en cause.


Efficacité plutôt que convictions

Michaël Delafosse, jeune élu municipal, se range sans sourciller derrière le candidat contesté: « Martine Aubry soutient également Georges Frêche. C’est le seul recours pour battre la droite. L’objectif c’est de voir la région en rouge le soir des élections ». Mais le rouge ne cesse de pâlir. Pas pour lui. Tout en serrant des mains pour saluer les gens qui l’entourent, il dresse l’éloge du bilan de Georges Frêche: « Il a construit des collèges, y compris pour les catégories populaires ». Il écarte les accusations de clientélisme: « le plus important, c‘est que la gauche l’emporte pour faire contrepoids avec le gouvernement de droite ». Georges Frêche considère également avoir toujours été élu par des cons. Michaël Delafosse ne semble pas heurté par ses propos, il ajoute: « Les électeurs sont parfois cons. Quand je discute avec les gens je vois qu’ils ne savent pas tout ce que l’on a fait pour eux ».

En revanche, le conseiller municipal laisse planer un doute sur la politique régionale à venir: « Georges Frêche a dit qu’il n’allait pas augmenter les impôts. Moi, je suis plutôt pour la redistribution et je ne suis pas contre l’augmentation des impôts ». Cependant, les promesses de dépenses sociales sont nombreuses et se révèlent alors démagogiques. L’élu écarte cette contradiction: « Je suis à la gauche du PS. J’ai des désaccords avec beaucoup de socialistes, et pourtant nous sommes dans le même parti ». Le jeune élu tente d’apparaître « de gauche » tout en soutenant un candidat qui affiche des convictions réactionnaires. Michaël Delafosse, à l’image de son mentor, se paie même le luxe de dénoncer le supposé antisémitisme des opposants à l’oppression du peuple palestinien. Au PS, l’indignation antiraciste demeure un argument électoraliste à géométrie variable.


Un règne sans fin

Des personnalités proche de la gauche du PS et de Benoît Hamon au niveau national participent donc à la campagne de Georges Frêche. Marc Chicaud, sympathisant socialiste, ne masque pas ses doutes: « Il ne fait plus l’unanimité. Beaucoup de personnes sont choqués par ses propos et par sa politique ». Marc Chiraud est davantage attiré par Europe Écologie mais considère qu’ « il y a des liens amicaux qui font que je suis ici ».

Les réseaux de Georges Frêche s’étendent jusqu’à la gauche du PS. Entre communication et clientélisme, il règne comme un seigneur sur ses terres. Les personnalités du socialisme local ne veulent pas se heurter au président tout puissant, car son despotisme peut ralentir leurs ambitions.

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Mis à jour le 24 janvier à 21h30

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à propos de l'auteur

Auteur : Sylvain Quissol

J’ai suivi des études d’histoire et de science politique pour mieux comprendre et analyser l’actualité. Au moment de choisir une orientation professionnelle, j’ai pensé au journalisme. Je m’intéresse à l’actualité et j’aime écrire. Je me passionne plus précisément pour l’agitation politique et les enquêtes sociales. Pour moi, la presse doit informer et attiser l’esprit critique. Je pense même qu’il est possible d’être à la fois rigoureux, précis et tranchant pour libérer un journalisme trop souvent servit sous cellophane. Je préfère faire partager un regard décalé sur l’actualité parfois soumise au ronronnement du formatage éditorial. Pour traiter l’information avec plaisir et détachement.