La gauche anti-frêchiste : un « coup d’Etat » du PS ?

Par le 4 février 2010

Depuis le dernier dérapage de Georges Frêche, la gauche est plus que jamais divisée en Languedoc-Roussillon. Pro-frêchistes et pro-Mandroux s’affrontent dans une guerre des nerfs. Si la situation actuelle est compliquée, elle l’est d’autant plus pour les électeurs.

Un énième dérapage de Georges Frêche fait l’actualité. Le président de la région Languedoc-Roussillon a tenu des propos au sujet de Laurent Fabius, le 22 décembre dernier devant le Conseil d’agglomération de Montpellier : « Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche, pas catholique ». Pour Laurent Fabius, ces propos avaient «évidemment un caractère antisémite». Il n’en fallait pas plus pour que cette phrase fasse polémique et indigne plusieurs membres du Parti Socialiste. Frêche a écrit une lettre à l’ancien premier ministre socialiste, dans laquelle il revient sur ce qu’il qualifie d’un «incident», il s’y explique sans s’excuser, et en se disant victime d’une « chasse à l’homme ».

Suite à ces déclarations, Manuel Valls a quant à lui demandé, au micro de France Inter, la constitution d’une « nouvelle liste » en Languedoc-Roussillon. Il estimait en effet que « le risque de perdre une région n’est rien par rapport au risque de perdre l’essentiel, nos valeurs ». La Première Secrétaire, Martine Aubry, avait suivi en demandant à Hélène Mandroux, maire de Montpellier, de «conduire une liste de rassemblement entre la gauche et les écologistes en Languedoc-Roussilon».

Ces propos ne sont pas les premiers à défrayer la chronique. Georges Frêche est président de la région Languedoc-Roussillon depuis 2004, après avoir été maire de Montpellier et député de l’Hérault. Ce personnage historique fait désormais partie de la vie quotidienne des Languedociens et laisse rarement indifférent. Il est exclu du parti socialiste en 2007 après avoir tenu une série de propos jugés déplacés. Bien que désormais extérieur au PS, il garde une influence certaine, notamment en Languedoc-Roussillon.

Une tentative de construction d’une liste socialiste alternative à Frêche avait déjà eu lieu en novembre dernier sans aboutir. Le socialiste Paul Alliès, Secrétaire national adjoint à la rénovation annonçait alors que « le PS ne [voulait] pas Georges Frêche pour les régionales ». Missionné par la direction du parti, Paul Alliès devait s’employer à construire une liste socialiste sans Frêche. Cette déclaration avait suscité de nombreuses réactions au sein du PS dont celle de Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, qui avait déclaré : « Paul Alliès ne pouvait se revendiquer d’un mandat national », tout en ajoutant que le PS « espère arriver à un rassemblement de la gauche. Nous sommes convaincus que c’est la bonne voie. Encore faut-il que les acteurs en aient envie. ». Appelés à se prononcer le 3 décembre 2009 sur la constitution des listes, les militants socialistes de Languedoc-Roussillon avaient plébiscités la liste de la fédération, avec pour tête de liste dans l’Hérault, Georges Frêche.

Ce vote sonne donc le glas d’une éventuelle liste alternative. Le parti socialiste annonce cependant par la voix de Christophe Borgel : « Nous ne proposerons pas à la Convention nationale de donner l’investiture nationale à Georges Frêche. Et nous ne proposerons pas un autre dispositif, car sans nos partenaires, ce serait ajouter de la division ». Enfin, un ultime rebondissement semblait clore cette étape : le 17 janvier Martine Aubry déclare : « Georges Frêche n’a pas l’investiture du parti socialiste (…) mais j’espère qu’il gagnera parce que je ne veux pas que cette droite gagne ».

Après avoir échoué dans sa tentative d’alliance entre certains socialistes dont le président du Conseil général de l’Hérault, André Vezinhet, et la liste commune Front de gauche-NPA-PCF menée par René Revol, Paul Alliès pensait miser sur Europe-Ecologie, mais cette nouvelle polémique autour de Georges Frêche va sans doute changer la donne. La constitution d’une liste anti-Frêche offre ainsi une place de choix à Hélène Mandroux, maire de Montpellier, pour le leadership d’une liste autonome PS. Cette liste a été officiellement investie hier soir par le bureau national.

Malgré ces bouleversements et ces nouvelles alliances, il va être difficile pour le PS de détrôner le président de Région sortant.

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