Le dépôt des listes du MoDem en Languedoc-Roussillon est repoussé à lundi

Par le 14 février 2010

Refusant un accord avec Génération Ecologie pourtant souhaité par François Bayrou, Marc Dufour a annoncé vendredi dernier (ndlr. 5 février) à Haut Courant qu’il déposerait des listes MoDem autonomes pour les régionales le 9 février 2010. Aujourd’hui, dimanche 14 février, il ne l’a toujours pas fait. Mieux que cela : avant-hier, il a annulé un point-presse prévu à Montpellier, pendant lequel il devait présenter la liste héraultaise du MoDem.

Ces derniers jours, Marc Dufour a sillonné la région pour présenter les listes départementales du MoDem. À Nimes et à Mende, il a fait campagne en vrai chef de file, entouré de ses colistiers locaux. Pour mettre fin aux spéculations sur un éventuel retour de dernière minute des pro-Drevet, il ne lui restait plus qu’à venir à Montpellier, et afficher officiellement sa liste héraultaise devant la presse. Avec lui en haut de l’affiche.

Le rendez-vous a été annoncé jeudi par Midi Libre, puis reporté à vendredi dans un bar de l’Écusson. Puis Dufour l’a finalement annulé. Vendredi à l’heure prévue, les serveurs du bar en question en savaient à peine plus que les visiteurs sur la venue du patron héraultais du MoDem.

La composition des listes n’est pas fixée

Deux journalistes d’Haut Courant ont contacté Marc Dufour. Décontracté au téléphone, il leur a expliqué : «À l’heure actuelle, je ne sais pas si je suis candidat et je ne peux donc rien dire. Ce que je sais, c’est que François Bayrou a rompu les discussions avec Génération Ecologie et m’a demandé de recoller les morceaux qu’il a lui-même, il faut bien le dire, contribué à briser dans la région.» Cette explication, Marc Dufour l’a donnée par deux fois aux deux journalistes. La même, à quelques mots près. Elle mérite donc que l’on s’y arrête un instant.

Le patron du MoDem n’est pas sûr d’être candidat, mais il déclare avoir enfin obtenu le soutien de François Bayrou. Deux informations contradictoires, puisqu’il ne manquait plus que le soutien de François Bayrou pour que Dufour soit tranquille. Si Bayrou a mis une croix sur la notoriété de Patrice Drevet comme Dufour l’affirme, qui d’autre que ce dernier pourrait en effet prendre la tête des listes ?

C’est justement dans la composition des listes finales que le problème réside, plus que dans la question du chef de file. Bayrou a déclaré hier dans Midi Libre: «J’ai tenu à rassembler les responsables de mon parti jeudi soir dans le Gard. J’ai tapé du poing sur la table. Il y a des tensions internes autour de sensibilités différentes que je n’aime pas. J’ai tenté de les persuader de se rassembler.» La pro-Drevet Catherine Labrousse et les anciens partisans en interne d’une alliance verte-orange peuvent-ils encore être visibles sur les listes ? Le président du parti centriste s’y dit favorable: «J’essaie de faire en sorte qu’émerge une nouvelle organisation pour notre liste dans cette région.» Pas sûr que Marc Dufour accepte qu’on retire certains de ses colistiers des listes.

Depuis la primaire, les pro-Dufour n’ont pas eu de mots assez forts pour leurs adversaires au sein du parti, battus en interne. Marc Dufour lui-même n’y est pas allé de main morte avec Catherine Labrousse, déclarant au début du mois dans Midi Libre : «Comment pourrait-elle [jouer un rôle dans la campagne] avec le mauvais score qu’elle a recueilli lors des primaires. Et puis son avenir sur la liste a été un élément important de la négociation.» La dernière phrase signifiant sans doute, qu’une alliance avec Drevet aurait été hors de question si Labrousse avait été sur l’une des listes.

Belle ambiance en interne!

Quand au derniers mots de l’explication fournie par Marc Dufour à Haut Courant, ils sèment encore plus le doute puisque le patron départemental du MoDem y tacle allègrement le président national de son parti. Bayrou lui laisse le champ libre, mais Dufour renchérit. Difficile de savoir dans ce contexte qui «brise les morceaux» et qui les «recolle». D’autant que les proches de Marc Dufour montent aussi le ton. Avant-hier, la vice-présidente héraultaise du mouvement, Florence Denestebe, a bruyamment démissionné de son poste au sein du MoDem. «Florence, qui est effectivement mon amie, est très fâchée contre Bayrou», répond Marc Dufour lorsqu’on lui demande si elle va reprendre son poste de vice-présidente du MoDem 34, maintenant que tout est censé rentrer dans l’ordre. Faute de réponse, on aura au moins la confirmation qu’elle est son «amie».

À ce jour, il est donc impossible de mettre un point final à cette histoire de fous qui opposent deux clans, quand ce n’est pas trois en comptant Paris. Les électeurs languedociens devront encore attendre demain lundi 15 janvier, date limite des dépôts de listes, pour savoir à quoi s’en tenir sur le MoDem local et son programme jusqu’ici peu lisible. Selon Midi Libre, les listes Dufour sont actuellement créditées de 2,5% des intentions de vote. Dans le meilleur des cas: 3%. Le premier tour des élections a lieu le 14 mars prochain. Dans seulement 29 jours.

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à propos de l'auteur

Auteur : Igor Gauquelin

Un jour chez un préfet à discuter « d’affaires de la plus haute importance », le lendemain chez des tziganes à échanger sur leur pratique religieuse. Moi qui ai la curiosité et la bougeotte, c’est ça que j’aime dans ce métier. A Hautcourant.com, nous sommes tous des passionnés. Mais on nous rabâche sans arrêt que la presse est en crise et que notre avenir est incertain. Du coup, on a fini par se faire une raison: on sait qu’on ne croulera pas sous les dollars. Alors pour garder la persévérance, on se dit que c’est tant mieux. L’information ne doit pas aller des hautes sphères vers la base, mais bien de la base vers les hautes sphères. Lyonnais de cœur, j’ai fait science politique dans ma ville natale, avant de faire un saut de puce en Finlande pendant un an puis de venir chercher du soleil à Montpellier, comme les lyonnais en rêvent tous.