Franz-Olivier Giesbert, entre amour courtois et querelle journalistique

Par le 15 février 2010

Invité par la librairie Sauramps, en association avec le Club de la Presse de Montpellier, Franz-Olivier Giesbert est venu présenter son dernier roman « Un très grand amour », lundi 15 février. S’en est suivi un débat animé par le journaliste Didier Thomas-Radux.

L’amour en question : altérité et absolu

« Il ne faut jamais dire qu’on a un cancer » lui avait affirmé le Pr Debré : « le cancer fait le vide autour de vous.  » Franz-Olivier Giesbert a pris le conseil de son médecin à contre-pied pour engendrer Un très grand amour, récit dans lequel il dédramatise sa maladie. Il y raconte l’histoire d’un homme atteint d’un cancer de la prostate, depuis le diagnostic jusqu’à la rémission. Si le cancer est bel et bien présent dans cette biographie romancée, « la maladie n’est qu’un personnage secondaire. C’est avant tout une histoire d’amour. »

L’amour, c’est d’ailleurs l’un des sujets favoris de Franz-Olivier Giesbert : « j’ai voulu partager une expérience sur l’amour. Le chagrin d’amour m’a démoli, pas la maladie« . Donc, résolument optimiste, il s’est même abandonné à quelques envolées lyriques : « les femmes avec qui l’on veut vivre ne sont pas forcément celles pour qui l’on peut mourir« , « il m’a fallu soixante ans pour découvrir les vertus de la fidélité » ou encore « j’ai divorcé de femmes absolument remarquables : la preuve je les avais épousées. » Le titre de son roman n’a pas été choisi au hasard. Référence explicite est faite à Spinoza : le très grand amour est celui qui constitue un « accroissement de soi-même. » Bref, pour Giesbert, cette quête de l’amour absolu nous rappelle un peu la course de Perceval vers le célèbre Saint Graal. On apercevrait presque Blanchefleur… L’amour courtois en somme.

De l’éthique journalistique

Si Franz-Olivier Giesbert est romantique, une partie de l’assemblée l’est un peu moins. En effet, le journaliste Pierre Carles [ Journaliste et documentariste, il développe à travers ses films une critique de l’espace médiatique, dont il dénonce les connivences croisées. Il est l’un des membres fondateur du journal de critique des médias Pour lire pas lu (PLPL), devenu Le Plan B au printemps 2006.]] est très en forme : « pourquoi le Club de la Presse a-t-il invité Franz-Olivier Giesbert en tant que journaliste, alors que ce n’est qu’un imposteur ? » D’une pirouette, le directeur du Point rétorque : « quand on réussit, on a beaucoup d’ennemis. Les caniches aboient, la caravane passe. » Le créateur du [Plan B lui reproche une hypocrisie apparente lorsqu’il affirme, dans l’émission « Huit journalistes en colère« , que « le vrai patron du journal, c’est le lecteur« , l’accusant de connivences. Il n’hésite pas non plus de le taxer de « calamité du journalisme« . Devant une audience agacée, F.O.G. affirme : « je suis l’ennemi à abattre pour les journalistes qui pensent qu’ils peuvent faire leur journal sans se fier au lecteur. Il faut établir un pacte de confiance. Si l’on fait des titres exclusivement racoleurs, le lecteur se lasse. Il faut trouver un juste équilibre entre la loi du marché et les attentes du lecteur. » Selon Giesbert, si certains journaux vont mal, c’est parce qu’ils négligent ce paramètre là. Et de rajouter : »alors, ces journaux tendent la main à l’État. Je suis contre ces aides. Le Point n’en reçoit pas. D’ailleurs nous ne sommes même pas allés aux États Généraux de la Presse. »

Imperturbable, Franz-Olivier Giesbert n’est pas non plus désarçonné lorsqu’une personne de l’assemblée lui demande comment un journaliste de son état, profession prenante, trouve le temps d’écrire nombre de fictions ? Prolifique, il l’est depuis sa jeunesse. Il avoue avoir rêvé de devenir écrivain et être devenu journaliste par nécessité :  » entre 12 et 20 ans, je rédigeais environ deux romans par an. » La fiction est donc un échappatoire qui lui est cher : « le journalisme, c’est un métier absorbant, ça vous dévore, il faut aussi faire autre chose… »

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à propos de l'auteur

Auteur : Julie Derache

« Un photographe est un funambule sur le fil du hasard, qui cherche à attraper des étoiles filantes » (Querrec) Diplômée du Master 2 Métiers du journalisme, je suis passionnée à la fois par les lettres, l’écriture et par la photographie. J'aime à reprendre les mots d'Eric Valli : « La photographie est avant tout, pour moi, la rencontre, la découverte, l’apprentissage d’autres mondes. Et le partage. C’est parce que ce métier est avant tout humain qu’il me passionne. » Ces propos résument tout. Mes expériences professionnelles, mes rencontres, mes passions, et surtout pourquoi j’ai choisi d’être à la fois journaliste et photographe. Amoureuse des mots, des livres, des images et des rencontres, j’ai toujours eu à cœur de comprendre le monde et de défendre ce que je crois être des causes justes. Curieuse, j’ai toujours voulu acquérir le plus de connaissances et d’expériences possibles dans divers domaines. Ainsi, mes multiples cheminements, atypiques bien souvent, se sont constamment éloignés des sentiers battus. Jeune, je me suis engagée par le biais d’une action pour la protection de l’environnement soutenue par PPDA, Roger Gicquel, Robert Hossein, entre autres. Grâce à cela, j’ai appris les bases du métier de journaliste, son éthique, et surtout à me dépasser pour aller vers l’autre. Ensuite, mon baccalauréat littéraire en poche, je me suis dirigée naturellement vers des études d’Histoire. Après ma licence, je suis allée voir ce qui se passait ailleurs, au Québec. M’intéressant à l’investigation et voulant m’immerger dans l’histoire du pays qui m’accueillait, j’y ai écrit un essai sur la femme amérindienne chrétienne en Nouvelle France dirigé par Paul André Dubois (Université Laval), explorant ainsi la culture et l’environnement des Premières Nations. A mon retour, je me suis vraiment lancée dans le journalisme. D’abord en intégrant le Master 1 Science Politique et le Master 2 Métiers du Journalisme, puis en faisant des stages dans le monde de la presse comme du photojournalisme. Notamment à l'Agence Vu, au sein de la rédaction locale, de la rédaction Culture/Magazine de Midi Libre et de celle de Polka Magazine où j’ai notamment eu la chance de pouvoir publier une première photographie commandée par Alain Genestar. Au sein du Master, j'ai également rédigé un mémoire intitulé « Au delà des clichés. Des évolutions du photojournalisme et de l'avenir d'une profession » sous la direction d'Edwy Plenel. A ce jour, je le retravaille en vue de le publier. Pour conclure, je pourrai vous dire, en reprenant les mots de Cédric Gerbehaye : « Je fais de la photo parce que j’ai des convictions », en ajoutant que pour moi le journalisme, c'est à la fois les mots et l'image, et que mon objectif est de faire des reportages pour documenter ce dont on ne parle pas, pour rendre compte, pour témoigner en prenant le temps, en analysant, en assumant sa subjectivité.