En mode crise

Par le 16 décembre 2011

Cet hiver, on craque pour le bleu roi, les imprimés sixties et le mélange des matières. Mais crise économique et baisse du pouvoir d’achat obligent, les vêtements des marques les plus courantes ne rencontrent plus un franc succès. Heureusement, il existe des solutions plus économiques.

La crise des magasins traditionnels

Samedi après-midi à Zara, au Polygone. Le magasin a des allures de fourmilière. Une femme traine littéralement son mari par la manche, une adolescente essaye de faire comprendre à sa mère que si, ces petites ballerines bronze iraient très bien avec son slim kaki et des copines essayent directement leurs trouvailles devant les miroirs du magasin. Il faut dire qu’aux cabines d’essayage, la queue semble interminable.
Des dizaines de clientes, les bras chargés de pulls et robes en tous genres, prennent leur mal en patience. Mais beaucoup n’achèteront que le strict minimum à l’image de Sonia, 32 ans : « J’ai pris six articles à peu près au même prix et je vais tous les essayer. Mais au final, je ne prendrai que celui qui m’ira le mieux. Je ne peux pas me permettre plus ». Après essayage, son choix se porte sur une jupe à moins de trente euros et elle laisse les autres articles à la vendeuse, à regret. « J’ai eu du mal à choisir », soupire-t-elle. Isabelle, 47 ans, est plus chanceuse. Enseignante, elle n’a pas été touchée par la crise et son budget vêtements n’a pas été affecté : « En hiver, j’ai même tendance à mettre le prix dans de belles pièces, comme un manteau ou une paire de bottes ». Pourtant, elle se rabat de plus en plus souvent sur les chaines les moins chères « parce que le prix de certains magasins a exagérément augmenté ».

Justement, direction Kookai, rue de la Loge. Un simple top peut y coûter plus de cinquante euros. Aujourd’hui, il y a 40% de réduction sur une sélection d’articles, ce qui n’empêche pas que les prix soient élevés. « Je n’ai même pas de quoi m’offrir une doudoune taille 6 ans » s’attriste Laure, étudiante en droit. Les vendeuses se refusent à tout commentaire mais admettent à demi-mot que leur clientèle est plutôt aisée, surtout depuis la crise. Même si le chiffre d’affaire ne semble pas en pâtir, « les clientes achètent moins qu’avant tout ce qui dépasse les cent euros. Elles préfèrent s’offrir deux pièces à cinquante euros qu’une seule qui coûterait le double » confie l’une d’elles.

Une alternative économique : friperies et dépôts-vente

Montpellier compte un grand nombre de friperies et de dépôts-vente où l’on peut trouver des pièces de marque à des prix défiant toute concurrence. On oublie pour cela ceux de l’Ecusson où Louis Vuitton et Sonia Rikiel s’adjugent à plus de quatre-cent euros et on met cap vers l’Ouest, direction la rue Chaptal.
Au dépôt-vente Occasionn’elle, Catherine, la gérante, accueille sa clientèle
habituelle dans un décor cosy. Mais la crise ne lui profite pas : « On vend moins qu’avant. Beaucoup de personnes se sont rabattues sur des magasins comme le mien mais ça reste trop cher pour certaines clientes qui hésitent à acheter ». Il faut dire que Catherine n’accepte que les marques plutôt haut de gamme. On ne pourra pas trouver de pièces signées H&M et Mango. En revanche, les prix d’origine sont réellement réduits : – 50% pour une pièce récente, – 75% pour une pièce des collections passées. Un sac Lancel est ainsi proposé à trente-huit euros, une vraie affaire pour la personne qui achète mais aussi pour celle qui a déposé l’objet puisque Catherine lui reverse la moitié du prix de vente.

Un peu plus loin et beaucoup moins chère, la friperie Abi d’Occ ne paye pas de mine. Mais ici, un manteau Hugo Boss à vingt euros côtoie un jean Levis à neuf euros. De nombreux clients se pressent dans les rayons hommes, femmes et enfants. Aurélie, la vendeuse, nous confie que « la crise fait [leur] bonheur parce que malheureusement, de plus en plus de personnes viennent s’habiller chez [eux] ». Abdel, retraité, a envie d’une cravate. Mais celle sur laquelle il a craqué est en soie et coûte cinq euros. Une fortune. Il la repose donc sur le portant.
Créée par le Secours Catholique, cette friperie est une SARL qui favorise la réinsertion professionnelle de ses employés. En achetant un vêtement, on participe à la paye de leur salaire et on se fait plaisir à tout petit prix. Comme quoi, crise et shopping ne sont pas forcément incompatibles. Et c’est tant mieux!

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à propos de l'auteur

Auteur : Laura Diacono

Difficile de savoir exactement à quand remonte mon envie d’être journaliste. J’ai toujours aimé lire et écrire et me suis dit que s’il y avait bien un métier où l’on passait ses journées à ça, c’était le journalisme. Mon goût pour la littérature m’a emmenée tout naturellement à passer un bac L, suivi de deux années en droit. Je me suis ensuite orientée vers une L3 et un M1 en Science-Politique à Montpellier. Il s’agit certes d’une profession en crise qui recrute relativement peu et qui est souvent très critiquée mais mon goût pour l’actualité et notamment mon intérêt pour les questions internationales n’ont cessé de croître au fil des années. D’ailleurs, les différents stages que j’ai pu effectuer, aussi bien en presse écrite qu’à la télévision, ont confirmé mon envie de faire ce métier.