H&M fabrique des corps en série

Par le 20 décembre 2011

D’étranges photos ont récemment été postées sur le site Internet de la marque de prêt à porter suédoise. Des mannequins aux corps parfaits et retouchés, ce n’est pas nouveau. Mais que tous soient parfaitement identiques, c’est du jamais vu.

Des corps créés virtuellement

La dernière campagne de lingerie d’H&M fait scandale. Au lieu de se contenter de photographier de jeunes et jolies jeunes filles, la marque a photographié le visage de vrais mannequins qu’elle a ensuite collé sur un corps fabriqué entièrement sur ordinateur. Résultat ? Des postures identiques et des corps semblables pour chacun des modèles.
La technique est simple : les sous-vêtements sont photographiés sur des mannequins en plastique à qui il est ensuite donné un aspect humain grâce à un logiciel. Puis ce même logiciel uniformise la couleur du corps avec la couleur de peau des vrais mannequins. Il ne reste plus qu’à coller le visage des mannequins sur ce corps reproductible à l’infini.

Des réactions en série

Les réactions à cette campagne ne se sont pas faites attendre. Des associations féministes et contre l’anorexie sont immédiatement montées au créneau. Même le gouvernement suédois s’en est mêlé. La ministre des Sports et de la Culture, Lena Adelsohn Liljeroth en a appelé au boycott des marques qui prônent la beauté « artificielle et déformée ».
Face à ces protestations, la marque a essayé de se justifier. Selon Hacan Anderson, son attachée de presse, l’objectif n’était pas de donner à voir des corps parfaits mais de mettre en valeur les tenues. Elle a ajouté que cette pratique toucherait aussi les vêtements pour femme et la collection homme. La marque a également tenu à préciser que cette méthode n’est utilisée que pour Internet. De vrais mannequins serviront pour les campagnes d’affichage.

La signalisation obligatoire des photos retouchées

En Suède, la mention « photo retouchée » est pourtant nécessaire. Cela va du simple changement d’éclairage ou de la balance des couleurs au gommage des rides, des kilos ou de toute autre « imperfection » du modèle.
Un tel avertissement serait bénéfique. Prévenir que l’image montrée est irréelle et que les mannequins ne sont pas aussi parfaites qu’elles en ont l’air permettrait à de nombreuses jeunes filles de ne plus être obsédées par le culte de la beauté. Des recherches prouvent en effet que l’exposition à des images irréalistes peut conduire à des problèmes de santé graves, notamment à des troubles alimentaires tels que l’anorexie.
La France, la Norvège et la Grande-Bretagne envisagent d’introduire un étiquetage obligatoire des images retouchées. Mais le cas d’H&M démontre que ce système n’est pas infaillible. La plupart des photos incriminées sont d’ailleurs encore visibles sur le site de la marque.

Catégorie(s) :

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !

à propos de l'auteur

Auteur : Laura Diacono

Difficile de savoir exactement à quand remonte mon envie d’être journaliste. J’ai toujours aimé lire et écrire et me suis dit que s’il y avait bien un métier où l’on passait ses journées à ça, c’était le journalisme. Mon goût pour la littérature m’a emmenée tout naturellement à passer un bac L, suivi de deux années en droit. Je me suis ensuite orientée vers une L3 et un M1 en Science-Politique à Montpellier. Il s’agit certes d’une profession en crise qui recrute relativement peu et qui est souvent très critiquée mais mon goût pour l’actualité et notamment mon intérêt pour les questions internationales n’ont cessé de croître au fil des années. D’ailleurs, les différents stages que j’ai pu effectuer, aussi bien en presse écrite qu’à la télévision, ont confirmé mon envie de faire ce métier.