Philippe Saurel : « Je suis habitué à combattre depuis que je suis né »

Par le 2 mars 2012

L’actuel adjoint à la culture et futur candidat à la mairie de Montpellier, Philippe Saurel semble déterminé. Autour d’un café aux halles Jacques Cœur, proche de son cabinet dentaire, il se confie. Entretien.

Vous vous êtes déclaré deux ans avant les municipales, n’est-ce pas un peu tôt ?

(Il coupe) Ce n’est pas deux ans, c’est quatre ans. Ça s’est produit en avril 2010, juste après l’épisode des régionales. On peut considérer que c’est un peu tôt mais c’est une façon de faire de la politique. Moi j’annonce les choses clairement alors que beaucoup arrivent masquer, envelopper de voiles d’hypocrisie… J’instaure une nouvelle pratique, c’est à dire « je dis ce que je fais et je fais ce que je dis ». Comme disait Jospin à l’époque, une façon moderne de dire les choses et puis après on voit. Les Français aujourd’hui ont besoin de ça.

Ne pensez-vous pas que les élections législatives, et avant les présidentielles, vont modifier le paysage politique local ?

Le paysage politique certainement, mon souhait d’être maire de Montpellier certainement pas.

Pourquoi ce choix des élections municipales et non pas des élections législatives ?

Je n’étais pas forcément contre les législatives dans la mesure où c’était sur la circonscription n°2 – la moitié des cantons de la ville -, notamment là où je suis conseiller général. C’était donc tout à fait légitime pour moi d’être candidat. Mais je me suis heurté à un front uni de l’ensemble des structures internes du Parti Socialiste qui n’ont pas souhaité désigner pratiquement deux ans avant un candidat potentiel. Ils ont sans doute eu peur qu’il devienne aussi le seul candidat légitime à la ville de Montpellier. Il y a aussi eu les égos personnels des uns et des autres. Il y a d’autres candidatures que moi à la mairie mais ceux-là ne le disent pas. Ils le suggèrent, le susurrent, le transpirent, mais ne le disent pas. Personne ne peut m’enlever le courage de le faire. Je crois que dans ce monde, quelque part, il manque aussi de temps en temps un peu de courage politique. Ainsi, le Front National et les partis extrêmes attirent beaucoup de voix car les partis républicains traditionnels vont quelques fois se coucher au lieu de rester debout.

Depuis que vous êtes candidat à sa succession, quel est la nature de vos rapports avec la maire actuelle Hélène Mandroux ?

Excellent. J’ai toujours été clair avec Hélène Mandroux. Je lui ai dit que j’étais son adjoint jusqu’à la fin du mandat et que je resterais fidèle à mes engagements.

Comment a-t-elle pris votre annonce ?

Elle m’a convoqué dans son bureau et m’a dit qu’elle me mettait un carton jaune. On l’a fait avec le sourire. A aucun moment je n’ai souhaité faire en sorte que son mandat s’abrège y compris pendant les périodes où elle a été remise en question par les membres du groupe majoritaire. Je l’ai protégée à ce moment-là et je continue à le faire. Elle a été élue légitimement par les montpelliérains et pour moi, ce vote est sacré.

Vous n’avez jamais vraiment caché votre prétention à la mairie de Montpellier. Pourtant, vous avez déjà échoué une fois pour une précédente investiture pour les élections législatives. Qu’est-ce qui vous fait penser que, cette fois-ci, c’est la bonne ?

Au niveau de mes élections, si j’avais à me comparer à un challenger de boxe anglais, je dirais que j’ai six combats et pas de défaite. Trois fois conseiller général contre l’UMP, l’UDF et les Verts, et toujours avec le même pourcentage : 61%.
J’ai échoué à l’investiture car le PS n’a pas voulu que je sois candidat. A l’époque, j’ai soutenu Hélène Mandroux. Lors des dernières élections municipales de 2008, beaucoup voulaient se séparer de moi et avaient convaincu certains décideurs de le faire. Il a fallu que je me batte pour être dans la liste, y compris menacer de faire une liste divers gauche. Cela a été entendu. Je suis habitué à vivre comme ça, à combattre depuis que je suis né. Je suis fils d’instituteur. Je ne suis pas né avec du sang bleu dans les veines. Je me suis battu tout le temps. Je n’étais pas prévu à l’université de médecine, je n’étais pas prévu à la fac de lettre. J’étais prévu nulle part, je fais ce que j’ai envie de faire !

Si vous n’aviez pas l’investiture du PS, vous entreriez en dissidence ?

C’est tôt pour en parler, mais je suis déterminé.

André Vezinhet, député et président du conseil général, a récemment déclaré à propos des candidatures multiples pour la prochaine éléction municipale de 2014 « je vois beaucoup de petites pointures qui nourrissent des ambitions. Il va falloir les calmer et j’y contribuerai. » Vous sentez-vous visé par cette déclaration ?

Non, d’ailleurs il ne m’a pas cité dans l’interview contrairement à Jean-Pierre Moure par exemple. Je ne me sens absolument pas visé. Je connais mes chiffres sur la ville, et je connais les siens. Vis-à-vis d’André Vezinhet, j’ai toujours voté pour lui en tant que président du Conseil Général, j’ai toujours voté le budget du Conseil Général. Cependant, sur certains sujets je suis en opposition car je considère que ce n’est pas l’intérêt de la ville et des montpelliérains. Par exemple, ce matin sur Midi Libre, le Conseil Général souhaite condamner la route de la plage entre le Petit et le Grand Travers sans avoir déjà prévu les parkings qui sont sur la ceinture qui va à la grande motte. Je trouve que c’est une erreur car cela condamne pour les montpelliérains qui vont prendre un bain de façon immémoriale avec les mamans, les poussettes. Cela met la plage à un kilomètre à pied, je considère que seul certains pourront y aller. Tant qu’il n’y aura pas le tramway, je considérais que ce n’est pas jouable.

En vous déclarant aussi tôt, vous offrez pour tous vos adversaires potentiels la possibilité de vous mettre des bâtons dans les roues avec les noms de domaine comme PhilippeSaurel2014.com qui ont été réservé. Ne craigniez-vous pas d’être mis rapidement hors-jeu avec ces attaques ?

Cela fait plus de deux ans que j’ai annoncé ma candidature et je suis toujours vivant. (Rires) Au fond je n’en ai pas grand choses à faire des domaines. Premièrement, ce sont des ânes avec des petites méthodes de petits barbouzes. Ils ont acheté PhilippeSaurel2014.net, .com et .fr. Il reste donc les .org, .biz… Deuxièmement, je ne veux pas les acheter moi, je ne souhaite simplement pas qu’on récupère mon nom sans me le demander, c’est deux choses différentes. Moi j’ai un site internet : PhilippeSaurel.com, il suffit que je mette un onglet Saurel2014 et le problème est réglé. Je laisse les électeurs juges, lorsque les gens voient que l’on acharne sur moi avec des coups bas en voulant me piquer des sites internet sans qu’on dise pourquoi et que ce sont des gens du cabinet de l’Agglo de Jean-Pierre Moure, les montpelliérains ne sont pas des idiots…

Longtemps Patrick Vignal a été votre principal adversaire politique…

(Il coupe) Non jamais, lui est arrivé un mandat après moi, nous sommes exactement du même âge à un mois près, il a toujours considéré que j’étais en pole position pour la ville donc il a toujours essayé de prendre ma place mais c’est logique… Je n’en fais pas une maladie, je ne lui en veux pas. C’est la compétition politique…

Que pensez-vous du fait qu’on parle plus d’André Vezhinet ou de Jean-Pierre Moure que de vous ?

J’aime beaucoup les médias mais je ne crois qu’à une seule cause, à l’électeur, c’est-à-dire aux montpelliérains. J’aimerais qu’on dévoile les véritables sondages, qu’on en fasse faire des vrais, pas financés par des boîtes de communication qui sont à la solde des collectivités… Je connais les chiffres, on verra aux élections…

Que pensez-vous qu’il manque à Montpellier aujourd’hui ?

Aujourd’hui il manque un grand centre d’art contemporain. C’est pour cela que j’ai proposé que l’ancienne mairie soit remaniée. On est dans le vocable de la ville durable puisqu’on récupère un grand bâtiment public et on lui donne une seconde vie à moindre frais pour la ville. Surtout on sacralise le lieu public en continuant son rôle en dynamisant le centre-ville. A proximité du musée Fabre, de l’Opéra Comédie, du Corum, je crois que ce n’est pas incohérent de faire un centre d’art contemporain à cet endroit. Evidemment ce n’est pas le seul projet, c’est un peu le phare si j’ose dire.

Quel est votre point de vue sur la politique globale de l’ancien maire Georges Frêche ?

Georges Frêche a tout fait à Montpellier pendant ses mandats. Il y a des choses que j’ai apprises avec lui en politique et je ne renie rien. Je n’ai pas perdu une goutte de son enseignement. Mais les temps changent, le monde avance, on ne peut pas reproduire les schémas de l’histoire. En 7 ans à l’urbanisme, je connais bien le sujet du développement durable, j’ai impacté le renouvellement urbain et la conservation du patrimoine. Donc trois choses qui n’étaient pas des lignes de force de l’orientation du développement de la ville sous Georges Frêche. Dans le cadre de mon mandat j’ai donc instillé une nouvelle dynamique mais je ne dis pas que dans les prochaines années à venir il n’y ait pas d’autres modifications d’intérêt général. Les choses évoluent, la politique évolue tout le temps.

Avez-vous déjà défini vos priorités pour la ville ?

Je n’ai pas encore défini mon programme. Mais pour moi, les priorités sont avant tout sociales. Après elles se déclinent dans le domaine de l’urbanisme, du sport, de la culture, de l’éducation. L’important ce sont les montpelliérains dans leur vie quotidienne. Je considère que la ville c’est un être-vivant qui doit être réglé au millimètre et adaptable à tout instant. C’est là que réside la difficulté, il faut toujours avoir une vision permanente des choses. On doit sans arrêt être en relation avec l’évolution de la ville, si on ne l’est pas on crée des lacunes dans la vie quotidienne des gens. Une ville je la vois en mouvement, et je me vois moi comme tous mes concitoyens dans ce même mouvement.

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à propos de l'auteur

Auteur : Dorian Gelis

Mon parcours est plutôt atypique. J'ai débuté par un cursus scientifique en obtenant une licence de mathématiques appliquées à la faculté des sciences de Montpellier. Ensuite, j’ai fait deux ans d’IUFM afin de préparer le concours pour devenir professeur des écoles. Après des stages décevants et une formation trop formatée, une réorientation s'imposait. J’ai alors ressenti le besoin d’approfondir mes connaissances concrètes afin de mieux comprendre le monde complexe dans lequel nous vivons. J’ai donc intégré une licence de science politique. Finalement, un métier m’est apparu comme aussi passionnant que nécessaire. Desormais, je suis convaincu d'avoir trouvé ma voie : ce sera le journalisme pour le meilleur et en tentant d’éviter au maximum le pire...