Souriez à Montpellier : « L’idée est de recentrer le débat sur la vidéosurveillance »

Par le 25 janvier 2013

Une nouvelle application vient de sortir pour votre Smart-Phone : « Souriez à Montpellier ». Le but de cette application est d’émettre une alerte sonore lorsque vous passez à une vingtaine de mètres d’une caméra de surveillance. Développée par un Montpelliérain, à partir des données fournies par la mairie, cette application permet de savoir lorsque l’on est filmé, et donc de pouvoir faire de grands sourires aux fonctionnaires derrière leurs écrans.

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Le principe de l’application[[http://souriez.kernel23.org/]] est assez simple, en utilisant le réseau 3G et la fonction GPS de votre Smart-Phone, elle émettra une alerte sonore et fera vibrer votre téléphone lorsque vous passez à moins de 20 mètres d’une caméra de surveillance. Créée par un Montpelliérain, cette application se veut être un premier jalon dans le contrôle de la vidéosurveillance sur Montpellier.

A l’origine de cette initiative, Corentin[[Le nom a été changé]], a utilisé l’Open Data de la ville de Montpellier[[http://opendata.montpelliernumerique.fr/Emplacement-des-cameras-de]]. Au début il développe cette application pour rire. Néanmoins, aujourd’hui l’objectif a changé : «  L’idée est de recentrer le débat de la vidéosurveillance. Est-ce vraiment efficace ? Quelles sont les dérives à craindre ? Existe-t-il d’autres alternatives ? » s’interroge-t-il. Ces caméras ont pour but de lutter contre la délinquance et de rassurer les citoyens selon la mairie. « On sait qu’une caméra vaut au minimum 200 euros » renchérit-il. Rien que sur Montpellier, il y en a plus d’une centaine. « Personnellement, je préfère que l’argent dépensé dans ces caméras servent à payer des personnes qui s’occuperaient des délinquants avant qu’ils ne fassent une connerie » explique Corentin.

En 2012, plus de 700 000 euros[[http://www.montpellier.fr/include/viewFile.php?idtf=15228&path=c6%2FWEB_CHEMIN_15228_1333379151.pdf p.32]] ont été investis par la mairie dans la vidéosurveillance à Montpellier. Le coût de fonctionnement moyen d’une caméra par an a été chiffré par la Cour de compte à 7400 euros[[rapport: L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique – juillet 2011 p.141]]. A Montpellier, la ville fournit une liste de 116 caméras de surveillance. Cela représenterait environ un million d’euros par an[[http://videoprotection.idealconnaissances.com/welcome.do]]. Alors même que l’efficacité réelle de la vidéosurveillance est mise en doute par plusieurs études[[http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/]], dont celle de la Cour des Comptes[[rapport: L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique – juillet 2011 p. 144 à 149]], il devient difficile pour la mairie de justifier de telles dépenses dans le seul but de rassurer certaines populations et de fluidifier la circulation en ville[[http://www.montpellier.fr/include/viewFile.php?idtf=15228&path=c6%2FWEB_CHEMIN_15228_1333379151.pdf p.31]].

Des dérives multiples

Les caméras peuvent engendrer de nombreuses dérives. « Le délit de faciès est l’une des premières dérives possibles » explique Corentin, inquiet. Ce n’est pas le seul problème. « Au début, la gestion des caméras de surveillance est confiée à un organe de la ville mais il arrive souvent qu’au bout de quelques années la gestion soit sous-traitée » poursuit-t-il. C’est toute une question d’éthique que soulève Corentin. « Il arrive régulièrement que les caméras soient utilisées pour mater des femmes » déplore-t-il.
De plus, il ajoute que « Je comprends tout à fait que si l’on propose à un gars trois fois son salaire, il laisse une personne faire ce qu’il veut d’un enregistrement ». A Montpellier, c’est le Centre Superviseur Urbain qui gère la vidéosurveillance. Cela représente quinze agents qui travaillent rue de Melgueil, soit l’hôtel de police près de l’arrêt de tramway Rives du Lez.

Un projet en développement

Pour le moment, l’application « souriez à Montpellier », disponible sur PlayStore gratuitement, ne permet pas aux utilisateurs d’aider à repérer les caméras. « Le côté collaboratif est prévu dans la prochaine version » explique Corentin. « Les listes de la ville sont parfois en décalage, erronées ou non mises à jour » ajoute-t-il. « Les caméras de la police et privées ne sont pas prises en compte pour le moment ». En effet, la nécessité de compléter la liste est flagrante. Alors que seulement deux caméras sont signalées filmant les alentours de la préfecture, il est possible d’en compter 19. Aux alentours de la gare, même constat. Sur trois caméras signalées, plus d’une quinzaine de caméras sont installées. De même du côté de la Tour de la Babote. Une caméra est signalée, trois sont présentes. À cela, une explication assez simple : seules les caméras de la ville sont prises en compte. Ainsi, les caméras du tramway, de la police ou des personnes privées ne sont pas signalées. « Cette application est développée en Open Source pour que d’autres puissent y contribuer, la développer ou même l’exporter à d’autres villes » continue Corentin.
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Capture d’écran de l’application « Souriez à Montpellier »

Une pierre à l’édifice du contrôle des caméras

« Ce projet rejoint celui du collectif sous-surveillance.net[[http://www.sous-surveillance.net/]] » avoue Corentin. Le collectif « sous-surveillance », a pour objectif de faire une cartographie de toutes les caméras de surveillance publiques comme privées pour permettre aux citoyens d’être au courant et d’agir en conséquence. Le concept est simple. En se basant sur les cartes que Google fournit, chaque utilisateur peut ajouter une caméra, son champs de vue, et d’autres informations sur la caméra (propriétaire, marque, type, portée de vue, et autres). « Plus de 25 villes ont déjà leur application, toutes les semaines deux ou trois nouvelles villes sont répertoriées » continue-t-il. Déjà, les caméras des villes de Paris, Lyon, Clermont-Ferrand, Tours, Angers, Rennes, Toulouse, Nîmes et d’autres sont répertoriées sur leur application gratuite.
« Je n’avais pas envie d’animer un collectif, voilà pourquoi j’ai développé cette application seul » réponds Corentin lorsque l’on lui demande pourquoi les données de Montpellier ne sont pas répertoriées sur l’application « sous-surveillance ».

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Capture d’écran de l’application « Sous-surveillance »

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à propos de l'auteur

Auteur : Aymeric Mellet

Né à Strasbourg en 1989, d'une mère espagnole et d'un père aux origines franco-allemande, je suis clairement européen. Passionné par la photographie et l'histoire, c'est très précocement que j'ai décidé de devenir photo-reporter. Mais la soif de voyages et d'aventures me pousse vers le métier de reporter de guerre. Mon année d'Erasmus à Istanbul m'a donné un intérêt particulier pour le Moyen-Orient.