« Sugar Man » : à la recherche de Sixto Rodriguez

Par le 6 janvier 2013

Sixto Rodriguez, c’est le soldat inconnu de la folk américaine des seventies. Il est le protagoniste de Sugar man, le premier documentaire de Malik Bendjelloul, en ce moment à l’affiche.

Sugar Man, enquête musico-journalistique de Malik Bendjelloul, revient sur le parcours d’un musicien atypique, né dans les années quarante à Détroit : Sixto Rodriguez. Le chanteur, entiché de musique grâce à la guitare de son père, écrit les banlieues ouvrières de cette Amérique que l’on oublie parfois. Ses textes sont aussi poétiques que politiques et sa voix attire rapidement les chasseurs de succès. Pourtant, après deux albums sortis en 1969 et 1971, les honneurs attendus ne sont pas aux rendez-vous. Sixto Rodriguez, toujours ouvrier, abandonne sa carrière musicale et disparaît de la scène publique. 


Une icône ressuscitée

Pendant ce temps, l’Afrique du sud s’ébranle, toute coupée du monde qu’elle est. La musique de Sixto Rodriguez y arrive, par le hasard d’un disque oublié dans la valise d’une touriste américaine. Une génération privée de liberté reprend Sugar man, l’histoire d’un dealer américain. Rapidement censuré, il devient un étendard pour les rares afrikaners qui luttent contre l’apartheid. D’aucuns le comparent à Bob Dylan et il vend plus de 500 000 albums, devenant, sans le savoir, une véritable icône de la « nation arc en ciel ».
Dans les années 90, un vendeur de disque et un journaliste musical, tous deux Sud-Africains, veulent en savoir plus sur ce mystérieux artiste. Ils le pensent mort, suicidé sur scène, immolé ou victime d’une overdose en prison. Leur démarche d’enquête constitue la base du documentaire de Malik Bendjelloul. Les pérégrinations de ces fans de la première heure nous mènent doucement vers la révélation : Sixto Rodriguez n’est pas mort. Il travaille dans la démolition, toujours bien arrimé au bitume de la Motown qu’il décrivait dans ses chansons. La suite, émouvante quoiqu’un peu galvaudée, raconte la rencontre des deux protagonistes avec Sixto Rodriguez, sa vie modeste dans la ville du moteur puis la consécration, enfin, de ce musicien talentueux. A l’initiative des deux acolytes, il découvre son public, immense et passionné, lors d’une tournée en Afrique du sud en 1998.

Un documentaire original et passionnant

Malik Bendjelloul signe un documentaire presque à la hauteur du talent de Sixto Rodriguez. Les témoignages sont bien choisis, émouvants sans être complaisants. Les images sont soignées et la bande son – signée Rodriguez – ravira les amateurs de folk. La première partie du documentaire souffre parfois de longueurs, et quelques images prétextes – qui viennent pallier le défaut d’images d’archive de l’artiste – gâchent un esthétisme par ailleurs bien maîtrisé. On regrette que le documentaire soit quelque peu romancé. En effet, Sixto Rodriguez n’ignorait pas tout de son succès puisqu’il avait effectué plusieurs tournées en Australie au début des années 80 avant d’abandonner effectivement la musique. Malik Bendjelloul occulte complètement cette partie de la carrière de Sixto Rodriguez. L’histoire, vraie, se suffisait à elle-même. Le résultat est toutefois convaincant et le rythme ne souffre pas trop des quelques excès de Bendjelloul et la seule découverte du trop peu connu Rodriguez est un argument suffisant pour aller voir Sugar Man.

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Auteur : charly

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