La mauvaise éducation

Par le 22 avril 2008

Bagarres générales, contrôles anti-dopages positifs, critiques de l’arbitrage. Rien ne va plus. Ou rien ne semble plus aller en Pro D2 et dans le rugby français en général.

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Le 11 avril, la commission de discipline de la Ligue a frappé fort : neuf joueurs, impliqués dans les pugilats des rencontres Agen-Mont-de-Marsan et Pau-Toulon fin mars, ont été sanctionnés de 20 à 60 jours de suspension. La Ligue a également rendu son verdict concernant les clubs : 10 000 € d’amende pour chacun des fautifs.
Fait ponctuel, problèmes d’arbitrages ou généralisation d’une certaine violence dans le rugby ?

Le rugby est-il devenu plus violent ?

« Ce sont les bagarres les plus incroyables, les plus grosses que je n’ai jamais vues » confiait récemment, le talonneur All Black de Toulon Anton Oliver dans les colonnes de L’Equipe. A l’écouter, la Pro D2 serait presque une boucherie, un championnat où l’on pratiquerait « une façon très négative de jouer au rugby ».
Pour autant, le XV ne deviendrait pas plus violent qu’il ne l’était. Jean-Christophe Gastou, arbitre international qui a officié lors du dernier derby basque de Top 14, explique que « dans toutes les saisons il y a un ou deux week-ends chauds. Mais il n’y a pas de quoi s’affoler. La pression de la fin de saison qui approche fait inévitablement monter l’adrénaline ». Car le Top 14 est lui aussi touché par ces « incidents ». Lors de la rencontre Stade Français-Montpellier du 5 janvier, une « distribution de marrons chauds » a entraîné la suspension des talonneurs des deux clubs.
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Pour Didier Nourault , directeur sportif du MHRC, le rugby d’il y a vingt était encore plus acharné. « C’était l’âge de pierre ». Jean-Christophe Gastou ne le contredit pas. « C’est un sport beaucoup plus propre qu’avant et le professionnalisme y est pour beaucoup. »
Même si le manager montpelliérain approuve l’exemplarité des sanctions prises par la commission de discipline, il regrette que certains gestes tout aussi graves n’aient pas été punis plus tôt. L’image du rugby est en jeu.

« J’ai peur que le rugby ne se footballise »

« C’est un sport de combat. Or lorsqu’il y a combat, il faut qu’il y ait des règles strictes. Il ne s’agit pas d’aseptiser ni le combat, ni le rugby. Une mêlée relevée, ce n’est pas dans les règles. Qui a dit qu’au rugby on pouvait mettre un coup de poing ? On doit gagner ce combat sur des plaquages, des percussions ou sur des évitements. C’est un sport loyal » s’emporte le technicien de Montpellier, qui s’interroge : « Quel rugby veut-on mettre en place pour pour les cinq ou dix années à venir ? Avec quels hommes ? Avec quel public ? »

Une loyauté que remet cruellement en cause Anton Oliver.bagarre1_vsagen_maxppp.jpg
« En Nouvelle-Zélande, le jeu déloyal est strictement sanctionné. (…) Mais ici ce n’est pas pareil » affirme le futur retraité qui pointe également les défaillances de l’arbitrage en Pro D2, radicalement moins performant qu’en Top 14, selon lui. « Le niveau des arbitres en Pro D2 est très faible ».

Face à ces attaques, pas les premières, Didier Nourault défend le corp arbitral : « Il nous faut de jeunes arbitres. Une relève. Si on ne met pas ces jeunes en pro D2 pour qu’ils apprennent, on ne peut pas les mettre non plus directement en top 14. Si on agit comme cela, dans deux ans, on n’aura plus d’arbitres ! On tolère que de jeunes joueurs puissent faire des erreurs sur le terrain. C’est pareil pour les arbitres. »
Refusant de s’exprimer sur les sanctions prises par la Ligue, M. Gastou conclut, un brin embêté : « J’ai peur que le rugby ne se footballise ».
Tout est dit !

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