Le Gitan Noir, un artiste au-delà des barrières

Par le 25 novembre 2008

Ses 36 ans, Philippe Udino ne les fait pas. Skate à la main, jean, baskets, plume pendue à l’oreille et collier jaune vert rouge. On ne sait trop dans quel style le ranger. Et ça tombe bien, il déteste les étiquettes. A son passage, la rue l’interpelle: « Oh ! Le Gitan Noir ! ».

Artiste indépendant, le Gitan Noir se bat seul pour faire entendre sa musique et fait tout « à la gitane » comme il dit, d’instinct. Auteur-compositeur, il se produit régulièrement à Montpellier et fait partager sa musique aux passants, au hasard de la rue.
Cela fait 20 ans maintenant .« J’étais dans la danse avant. Le hip hop c’était ma manière de m’exprimer. Les années passant, je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose et la chanson m’est apparue comme une évidence. »
Pseudo original pour un mélange musical et culturel détonant. Le Gitan Noir est un « pur produit » de la cité Gély du quartier Figuerolles. Il a grandit dans ce bouillonnement multiculturel où cohabitent blancs, maghrébins, gitans et africains. « Ce nom, c’est des gitans du quartier qui me l’ont donné. Je l’ai gardé car c’est vraiment ce que je suis dans la vie. Ma musique s’inspire du flamenco que j’entendais de la fenêtre de mon appartement dans la cité. En plus, nous avons les même batailles à mener pour exister. Pour être respecté malgré nos couleurs de peau, malgré le fait de venir d’un quartier. »

Sa musique est donc le reflet de ce qu’il est : un hymne moderne à la France d’aujourd’hui. Mêlant jazz, soul, rap et flamenco, un nouveau genre musical est né.  » J’ai toujours été à la recherche de mon propre style et je l’ai trouvé : c’est le flamensoul ». Un son qui colle au décor de son enfance. Amoureux de la Musique, il refuse de s’enfermer dans un genre, récuse les barrières qu’elles quelles soient « J’aime toutes les musiques, il suffit qu’un truc me parle ou me transporte. » Ses inspirations musicales vont de Jonathan Butler (jazz) à Tomatito (flamenco), en passant par Michael Jackson ou Marvin Gaye.

A musique sycrétique, public éclectique. « Quand je regarde les gens qui viennent me voir en concert, je me régale. Il y a des personnes de tous les styles, de tout niveau social, des bourgeois aux babas, des jeunes aux papis.» Le message est clair : rassembler, construire « tous ensemble » comme le dit un de ses titres. Le chanteur qui aurait aussi aimé être éducateur dit facilement que sa musique est aussi forcément politique. Son rap se veut conscient. « Je tente d’amener des solutions, c’est facile de se plaindre tout le temps mais il y a aussi des choses à faire, des messages positifs à passer. » Ses textes racontent sa vie, les difficultés qu’il a pu rencontrer. « Si j’avais été plus faible je ne serais pas là aujourd’hui. Il y a toujours des gens qui veulent te cracher leurs frustrations à la gueule. Chacun à sa place dans ce métier mais pour beaucoup, c’est une compétition. » Les chansons s’efforcent de décrypter la cité, d’analyser « le pourquoi » pour effacer les préjugés simplistes. Ce chanteur médiateur fait le pont entre un monde inconnu qui fait peur à certain et un monde de galère où la victimisation referme la boucle d’un cercle vicieux. « Je suis pour la douce révolution. Celle qui se fait par les mots magiques comme bonjour et merci. Des petits riens qui font que l’on communique et qui peuvent changer les mentalités, éloigner les idées préconçues. »
« J’ai fait un CAP menuisier et j’ai arrêté les études alors ma musique quelque part, c’est ma thèse
» confie l’artiste en montrant son CD. Après deux maxis : Nécessaire et Représentons, le premier album, Soul solution, est prévu pour début 2009. « Ma musique à moi c’est du calcium » dit-il pour clore l’entretien. Et en cette période hivernale, un peu de vitamines contre la grisaille, ce n’est pas de refus.

Le gitan noir: Tous ensemble
Le gitan noir sur 7LTV : « Tous ensemble »

Le myspace: http://www.myspace.com/lnblegitannoir.

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