Entre Humour et sordide : Le théâtre autrichien met en scène l’affaire Fritzl

Par le 17 janvier 2009

L’adaptation en Autriche de la pièce de théâtre « Pension Fritzl » qui sortira en Février 2009 fait déjà polémique. Reprenant la sordide histoire d’inceste qui a rendu célèbre Joseph Fritzl, celle-ci va plus loin et dresse une satire de la société autrichienne. Quand les larmes sont prétextes à faire rire, le terrain est miné.

Débat sans fin, le fameux « peut-on rire de tout? » N’a pas fini de surgir d’un diner familial ou de faire ponctuellement les gros titres de l’actualité.
Justement, la controverse du moment c’est l’adaptation d’un spectacle construit autour de la célèbre Affaire Fritzl. Ce père de famille incestueux qui a défrayé la chronique en Autriche.
Rappel des faits : Avril 2008, Joseph Fritzl, 73 ans, habitant de la tristement célèbre ville d’Amstetten en Basse-Autriche est suspecté d’avoir séquestré sa fille pendant 24 ans dans sa cave. Sept enfants sont issus de cette impensable union. Une histoire qui a fait le tour des médias. Les plans d’aménagement de la cave et le scénario mit en place pour garder le secret, rappellent l’horreur de l’affaire qui n’a pas encore été jugée.

En attendant, le 3raum-Anatomietheater de Vienne accueillera à partir du 23 février la pièce intitulée « Pension Fritzl ». Une comédie qui prend pour titre et pour trame de fond celle du fait divers. Pour décors, une cave que le programme présente comme « la pension de la famille Fritzl où s’ébattent les plus connus et appréciés des autrichiens. »
Exploitation nauséeuse de la cruauté humaine ou pamphlet sociétal qui préfère le rire aux larmes? L’équipe de production soutient que derrière l’histoire de l’antipathique personnage, la pièce est une satire de la société autrichienne actuelle. Une société de non-dits où l’on cache et se cache.
Un spectacle qui s’annonce en tout cas explosif d’autant que l’acteur, Hubsi Kramar est connu pour son côté provocateur. [[Le jeune homme avait beaucoup dérangé en se déguisant en Adolf Hitler lors du Bal de l’Opéra en 2000, une soirée de la haute société viennoise.]]
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Hormis le problème du bon goût posé par cette pièce qui semble à première vue ne pas faire dans la finesse, la droite autrichienne a peur pour « l’image de son pays ». Selon un article du journal 20 minutes daté du 14 janvier, Gerald Ebinger, le porte-parole aux affaires culturelles du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreich), principal parti de l’extrême droite autrichienne, menace de faire fermer le théâtre et parle d’un «scandale incroyable aux conséquences désastreuses ». Selon lui, « La pièce peu appétissante choque non seulement la population d’Amstetten, mais risque encore de discréditer le peuple autrichien et ternir son image à l’étranger.» Les quelques commentaires des internautes ne sont pas non plus très enthousiastes: »Vouloir distraire le peuple avec les malheurs et les insanités est une aberration pour ne pas dire un scandale. » « Je trouve ça absolument aberrant. C’est une honte. La connerie humaine n’a effectivement aucune limite. »

Alors « Oui,on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui« , répond Pierre Desproges. Le célèbre humoriste qui s’est penché sur la question et pour qui le rire, désacralisateur de la bêtise est salvateur. Une affirmation que semble, malgré elle, partager la victime.
«Ce qui est arrivé à Elizabeth est terrible. Ça la rend furieuse qu’on s’en serve pour distraire le public», dénonce un membre de la famille dans le journal le Matin Bleu.
La question du « pas n’importe comment » est laissée à l’appréciation des spectateurs de la pièce qui mesureront l’efficacité du spectacle selon leur baromètre du rictus.

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