L’historien face au symbole : Marc Ferro revient sur la chute du Mur de Berlin

Par le 1 novembre 2009

C’était il y a vingt ans : un « Mur de la honte », symbole s’il en est, d’un monde séparé en deux blocs, s’ouvrait à Berlin. Vingt ans plus tard, l’historien, spécialiste de la Russie et de l’URSS, Marc Ferro, revient sur cet événement fondateur.

En 2005, Antoine Prost avait choisit d’expliquer « la Grande Guerre » à son petit-fils. Deux années plus tard, c’est aussi à son petit fils que le non moins illustre historien Marc Ferro entreprenait de retracer l’histoire du « vingtième siècle ». Aujourd’hui, le co-directeur de l’école des Annales se pose une nouvelle fois en grand père instructeur en expliquant, à sa petite fille cette fois, « le mur de Berlin et la chute du communisme ».

Alors que Berlin, l’Allemagne et l’Europe s’apprêtent à célébrer les 20 ans de la chute du Mur, et que les étals des kiosques n’ont de cesse de se remplir de hors séries et de revues revenant sur l’évènement, le spécialiste de la Russie et de l’URSS se propose de revenir, avec un regard limpide et éclairé, sur ce bouleversement majeur de la fin du vingtième siècle. En un style volontairement éloigné de l’historiographie classique cher aux Annales et à ses deux fondateurs, Lucien Febvre et Marc Bloch, Marc Ferro délaisse donc ses habits d’érudit pour répondre aux interrogations d’une adolescente du début du XXIe siècle.

Faisant fi de tout respect de la chronologie, l’historien revient sur les événements et le contexte qui ont permis la chute de ce « Mur de la honte », et dans son sillage, celle d’une idéologie : le communisme. Car plus qu’une image, aujourd’hui largement ancrée dans la mémoire collective, l’ouverture du Mur demeure le lourd symbole de la fin d’un monde, avec la disparition de l’Union soviétique. « Par une sorte d’effet domino, écrit Marc Ferro, la chute du Mur a abouti à celle du communisme et à la fin de l’Empire soviétique ». Une sorte d’effet domino ! Des collégiens Berlinois s’apprêtent justement à faire tomber un second mur, le 9 novembre, fait de … 1 000 dominos.

Des prodromes de cette double chute jusqu’aux nostalgies et ressentiments toujours patents aujourd’hui, l’historien apporte ainsi un regard nouveau et essentiel sur cet instant fondateur considérable. Sans jamais se focaliser sur la forte symbolique du 9 novembre et la seule chute du Mur à Berlin, Mar Ferro se livre à une approche plus globale, dépassant le cadre étriqué de l’Allemagne. Ouvrage fondamental donc pour qui voudrait comprendre l’ampleur de l’évènement et son poids persistant vingt ans plus tard.

Mac Ferro, Le mur de Berlin et la chute du communisme expliqués à ma petite-fille, Seuil, 121 p, 2009, 9 euros.

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à propos de l'auteur

Auteur : Alexis Bisson

« Journaliste ? Vous avez dit journaliste ? Aujourd’hui ? Mais vous n’y pensez pas ! ». De la conseillère d’orientation avisée au jeune journaliste le plus zélé, en passant par les parents inquiets, c’est à chaque fois le même refrain qui ressurgit : la voie du journalisme est « bouchée », « saturée », « sans issues », ... Et pourtant ! Fasciné par les métiers du journalisme, et ce depuis le collège, je décidais, en dépit de ces constats aussi encourageants qu’optimistes, de m’engager sur ce périlleux et téméraire sentier journalistique. C’est ainsi qu’après une Licence d’Histoire-Science politique et un Master recherche d’Histoire contemporaine à Caen, je change d’horizon pour rejoindre les bords de la méditerranée et le Master journalisme de Montpellier. C’est donc sous le soleil de l’Hérault que je compte acquérir les méthodes, les techniques d’écritures journalistiques ainsi que les enjeux et les règles que comporte la profession pour m’armer au mieux dans ce monde réputé difficile. Aujourd’hui, ma volonté de trouver ma place dans ce métier demeure intacte. Passionné par l’Histoire, et notamment l’Histoire politique, c’est vers cet univers que je souhaiterai, dans l’idéal, me diriger. Le choix de mon sujet de Master 1, consacré à l’étude du Parti socialiste au regard du journal Le Monde, n’a fait que renforcer ce souhait. En attendant (peut être) de parvenir un jour à cet « idéal », le chemin s’annonce long et chaotique. Je souhaite ainsi multiplier les expériences au sein des divers et nombreux métiers que compte le journalisme, en presse écrite et en radio notamment.