Amadeu Casellas, un anarchiste dans les prisons d’Espagne depuis plus de 23 ans

Par le 22 novembre 2009

Un rassemblement était organisé le 10 novembre 2009 devant le Consulat d’Espagne à Montpellier pour soutenir Amadeu Casellas.

A partir de 18h30, plusieurs dizaines de personnes se réunissent pour dénoncer l’acharnement judiciaire et politique contre Amadeu Casellas, et au-delà, pour remettre en cause le système carcéral dans sa globalité. L’organisation politique Alternative Libertaire, qui a appelé au rassemblement, distribue des tracts aux automobilistes tandis qu’une banderole est dressée en face du consulat.

Le texte du tract explique le parcours du prisonnier anarchiste. Le militant libertaire contribue à « des braquages de banques au cours desquels personne n’a été tué ». Ses opérations permettent de financer la lutte contre le régime franquiste en Espagne.

Sous le général Franco, le parti unique, les syndicats corporatistes et l’absence de liberté de la presse permettent à l’État autoritaire de réprimer la société. L’État, l’armée, l’Église, et les classes dirigeantes se sont alliés pour imposer le « caudillo » au pouvoir à l’issue de la guerre civile en 1939. Le régime franquiste est ensuite intégré au camp anticommuniste durant la guerre froide.

Toutefois, à partir de la grève des mineurs des Asturies en 1962, la contestation du régime s’intensifie. Les grèves et manifestations se multiplient à partir de 1967. Des mouvements organisent la lutte armée contre un régime qui banalise la torture pour ses opposants.

Cependant, avec la monarchie constitutionnelle à partir de 1975, il existe toujours des raisons de se révolter pour Amadeu Casellas. Les prisons sont loin d’être abolies et la répression demeure. Le texte d’Alternative Libertaire décrit ses conditions de détention: « Sa correspondance est systématiquement contrôlée, son courrier lui est aléatoirement distribué, ses visites strictement limitées à sa mère et à ses avocats. Le pire est la situation d’isolement total dans laquelle il est placé; il est coupé de tout lien social avec les autres prisonniers, ce qui ne manque pas de constituer une torture psychologique ». Les organisateurs du rassemblement dénoncent également l’enferment en général. La prison n’est pas une solution pour permettre une réinsertion mais contribue à broyer humainement ceux qui la subissent.

Amadeu Casellas, sous le franquisme ou sous le parlementarisme, demeure un ennemi d’État et un prisonnier politique. Il n’a jamais renié ses idées et ses luttes. Au contraire, même en prison, il participe à la contestation des conditions de détentions. Ainsi, il subit d’autant plus la répression judiciaire et politique. Alternative Libertaire évoque également la situation de Jean Marc Rouillan qui, avant de participer au groupe Action Directe, s’est engagé dans la lutte armée contre le pouvoir franquiste en Espagne. Il demeure également emprisonné bien que gravement malade, mais en France, pour refuser de renier ses idéaux.

Ce rassemblement se déroule après les festivités autour de la chute du mur de Berlin. Cependant la célébration du camp occidental occulte le soutien au franquisme et l’existence de prisonniers politiques. Et, au-delà, les solennités berlinoises s’émerveillent devant une liberté qui semble relative. Alternative Libertaire conclue son texte en dénonçant un système judiciaire qui « n’enferme dans des prisons surpeuplées que les personnes provenant des classes sociales défavorisées alors qu’il laisse systématiquement en liberté les délinquants et criminels en col blanc ».

Malgré la chute du mur de Berlin, d’autres murs restent à abattre. Les manifestants se dispersent après avoir scandé un slogan d’actualité: « Mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons ».

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à propos de l'auteur

Auteur : Sylvain Quissol

J’ai suivi des études d’histoire et de science politique pour mieux comprendre et analyser l’actualité. Au moment de choisir une orientation professionnelle, j’ai pensé au journalisme. Je m’intéresse à l’actualité et j’aime écrire. Je me passionne plus précisément pour l’agitation politique et les enquêtes sociales. Pour moi, la presse doit informer et attiser l’esprit critique. Je pense même qu’il est possible d’être à la fois rigoureux, précis et tranchant pour libérer un journalisme trop souvent servit sous cellophane. Je préfère faire partager un regard décalé sur l’actualité parfois soumise au ronronnement du formatage éditorial. Pour traiter l’information avec plaisir et détachement.