Football : Nicollin, privé de vestiaires, pour propos homophobes

Par le 18 novembre 2009

La dernière sortie du président du club de football montpelliérain lui a valu une suspension de toute fonction officielle pour deux mois ferme. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase…

« Ce Pedretti est une petite tarlouze. On va s’en occuper au match retour… » Ce sont ces quelques mots, prononcés au micro de Canal + à l’issue du match entre Auxerre et Montpellier, qui ont valu, ce lundi 16 novembre, au président du club de football héraultais Louis Nicollin, une suspension de deux mois fermes (et deux avec sursis) de toute fonction officielle. Exit Loulou, des vestiaires du MHSC, où il aime s’inviter à l’issue des rencontres de cette Ligue 1 qu’il retrouve cette saison, visiblement avec délectation, après plusieurs années de purgatoire en Ligue 2.
Ce retour dans l’élite du foot français, beaucoup l’attendaient depuis longtemps. Pas seulement les supporteurs de la Butte Paillade, dont les chants rythment chaque match au stade de la Mosson. Pas uniquement non plus, les Montpelliérains et Héraultais qui se désespéraient devant les affiches creuses (Sedan, Châteauroux, Dijon, etc.) que la Ligue 2 offrait. Non, beaucoup d’amateurs de ballon rond ont applaudi le retour de Loulou dans ce grand cirque médiatique, où le bon mot a autant de retentissement que sur les plateaux des émissions politiques. A Montpellier, il serait presque présenté comme le Georges Frêche du sport…
Nicollin reste l’un des derniers dinosaures du cercle très fermé des présidents de club de foot français. L’un des derniers, à part peut-être le Lensois Gervais Martel et le Lyonnais Jean-Michel Aulas, à avoir construit patiemment son équipe, à l’avoir amené au sommet de la hiérarchie nationale, y investissant même sa fortune personnel. Lui qui s’est fait roi du ramassage d’ordures a jeté ses dividendes dans le sport, et pas seulement le football. Pas toujours avec succès…

Forcément, ce self-made man, au physique aussi fort que ses coups de gueule, et que l’on présente comme « bourru et truculent mais sans éducation » (Le Monde du lundi 16 novembre), se réserve le droit parfois -souvent- de l’ouvrir. Et forcément, dans ce monde devenu aseptisé avec les nominations de personnalités issues des médias ou des grandes écoles à la tête des gros clubs (Robin Leproux au PSG, Charles Villeneuve à Marseille, Jean-Louis Triaud à Bordeaux), ses déclarations à l’emporte-pièce plaisent au grand public. Les coups de gueule de Loulou, contre les arbitres, contre les adversaires, voire contre ses propres joueurs, sont attendus avec délectation par ses fans. Il faut dire qu’ils sont rares, les présidents qui comparent leurs hommes à des danseuses, qui estiment qu’ils sont trop payés. Même les supporteurs en prennent pour leur grade ; ceux qui avaient envoyé des bombes agricoles sur la pelouse de Nice en début de saison ont été rangés au rayon des « grosses merdes ».

Sauf que le 31 octobre dernier, Loulou a dépassé les bornes. Du moins, le politiquement correct. En traitant le capitaine de l’AJ Auxerre de « petite tarlouze », le président montpelliérain a soulevé une vague d’indignation, même s’il a trouvé des défenseurs, le célèbre présentateur Thierry Rolland par exemple qui s’en est « marré ». Les excuses au joueur et au club, envoyées deux jours plus tard, n’ont pas calmé les ardeurs de la communauté homosexuelle. Car ce n’est pas la première fois que des propos homophobes émanent du club héraultais. L’an passé, c’est son fils, Laurent, qui avait envoyé par texto à des supporteurs du club : «On va les enculer ces pédés de Nîmois !» Louis a même avoué aux journalistes du Monde : « Je ne dis plus pédé, car je risque d’aller en prison». Trop pour le collectif contre l’homophobie, qui a condamné tous ces propos, « aussi nauséabonds que l’odeur des poubelles qui ont fait sa renommée». Des paroles qui ont trouvé une résonnance à Montpellier, au moment où son maire, Hélène Mandroux, milite pour le mariage gay.

Cette suspension de deux mois a donc été saluée par le même collectif, même si certains regrettaient que le caractère homophobe n’ait pas été relevé par la fédération française de football (FFF) pour justifier la sanction. Nicollin, lui, a encaissé le coup, admettant seulement qu’il fallait payer «sa connerie ». A priori, il ne fera pas appel. Cela lui servira-t-il de leçon ? Au Monde, il a rappelé sa vision de l’humanité, divisée selon lui en trois catégories : « les gonzesses, les tarlouzes et ceux qui ont des couilles ». Mais la FFF vient de lui rappeler que ce langage de charretier, Loulou Nicollin devra désormais le réserver à son cercle privé…Un sage conseil pour le poète des stades…qui a déjà deux antécédents homophobes à son actif.

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à propos de l'auteur

Auteur : Camille Garcia

« Avec le temps va tout s’en va », disait le grand Ferré... Tout, sauf cette envie de journalisme qui me tiraille déjà depuis longtemps. Le chemin fut sinueux et peu conventionnel avant d’intégrer ce master métiers du journalisme. Cinq longues années à errer entre une première année de droit, puis un master 1 LEA Europe qui aura eut le mérite de me faire franchir les frontières du territoire français pendant deux ans. Après un passage à Liverpool chez les quatre garçons dans le vent que sont les Beatles ou une épopée andalouse chez le roi Boabdil et sa divine Alhambra de Granada, me voilà en territoire Héraultais. « L e journalisme, c’est bouché » me disait déjà à l’époque Mme François la conseillère d’orientation en troisième. « Les journalistes, tous des fouineurs » ajoutait Mr Chabrier mon cher et tendre voisin. C’est dire si journaliste est une vocation, un sacerdoce qui demande avant même de pouvoir l’exercer une grande ténacité et une grande volonté pour s’opposer aux nombreux pessimistes voire détracteurs de la profession. Et pour continuer avec la morosité ambiante, maintenant, c’est la crise de la presse, la mort des journaux, le lecteur n’achète plus, ne fait plus confiance aux journalistes... Mais alors pourquoi vouloir se lancer dans une bataille déjà perdue ? Ma réponse est simple et courte : je ne me vois pas faire autre chose et c’est une histoire de passion et de passionnés. Je crois que c’est à nous futurs journalistes de reconquérir nos lecteurs, de revaloriser l’information, de la diversifier, de la rendre originale et pluraliste en répondant aux besoins du lectorat sans oublier de susciter chez eux l’envie de s’informer, d’en savoir plus. Alors même si les journalistes précaires se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes du grand Prévert, tant pis! Je reste convaincue qu’après l’automne vient le printemps et qu’une nouvelle génération de journalistes, la nôtre, aura sa place. Satanée optimisme quand tu nous tiens !