Un Matt Damon peut en cacher un autre…

Dans son dernier film The Informant, Steven Soderbergh a de nouveau décidé de nous surprendre, avec un personnage bien plus surprenant encore!

Mark Whitacre, inspiré d’une histoire vraie, a un bon, même un très bon poste au sein de l’entreprise d’agroalimentaire Archer Daniels Midland. Face aux décisions peu scrupuleuses de ses supérieurs, il décide de comploter avec le FBI pour les dénoncer. Il risque certes de perdre sa place… Mais le spectateur croit volontiers à cet homme intègre dans un film qui se veut moralisateur. Que nenni! L’homme d’affaires s’avère en fait être de ceux qu’il dénonce…

Les grosses lunettes, la moustache, les cravates ridicules: le spectateur oublierait presque qu’il s’agit de Matt Damon, l’habituel « beau gosse » du cinéma hollywoodien. On est subjugué par le personnage qu’il incarne, indiscernable, drôle et pathétique à la fois, tant ses agissements sont contradictoires…

Soderbergh s’est appliqué à proposer un thriller qui n’en est pas un. Ou peut-être une parodie de thriller qui n’en est pas une non plus! Le film est soigné, travaillé, et épuré. Chaque détail a son importance. Le rythme est lent, certes, mais c’est pour mieux concentrer le spectateur sur ce personnage complexe, en laissant de côté la « peopolisation » du scandale survenu dans les années 1990 et qui a depuis fait l’objet d’un livre de Kurt Eichenwald, journaliste au New York Times (The Informant: A True Story).

Un chapeau bas à Monsieur Soderbergh pour ce vingtième film.