Ingrid Betancourt : le dangereux tapage médiatique

Depuis six ans, Ingrid Betancourt est détenue par les FARC dans la jungle colombienne. A priori, elle est une otage comme les autres, comme des milliers d’autres. Ses vieilles amitiés avec Dominique de Villepin ne lui sont d’aucun secours. Bien au contraire, il en a même fait l’otage la plus chère du monde !

Dominique de Villepin et Ingrid Betancourt se connaissent depuis plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle entreprend des études à Sciences Po Paris, elle se lie d’amitié avec son professeur. En février 2002, l’enlèvement de l’ex-sénatrice colombienne devient, en France, autant une affaire d’État que personnelle pour le futur Premier ministre. La presse hexagonale met en avant sa double nationalité Franco-Colombienne. Son premier mari est Français et Mélanie et Lorenzo sont nés de cette union mais Ingrid Betancourt a vite été emportée par les démons de la politique. Elle se croit alors un destin présidentiel en Colombie.

La sur-médiatisation de la séquestration, due en partie à Dominique de Villepin, nuit au processus de libération. D’autant qu’il est entaché d’une rocambolesque expédition d’agents qui ne sont pas restés secrets très longtemps… Surtout que ces coups de projecteurs répétés rejettent dans l‘ombre des milliers d’otages. Ils survivent, tant bien que mal dans la forêt vierge colombienne sans que personne n’en parle. L’une d’elles est même décédée dans l’anonymat. En France, personne ne connaît Aïda Duvaltier. Pourtant, cette Française a pris la place, dans les geôles de la guérilla, de son mari malade. Elle est morte en captivité dans l’indifférence la plus totale.

Coup de projecteur
sur les FARC

Aujourd’hui, la France estime qu’Alvaro Uribe, président Colombien, ne lève pas le petit doigt pour Ingrid Betancourt. Beaucoup pensent même qu’il veut écarter une opposante gênante. Argument non recevable car la candidate ne représentait que 0,3% des intensions de vote en 2002. Toutes les négociations entreprises par Bogota sont repoussées par les FARC devenues radicalement révolutionnaires. Ces groupes de terroristes usent de la prise d’otages et du trafic de drogue. Le moins que l’on puisse dire est que le Président Alvaro Uribe n’a pas la tâche facile d’autant qu’il subit une forte pression internationale.

Hugo Chavez et Nicolas Sarkozy donnent le tempo au cirque médiatique ; le premier se voit en libérateur de l’Amérique du Sud, en reprenant l’héritage de Simon Bolivar et Fidel Castro : le second surfe sur le tapage médiatique.

Parallèlement, à Bogota, certains responsables de la sécurité élèvent la voix pour alerter qu’une telle publicité faite autour d’Ingrid Betancourt ne peut que nuire à sa libération prochaine. Chaque action, chaque article, chaque manifestation, photo ou reportage contribuent en effet à faire grimper en flèche le montant de la rançon qui sera demandée un jour ou l’autre pour libérer l’otage. Les acteurs directs ou indirects de ce tapage médiatique en ont-ils une claire conscience ? La famille elle-même qui s’expose, ne pense-t-elle pas que son action pourrait être contre productive ? En effet, qui peut avoir la faiblesse de penser que les FARC céderaient à une telle pression ?

Et les journalistes dans cette affaire ? Quelle doit-être leur attitude ? Suivre l’information et la relater même au détriment d’Ingrid Betancourt ou se poser en conscience la question de savoir si leur attitude, outre le fait de mettre à la une les FARC, ne va pas à l’encontre des objectifs affichés ?

Éternelle question que soulève l’affaire Betancourt sans cependant apporter des éléments de réponse.

Pérou: La médecine légale ne permettra pas à Fujimori d’échapper à ses responsabilités

Le 22 septembre 2007, Alberto Fujimori, qui fût président du Pérou de 1990 à 2000, a été extradé depuis le Chili. Ce retour au Pérou met fin à une fuite qui aura duré 7 ans. « El Chino », comme le nomment ses partisans doit depuis faire face à la justice. Il est accusé, entre autres, de malversations financières, d’assassinat, et de crime contre l’humanité.

Après 7 ans de fuite, Alberto Fujimori ne trouvera pas d’autre prétexte pour échapper à la justice. Alors que son clan dénonce des conditions d’incarcérations dures qui affectent la santé de l’ex-président, les institutions médicales, elles, l’ont déclaré apte à poursuivre les audiences. Traduction d’un article du quotidien péruvien La Republica daté du 21 février 2008.

La santé d’Alberto Fujimori est stable. Il peut continuer à assister aux audiences du procès dans lequel il est entendu pour crime contre l’humanité. C’est ce qu’annonce Luis Bromley, le chef de l’institut de Médecine légale.

Le médecin du ministère public a également assuré que l’hypertension dont souffre l’ex-président est désormais stabilisée. Il n’oppose aucune objection à ce que celui-ci continue d’assister au procès

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L’Institut de Médecine Légale a ordonné qu’un spécialiste reste en permanence au siège de la Direction des Operations Spéciales (DireOS) afin de donner des informations sur la santé de l’ex-président. Fujimori est détenu au siège de la DireOS depuis le mois de septembre de l’an dernier.

«L’ingénieur Fujimori se montre stable, il présente un bon état en terme de nutrition et d’hydratation, et un bon équilibre sur le plan des fonctions internes. Son hypertension est également régulée» note le spécialiste.

Bromley explique que les maux de dos et de tête dont Alberto Fujimori dit souffrir ne sont que des symptômes de réaction à l’égard du procès. Il a en outre passé de nombreuses heures assis et en état de stress.

«Les symptômes dont souffre Fujimori ne sont pas dus à une maladie de la colonne vertébrale,. Ces symptômes sont des réactions à la situation dans laquelle il se trouve» indique t-il.

La veille, le plus jeune fils de l’accusé, Kenyi Fujimori avait protesté. Pour lui, le régime d’incarcération de son père affecte sa santé.

Ces éléments ont été niés par Bromley, qui a déclaré que Fujimori « n’était pas dans l’impossibilité d’assister à la suite des audiences ».