Betty Mercier : «  Même avec un cancer, ce sont des femmes avant tout »

Betty Mercier, Maître de Conférence à l’Université de Montpellier~1, a créé l’Association Étincelle Languedoc-Roussillon, en 2008. Un espace d’accueil, d’accompagnement et de bien-être pour les femmes atteintes d’un cancer, qui regroupe aujourd’hui une trentaine de bénévoles et plus de 600 « étincelles ». « Ici, les femmes ne sont pas des patientes mais des étincelles. », explique Betty Mercier qui a accepté de raconter à Haut courant son histoire, son projet et ses rêves.

Haut Courant : Quelle est votre histoire au sein d’Étincelle ?

Betty Mercier : Ma mère. J’ai perdu mon papa d’un cancer. Puis quand ma mère a eu un cancer à son tour ça a été un véritable choc. Je ne connaissais rien en ce qui concernait le cancer et quand elle m’appelait pour demander des conseils pour les problèmes de cheveux et d’ongles, je ne savais pas quoi lui dire. J’ai essayé de me renseigner sur Internet. Quand j’ai vu qu’il n’y avait rien, je me suis demandée comme cela était possible ! Il n’y a rien pour s’occuper de toutes ces femmes qui sont malades et qui ont pleins de questions. Aucune question n’est futile, par contre face au médecin qui s’occupe du traitement de la maladie on n’ose pas. Le cancer engendre pourtant des tonnes de problème.

Un matin devant la télé j’ai découvert une femme venue présenter son association à une émission, qu’elle avait appelé Étincelle et qui accueillaient les femmes atteintes d’un cancer. Je suis allée à Paris rencontrer cette femme. Je lui ai demandé des conseils pour créer le même type d’association, ici à Montpellier. Comme le nom Étincelle était jolie je lui ai demandé si je pouvais créer un comité local. Au départ ça n’a pas été facile, mais comme j’étais déjà dans le milieu hospitalier, je suis allée voir les gens, des anciens collègues dans la recherche, la Mairie, j’ai fait mon chemin et j’ai réussi à récolter de l’argent grâce aux dons. Ce projet est un bel hommage à la mémoire de ma mère.

H.C : Quelle aide apporte Étincelle aux femmes atteintes d’un cancer ?

B.M : Les femmes qui viennent ici recherche une écoute, elle veulent sentir qu’elles ne sont pas seules et qu’elles peuvent parler librement. Ici il n’y a aucun regard de jugement. D’accord elles ont un cancer mais ce sont des femmes avant tout. La maison Étincelle est un endroit où elles peuvent se lâcher. On les écoute et on leur apprend aussi à s’occuper d’elles. Elles adorent ça ! Il y a tout ce côté esthétique et féminin très important. Elles peuvent également parler avec les psychologues bénévoles de tous les problèmes psychologiques qu’engendre la maladie. Un cancer ça met à rude épreuve un couple, la famille, les enfants, l’argent, le travail, etc. Il y a tellement de dommages collatéraux liés au cancer. En général, ces femmes ont un arrêt de travail de 6 mois au moins, donc le salaire n’est plus le même. Il faut gérer les conjoints qui ont souvent du mal à supporter la maladie et qui s’en vont. Plus de cheveux, parfois ablation du sein, c’est une véritable spirale. Une femme jeune, de 38 ans par exemple, à qui ont annonce un cancer, elle perd son mec mais elle est encore jeune elle a envie de plaire. Puis on lui annonce qu’elle ne pourra plus avoir d’enfant. Elle est opérée, elle a un sein en moins donc elle est mutilée, elle doit rester avec une cicatrice le temps que ce soit refait et encore ce n’est jamais extraordinaire. C’est très lourd.

H.C : Étincelle a créé l’année dernière son propre magasine L&Vie. Comment est née cette idée ?

B.M : En 2010, une jeune femme qui avait créé un magazine gratuit, Décor&Sens, est venue faire un reportage sur la maison Étincelle. Cette personne avait elle-même eu un cancer. J’étais très motivée par cette idée de magazine pour les étincelles et par les étincelles. J’ai demandé à cette journaliste de nous aider à créer ce magazine et elle a acceptée. Une première maquette a été lancée mais il nous manquait une commerciale, car comme pour tout magazine gratuit il nous fallait des annonceurs. La vie est bien faite, une jeune étincelle assiste à une discussion sur le magazine et nous révèle être commerciale ! Quatre nanas et on s’est lancées dans cette aventure.

On en est au troisième numéro d’L&Vie. Il sort tous les deux mois. Tous les bénévoles d’Étincelle y participent : Jennifer De Calheiros la socio-esthéticienne de l’association, Marie-Morgane Le Berre la responsable du Pôle Activités Physiques Adaptés et Nutrition, Alain Andreu le responsable du Pôle Psychologie, Maître Hicham El Malih l’avocat d’Étincelle. On a des retours extraordinaires, parce que les gens disent que ce magazine il a une âme et on s’éclate en plus. Enfin, c’est un formidable outil de communication. On le distribue nous même. Là, où il y a des salles d’attentes. On a un public qui attend beaucoup et qui a besoin de lire, d’où une édition papier disponible dans des lieux spécifiques. On raconte des histoires de femmes qui avec leur cancer ont réussi à faire des choses merveilleuses, réaliser leur rêve. Pour le numéro de février-mars, nous avons fait un spécial couple, avec toujours nos propres histoires. Le prochain sera un spécial mère-fille. On a une rubrique mode, avec des photographes professionnels, tous bénévoles.

H.C : Quelle est votre plus grande satisfaction aujourd’hui ?

B.M : Que tous les jours, les femmes me disent qu’Étincelle leur a sauvé la vie. Quand elles arrivent elles sont au plus bas, quand elles repartent elles sont belles et elles ont le sourire. On s’attache beaucoup, mais il faut garder une attitude très professionnelle. Quand on accompagne des personnes atteintes d’un cancer il faut être fort et avoir de l’énergie. C’est pour cela qu’il faut savoir parfois mettre l’affectif de côté. Si je m’effondre, comment va faire la femme atteinte d’un cancer ? Grâce à ça j’ai réussi à toujours accompagner ma mère. Et c’est elle aujourd’hui qui m’accompagne. Même si elle n’est plus là, elle est toujours présente.

H.C: Quels sont les projets que vous aimeriez aujourd’hui réaliser ?

B.M: Mon rêve serait de créer une maison Étincelle pour les hommes. Un espace mixte ne peut pas fonctionner. Ici c’est trop féminin, il faut un endroit adapté aux hommes : sport, cuisine, esthétique car les hommes prennent aussi soin d’eux mais dans une ambiance mec ! Un bar à café, la télé pour le foot, faire un truc qui rassemble car les hommes ne parlent pas de la maladie entre eux, contrairement aux femmes. Il leur faut un endroit où ils puissent se sentir bien et se lâcher.

J’aimerais également faire un espace d’accueil et de recherche. En forme d’étoile avec des psychologues, un parcours santé, de l’esthétique et un lieu pour évaluer. Faire des tests à l’arrivée des Étincelles et un an après analyser l’évolution sur leur bien-être, la qualité de vie. C’est évident qu’avec un bien-être, il y a moins de récidive et de meilleurs guérisons. Donnez-moi 500 m2 et je fais ce projet. J’y crois.

Matinale du jeudi 10 janvier

Tous les jeudis, les membres de l’équipe d’Haut Courant animent la matinale sur Radio Campus Montpellier.

Au programme du 10 janvier :

 Les titres de l’actualité internationale et nationale – Clothilde Dorieux

 Reportage sur la pilule – Jordane Burnot / Alix Moréteau
Avec les interviews de Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues-obstétriciens français et Séverine Oriol, médecin au planning familial du Rhône.

 Chronique : Les doigts fripés – Simon Robert

 Journal d’informations locales – Météo – Pauline Chabanis

 Interview d’Elodie Malbeck, stagiaire en communication à la Ligue contre le cancer – Coralie Pierre

Animation : Alix Moréteau

La Ligue contre le cancer collecte vos téléphones portables, radiographies et cartouches d’encre

Si vous gardez précieusement vos cartouches d’imprimantes, vos vieilles radiographies argentiques et vos vieux téléphones dans une boîte, c’est le moment de faire une bonne action pour la Ligue contre le cancer.
Ghislaine Guelorget, bénévole et responsable de la collecte, a lancé cet ambitieux projet dans l’Hérault afin de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer.
Élodie Malbeck, stagiaire en communication sur le projet de collecte,
précise : « Cette action cible uniquement l’Hérault et les fonds collectés restent dans l’Hérault pour la recherche ou servent aux personnes malades de la région. »

Déposez vos cartouches et téléphones dans votre mairie

La mise en place de cette collecte demande beaucoup d’investissement à Ghislaine et Elodie : « Nous faisons des tournées dans toutes les mairies du département de l’Hérault pour la collecte des téléphones et des cartouches d’imprimantes. Nous leur proposons de placer des urnes et des affiches pour la collecte. Pour les radiographies, ce sont les centres de radiologies et quelques pharmacies dans les villes de plus petite taille, qui les collectent. » explique Élodie Malbeck.

Si les principales mairies adhèrent au concept, quelques récalcitrants restent à convaincre. « Certaines mairies nous répondent qu’elles n’ont pas de temps à consacrer à la collecte. Il nous faut alors insister. » déplore la jeune stagiaire. Puis elle s’empresse d’ajouter : « Mais il y a quand même de bonnes surprises. Par exemple, il y a eu sur Montpellier un magasin de téléphonie mobile qui nous a fait un don de 700 € en nous donnant tous les vieux téléphones portables que les gens lui rapportaient. Il les stockait dans son arrière-boutique depuis un moment sans prendre le temps de les amener à recycler. »

En plus de soutenir la lutte contre le cancer, recycler ces objets nocifs pour l’environnement permet de créer des postes : « Pour 1.000 téléphones portables recyclés, la structure de traitement APF-entreprise adaptée de Villeurbanne, crée un poste pour un travailleur handicapé pour un mois. » fait observer Élodie Malbeck.

Une donation alternative qui fait son chemin

En moyenne, la collecte d’un téléphone portable, quel que soit son modèle ou son état, rapporte 1.€.40 à la Ligue. Une tonne de radiographies argentique équivaut à 250 € et un carton plein de cartouches jet d’encre représente 30 €. « Ce n’est pas ce qui rapporte le plus. Les dons restent toujours encrés dans les mœurs, mais avec la crise, les gens donnent moins d’argent. Pour l’instant, cette démarche n’est pas encore très connue du grand public, mais petit à petit la collecte d’objets à recycler pourrait peser plus que les donations. »

Les chiffres de la collecte, qui existe depuis déjà trois ans, progressent d’année en année : « On est passé de 9.800 portables en 2010 à 14.000 portables en 2012, collectés dans l’Hérault, soit 20 000 € pour la Ligue contre le cancer. Et le projet n’est pas prêt de s’arrêter.
Tant qu’il y aura le cancer, nous continuerons à placer nos urnes de collecte.
» affirme Elodie Malbeck.

Franz-Olivier Giesbert, entre amour courtois et querelle journalistique

Invité par la librairie Sauramps, en association avec le Club de la Presse de Montpellier, Franz-Olivier Giesbert est venu présenter son dernier roman « Un très grand amour », lundi 15 février. S’en est suivi un débat animé par le journaliste Didier Thomas-Radux.

L’amour en question : altérité et absolu

« Il ne faut jamais dire qu’on a un cancer » lui avait affirmé le Pr Debré : « le cancer fait le vide autour de vous.  » Franz-Olivier Giesbert a pris le conseil de son médecin à contre-pied pour engendrer Un très grand amour, récit dans lequel il dédramatise sa maladie. Il y raconte l’histoire d’un homme atteint d’un cancer de la prostate, depuis le diagnostic jusqu’à la rémission. Si le cancer est bel et bien présent dans cette biographie romancée, « la maladie n’est qu’un personnage secondaire. C’est avant tout une histoire d’amour. »

L’amour, c’est d’ailleurs l’un des sujets favoris de Franz-Olivier Giesbert : « j’ai voulu partager une expérience sur l’amour. Le chagrin d’amour m’a démoli, pas la maladie« . Donc, résolument optimiste, il s’est même abandonné à quelques envolées lyriques : « les femmes avec qui l’on veut vivre ne sont pas forcément celles pour qui l’on peut mourir« , « il m’a fallu soixante ans pour découvrir les vertus de la fidélité » ou encore « j’ai divorcé de femmes absolument remarquables : la preuve je les avais épousées. » Le titre de son roman n’a pas été choisi au hasard. Référence explicite est faite à Spinoza : le très grand amour est celui qui constitue un « accroissement de soi-même. » Bref, pour Giesbert, cette quête de l’amour absolu nous rappelle un peu la course de Perceval vers le célèbre Saint Graal. On apercevrait presque Blanchefleur… L’amour courtois en somme.

De l’éthique journalistique

Si Franz-Olivier Giesbert est romantique, une partie de l’assemblée l’est un peu moins. En effet, le journaliste Pierre Carles [ Journaliste et documentariste, il développe à travers ses films une critique de l’espace médiatique, dont il dénonce les connivences croisées. Il est l’un des membres fondateur du journal de critique des médias Pour lire pas lu (PLPL), devenu Le Plan B au printemps 2006.]] est très en forme : « pourquoi le Club de la Presse a-t-il invité Franz-Olivier Giesbert en tant que journaliste, alors que ce n’est qu’un imposteur ? » D’une pirouette, le directeur du Point rétorque : « quand on réussit, on a beaucoup d’ennemis. Les caniches aboient, la caravane passe. » Le créateur du [Plan B lui reproche une hypocrisie apparente lorsqu’il affirme, dans l’émission « Huit journalistes en colère« , que « le vrai patron du journal, c’est le lecteur« , l’accusant de connivences. Il n’hésite pas non plus de le taxer de « calamité du journalisme« . Devant une audience agacée, F.O.G. affirme : « je suis l’ennemi à abattre pour les journalistes qui pensent qu’ils peuvent faire leur journal sans se fier au lecteur. Il faut établir un pacte de confiance. Si l’on fait des titres exclusivement racoleurs, le lecteur se lasse. Il faut trouver un juste équilibre entre la loi du marché et les attentes du lecteur. » Selon Giesbert, si certains journaux vont mal, c’est parce qu’ils négligent ce paramètre là. Et de rajouter : »alors, ces journaux tendent la main à l’État. Je suis contre ces aides. Le Point n’en reçoit pas. D’ailleurs nous ne sommes même pas allés aux États Généraux de la Presse. »

Imperturbable, Franz-Olivier Giesbert n’est pas non plus désarçonné lorsqu’une personne de l’assemblée lui demande comment un journaliste de son état, profession prenante, trouve le temps d’écrire nombre de fictions ? Prolifique, il l’est depuis sa jeunesse. Il avoue avoir rêvé de devenir écrivain et être devenu journaliste par nécessité :  » entre 12 et 20 ans, je rédigeais environ deux romans par an. » La fiction est donc un échappatoire qui lui est cher : « le journalisme, c’est un métier absorbant, ça vous dévore, il faut aussi faire autre chose… »