Coupe du monde de rugby 2019 : Au Japon, les joueurs devront cacher leurs tatouages

A un an de sa coupe du monde, qui débutera tout juste dans un an, le Japon invite les joueurs à recouvrir leurs tatouages, par précautions.

Au Japon, il y a des traditions à respecter. Celle de cacher les tatouages dans les lieux publics en fait partie. La raison ? Au pays du Soleil Levant, les tatouages sont perçus comme un signe d’appartenance à la mafia locale, les « Yakuzas ».

Selon les propos rapportés dans le journal L’équipe, World rugby a demandé aux différentes fédérations de prendre les précautions nécessaires quant à l’exhibition des tatouages de leurs joueurs. Ainsi, les « tatoos », qui rencontrent un grand succès notamment auprès des joueurs des îles du Pacifique, devront être dissimulés hors des terrains.

« Si les gens tatoués vont à la piscine publique, il faudra qu’ils se couvrent. Nous ne forcerons aucune équipe à le faire mais ils le feront car ils veulent respecter la culture. Que ce soit l’Écosse, l’Irlande, le pays de Galles ou l’Italie, qui sont tous venus récemment, ils comprennent cela », a précisé Alan Gilpin, directeur de la Coupe du Monde. « Nous allons sensibiliser les Japonais sur le fait que les gens qui portent des tatouages dans le contexte du rugby international ne font pas partie des yakuzas », prévient-il.

Des propos jugés « absurdes » pour certains. « C’est une stupidité absolue ce que nous demande World rugby parce que si les yakuzas ont des tatouages, il n’y a pas qu’eux qui en ont au Japon » s’est exprimé le président du Rugby club Toulonnais, Mourad Boudjellal, dans une vidéo sur Eurosport.

Pour l’heure, les joueurs, premiers concernés, ne se sont pas vraiment exprimés sur le sujet.

N’est-il pas coutume à tout visiteur de s’adapter aux traditions de son hôte ? Réponse dans un an.

XV de France : le syndrome Poulidor

Toujours placée, jamais gagnante. L’équipe de France de rugby a échoué pour la troisième fois de son histoire en finale de la Coupe du monde (7-8 contre la Nouvelle-Zélande) alors qu’elle n’a jamais été aussi proche d’écrire son nom au palmarès. Frustrant.

Il y a des défaites au goût amer laissant une impression d’inachevé. C’est ce genre de défaite qu’a connu le XV de France en finale de la Coupe du monde de rugby contre les redoutables All Blacks (7-8).

Si près, si loin…

Au lendemain de l’humiliant revers contre les Tonga (14-19) lors du dernier match du premier tour, peu de personnes auraient misé ne serait-ce qu’un kopeck sur la capacité des hommes de Marc Lièvremont à atteindre la finale et faire jeu égal avec les favoris Néo-Zélandais. Pourtant, les Bleus ont attendu l’ultime rencontre pour livrer leur meilleure prestation de la compétition. Et c’est tout le paradoxe.

Arrivés en finale après une performance indigeste face à des Gallois réduits à quatorze (9-8), les Tricolores ont vu la chance les délaisser bien que s’étant battus avec un courage exemplaire. « En donnant le sentiment de s’abandonner au hasard offensivement, ils n’ont réellement été en mesure d’asseoir un semblant de jeu pour poser leurs mains sur la coupe William Webb Ellis » résume Vincent Péré-Lahaille, envoyé spécial du journal L’Equipe. Pourtant, si le Montpelliérain François Trinh-Duc passe sa pénalité à la 65ème minute, la donne aurait été tout autre… Mais avec des si…

Polémique autour de l’arbitrage

Qu’a-t-il manqué ? Un soupçon de chance certes, et peut-être un arbitre impartial. A l’issue de la finale, l’arbitre de la rencontre a eu les oreilles qui ont sifflé. « On a eu l’impression de jouer à seize contre quinze » déplore Dimitri Szarzewski.

Dans les faits il est reproché à M. Craig Joubert de n’avoir jamais sifflé la pénalité tant attendue qui aurait permis à la France de passer devant au tableau d’affichage, notamment sur un hors-jeu néo-zélandais en toute fin de rencontre.

Dans les colonnes de Sud Ouest, Thierry Dusautoir revient sur l’arbitrage : « Je pense qu’il n’y avait pas de meilleur arbitre pour diriger cette finale. Joubert, c’est le meilleur. Je le pense toujours. Il y a eu des erreurs contre nous mais je n’aurais pas souhaité quelqu’un d’autre ». Pas rancunier, le capitaine français. A bien y réfléchir, si le Néo-Zélandais Piri Weepu avait été plus en verve sur les pénalités, la polémique n’aurait pas eu lieu d’être.

1987, 1999 et maintenant 2011

Avec trois finales, la France n’en est pas à son premier coup d’essai. A chaque fois, l’équipe se rapproche du Saint-Graal sans pour autant y parvenir jusqu’à présent.

Il y a eu d’abord 1987. Dans un rugby encore ancré dans l’amateurisme, et après un exploit retentissant contre l’Australie en demi-finale (30-24), la France ne peut rien faire en finale contre la Nouvelle-Zélande (9-29) qui domine la discipline depuis presque un siècle.

1999, ensuite. Comme douze ans auparavant, les Bleus réussissent un superbe exploit en demi-finale en passant plus de 30 points consécutifs aux All Blacks (43-31). Cette fois c’est l’Australie qui se dresse en obstacle insurmontable en finale (12-35).

Maintenant, 2011. Pas d’exploit unique. Juste un petit point de différence avec le champion…

Jamais deux sans trois. L’occasion était trop belle pour faire mentir la célèbre expression. Mais c’était peine perdue. « C’était écrit… » titre lequipe.fr, comme si la victoire ne pouvait aller qu’aux All Blacks. Il faudra donc patienter quatre ans de plus pour espérer voir les Bleus sur le toit du monde.

Quel Rugby pour le Nord ?

Clap de fin pour le tournoi des VI Nations 2011 après un mois et demi de compétition (du 4 février au 19 mars 2011). Un tournoi qui aura été, il faut le dire, assez décevant. Retour sur l’état des six nations participantes.

Invictus, la victoire d’une nation arc-en-ciel

Clint Eastwood signe avec Invictus son trentième film. Il y retrace les moments forts de la Coupe du monde de rugby de 1995 qui a vu triompher une Afrique du Sud profondément divisée.

S’il est une chose que Clint Eastwood sait faire, c’est bien nous prendre par les sentiments. Avec son dernier film, il fait vibrer la corde sensible du spectateur. Des bons sentiments et des larmes, Invictus n’en manque pas. Quoi de plus normal après tout, puisqu’il retrace un moment historique où le pardon et l’union ont su triompher sur le racisme et la haine ? Les questions au cœur du dernier opus d’Eastwood sont effectivement la réconciliation, le pardon et l’unité nationale. « Le passé est le passé. Tournons-nous maintenant vers l’avenir » exhorte Nelson Mandela dans Invictus. Sans oublier les valeurs sportives portées en étendard et si chères au réalisateur de Million Dollar Baby.

Les premières minutes du long-métrage retrace la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, après une condamnation à vingt-sept années de prison pour avoir combattu l’apartheid en Afrique du Sud. Puis, référence est faite à sa victoire électorale, quatre ans plus tard, à la suite des premières élections nationales non raciales du pays. Premier président noir sud-africain, il prône la réconciliation nationale. Il s’agit pour lui de « concilier les aspirations des Noirs et les peurs des Blancs« . Alors, pour unifier son pays et rendre à tous leur fierté de Sud-Africain, Mandela mise sur le rugby. Chose qui n’est pas aisée, puisque ce sport et les couleurs des Springboks étaient les symboles du nationalisme afrikaner. Il invite chacun à une réflexion et une tolérance réciproque. Une scène l’illustre particulièrement : les joueurs sont invités par le président à partager un instant avec de jeunes enfants noirs des quartiers pauvres de Johannesburg.

Le film atténue toutefois les réelles conditions raciales et politiques en Afrique du Sud. De même, il présente Nelson Mandela comme le principal artisan de la victoire qui engendra l’union nationale. C’est le symbole du rêve américain : l’individu solitaire qui se réalise lui-même et qui est capable de changer le monde. Faut-il y voir, un an après l’élection du président Barack Obama, des analogies avec l’histoire contemporaine des Etats-Unis ? Celles d’un premier président noir charismatique qui a su rassembler son peuple autour de lui et améliorer l’image de son pays ?

Invictus est un très beau film. Le jeu des acteurs est remarquable. Morgan Freeman, très bien grimé, interprète un Nelson Mandela charismatique et humaniste. Il est accompagné d’un Matt Damon brillant en capitaine de Springboks. Sur le plan visuel, Clint Eastwood a donné à son film une véritable authenticité. Rien n’est laissé au hasard : des couleurs donnant l’illusion d’images d’époque, un style photographique qui rend visible les imperfections des acteurs, et des photographies d’actualités qui pimentent l’œuvre.

Deux images resteront dans l’esprit du spectateur. La première est celle des deux mains jointes, noire et blanche, sur la coupe de la victoire. La seconde : le sourire de Nelson Mandela alors que sa voiture se fraie un chemin à travers une foule métissée en liesse. Celle de son peuple uni dans la joie.

Un film à voir.

Afrique du Sud : Le rugby, un des derniers bastions de l’apartheid

En Afrique du sud, la page de l’apartheid est loin d’être tournée. Tout juste auréolée d’un nouveau titre de Championne du Monde, l’équipe nationale de rugby est au centre d’une polémique. Ou plutôt le célèbre logo qui orne ses maillots vert et or : une petite antilope (springbok), symbole fort de l’apartheid.

Durant l’apartheid, le springbok était l’emblème de toutes les équipes nationales de l’Afrique de Sud. A partir de 1992, la fleur nationale, la protea, vient remplacer l’antilope sur le maillot des équipes. Le rugby est le seul sport à conserver l’animal sur ses tenues. En 1995, l’équipe des Sprinboks remporte chez elle la coupe du Monde de rugby et Nelson Mandela, fièrement vêtu du maillot du XV d’Afrique du Sud, remet la coupe au capitaine (blanc) François Piennar. Nelson Mandela arborant le maillot des Springboks lors de la remise de la Coupe du Monde de Rugby en 1995Sur fond de slogan « une équipe, une nation », cette victoire sonne alors comme la réconciliation d’une nation déchirée. A l’époque, l’équipe ne compte qu’un seul joueur noir dans ses rangs et n’est pas du tout représentative de la société post-apartheid. Sur 48 millions d’habitants, seul 8 millions sont blancs. Le rugby, sport des blancs par excellence en Afrique du Sud, représente l’un des derniers bastions de l’apartheid. Il se trouve ainsi souvent au centre de polémiques plus politiques que sportives.

Les effets de l’apartheid encore présents

Avant la dernière coupe du monde, la préparation de l’équipe nationale a été perturbée par la question de savoir s’il fallait emmener la meilleure équipe possible pour gagner la compétition ou bien l’équipe la plus représentative de la nouvelle société ? Le rugby reste encore un sport de riches auquel les noirs ont difficilement accès. Les effets de l’apartheid se font toujours ressentir. Sam Ramsamy, actuel représentant de l’Afrique du Sud au Comité Exécutif du CIO, estime que «le milieu du rugby apparait toujours comme des plus conservateurs, maintenant son sport dans un exercice racial inégalitaire». En effet, les écoles à majorité noire ne possèdent pas de terrains de rugby, freinant ainsi l’accession de ceux-ci au plus haut niveau. La plupart des joueurs professionnels sont issus de vieilles écoles prestigieuses. En 2006, Zola Yeye, devient le premier manager noir des Springboks. Il déplore que la composition actuelle de l’équipe soit « l’héritage direct de 50 ans de régime discriminatoire ». Sur les trente boks victorieux en France en octobre 2007, seuls six étaient noirs ou métis.L'antilope pourrait bien quitter le maillot du XV d'Afrique du Sud

Discrimination positive

Face à cela, le gouvernement s’impatiente. Faisant la part belle à toutes les polémiques, il va jusqu’à imposer des quotas de joueurs noirs dans les équipes régionales et nationales et menace également de changer le nom des Springboks pour celui des Proteas. L’objectif étant d’arriver à une équipe nationale aux deux-tiers noire d’ici 2009. Ceci implique plusieurs questions. Tout d’abord, la discrimination positive est-elle la solution au problème ? Pour Russell Carelse, manager de l’académie de Rugby de Stellenbosh, « le gouvernement concentre trop son attention sur les équipes professionnelles au détriment d’une politique de terrain à même d’apporter de réels débouchés à des joueurs noirs ». La solution serait d’initier les enfants au rugby dès le plus jeune âge. Pour cela, il faut doter les écoles d’infrastructures de qualité afin que tout le monde soit sur un pied d’égalité.

L’autre question est économique. La « marque » Springbok génère chaque année plus de 12 millions de dollars. Une somme non négligeable, lorsque l’on sait que le rugby en Afrique du Sud, comme dans beaucoup de pays, a besoin d’argent. S’il faut régler le problème à la source, le gouvernement aura besoin de moyens.

Un rugby au centre de toutes les tensions entre noirs et blancs, une antilope qui pourrait bien se sauver du maillot, mais deux titres de champion du monde en aucun cas usurpés.
Les Springboks remportent leur seconde Coupe du Monde à Paris en octobre 2007