La République bananière de l’Est

« Pour qui allez-vous voter à l’élection de Medvedev ? » ironisent certains moscovites à la veille d’un scrutin présidentiel dont l’issue ne fait aucun doute. Car demain, dimanche 2 Mars, la Russie va élire Dmitri Medvedev, le dauphin désigné par Vladimir Poutine pour lui succéder au Kremlin.

Crédité de 60 à 80% d’intentions de vote selon les sondages, l’héritier au pouvoir n’a qu’une incertitude : le score final recueilli à la clôture des votes. Un résultat supérieur à 70% témoignerait du soutien unanime du peuple russe à la politique du régime, dont Medvedev incarne la continuité.
Pour cela, l’orchestration gouvernementale de l’accession au pouvoir du (non) candidat est rondement menée. Seuls trois autres concurrents ont été autorisés à affronter le prétendant : Vladimir Jirinovski, leader de l’ultranationaliste Parti libéral-démocrate, crédité de 7% des voix ; le communiste Guenadi Ziouganov, crédité de 8% des suffrages au lieu des 29% obtenus en 2000 ; et Andreï Bogdanov, un inconnu sûrement poussé par le Kremlin pour donner une touche pluraliste.

L’évidence. Si les rues de Moscou restent désespérément vides de toute campagne publicitaire ou de slogans présentant les divers candidats, Medvedev est omniprésent sur les chaînes de télévision russe. On peut le voir visiter un village, caresser les têtes blondes d’une école ou s’envoler pour Belgrade, afin d’assurer son appui à la Serbie contre l’indépendance du Kosovo. Pourtant, conforté par l’évidence de sa victoire, le « favori » a boycotté les débats électoraux et refusé de mener une campagne classique. Son temps d’antenne demeure manifestement supérieur à celui de ses trois rivaux réunis.
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Pour cette présidentielle jouée d’avance, Dmitri Medvedev apparaît déjà sur d’immenses affiches aux cotés de Vladimir Poutine. Le taux de participation ne changera rien aux résultats mais le gouvernement s’assurera d’une bonne mobilisation. Ainsi, l’idée de déplacer les bureaux de vote dans les résidences universitaires sera concrétisée afin d’inciter les étudiants à voter. Lors des élections législatives, déjà, de nombreux étudiants moscovites racontaient comment ils avaient été « invités » à aller voter : discours du recteur, café et gâteaux gratuits, voire certaines propositions financières pour mettre la croix au bon endroit sur le bulletin…
Le slogan « Votez pour votre avenir le 2 mars » des rares affiches électorales en devient provoquant. Des résultats qui seront probablement félicités par la communauté internationale. Quid de la transparence ?