L’engagement écolo vu par les militants d’Europe Ecologie

Il y a quelques jours, la réunion hebdomadaire d’Europe Écologie se tenait dans leur local Boulevard Ledru Rollin, à Montpellier.
L’occasion de discuter de leur engagement avec les militants de ce rassemblement entre encartés verts, et sympathisants de tous bords. L’occasion aussi de faire le point sur ce que veut dire être « écolo » pour ces militants aux profils très divers mais qui s’accordent sur une chose: l’avenir de notre planète passe par l’écologie.

La tendance écolo

«Je suis écolo», voilà une phrase qui revient souvent ces derniers temps au détour d’une conversation. Comme si la victoire retentissante d’Europe Écologie aux élections européennes de 2009, avait lancé la mode. Ou plutôt relancé la mode…
En effet, d’après une étude de Jacques Theys, haut fonctionnaire au ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, la tendance « écolo » fonctionne par vagues et par reflux.

Depuis 30 ans, plusieurs périodes de sensibilité à l’écologie se sont succédées. De de 72 à 77, puis de 88 à 92. Plus récemment de nombreux problèmes environnementaux ont suscité une vive émotion chez les citoyens français: la vache folle, la catastrophe de l’Erika, les OGM, les différentes inondations entre 1999 et 2001, sans oublier ces deniers jours le séisme à Haïti. Autant de facteurs qui expliquent la montée de l’écologie et font du « développement durable », des produits « bio » et « naturels » les nouveaux mots branchés d’une génération écolo.

Car l’écologie est bel et bien une histoire de génération.

C’est quoi être « écolo »?

Mais concrètement, au quotidien et dans leur vision politique, qu’est ce qu’être écolo? Qui pouvait mieux nous en parler que ces militants du groupe Europe Ecologie de Montpellier.

Yvette Siol et Mariane Bauduc, la cinquantaine rayonnante, ne manquent pas une seule des réunions du groupe Europe Ecologie. Très motivées pour les élections régionales, elles vont aller tracter, coller des affiches mais aussi sensibiliser leur entourage aux valeurs de l’écologie et de ce rassemblement dans lequel elle croit, de plus en plus.

Au quotidien, et ce depuis quelques années, Yvette explique «Je prends les transports en commun. J’évite les supermarchés pour privilégier les producteurs locaux. J’essaye d’acheter avec le moins d’emballage possible, et évidemment, je trie mes déchets.» Le déclic pour elle? «Un jour j’étais dans le bus, et je me suis rendu compte que Montpellier se transformait en un vaste bloc de béton, des nouveaux édifices sortaient du sol à une allure inquiétante. Odysseum par exemple je n’y mets jamais les pieds…Je me suis sentie révoltée par le peu d’importance que l’on accorde aux questions environnementales. Oui, c’était un ras le bol de la politique frêchiste d’expansion.» Et Mariane d’ajouter: «il faudrait re-localiser le commerce, lui redonner ce coté humain. Un projet de centre commercial du genre Odysseum est prévu à Pézenas. Il faut parler de l’emploi, du social, et Europe Écologie en parle dans son programme.»

Car c’est bel et bien le programme qui rassemble tous les membres d’Europe Ecologie, qui est «une alliance entre les verts, et les non-verts, c’est à dire les non encartés. Un rassemblement pas toujours facile à coordonner…» explique Jean-Yves Blaes, le secrétaire d’Europe Écologie Montpellier.

Pourtant, c’est «ce rassemblement hétéroclite de gens d’horizons différents qui veulent suivre un projet constructif en mettant de côté leurs personnalités respectives» qui a séduit Eric, cet ingénieur en environnement. Pour lui Europe Écologie incarne une idée arrivée à maturité, qui permet de mettre de la cohésion parmi les militants. Lui aussi au jour le jour applique des principes simples pour être en adéquation avec son engagement: «Je roule à vélo, si je dois utiliser un véhicule je favorise le co-voiturage ou les transports en commun…»

Abdel Benbakir, formateur en informatique a quant à lui a un lourd passé de militant. Il démarre son engagement dans un mouvement anti-rasciste dans les années 80, puis il continue à s’investir dans différentes associations lyonnaises qui luttent pour le droit au logement , sans jamais vouloir s’engager en politique. En 1995, il assiste à un meeting de Dominique Voynet et Daniel Cohn-Bendit, qui le convainc de s’engager chez les verts, «c’est la première fois que je trouvais des valeurs de solidarité et d’altérité en politique». Europe Ecologie, c’est un peu la continuité, «pour moi, c’est une constellation de forces rassemblées.»

Une vraie force de rassemblement de la gauche, mais une alchimie en péril

A la question de savoir si Europe Ecologie a réussi à s’ouvrir à un public plus large qui trouvait le programme des verts trop restreint à l’écologie pure, la réponse varie d’un militant à l’autre. Pour Abdel Benbakir, «le programme des verts a toujours intégré des dimensions sociales et économiques de qualité, mais qui n’ont pas été rendues visibles.» En revanche pour d’autres comme Jean-Yves Blaes, «j’ai décidé de m’engager avec Europe Ecologie justement parce qu’au contraire des Verts, je trouvais leur programme plus ouvert, plus réaliste, à une échelle européenne. Bref la seule vraie force de recomposition de la gauche.» Et il suffit de voir les figures médiatiques emblèmes d’Europe Écologie, De José Bové en passant pas Eva Joly, sans oublier le très médiatique « Dany le Rouge » ou encore le ralliement récent d’Augustin Legrand, fervent défenseur du droit au logement, et même Stéphane Gatignon du PC, l’ouverture est bien le maître mot. Abdel Benbakir, militant des verts parle «d’un mouvement généraliste et transversal». Sur la liste du Languedoc Roussillon, se mélangent aussi plusieurs tendances et des profils très différents.

Pourtant les récents évènements, et l’apparition d’une liste officiellement investie par Martine Aubry, mardi 2 février, et menée par Hélène Mandroux, maire de Montpellier, change la donne. Ce rassemblement qui se présente comme ouvert parviendra t-il a accepter de recevoir des ordres du grand frère PS qui réalise un peu tard la nécessité d’une gauche morale, alors que les écologistes mènent la bataille anti-Frêche depuis plusieurs mois… Pour l’instant le moral justement n’est pas au beau fixe concernant une alliance Europe Écologie et PS « résistant ». Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts, envoyé pour mener une mission de conciliation avec le PS, en direct de Montpellier les 30 et 31 janvier, a martelé: «Il ne faut pas que les socialistes essaient de faire croire que c’est une opération de salut public et que c’est nous qui serions les diviseurs alors que ça fait six mois qu’on attend qu’ils éclaircissent leur position».

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J-L Roumégas : « les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de la Gauche alors qu’ils sont divisés »

Porte-parole national des Verts, Jean-Louis Roumégas a été désigné pour mener la liste Europe-Ecologie aux élections régionales en Languedoc-Roussillon. Alors que la liste officielle vient tout juste d’être établie, il répond aux questions de Haut Courant.

Quel bilan tirez-vous de la politique du Conseil régional sous le mandat de Georges Frêche ?

Il faut distinguer le bilan personnel de Georges Frêche, assez mauvais, et celui de l’équipe du Conseil régional, plus mitigé. D’une part, M. Frêche s’est fâché avec tout le monde : les Verts, les communistes mais aussi avec le Parti Socialiste. Cela n’arrive pas par hasard : c’est le résultat d’un comportement, de pratiques de gouvernance qui sont inacceptables, et des dérives de son discours politique. Le bilan de l’équipe du Conseil régional, secteurs par secteurs, est à nuancer.

En ce qui concerne la rénovation des lycées, le retard a été en partie rattrapé. Il y a eu plusieurs constructions d’établissements. Par contre, ce qu’il manque : une plus Haute Qualité Environnementale (ndlr. HQE), une basse consommation ou du bio dans les cantines. Pour les lycées 21, l’initiative vient des lycéens sur la base de l’Agenda 21. Il n’y a pas eu de politique de la Région pour impulser ce type d’établissement, même si elle s’en vante.

En matière de transports ferroviaires, une des compétences de la Région, il y a eu de bonnes choses de faites comme la KARTATOO. Cependant, la modernisation des lignes ferroviaires n’a pas été à la hauteur de ce qui avait été promis.

Concernant l’aménagement du territoire, Georges Frêche a une vision qui est à l’opposée de ce que nous défendons. Il a fait de Montpellier une mégalopole susceptible d’attirer tous les habitants de la région. Au contraire, nous sommes pour une région multipolaire.

Frêche se vante d’avoir développé les énergies renouvelables. Il l’a un peu fait. Nous étions premiers en matière d’éolien en 2008. Nous sommes maintenant quatrièmes alors que le Languedoc-Roussillon a un fort potentiel en éolien et en solaire.

Et sur le plan économique ?

Là, l’échec est flagrant. Les gens pensaient que Frêche allait faire pour le Languedoc-Roussillon, le « miracle Montpellier ». Il voulait hisser la région au quatrième rang de France. Or, six ans après, nous sommes derniers en termes de PIB par habitant derrière le Nord-Pas-de-Calais, et avant-derniers en matière de chômage.

Que pensez-vous des dernières déclarations de Georges Frêche, notamment au sujet de Laurent Fabius ?

Cela fait des années que nous dénonçons les dérapages de Georges Frêche. Dernièrement, il a traité un pasteur de la CIMADE de nazi, Silvain Pastor d’antisémite parce qu’il soutient les Palestiniens, Jean-Paul II d’abruti, il a accusé les policiers d’avoir mis le feu à des voitures lors des émeutes de 2005. Aujourd’hui, son directeur de la communication lui arrache le micro avant qu’il ne dise des bêtises.

Ce n’est pas ces dérapages qui sont les plus graves. Ce qui est contestable, c’est sa politique autocratique, le fait du prince.

Donc, vous excluez tout accord avec Georges Frêche au second tour ?

Oui, et ce depuis le début de la campagne. Nous ne voulons plus de lui comme président. Il est hors de question de cautionner sa politique. Le Front de gauche et certains socialistes, ont pris la même position. Une majorité de gens à gauche veulent un changement. D’où la volonté de rassemblement.

Envisagez-vous une alliance avec Hélène Mandroux ?

Nous n’avons pas attendu l’intervention de Martine Aubry pour discuter d’une éventuelle alliance. Les socialistes autour de Paul Alliès et d’Hélène Mandroux nous avaient déjà sollicités pour savoir si Europe Ecologie était prête à accueillir des socialistes. Nous avions répondu favorablement. J’ai même proposé à Hélène Mandroux de prendre la tête de liste dans l’Hérault. Aujourd’hui, Martine Aubry se réveille, bien tard, et fait comme si c’était elle et les socialistes qui allaient rassembler. J’attends déjà de voir ce qu’ils vont rassembler ici, car beaucoup restent derrière Georges Frêche. Les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de toute la Gauche alors qu’ils sont eux-mêmes divisés.

Que pensez-vous du fait qu’un ancien Vert comme Yves Piétrasanta soit inscrit sur la liste de Georges Frêche ?

C’est parce qu’il y est, qu’il a été exclu des Verts. Il a choisi de soutenir Frêche et son système plutôt que l’écologie. Je trouve dommage que des gens qui se disent écologistes aillent servir de caution à Georges Frêche sans infléchir sa politique dans un sens plus écologique. Il ne suffit pas de mettre quelques petites pincées de « vert » sur les politiques du Conseil régional, il faut une réelle transformation écologique. Je trouve que ce sont des écologistes qui manquent d’ambition.

Et que pensez-vous de Patrice Drevet qui conduit la liste de l’Alliance écologique indépendante ?

C’est un écologiste mondain. Il a présenté la météo à la télévision et s’est découvert écologiste quand tout le monde était déjà convaincu. Il est adjoint dans une mairie UMP et ne se présente pas comme écologiste mais en tête d’une liste MoDem teintée d’écologie. C’est comme le pâté d’Alouette : il y aura un cheval de MoDem et une alouette d’écologie.

Pouvez-vous nous résumer votre programme en quelques mots ?

Nous proposons aujourd’hui une politique économique très différente de ce qui a été fait à la Région. Notre projet repose sur trois piliers.

Le premier est la transformation écologique de l’économie régionale pour créer des emplois. Notamment dans le secteur du bâtiment. Il faut que la Région impulse et soutienne les projets de rénovation thermique et d’isolation. Elle doit aussi impulser encore plus largement dans le parc du logement.

Le second pilier est le développement des énergies renouvelables : l’éolien, le solaire et la biomasse (bois et déchets agricoles). Par exemple : créer une plate-forme offshore de grande dimension sur le littoral languedocien, construire des centrales terrestres de petite dimension sous forme de sociétés coopératives créées avec les communes. Nous souhaitons développer le solaire sur les toits des habitats et les bâtiments publics de la région. Il faut créer des centrales photovoltaïques. Pour la biomasse, il y a deux axes : impulser l’équipement en chaudières et monter des filières de granulés et de copeaux de bois, en profitant du gisement important qu’offre la forêt languedocienne. Il est aussi nécessaire de créer des transports alternatifs.

Le troisième pilier : l’agriculture. Nous voulons développer un vrai plan biologique au niveau régional, avec des aides à la conversion bio, le développement de circuits agroalimentaires courts. L’offre en bio n’est pas, aujourd’hui, à la hauteur de la demande au niveau régional. Nous devons donc importer, ce qui est une aberration. Il est idiot de faire voyager des produits sur des milliers de kilomètres.

Et au sujet de la viticulture ?

La viticulture, en Languedoc-Roussillon, est en grave crise de revenus. Notamment à cause de la concurrence internationale et de la baisse de la demande. Nous sommes pour une viticulture régionale de qualité environnementale, dans sa dimension de terroir. Ce doit être un argument de vente à l’étranger.

Comment allier la compétitivité et l’écologie dans ce cas ?

Les vins biologiques et les vins de terroir se vendent à un meilleur prix sur le marché international. C’est sur les vins standardisés, bons marchés, que nous perdons la compétition. Certains pays sont moins chers que nous comme la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. Alors, il ne faut pas chercher à s’aligner sur eux. Les salaires ne le permettent pas ici. Considérer que les produits agroalimentaires sont aussi des produits culturels est une valeur ajoutée. Il faut sortir de cette vision industrielle de l’agroalimentaire. Les gens évoluent vers du produit culturel, du savoir-faire, et du produit bon pour la santé. Nous voulons créer un centre de ressources international de la vigne et du vin qui œuvrera pour servir cette culture du vin et qui va assoir la notoriété internationale des vins du Languedoc.

Que proposez-vous en matière de politique culturelle ?

Nous voulons éviter les phénomènes de concentration, de soutien exclusif à la culture de prestige. Nous souhaitons aider au développement local de la culture en soutenant des lieux de création et de diffusion dans l’ensemble de la région. Il faut laisser la liberté aux artistes d’innover plutôt que de conserver la culture « fait du prince » actuelle. Actuellement, des dépenses de prestige représentent environ 90% du budget culturel. La Région a dépensé 54 millions d’Euros pour construire la Grande Salle alors qu’avec cet argent on aurait pu créer une cinquantaine de lieux culturels dispersés dans l’ensemble du territoire régional.

Pour finir, que pensez-vous de l’échec du Sommet de Copenhague ?

Il montre qu’il existe des grands discours sur l’écologie, mais lorsqu’il s’agit de passer aux actes, il y a eu incapacité des politiques traditionnelles. Il n’y a pas l’expertise nécessaire : Nicolas Sarkozy confond le changement climatique et le trou dans la couche d’ozone, Rachida Dati parle de refroidir la planète de 2 degrés. Il y a donc une méconnaissance des questions écologiques.

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Mis à jour le 3 février à 0h30

2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

Alors que la campagne pour les régionales de mars prochain a commencé, Hautcourant fait le bilan de la présidence Frêche. Retour sur différentes réalisations de la Région, avec les commentaires d’Alain Nenoff, journaliste à L’Agglorieuse, hebdomadaire satirique de Montpellier.

Fiscalité

En pleine pré-campagne, sur le plateau de 7L TV en septembre dernier, Georges Frêche se félicitait d’un point : « Les impôts n’ont pas augmenté entre 2005 et 2010 ». Mais le mandat, lui, avait commencé en 2004, et avec une augmentation importante de la fiscalité. Les impôts régionaux avaient alors enregistré une hausse de plus de 52%, le record national à l’époque. Le président de la Région en avait imputé la responsabilité à la réforme de 2003, qui attribuait davantage de compétences aux collectivités. La manne financière générée par ces impôts a cependant été suffisante pour absorber les dépenses du mandat. De même, l’endettement de la région s’est stabilisé autour de 4% des dépenses depuis trois ans.

Emploi

« De tous les domaines de compétences, c’est sûrement l’emploi qui a été le plus oublié », annonce Alain Nenoff. « Aucun plan pour la relance de l’emploi n’a été mis en place en six ans de présidence Frêche ». Au troisième trimestre 2009, avec un [taux de 12,7%, le Languedoc-Roussillon est devenue la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Pour le journaliste, il y a sur ce point un décalage flagrant entre la communication régionale et la réalité : « On nous dit que la région est la meilleure, mais on n’oublie que nous avons un produit intérieur brut qui est l’un des plus faibles du pays ». Dans un contexte global peu propice à la création d’emplois, Georges Frêche réaffirmait, il y a quelques mois sur 7L TV, agir pour l’embauche des jeunes. Une enveloppe de 6 millions d’euros a été destinée, dans le dernier budget, à la relance de l’emploi.

Lire aussi : Le chômage au cœur des régionales

Education

La formation professionnelle (23,1%), et la gestion des lycées (24,6%) représentent les deux plus gros postes de dépenses prévus dans le budget 2010 de la Région. Mesure phare de la campagne de 2004, la gratuité des livres scolaires a été l’une des premières mesures mise en place. Le Président Frêche continue en ce sens en 2010, puisqu’il a annoncé dans sa course à la Région vouloir fournir un ordinateur à tous les élèves. La formation professionnelle a quant à elle profité des écoles de la deuxième chance. Des initiatives critiquées par Alain Nenoff. Le site de campagne de Frêche annonce la réalisation de 9 nouveaux lycées et la rénovation de 72 autres. Alain Nenoff rappelle cependant que « dans les premières décisions prises pour les lycées, il a changé leurs noms tout comme il l’a fait avec le nom des salles du Conseil Régional. Il imprime sa marque. »

Ecologie

En 2007, la Région a lancé le programme « Lycée 21 ». Ce programme promeut « un comportement citoyen et responsable » en faveur de l’environnement. L’agriculture biologique est également soutenue et le Conseil Régional mise sur le Salon international des énergies renouvelables et de l’éco-construction Energaïa pour montrer ses actions écologistes. La gestion de l’eau semble avoir été une priorité notamment avec Aqua Domitia, plan de sécurisation d’accès à l’eau. La dernière action en date est le lancement d’un plan de production d’énergie photovoltaïque sur les lycées publics régionaux. En 2010, 5,1% du budget du conseil régional sera consacré à l’environnement.

Lire aussi : L’écologie au sein de la politique du Conseil Régional

Transports

Georges Frêche avait comme bras droit, dans ce domaine, l’ancien ministre des Transports Jean-Claude Gayssot. En investissant près de 270 millions d’euros pour le contournement de Montpellier et de Nîmes, l’administration sortante a permis l’aboutissement du projet de ligne à grande vitesse. Elle profitera aussi à terme à Perpignan. Le mandat a aussi vu la rénovation du réseau de trains express régionaux, recolorés dans un rouge jugé criard par certains. De nouvelles dessertes ont été crées, et les tarifs ont été globalement revus à la baisse. L’offre ferroviaire a été augmentée de près de 20% depuis 2008. Pour le transport aérien, le bilan est moins réjouissant. La région annonce une maigre augmentation du trafic, autour de 200 000 voyageurs en cinq ans.

Logement

2,3% du budget 2010 sera consacré au logement. Si ce secteur ne fait pas partie intégrante des compétences du Conseil Régional, 25 millions d’euros ont été investis depuis 5 ans pour le logement. Georges Frêche annonçait en septembre sur 7L TV qu’il avait l’intention de doubler le financement en favorisant le logement étudiant.

Viticulture

En 2004, Georges Frêche s’était engagé notamment à développer la voie de l’oenotourisme. Créée en 2006, la marque « Sud de France » a amélioré la visibilité des viticulteurs et des producteurs régionaux. Ils sont près d’un millier à s’être associés à la démarche. La branche export du label accompagne, quant à elle, les entreprises régionales qui souhaitent se tourner vers le marché international. Cinq maisons du Languedoc-Roussillon ont même été installées de New-York à Shanghaï en passant par Londres. L’idée étant d’y vendre les produits de la région, mais aussi de promouvoir le tourisme vers ses contrées. Pour Alain Nenoff, cette démarche onéreuse « n’a pas fait ses preuves. On avait déjà une promotion avant, qui n’était pas si exubérante, mais pas moins efficace. » La région annonce que la marque « Sud de France » aurait coûté près de 35 millions d’euros depuis son lancement. Les retombées, plus difficiles à estimer, n’ont en tout cas pas convaincu tous les exploitants.

Sports

La Région subventionne les clubs de sport, notamment de 1ère division mais participe aussi au financement des équipements sportifs. Prévue en 2011, une Maison régionale des sports regroupant les sièges sociaux et les équipes administratives de certaines Ligues et Comités du Languedoc-Roussillon devrait ouvrir. Le Comité régional olympique et sportif (CROS) y siégera aussi. En 2009, 15,3 millions d’euros ont été investis pour le domaine sportif. Pour 2010, 1,4% du budget sera consacré à la politique sportive.

Culture

Durant son mandat, Georges Frêche a plus fortement soutenu financièrement l’Opéra, l’Orchestre philharmonique et le festival Radio France. Rappelons néanmoins que peu de temps après son élection en 2004, le nouveau président n’avait pas hésité à fermer le Centre Régional des Lettres de Languedoc-Roussillon. La culture représente pour 2010 4,1% du budget du Conseil régional.

Dérapages

Impossible de revenir sur le mandat de Georges Frêche sans aborder les polémiques dont il a été la source. Des harkis aux joueurs Noirs de l’équipe de France, le président de la Région s’est illustré par des propos plus que douteux sur un ensemble de sujets. Dernier dérapage en date : l’affaire Fabius. Dans « L’Express » cette semaine, Frêche, répondant à une attaque de l’ancien premier ministre, estime que Laurent Fabius « a une tronche, pas catholique ». Des mots qui, comme ceux vociférés à l’égard des harkis, suscitent de vives réactions. Toujours mis en danger par ses sorties tonitruantes, Georges Frêche réussit pourtant à les mettre au crédit de sa sincérité, se targuant d’être un homme politique authentique, opposé au discours formaté de l’élite parisienne. Pour Alain Nenoff, ces dérapages seraient en partie contrôlés : « Le Front National était présent au second tour des régionales de 2004. On ne peut pas exclure que les propos xénophobes de Georges Frêche, tout au long de son mandat, servent à siphonner les voix de l’extrême-droite aux prochaines élections ».

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Mis à jour le 30 janvier à 18h30

L’écologie au sein de la politique du Conseil Régional

La question écologique est aujourd’hui capitale. Chacun est concerné : les régions en premier lieu. Au sein du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, les écologistes ont donc leur place. A la veille des élections régionales, Hautcourant se demande qui sont ces écologistes et quel est leur rôle au sein du Conseil régional ?

Une préoccupation écologique.

La Région Languedoc Roussillon paraît soucieuse de la question écologique. Avec un budget 2010 de 46.8 millions d’euros, soit 5,1% du budget total, elle ne néglige apparemment pas ses efforts en matière environnementale. Quelques actions en témoignent.

En 2007, la Région a lancé le programme « Lycée 21 », avec le but affiché de « promouvoir les bonnes pratiques et d’encourager les jeunes à adopter des comportements citoyens et responsables« . Signé par des dizaines de lycées, il consiste à accompagner les lycées dans la mise en place de projets éducatifs et d’actions en faveur du développement durable. Ainsi, tri des déchets, gestion économe de l’énergie, lutte contre les gaz à effet de serre, gestion durable de la ressource en eau, préservation de la biodiversité, … sont autant de problématiques auxquelles les lycées sensibilisent les jeunes. Afin de compléter ce programme, en 2009, la Région lance l’opération « Alimentation bio dans les lycées 21 » à laquelle participent sept établissements scolaires. En outre, elle a dernièrement financé plus de 70% du budget de l’Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et Forêts de Montpellier, inaugurée en décembre 2009.

La Région affiche également soutenir l’agriculture biologique. Selon les chiffres officiels, l’agriculture biologique occupe effectivement une place non négligeable en Languedoc-Roussillon, soit 5% de la Surface Agricole Utile (donnée statistique destinée à évaluer le territoire consacré à la production agricole, comprenant les terres arables, les surfaces toujours en herbe, et les cultures pérennes) y sont consacrés, soit 47 538 hectares.

Enfin, mentionnons la tenue, en décembre 2009, à Montpellier, de la troisième édition du Salon international des énergies renouvelables et de l’éco-construction Energaïa qui se veut dédié aux énergies renouvelables. La Région y tenait notamment un stand institutionnel afin de faire connaître ses différents programmes d’actions, tels que le Plan Climat de la Région Languedoc-Roussillon ou l’Agenda 21.

Avec une approche de ces quelques actions, nous pouvons nous apercevoir que la Région a une politique écologiste. Qui se cache derrière ?

Des écologistes présents au sein du Conseil Régional.

Georges Frêche, président du Conseil Régional, délègue une partie de son pouvoir exécutif à ses quatorze vice-présidents dont trois sont des écologistes. Chacun fait partie d’une ou plusieurs commissions. Tout d’abord, citons Maryse Arditi qui est chargée de la Formation continue, de la formation des adultes et de l’AFPA (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes). Cette dernière a récemment rejoint les rangs d’Europe Écologie, désavouant Georges Frêche.

Ensuite, Jean-Baptiste Giordano, chargé de la pêche professionnelle, de la mer, des ports et des étangs littoraux. Il est actuellement candidat sur la liste de Georges Frêche et défend le « bilan vert » de ce dernier dans un article de l’Indépendant du samedi 23 janvier : « parcs régionaux d’activité économique, mise en place d’un module de formation au développement durable dans les formations pour adultes, création de cinq écoles régionales de la deuxième chance… Mais aussi
: développement des énergies renouvelables pour les particuliers, dans le logement social et les bâtiments publics, actions concrètes pour la maîtrise de l’énergie (effinergie), soutien à l’agriculture biologique, éducation à l’environnement et introduction de repas biologiques dans les lycées…
 »

Enfin, et pas des moindres, Yves Piétrasanta, ancien député Vert européen, qui est chargé du développement durable, de l’environnement, des énergies renouvelables, de la prévention des risques industriels et de l’Agenda 21. Tout comme Giordano, il figure sur la liste P-O de Georges Frêche pour les élections régionales.

L’élaboration des dossiers et la mise en œuvre des politiques dont ils ont la charge restent soumis au vote de l’assemblée plénière ou de la commission permanente. L’assemblée plénière vote, entre autres, les orientations budgétaires, le budget primitif et les décisions modificatives. Quant à elle, la commission permanente, composée de vingt-huit conseillers, vote les dépenses entrant dans le cadre des actions inscrites au budget. Parmi les vingt-huit conseillers, quatre écologistes en sont membres : Maryse Arditi, Jean-Baptiste Giordano, Yves Piétrasanta et Marie Meunier-Polge, conseillère régionale et présidente du groupe Les écologistes, notamment en charge de la délégation « Économie sociale et solidaire ». Elle figure également sur la liste de Georges Frêche pour les élections régionales.

Ces élus planchent sur différents dossiers selon cinq thématiques : l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), la Formation professionnelle, l’Agriculture biologique, les Énergies renouvelables et une dernière englobant des thèmes environnementaux plus larges (le développement durable, la gestion du littoral ou encore la gestion de l’eau). Sur le site Internet du Groupe des Élus Écologistes, vous pouvez lire la synthèse des délibérations sur chacune de ces thématiques.

Le bilan de la politique écologique du Conseil régional du Languedoc Roussillon sous le mandat de Georges Frêche paraît être plutôt positif. Il est néanmoins contesté par Jean-Louis Roumégas, tête de liste du parti Europe Écologie Languedoc Roussillon, ou par Georges Fandos, délégué régional de Cap21 Languedoc Roussillon, ou encore par Patrice Drevet, tête de liste de l’Alliance écologique indépendante. Articles à suivre…

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J.-L. Roumégas : « Nicolas Hulot n’est qu’au début de sa déconvenue »

Interview du porte-parole national des Verts Jean-Louis Roumégas alors que le Grenelle de l’environnement tend à s’enliser dans les sables administratifs avec le report du vote du projet de loi Grenelle I à l’automne, initialement prévu avant l’été.

Quel regard les Verts portent-ils sur la démarche de Nicolas Hulot qui a fait signer aux principaux candidats son pacte écologique durant la dernière campagne présidentielle ?

Je suis moi-même signataire du pacte écologique. C’est un travail indispensable au niveau associatif mais l’écologie ne peut pas se limiter à une action associative, c’est la raison pour laquelle je me suis engagé en politique. Si on est un certain nombre d’écologistes qui au départ étions dans le monde associatif et qui avons franchi le pas, ce n’est pas pour rien. L’écologie est quelque chose qui déjà sur le fond est éminemment politique, il faut donc rentrer dans le jeu politique pour faire bouger les choses. Toute la question est de savoir si on peut faire bouger les choses de l’extérieur de la politique. Je ne pense pas que Nicolas Hulot et Jean-Paul Besset (1) récusent l’idée que l’écologie est éminemment politique. Mais peut-on agir sans entrer dans le jeu politique ? Moi, je pense que lorsqu’une association fait ça, c’est bien, ça fait avancer les choses, mais c’est illusoire de croire que ça peut remplacer la présence en politique d’écologistes, c’est une analyse qui est d’ailleurs en train de se fracasser contre la réalité.

Pouvez-vous donner un exemple ?

On peut prendre l’exemple des OGM. On a vu que « le droit de consommer et de produire sans OGM » est sorti des conclusions du Grenelle. C’était alors une démarche purement associative. Et lorsque cela s’est confronté au rapport de forces politiques au sein de l’Assemblée et du Sénat, où s’exprime des intérêts autres que ceux de la simple parole associative, cela s’est complètement fracassé contre la réalité. De grands intérêts économiques ont pesé. On se rend alors compte que les papiers signés, les engagements en termes de discours, c’est très joli, mais si au quotidien, dans l’ingratitude de la gestion politique, il n’y a pas des gens convaincus qui se battent pour faire avancer les choses, cela reste lettre morte. D’ailleurs, je constate qu’Hulot et Besset, dans l’analyse qu’ils font aujourd’hui de l’évolution du Grenelle, manifestent une certaine déception. Je pense qu’ils ne sont qu’au début de leur déconvenue. Pour l’instant, on a examiné que la loi OGM mais lorsqu’on va examiner le premier projet de loi Grenelle, je pense que là, entre les belles déclarations des conclusions du Grenelle et la réalité…

La démarche du Grenelle de l’environnement n’a donc selon vous pas été efficace ?

Elle a été efficace pour faire évoluer les idées, il s’agit d’un travail culturel de prise de conscience bénéfique. Il n’y a d’ailleurs pas eu que la Fondation Hulot, il y a eu le travail du Giec sur le climat, le prix Nobel de la paix donné à Al Gore, le rapport Stern sur les implications économiques du changement climatique, le travail de centaines d’associations de défense de l’environnement et le travail des Verts depuis des années au quotidien qui a finit par créer une majorité culturelle. Nous avons aujourd’hui une majorité culturelle pour constater la crise écologique mais on n’a pas encore une majorité pour admettre des solutions à cette crise.

Les Verts ne se sont-ils pas fait piéger durant la campagne présidentielle avec seulement 1,57% des suffrages exprimés ?

Il y a plusieurs explications. D’abord le mode de scrutin lui-même qui appelle à une bipolarisation, le vote utile parce qu’en 2002 la gauche avait été absente du second tour et la démarche de Hulot qui a laissé penser que le problème écologique était traité. Mais lors des élections municipales, les Verts ont retrouvé en général les scores de 2001 qui étaient des scores hauts. Les électeurs d’aujourd’hui se comportent de façon très ouverte, ils ne sont pas enfermés dans un vote partisan. Aux présidentiels, ils ont considéré que l’enjeu, c’était autre chose, on ne peut donc pas dire que c’est la fin des Verts, loin de là, je n’y crois pas du tout. Il y a des partis écologistes qui continuent à jouer un rôle important dans le monde entier. Penser qu’en France, l’existence même de l’écologie sur le plan politique serait remise en cause, non, c’est excessif.

Questionné sur la méfiance des Verts vis-à-vis du Grenelle de l’environnement, Jean-Paul Besset a répondu : « tout d’un coup, ce pour quoi ils militent depuis 30 ans a commencé à voir le début d’une résolution. Les Verts voient passer le train sans en être, il y a du dépit dans tout ça ». Quelle est votre réaction ?

Premièrement, il reconnaît qu’on se bat là-dessus depuis 30 ans. Ensuite, avant de dire que la démarche du Grenelle est réussie, il faut peut-être attendre, il crie victoire un peu tôt. La leçon du Grenelle, ce sera peut-être que justement, on a encore plus besoin des Verts. On n’a pas du tout eu de réaction de dépit, la preuve, c’est qu’on a joué le jeu. D’abord, on a demandé à participer au Grenelle mais les partis politiques n’étaient pas admis. On a quand même suivi à fond le dossier. On a des membres des Verts qui se sont engagés au titre de leur rôle d’élu, je pense à Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord qui était présidente de l’atelier sur la biodiversité. Les Verts ont fait un travail dans les ateliers, on a été très présents et on a crée un groupe de suivi du Grenelle dès le début, on y a d’ailleurs porté une parole peut-être moins naïve que celle de certaines associations.
Dès le début, on a manifesté une méfiance pour des raisons très précises. Il pouvait s’agir d’un simple coup médiatique du gouvernement, Sarkozy est d’ailleurs coutumier du fait. On s’est également rendu compte que Sarkozy a exclu autoritairement dès le début du Grenelle certains sujets. La question du nucléaire n’a par exemple pas été débattue, ce qui est une hérésie ; comment peut-on discuter de la politique énergétique de la France sans intégrer la question du nucléaire, ça rime à quoi, ce n’est pas honnête intellectuellement comme démarche. C’est notre deuxième réserve, outre le fait qu’on sentait bien une opération médiatique. Malgré tout, on a dit « il faut y aller », il y avait un côté intéressant de mettre autour de la table des acteurs de la société civile qui en général ne se parlent pas. Mettre ensemble face à face les acteurs économiques, les syndicats, les associations de défense de l’environnement et les collectivités locales, cela a été très intéressant. Cela a permis de dégager un consensus sur la crise écologique, de faire ressortir un consensus sur certaines solutions et cela a permis de dégager des points de débat, de controverses sur d’autres questions. Bref, un état des lieux a été réalisé. En même temps, beaucoup d’espoir a été suscité, et le problème, c’est qu’aujourd’hui, ces espoirs risquent d’être déçus. Il faut passer maintenant à la partie concrète. C’est là où l’on voit la difficulté et la dimension politique et parfois conflictuelle des questions écologiques. Comment ne pas parler du conflit entre les intérêts de Monsanto qui a tout intérêt à vendre ses semences génétiquement modifiées et la volonté des consommateurs et des défenseurs de l’environnement de consommer et de produire sans OGM ? Comment gérer le conflit d’intérêts entre les pêcheurs, les routiers et les agriculteurs qui demandent une baisse du prix du gasoil et la nécessité de diminuer la consommation énergétique. Je suis désolé mais le côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est écolo » a ses limites. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre en compte les intérêts de ces catégories mais baisser le prix du gasoil serait une mesure typiquement contraire à l’esprit du Grenelle et au développement durable.
Il faudrait dire « il y a une crise énergétique, on comprend les intérêts des pêcheurs, on va les aider à condition qu’ils se convertissent à une pêche durable » en sachant bien qu’il y aura quand même de la casse, c’est un secteur qui va devoir se restructurer.
Mais pendant que le Grenelle se déroule, « la vente » continue. On continue à développer des projets autoroutiers. Il n’y a aucune liste de projets gelés, par exemple à Montpellier avec le doublement de l’A9. On attend de voir ce qui va aboutir du Grenelle mais pour le moment, rien n’a changé.

Que pensez-vous de la mesure du bonus-malus appliqué aux automobiles et qui sera bientôt expérimentée sur une vingtaine de familles de produits ?

Jean-Louis Borloo, qui devait être le vice-premier ministre du développement durable, le fameux, c’est devenu un ministre qui demande seulement aux Français de faire des gestes quotidiens et qui leur promet des étiquettes. C’est aussi le ministre qui a dit que maintenant il avait une voiture hybride, c’est formidable mais si c’est que ça… on attendait plutôt qu’il ait autorité sur le ministre de l’agriculture, qu’il ait son mot à dire sur le budget… Et c’est devenu le ministre qui pendant la semaine du développement durable demande à chacun des Français d’éteindre son robinet pendant qu’il se lave les dents et d’acheter des ampoules basse consommation. C’est très bien les gestes quotidiens mais on n’avait pas besoin d’un vice-premier ministre pour arriver finalement à mendier des gestes individuels.
Nous observons également des dérives avec ce qu’on appelle l’éco blanchiment, la publicité abusive qui utilise le thème de l’écologie pour vendre des 4×4 Mitsubishi au pays du protocole de Kyoto. Vous avez donc le travail fait par les acteurs, un travail positif de diagnostic et vous avez ce qu’en fait le gouvernement. Autant tout ce travail du Grenelle est positif, autant la politique du gouvernement en matière écologique n’a progressé que de façon très marginale, en tout cas pas à la hauteur des enjeux fixés par Nicolas Hulot.

Pensez-vous que Nicolas Hulot a fait preuve de naïveté par rapport aux véritables intentions du gouvernement ?

Je pense que lui-même a fait le constat que beaucoup d’ambitions du Grenelle se fracassent contre la réalité politique, ce qui ne l’empêche pas et c’est normal de continuer à se battre. D’une certaine façon, il est en train de sortir de sa naïveté. Dans une interview donnée au « Journal du dimanche », en septembre dernier je crois, il a avoué avoir évolué dans sa pensée. Il a retrouvé quelque chose que les Verts ont intégré depuis longtemps, en se rendant compte que les questions écologiques ne peuvent pas être pensées en dehors des questions sociales et économiques. Il prenait conscience de son opposition au libéralisme économique. Sur le plan politique, il a avoué se sentir proche de Daniel Cohn-Bendit et d’Olivier Besancenot. Il est en train de réaliser que les questions écologiques ont forcément une dimension politique.

Pensez-vous malgré tout que les députés UMP sont suffisamment mûrs écologiquement pour transformer en loi les accords trouvés au moment du Grenelle ?

Le gouvernement est en pleine contradiction entre les ambitions du Grenelle d’un côté et la logique de culte de la croissance de l’autre. La politique, c’est faire des choix, ce n’est pas à la fois être pro-croissance et économe en ressources et énergies. Sinon, il faut parler de croissance sélective. On ne peut pas être à la fois pour le libéralisme et les régulations, ce n’est pas possible. Les mots ont quand même un sens. Ce qui est intéressant dans le Grenelle, c’est la mise à jour de ces contradictions. C’est pourquoi on ne manifeste absolument pas de dépit par rapport au Grenelle. Pour nous, le Grenelle est une formidable opportunité – merci Sarko ! – de démontrer premièrement, que l’écologie, c’est quelque chose de politique et deuxièmement qu’il faut aller contre le dogme du libéralisme économique qui correspond à la recherche du profit immédiat et au culte de la croissance pour la croissance. L’écologie, c’est un autre projet de société, ce qu’exprime très bien Nicolas Hulot dans son pacte écologique. Il faut sortir de la société de consommation, le seul but n’est pas de gagner de l’argent. Là-dessus, on est d’accord avec lui, mais la naïveté, c’est de croire qu’on va convertir l’UMP à cette logique comme un prophète, même les prophètes ne sont pas devenus majoritaires.

Que pensez-vous du report à l’automne concernant le vote du premier projet de loi Grenelle ?

Ce report est à mon avis une conséquence de ce qui s’est passé sur les OGM. Les OGM, honnêtement, ça a été le bordel dans la majorité entre membres du gouvernement et députés UMP, des contradictions sont apparues entre eux. Ils se sont dits, « la loi Grenelle I produite par Borloo, ça va être la même chose » alors que le projet de loi est déjà un détricotage des conclusions du Grenelle. Nicolas Hulot le reconnaît mais en plus, les députés UMP ont annoncé qu’ils allaient s’occuper de cette loi et la réduire encore dans ses ambitions. Ce projet de loi là, s’il est reporté à l’automne, c’est parce que les députés UMP ont décidé de faire sa fête à Borloo. C’est ça qu’il faut voir. Borloo, qui est déjà le ministre des robinets fermés pendant qu’on se lave les dents, va se faire attaquer par la majorité UMP.

L’écologie est-elle fondamentalement de gauche ?

A condition que le mot de « gauche » reprenne tout son sens c’est-à-dire le refus de la loi du plus fort sur le plan économique, la volonté de justice sociale. L’écologie, qui est la prise en compte de la planète, ça n’a pas de sens si ce n’est pas pensé dans une logique de justice sociale. Qui dit harmonie avec le monde dit harmonie au sein de la société. La crise sociale et la crise écologique sont liées, c’est le même mécanisme qui produit les deux, c’est la recherche du profit rapide et aveugle qui produit l’exploitation des hommes entre eux et l’exploitation des richesses. Croire qu’on peut lutter contre l’un sans lutter contre l’autre, c’est illusoire. Impossible d’être écologiste et adepte du libéralisme économique basé sur la compétition et l’illusion que la croissance sans fin est possible et qu’elle va apporter le bien-être à tous. L’illusion du libéralisme n’est pas possible dès le début, c’est une question même philosophique. C’est pour ça que l’écologie politique est sur ses fondements au-delà du clivage gauche/droite actuel mais en même temps, il nous paraît plus naturel de travailler avec ceux qui recherchent la justice sociale qu’avec ceux qui veulent simplement la compétition économique.

Mais sur le fond de la pensée philosophique, il y a aussi des gens de gauche qui sont très productivistes, qui se font une religion de la croissance pour la croissance. Je ne suis pas du tout pour cautionner les méthodes socialistes que je n’aime pas mais fondamentalement, je crois à la justice sociale. Dans la pratique politique, la question est de savoir si on doit tomber dans le « ni droite ni gauche ». On se rend compte que ça ne marche pas ; à moins d’être majoritaire tout seul, le système électoral vous impose de faire des choix d’alliance. C’est une question de démocratie, de clarté aussi par rapport aux électeurs, donc, il faut bien faire ce choix. C’est vrai que lorsqu’on reste sur le plan associatif, il n’y a aucune raison de ne pas faire du lobbying sur tous les acteurs politiques ; sur le plan théorique, ils ont raison Besset et Hulot et nous ramènent au sens de la démarche écologique mais après, dans la pratique politique, il faut y aller, il faut convaincre dans le système électoral, ça ne sert à rien d’avoir une majorité dans les sondages et les enquêtes d’opinion. Le poids électoral qu’auront les Verts dans le terrain politique, ça comptera beaucoup plus que le simple poids médiatique parce que à un moment donné, dans une Assemblée, ce qui compte, c’est numérique, savoir qui a les voix et qui peut faire pencher la balance. Il a raison Besset, ça fait trente ans qu’on rame, mais si on n’assume pas ça, les choses n’avanceront pas concrètement, on va aller de déceptions en déceptions. L’enjeu, c’est de donner un poids politique suffisamment important pour imposer aux autres des changements, c’est ça la politique, si c’était la culture du « tout le monde il est beau… », s’il suffisait de convaincre, on aurait pas besoin de plusieurs partis. C’est la démocratie aussi qui impose la confrontation d’idées mais ce qu’il faut, c’est que le point de vue écologique qui va s’exprimer dans le système électoral ait du poids, et de plus en plus de poids.

(1) Jean-Paul Besset est le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Grenelle de l’environnement: l’heure de vérité approche

Le projet de loi « Grenelle de l’environnement », dont les associations écologistes reconnaissent qu’il est conforme aux conclusions du Grenelle, sera examiné par le Parlement avant l’été. L’heure de vérité approche quand on connaît la résistance culturelle de la majorité des députés UMP aux questions écologiques. Quelques semaines avant cette étape cruciale, l’interview de Jean-Paul Besset, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Après votre carrière de journaliste (1), pourquoi vous êtes-vous engagé aux côtés de Nicolas Hulot ?

J’ai pris ma retraite professionnelle. J’ai continué à titre personnel en fonction de mes convictions au sujet de la crise écologique. A la suite d’un livre que j’ai publié en 2005 (2), j’ai rencontré Nicolas Hulot. Nous avons travaillé ensemble. Cela s’est engagé sur Le Pacte écologique, la campagne présidentielle puis le Grenelle de l’environnement. Cela m’a paru être une démarche plus efficace que celle des Verts du point de vue de l’audience.

Comment passe-t-on du trotskisme à la passion de l’écologie ?

Par l’observation des faits, des réalités, cela vient de la pratique de mon métier de journaliste. Ces dernières années, dans mes voyages, mes expériences, mes rencontres, mes lectures, dans mon travail, j’ai vu monter la thématique écologique comme quelque chose d’essentiel qui bouleversait la représentation que je pouvais avoir du monde, qui exprimait d’autres enjeux qui sont devenus pour moi prioritaires. Cela n’a pas été une conversion du jour au lendemain ! Mais une prise de conscience de plus en plus vive. Et la crise écologique approfondit la problématique de solidarité, de justice sociale.

D’où vient cette idée du Grenelle de l’environnement ?

C’est une proposition des associations de défense de l’environnement regroupées autour des objectifs du Pacte écologique. Nous avons rencontré les candidats à l’élection présidentielle avec Nicolas Hulot et nous leur avons proposé, s’ils étaient élus, d’appliquer le Pacte écologique en organisant une grande négociation sur la politique française en matière environnementale. Il se trouve que c’est Sarkozy qui a été élu, on a donc discuté avec lui.

Pourquoi le réseau « Sortir du nucléaire » n’a-t-il pas été impliqué dans les négociations ?

Il n’a pas voulu ! Ce réseau a posé l’abandon du nucléaire comme préalable à toute discussion avec les pouvoirs publics et les autres collèges (3). Nous n’avons pas posé ce préalable parce que nous savions que dans ce cas, il ne se passerait rien. C’était une question de stratégie. Le gouvernement n’a écarté personne, il a pris les associations que nous avons proposé, le groupe de neuf associations (4) avec lequel les discussions avaient eu lieu durant la campagne présidentielle.

Ne craignez-vous pas que les conclusions du Grenelle ne soient remises en cause lors de leur traduction législative ?

On a une vigilance permanente, c’est une bataille permanente. Le Grenelle est un compromis entre toutes les forces vives représentatives de la société française, les entreprises, les salariés, les associations… La négociation a accouché de 273 mesures qui nous semblent importantes, qui nous paraissent engager une démarche écologique différente. Maintenant, il faut que ces mesures soient confirmées par l’Assemblée nationale et le Sénat et ensuite appliquées concrètement par l’administration, ce qui n’est pas gagné.

Pensez-vous que l’UMP est assez mûr écologiquement pour transformer en loi les accords trouvés au moment du Grenelle ? Vous avez déclaré à Médiapart que Fillon voulait la peau du Grenelle…

Je pense qu’il y a une énorme résistance culturelle de l’ensemble des forces politiques à cette révolution écologique. L’ensemble des partis politiques européens est vacciné à une autre logique. Ils viennent de la révolution industrielle, n’ont que le mot de croissance à la bouche. La question écologique oblige à poser les choses d’une manière différente, nous ne sommes plus dans une problématique de répartition de l’abondance mais dans une problématique de partage de la rareté des ressources, de l’énergie… On est dans une logique du moins, non pas dans une logique du plus. Quand la gauche était au pouvoir, les réactions étaient les mêmes. Cela renvoie à un positionnement, une certaine représentation du monde, à des valeurs, des croyances… La distinction droite/gauche existe sur un certain nombre de points mais par rapport à ce que je considère être l’enjeu principal aujourd’hui, le creuset identitaire de la gauche et de la droite est identique.

Que pensez-vous de la méfiance de certaines associations écologistes qui ne voient dans le Grenelle qu’une simple opération de communication ? Un contre-Grenelle de l’environnement a même été organisé…

Je crois qu’à partir d’un moment il faut s’affronter avec le réel et le réel, c’est ce gouvernement ainsi que les forces syndicales, patronales… On a discuté avec l’ensemble de la société, alors, évidemment on a pris des risques mais on voulait engager une prise de conscience, une démarche transitoire, pas déclencher une révolution. C’est toujours la même question de la réforme ou de la révolution, du programme maximum ou d’un programme transitoire. Nous sommes engagés dans une démarche transitoire. Les proclamations ne suffisent pas. Il ne suffit pas de dire qu’il faut demain une société écologique pour la construire. Ça passe par des compromis, c’est une question de rapport de forces.

Comment gérez-vous la contradiction entre le gouvernement actuel qui ne jure que par la croissance et votre appel à une société de décroissance dans votre livre « Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire » ?

Toutes les mesures que nous avons proposé au Grenelle sont des mesures de décroissance, sur les questions de consommation, de flux de matière et d’énergie. Nous plaidons pour une décroissance équitable, c’est une nécessité. Le Grenelle, c’est la mise en œuvre de mesures de décroissance, pas d’une décroissance généralisée, proclamatoire. Ce sont des réformes progressives qui tracent un autre chemin. Moins de circulation automobile, plus de circulation en train, moins de produits phytosanitaires et plus de produits bio de qualité…

Que pensez-vous de la réaction des Verts qui ont estimé que le Grenelle était mort après le vote de la loi sur les OGM à l’Assemblée nationale ?

Les Verts, ils disent depuis le début que tout est mort et finalement ils y viennent, ça les regarde. Tout d’un coup, ce pour quoi ils militent depuis 30 ans a commencé à voir le début d’une résolution. Ils voient passer le train sans en être. Il y a du dépit dans tout ça. On peut être critique sur la loi mais le fait est là, il n’y a plus d’OGM en France au jour d’aujourd’hui, on y est arrivé. C’est simple, on avait deux possibilités pour les OGM : ou bien on se battait front contre front en exigeant l’interdiction totale des OGM, ou bien on élaborait une loi qui fait que la culture des OGM devienne de plus en plus difficile. Aujourd’hui, il n’y a plus de culture d’OGM en France. Il y a certes une loi qui laisse la possibilité d’avoir des OGM mais notre action vise à établir un espèce de moratoire technique et c’est le cas.

Les lobbies ont quand même été très présents lors du vote…

On ne peut pas empêcher les lobbies, c’est le fonctionnement de la démocratie. Mais je ne pense pas que ce soient les lobbies en tant que tels qui influencent le plus les choix politiques de la majorité, je pense que c’est leur culture profonde. Pour eux, les OGM, c’est « la science nous apporte la résolution des problèmes ». Nous, nous leur disons que la science peut entraîner des dégâts environnementaux et sociaux, l’innovation en tant que telle n’est pas forcément bonne à prendre.

Que répondez-vous aux critiques concernant le flou du chiffrage financier du projet de loi « Grenelle de l’environnement » ?

Ce projet de loi d’orientation n’a pas à être chiffré, c’est une loi cadre qui donne un horizon, ensuite viendront les lois d’application, nous serons alors très attentifs.

Pensez-vous que la révolution écologique que Nicolas Hulot appelle de ses vœux dans son Pacte écologique est en marche ?

Oui, absolument. N’importe quel observateur de bon sens s’aperçoit du trajet parcouru ces dernières années. Ce n’est pas seulement dû à notre action, nous avons accompagné cette prise de conscience de la manière la plus active possible. Chaque citoyen touche du doigt la question du réchauffement climatique, les problèmes sanitaires, l’extension des cancers, le manque d’eau… C’est cette expérimentation que les gens font qui implique cette prise de conscience. On a essayé de « coaguler » tout ça. Il me semble que cela a progressé, je ne vois pas comment on pourrait dire l’inverse.

Etes-vous satisfaits de la couverture médiatique du Grenelle ? Pensez-vous que les journalistes intègrent plus qu’avant la dimension écologique dans leur métier ?

Dans tous les journaux où j’ai travaillé, j’ai essayé de faire monter ce sujet, cette préoccupation. Je me heurtais à de grosses difficultés culturelles. Je me souviens au Monde, entre autres, combien c’était difficile. Aujourd’hui, les médias en général accompagnent cette prise de conscience même s’ils le font plus ou moins bien. Le Figaro fait appel à des points de vue critiques mais ils sont obligés de traiter le sujet, c’est ça qui change. On a réussi à mettre la question écologique au cœur des débats politiques, économiques et sociaux en France.

Sur quels critères jugerez-vous la réussite ou l’échec du Grenelle ?

Il faut continuer à se battre. On ne peut engranger des effets positifs que si la société dans son ensemble nous appuie. C’est pour ça que la démarche du Grenelle est très importante pour nous. Les collèges présents au Grenelle étaient représentatifs de la société française. C’est très important qu’on puisse avancer sur des propositions concrètes. Nous pensons que l’amplitude des enjeux est telle qu’on ne parviendra pas à trouver une solution par un coup de force quelconque. Il faut convaincre culturellement l’ensemble de la société. Cela passe par un débat démocratique avec différents intérêts, des heurts. On n’imposera pas la révolution écologique. Cela demande un changement de comportement individuel.

Pensez-vous que la France pourra entraîner l’Europe dans son sillage en matière écologique lorsque le pays prendra en juillet la présidence de l’Union européenne ?

Je ne sais pas si ça va se produire à ce moment-là mais nous, on agit là où on est, on mise sur l’exemplarité des actions menées en France. Vu la dimension des problèmes, cela ne pourra prendre sa véritable échelle qu’au niveau international, précisément au niveau européen. Le gouvernement est déchiré entre la logique du Grenelle et d’autres logiques comme celle de la Commission Attali (5), qui vont à l’encontre de l’esprit du Grenelle. Nous sommes à un moment charnière, c’est normal qu’il y ait des contradictions, reste à savoir lesquels vont l’emporter, on est sûr de rien.

(1) Jean-Paul Besset a été journaliste à Libération et rédacteur en chef du journal « Le Monde » pendant dix ans.

(2) « Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire », coll. Fayard, 2005.

(3) Les groupes de travail ont regroupé cinq collèges : les associations, le patronat, les syndicats, l’Etat et les collectivités locales.

(4) Ces associations sont : World Wild Fund for nature (WWF), Greenpeace, les Amis de la terre, la Fondation Nicolas Hulot, la Ligue de protection des oiseaux, le réseau Action climat, France Nature environnement (FNE), la Ligue pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs (ROC).

(5) Le rapport Attali propose de remettre en cause le principe de précaution, inscrit actuellement dans la Constitution française, considéré comme un frein à la croissance, aux investissements et à l’innovation.

La maison passive : des performances passées sous silence

La maison passive entame une timide percée en France. Dommage car cet habitat innovant permet de lutter contre le réchauffement climatique.



Alors que l’écologie caracole en tête des thèmes à la mode, l’habitat passif reste méconnu de la plupart des Français. Du 3 au 6 avril prochain, seront organisées les 2èmes Assises Nationales de la construction passive, à Grenoble. Ce rendez-vous permettra de faire un point sur le nombre de ces « maisons sans chauffage » au niveau européen.
Avec ses 10 000 maisons passives, l’Allemagne se pose en pays novateur en terme de logement écolo. Inventé au sein de l’institut « Wohnen und Umwelt » (habitat et environnement) de Darmstadt, en 1988, cet habitat consomme peu d’énergie et profite d’une grande autonomie pour ses besoins en chauffage.
Comment ça marche ? Dans la pratique, deux techniques sont à retenir : l’isolation des bâtiments, avec une sur isolation des murs et des fenêtres, et l’augmentation des apports solaires, en orientant les maisons au sud par exemple.
Du coup, les radiateurs deviennent pratiquement inutiles. Avec le système de ventilation qui utilise la chaleur humaine ainsi que celle dégagée par les appareils électriques, la température ambiante reste agréable. Pour les journées les plus froides, il suffit d’utiliser un poêle à bois quelques jours par an.

Des inconvénients à cette « maison sans chauffage » ? Tout d’abord, le prix. Les installations nécessaires, en accord avec la norme allemande (label PassivHaus), sont chères. Une maison passive coûte entre 7 et 15 % de plus qu’un habitat traditionnel. Selon les cas, l’investisseur rentre dans ses frais au bout de dix ou quinze ans, grâce aux économies d’énergie réalisées. Ensuite, la réussite tient aux habitudes des occupants de la maison. Si ils n’utilisent pas correctement les fenêtres ou la ventilation, les avantages disparaissent.
L’aspect financier reste le principal frein au développement des maisons passives. Depuis 15 ans, l’Allemagne encourage les investissements en accordant des prêts à des taux très intéressants. Pour l’instant, la France n’a rien envisagé. Mais cela devrait changer. Le Grenelle de l’Environnement, l’an dernier, s’est fixé un objectif : en 2020, toutes les constructions devront atteindre les performances de la maison passive.

Les initiatives françaises restent pour le moment timides. Les exemples de maisons passives se comptent sur les doigts d’une main. Le manque d’artisans qualifiés et d’architectes formés freine le développement de ces constructions modernes. Les particuliers ont du mal à trouver des professionnels et ne savent pas où s’adresser.

La maison passive porte en elle de nombreux espoirs. Son développement, dans le futur, permettrait de faire baisser la consommation énergétique du bâtiment. Aujourd’hui, en France, l’habitat absorbe 46 % de l’énergie utilisée et réalise près de 25 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Schéma explicatif d'une maison passive

«Nous ne sommes pas une petite partie jetable de la gauche»

Les Verts de Jean-Louis Roumégas, et la liste d’Hélène Mandroux n’ont pas réussi à s’entendre pour le second tour des élections municipales. Avec 11,12% des suffrages, ils se présentent alliés à la liste Montpellier écologique, sociale, vraiment à gauche conduite par Francis Viguié (5,46%). Explications d’Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des verts.

Contre toutes attentes, Les Verts présentent au second tour une liste commune avec Montpellier écologique, sociale, vraiment à gauche.

Oui, la liste de Francis Viguié qui regroupe la LCR, les Collectifs Unitaires Anti-Libéraux (CUAL) et Montpellier Tous Ensemble (MTE). C’est une liste de gauche alternative très diverse, comme ils aiment à le montrer. On a pu se contacter rapidement, car on partage beaucoup de combats. Nos militants se connaissent. Pour le coup, il y avait urgence. Eux comme nous avons du y réfléchir très vite du fait des contraintes légales (dépôt des listes en préfecture mardi à 18H) et logistique (impression des professions de foi et du matériel de vote).

Vous n’aviez jamais envisagé de ne pas fusionner avec la liste d’Hélène Mandoux?

Non, jamais! Si on l’avez envisagé, nous n’aurions pas agit comme ça vis à vis du parti socialiste. Nous avons cru un accord possible, cela aurait été si nous avions eu face à nous des partenaires loyaux. Georges Frêche avait déclaré «vouloir nous faire descendre en dessous des 10%», mais c’était avant le premier tour. Nous avons prouvé que nous étions une force électorale, et les politiques ont le devoir de respecter les gens.

Pendant la campagne, le message que nous passions était qu’il fallait que l’on fasse plus de 10% pour peser, mais qu’ensuite on conclurait une alliance avec Hélène Mandroux pour le second tour. Elle, de son coté, acquiesçait. Au second tour, on va demander aux électeurs s’ils pensent qu’Hélène Mandroux a bien fait d’éjecter les Verts, et donc de dire aux 9000 personnes qui ont voté pour la liste de Jean-Louis Roumégas : «Vous ne m’intéressez pas». Elle les place sur le même plan que les électeurs de Jacques Domergue. Ni eux, ni nos électeurs n’auront droit à la parole. C’est plutôt grave.

Emmanuel Reynaud (à gauche) et les photographes de presse le 9 mars au soir

Quelles sont les conséquences pour vous, d’une entrée dans l’opposition?

Nous avons toujours été pragmatique. Il n’y a pas d’opposition de principe à avoir. En revanche, en cas de désaccord avec la majorité, nous n’aurons pas de compromis à faire. Nos électeurs nous soutiennent. Il n’y aura pas de «vote utile», Hélène Mandroux a déjà gagné. Quand on est dans sa position, agir comme elle l’a fait avec nous est synonyme d’arrogance. En ce qui me concerne, je n’aimerai pas être dans la liste Mandroux à l’heure actuelle, avec ceux qui ont participé à l’éviction de l’écologie de la ville de Montpellier. Qui va nous protéger demain des promoteurs immobiliers? Je ne vois pas ce que le MoDem de Dufour et le PCF peuvent apporter à cette ville.

Les Verts, ne sont pas là pour protéger des pâquerettes! Nous avons un message fort qui concerne la planète, l’environnement, et donc les gens. Je ne comprends pas qu’elle abandonne l’écologie au profit d’une absence de projet pour la ville. Si on en croit la profession de foi de Mandroux, elle est pour l’emploi, pour le logement, pour l’environnement. C’est bien. Comme tout le monde en fait. Le seul message politique que délivre cette liste c’est: «Nous sommes les plus forts, donc on fait ce que l’on veut!».

«Nous avons un problème avec Georges Frêche»

Hélène Mandroux vous a proposé 4 sièges au conseil municipal, au final vous en visez 6 dont 2 accordé à la liste de Francis Viguié. Qu’est-ce que ça change?

La politique ce n’est pas de la comptabilité! Il est question de rester debout, on ne peut pas accepter n’importe quoi. Quand on est élu on représente des gens, en l’occurrence, les 9000 qui ont voté pour nous. Ils l’ont fait pour un projet et c’est pour celui-ci que l’on se bat. Si on ne pèse pas au sein d’une majorité, à quoi ça sert? En étant dans l’opposition, on crée des lignes pour l’avenir. On sera là pour rappeler le message que les électeurs écologistes ont voulu faire passer.

On sera également là pour faire passer un message: «Nous avons un problème avec Georges Frêche». Nous l’avons toujours dit. Ce message sera plus clair si on est dans l’opposition. Honnêtement, le traitement «Frêchiste» réservé à l’opposition, nous ne le souhaitons à personne. Ses méthodes sont presque dignes de la Stasi [[Police Politique de la RDA]] ! Le principe c’est l’intimidation et la menace. Il n’y a aucune humanité dans sa façon de traiter les gens. Il faut admettre que les choses ne sont plus comme ça depuis Mandroux. Contrairement à Frêche, elle est humaine. Profondément.

Pourtant vous ne cessez de pointer sa «déloyauté»

Elle est mal entourée. On se demande qui tire les ficelles dans cette liste, elle s’est tellement contredite! Elle n’a pas cessé de dire qu’elle voulait des verts. Je renvoie au PS les mots de Robert Navarro [[1er secrétaire de la fédération socialiste de l’Hérault]] : «Quand on veut vraiment un accord, on le trouve».

Georges Frêche dit vouloir faire à Montpellier avec cette alliance qui va du PCF au MoDem un «Laboratoire d’un futur parti de gouvernement». Pourquoi le fait-il sans les Verts? C’est ne pas tenir compte des résultats! Nous ne sommes pas une petite partie jetable de la gauche! Nous notre propos n’est pas de faire que Montpellier soit aussi gros que Shangaï. Sans prétention, les verts veulent pouvoir peser sur l’avenir de la planète.