Étudiants en Angleterre : entre galère financière et mobilisation

Un budget dédié à l’éducation en baisse, des frais de scolarité qui tripleraient d’ici 2012… Les mesures drastiques de la coalition gouvernementale sont loin de satisfaire les étudiants britanniques. Dans la rue, ils ont manifesté à plusieurs reprises leur colère après l’annonce du projet de loi en novembre dernier et semblent déterminés à continuer leur lutte.

La grogne des étudiants anglais est sans précédent. En décidant d’augmenter les frais de scolarité de 3 000 € à près de 10 000 €, le gouvernement formé par la coalition du conservateur David Cameron et de Nick Clegg, libéral démocrate, ne s’est pas attiré la sympathie du milieu étudiant. Un bâton de plus dans les roues de la jeunesse, déjà limitée par des critères de sélection à l’entrée des facultés : en 2010, un quart des 674 000 demandes d’inscription ont débouché sur une admission à l’université.

Un chiffre faible qui risque de s’accentuer avec le triplement des frais de scolarité. «Si je peux aujourd’hui étudier à l’université, c’est uniquement grâce à l’aide de mes parents et au prêt que j’ai dû souscrire au début de mes études, indique Sam Halvorsen, 26 ans, étudiant à l’université ULC de Bristol et fortement impliqué dans les mouvements de l’automne dernier. L’augmentation des frais de scolarité est scandaleuse. L’accès à l’éducation, même dans le supérieur, devrait être accessible à tous par la gratuité.»

Hausse des prêts étudiants, baisse du budget d’éducation

londres.jpgEt la hausse des taux d’intérêt pour le remboursement des prêts étudiants ne fait rien pour arranger les choses: les taux durant les études passeront de 0% à 3%. Après les études, ils seront calculés à partir du revenu de l’étudiant devenu alors travailleur, variant alors de 0% à 9%. Enfin le gouvernement prévoit une baisse du budget dédié à l’éducation en 2011.

«La coupe des budgets engendre une dégradation de la qualité de l’université : moins de temps et d’argent y sont investis. Le projet de réforme est entièrement idéologique, il n’a ni sens politique, ni sens économique, d’autant plus qu’il sera inefficace » ajoute Sam. Il s’appuie sur un dossier de la BBC qui a, selon lui, «montré que la réforme mènerait à une augmentation des coûts généraux d’éducation.»

Une mobilisation étudiante d’envergure…

De quoi réveiller la conscience mobilisatrice de la jeunesse. Les cinq manifestations qui ont eu lieu depuis novembre 2010 en sont le reflet. Ampleur de la mobilisation, confrontations entre étudiants et force de l’ordre dans le centre de Londres, attaque de la Rolls Royce du Prince Charles et de Camilla… des mouvements très inhabituels dans un pays connu pour son flegme et sa courtoisie.

«Le mouvement étudiant est incomparable avec les actions des dernières années. Bien que cela ne soit pas suffisant pour faire changer une cause, la mobilisation reste prometteuse» précise Sam Halvorsen. Les dernières manifestations de cette ampleur dénonçaient des problématiques plus globales, telles que la guerre en Irak ou encore les méfaits de la mondialisation. Pourquoi alors un tel sursaut de la jeunesse britannique ?

… Conséquence d’un rejet politico-social

Clegg_Victory_for_the_Gurkhas.jpgOutre l’envergure du programme d’austérité prévu par la coalition, la trahison gouvernementale a fait bondir les étudiants. Les jeunes qui avaient votés pour Nick Clegg se sentent floués : il promettait dans sa campagne de ne pas augmenter les frais de scolarité. «Certains jeunes ont été surpris de voir Clegg aller à l’encontre de ses promesses électorales. Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il était un politicien carriériste et séduit par le pouvoir. Je ne m’attendais pas à autre chose de la part des Libdems, spécialement après qu’ils aient acceptés la coalition avec les conservateurs» évoque Sam.

Si l’on ajoute à cela le chômage ambiant, la dissolution des services publics, les inégalités et la pauvreté croissante, on comprend mieux pourquoi le mouvement a pris une telle importance. De la à ce qu’il fasse modifier la réforme, rien n’est moins sur. «En 2011, nous allons lancer de nouvelles manifestations et actions étudiantes. On espère une autre vague d’occupation des universités dans le pays, explique Sam Halvorsen. Mais, la clé du mouvement, ce qui pourrait permettre son efficacité, c’est l’alliance entre les étudiants et les syndicats.»

Chine : la colère ouvrière se réveille

Depuis le printemps dernier, une série de grèves et de conflits sociaux ont touché un nombre important d’usines manufacturières en Chine. Dans un élan frénétique de croissance économique, la Chine fait payer à ses ouvriers le prix fort de cette ascension miraculeuse. Mais les protestations se font de plus en plus fortes.

Le Pass’culture de Montpellier : sept ans de démocratisation culturelle

Mis en place en 2004, le Pass’culture continue encore de se développer. Proposant aux étudiants montpelliérains une offre culturelle à des coûts privilégiés, il a su satisfaire les jeunes acteurs de la vie culturelle. Retour sur un projet qui marche.

Une Skins Party victime de son succès

« Déco enfantine et trash : coussins, nounours, poupées, petits vélos, balles en mousse, bonbons, filles, mecs, sexe… À VOLONTÉ !!! » étaient les mots d’ordre de la Skins Party organisée à la Villa Rouge le 5 Février dernier. Organisée par l’agence d’évènementielle Bad Twins, l’orgie adolescente s’est transformée en calvaire pour certains.

Les Skins parties, ce sont ces fêtes inspirées de la célèbre série britannique. Skins (en argot : « papier à rouler ») raconte la vie désabusée de lycéens vivant à Bristol.
Dans l’épisode 10 de la saison 1, le spectateur découvre la « secret party http://www.youtube.com/watch?v=tkesZCPIjQk » : scènes de bacchanales, dans lesquelles les adolescents en sous-vêtements ingurgitent ecstasy, coke, alcool et échangent joyeusement leurs partenaires. Dans cette ambiance psychédélique, la plèbe s’accouple avec l’aristocratie, les geeks du club de mathématiques sont tout aussi à l’aise que les reines de beauté. Pas de discrimination, tout le monde s’aime !
Il n’en fallait pas plus pour que les soirées du genre fleurissent dans l’hexagone. Voilà deux ans que les ados français s’adonnent aux fameuses Skins Parties.

Un concept devenu marketing

Bad Twins a annoncé la soirée à renfort de flyers

A Montpellier, l’agence d’évènementiel Bad Twins a flairé le bon filon. Moyennant 20 euros, les créateurs de l’évènement, Lucas Defossé et Emilien Avon, ont repris le concept de la « Skins party », originairement spontanée et gratuite, idéalement située dans un lieu secret et alternatif, qu’ils ont transformé en soirée payante et encadrée.
Annoncée sur Myspace et Facebook, cette Skins Party organisée à la Villa Rouge étaient attendue par plus de 3200 personnes, dont beaucoup avaient acheté leur entrées en préventes, au tarif préférentiel de 15 euros. Bref, on est loin de la soirée déjantée organisée dans un squat par une bande de potes amateurs.
Les intégristes de l’esprit Skins sont unanimes : « c’est pas dans une discothèque que se déroule ce type de soirée. Il y a des Skins parties à Montpellier, mais elles ne font pas l’objet d’un plan-marketing et d’un business. On prévient les gens au dernier moment, ils apportent ce qu’ils veulent et tout est permis. En boîte, c’est pas possible » explique Romain, 21 ans. Certes, mais le label Skins fait vendre.

Une organisation lourde de conséquences

Ainsi, dès 21h30, une foule de jeunes clients se presse vendredi soir aux portes de la Villa Rouge. En mini-short, corsets pigeonnants, et autres tenues ultra sexy, les premiers arrivants attendent patiemment de rentrer dans la boîte. Mais, très vite, des centaines de jeunes débarquent et forment une foule compacte sur un parking où les voitures ne peuvent plus rentrer. En quelques minutes, un millier de jeunes se retrouve à attendre. Pour patienter, certains fument des joints, d’autre sortent des bouteilles d’alcool. Vers 22h00, les esprits s’échauffent. Dans la file d’attente, l’ambiance est électrique : les bouteilles explosent et les coups fusent. Plusieurs personnes perdent connaissance, dont Capucine et son amie :
« J’ai fait un malaise dans la file d’attente, nous étions un énorme troupeau d’animaux amassés et écrasés dès 22h. Une amie a aussi fait un malaise, elle est tombée par terre et a failli se faire écraser par la foule. Moi, un inconnu a réussi à me sortir en me portant, car aucun videur n’était présent pour organiser la chose. J’ai du rentrer chez moi au bout d’une heure et demi de queue après mon malaise, sans avoir même pu rentrer a l’intérieur de la discothèque ». De rage, certains jettent leur préventes et rebroussent chemin, mais d’autres vont rester bloqués dans la file d’attente.

Alors que la fête bat son plein à l’intérieur ( http://www.youtube.com/watch?v=bVLuqyVgNcE&feature=PlayList&p=19E1DAF7AF829EC6&index=6 ) , la tension monte d’un cran sur le parking et l’ambiance dégénère vers 23h00. Incapable d’extirper ceux qui ont perdu connaissance, le service de sécurité de la Villa Rouge voit arriver sur les lieux un dizaine de camions de secours : Samu, Pompiers et Police débarquent sur le parking. Devant la difficulté de la tâche, les grands moyens sont déployés : les forces de l’ordre dégainent des gaz lacrymogènes qui atteignent l’ensemble des clients.
Venu de la région PACA pour l’occasion, César explique comment il s’est retrouvé piégé : « Beaucoup de personnes criaient qu’il y avait des malaises mais la foule poussait toujours. Avec mes amis, on s’est dit qu’il fallait qu’on sorte de là. Partir était notre seule envie, mais c’était impossible. Nous étions obligés de rester, jusqu’on se fasse gazer par des lacrymos !! »

L’agence d’évènementiel Bad Twins semble clairement avoir été dépassée par le concept de la Skins Party. Près de 2500 personnes ont pénétré dans la boîte ce soir là, pour un tarif minimum de 15 euros. Ceux qui avaient acheté leurs préventes et qui sont restés dehors, se sont vu pour leur part, proposer un dédommagement relatif : la possibilité de participer à une autre soirée organisée par l’agence ! En somme, une belle avance sur trésorerie pour les mauvais jumeaux.

Le témoignage de
Marion, étudiante


« Je suis allée à la Skins avec une amie et nous sommes arrivées à 21h30 pour être sures de rentrer avec préventes. Jusqu’à 22h45 tout s’est bien passé. Mais quelques personnes de la file de non préventes ont commencé à pousser violemment. Là le chaos a commencé.
On a été piétinées, bousculées, écrasées, étouffées. Honnêtement, je pensais que j’allais mourir. Est rapidement venu le moment où on ne pouvait plus respirer. Un jeune homme à côté de moi a eu la jambe écrasée par une barrière.
Je me suis frayée un chemin, dans les cris et dans les coups. J’ai réussi à sortir de foule vers 23h30. Je suis sorti au bon moment, car peu de temps après tout le monde a été sauvagement gazés. J’ai vu l’arrivée de plusieurs camions de pompiers et de policiers. Je regardais les gens sortir de la foule: des pleurs, des cris, des suffocations…
Comme nous étions venues en taxi et donc nous n’avions pas la possibilité de nous réfugier dans une voiture en attendant de pouvoir rentrer dans la boîte, si cela était encore possible. Au bout d’un moment, la foule s’est dissipée et nous avons pu rentrer (vers 1h du matin).

A l’intérieur il y avait énormément de monde, malgré tous les départs. Nous étions écrasées par les gens. Moi qui suis fan des skins party, j’ai été profondément déçue par l’ambiance. A ce stade là tout se résumé à «défonce» et «baise». On se serait plutôt cru dans une Rave Party. Je me demande même si tout cela était bien légal. De plus, mon amie et moi avons constaté qu’il y avait beaucoup de mineurs (environ la moitié de la clientèle). Nous avons décidé de partir, car c’était glauque.
A 3h30 nous avons quitté la Villa Rouge, pleine de débris de bouteille, de préventes déchirées, d’accessoires perdus et de beaucoup de chaussures. C’est incroyable de perdre ses chaussures lors d’une soirée en boîte de nuit ! »

Apprentis journalistes, que dîtes-vous ?

Avec la tenue des États Généraux de la presse écrite, les journalistes en herbe sont amenés à songer à leur avenir. Leurs engagements ne sont pas tous égaux : certains ont assisté aux débats, d’autres les commentent et livrent des résumés au public à l’aide de blog ou sur des sites écoles, d’autres enfin ne font rien et s’en défendent.

Des formations variées

Entre les prépas, les grandes écoles, les Universités, les IUT et les IUP, on recense environ 150 formations de journalisme en France . L’offre est certes considérable mais elle répond à une demande extrêmement forte chez les étudiants . Eu égard aux débouchés [[Quelques chiffres sur la presse : En 2007, 1119 candidats pour 135 places au concours commun ESJ, CFJ, IPJ.
2000 nouveaux journalistes reçoivent une carte de presse chaque année. Seul un tiers d’entre eux ont une formation de journaliste. Sur les 5 dernières promotions du CFJ, 25% des élèves ont connu le chômage. 16% d’entre eux déclarent gagner moins de 1200 euros.]] , qui risquent de s’affaiblir un peu plus avec la crise, la réflexion sur la formation menée à l’occasion des états généraux de la presse semblait indispensable. [[Deux formations, souvent très sélectives, sont dites reconnues par la profession : post-bac comme l’IUT de Tours, ou à bac+2 voire bac+3 pour les écoles de journalisme de Lille, Toulouse ou Marseille, le CFJ (Centre de Formation des Journalisme) ou encore le Celsa (Paris). Quatre des douze cursus sont privés. Les formations universitaires sont également nombreuses : quasiment tous les IEP proposent des Masters, tout comme les Universités Paris III ou Montpellier I. Quelques écoles privées non reconnues et souvent onéreuses, viennent compléter le tableau.]]

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Ceux qui y vont…

Deux étudiantes du CFJ participent aux Etats généraux de la Presse. « Nous sommes toutes les deux dans le pôle industrie qui est composé de plusieurs sous-commissions comme « vente au numéro », « fabrication », « publicité »« . Leurs engagements restent limités, elles reconnaissent ne pas apprendre grand-chose sur le métier : « il y a surtout des patrons de presse et des actionnaires, les débats sont très techniques. Il y a beaucoup de blabla… En finalité, la démarche est personnelle. « Nous nous sommes proposées. Il est vrai que c’est surtout une bonne opportunité pour se faire des contacts. »

Ceux qui en parlent…

En tant qu’école partenaire du pôle 1, l’école de journalisme de Science Po Paris s’est engagé depuis le 2 octobre à rendre public et lisibles les débats des Etats généraux. François Mazet et Quentin Girard affectés au groupe de réflexion témoignent : « Nous n’étions donc pas volontaires pour suivre les débats, mais cela s’est révélé très intéressant. Les perspectives d’évolution sont extrêmement pessimistes pour la presse écrite« . En complément de leur site école, ils ont ouverts un blog « pour pouvoir dire « plus », notamment grâce à des participations extérieures. […]Nous, en créant un petit blog, on voulait garder un peu notre travail et tenter, j’écris bien tenter, d’élargir le débat. En interrogeant des blogueurs, des journalistes… » Constatant que le lecteur reste le grand absent des débats des États généraux, ils leur donnent la possibilité de s’exprimer sur leurs blogs. « Ca aurait été moi, j’aurais saupoudré d’un ou deux lecteurs par groupe, histoire de, mais je peux comprendre l’absence. Surtout que chaque lecteur n’est représentatif que de lui-même« . Une forme contestable pour un fond qui ne vaut guère mieux. « Après est-ce que ça va donner des résultats concrets ? On verra. C’est peut-être déjà pas si mal d’avoir mis autour d’une table des interlocuteurs qui se regardent en chiens de faïence. » [[http://sciencespole3.wordpress.com/les-debats/]]

Ceux qui les suivent…

Christophe Ponzio, étudiant en première année à l’IPJ, regrette l’« absence d’une approche plurimédia » et espère que les Etats généraux feront évoluer la presse dans le bon sens: « changement de distribution, davantage d’éthique, etc. Je ne suis pas un pessimiste ! »

Enfin, Elisa Perrigueur, étudiante en première année à l’EJT, dénonce la connivence entre les journalistes et les politiques: « Au sein des Etats généraux, le gouvernement s’est trop impliqué, alors que c’est surtout l’affaire des journalistes, des rédactions, des éditeurs, des diffuseurs. Et puis, ces Etats généraux piétinent, personne n’en parle, et tous les protagonistes du monde de la presse ne sont pas présents (RSF, Mediapart…). »

Elle conclut et s’attaque à l’avenir de la presse : » Pour perdurer, la presse doit d’abord s’attaquer à son lectorat et surtout fidéliser les jeunes, avec qui il y a de réels problèmes de valeur de l’information, surtout avec l’arrivée des gratuits. »