Comment en êtes-vous arrivé à écrire sur le vin ?
J’ai commencé à écrire il y a une dizaine d’années et je suis aujourd’hui rédacteur pour un des plus importants magazines scandinaves sur le vin : Dinvinguide.se. J’ai participé il y a quelques années à la création de la communauté #winelover, qui compte aujourd’hui environ 20 000 membres. La révolution des réseaux sociaux a été mon ticket d’entrée dans le monde du vin, pour avoir des contacts, voyager et apprendre. Le vin est un élément parfait pour comprendre une culture, une région. La nourriture, l’histoire, les gens : tout cela explique pourquoi un vin est bon.
Selon une récente étude, les Suédois seraient les plus gros consommateurs européens de vins bio. Est-ce que vous pensez que cela correspond à la réalité ?
Oui c’est le cas. Je pense qu’on surfe sur la tendance bio du moment. Les consommateurs regardent de quelle manière le vin est produit. Une consommation éthique se développe et de plus en plus de Suédois pensent écologie, bio, commerce équitable.
Durant une conférence sur la Suède en marge de Millésime Bio, il a été démontré une augmentation significative de la consommation de vins bio dans les grandes villes suédoises. Qu’en pensez-vous ?
Je ne dirais pas seulement dans les grandes villes mais un peu partout en Suède. Comme beaucoup de tendances, ça commence dans les grandes villes avant de s’étendre. Même si je ne suis pas un grand fan du monopole d’État qui existe en Suède, cela a l’avantage de mettre tous les vins sur les mêmes étagères et parmi eux, beaucoup sont bio. Parallèlement, de nombreux journalistes, bloggers et écrivains ont contribué à la notoriété de ces vins en écrivant à leur sujet, en plus de cette tendance à consommer sain, local et durable.
Selon vous, les consommateurs sont-ils prêts à payer plus pour boire du vin bio ?
Oui et non. Si vous prenez un consommateur lambda, il pourrait choisir un vin bio si le prix est situé dans sa fourchette d’achat, disons entre 5 et 9 euros. Là encore, parmi les vins les moins chers du catalogue du monopole d’État, beaucoup sont bio. Cela a contribué à une augmentation des ventes. Si l’on regarde du côté agroalimentaire, les consommateurs paieront plus pour certains produits (œufs, légumes, lait…). Si c’est présenté de la bonne manière, ils achèteront le produit même si le prix est plus élevé, aussi longtemps que ce produit sera dans leur fourchette d’achat. Mais cette dernière ne dépassera probablement pas les 5-9 à 10-15 euros.
S’il y a en effet une augmentation de la consommation de vin bio en Suède, pensez-vous que les vins français ont une chance face aux vins italiens ?
Oui je le pense. Mais à mon avis, les viticulteurs français doivent faire des efforts de communication afin que les consommateurs puissent relier le vin à la région de production. La France est un pays qui a de nombreux avantages : de bons raisins, des régions entières couvertes de vignes et une histoire. Cependant les nouveaux consommateurs, comme en Suède ou même aux États-Unis, ne le savent pas nécessairement. Ils doivent être ciblés. Il y a ici ce que j’appelle une « génération perdue », surtout chez les hommes entre 20 et 35 ans. Il y a quelques années, le vin était cette « boisson d’adulte » qu’il était courant de consommer. Aujourd’hui, il y a une grande compétition avec les bières, le whisky, le gin…. La question est de savoir si cette génération-là va se mettre à boire du vin ou pas. Vous ne pouvez pas vous asseoir et espérer que quelqu’un vous trouve, espérer que votre héritage vous apporte de nouveaux clients. Vous devez vous lever et vous montrer. Le vin bio est un des moyens de le faire.
Finalement, les viticulteurs qui parviennent à exporter efficacement leurs vins sont ceux qui travaillent ensemble pour renforcer l’image d’une région. Ceux qui promeuvent même d’autres vins que le leur pour être plus visibles.