Les Boutographies mettent à l’honneur les jeunes photographes européens

Du 8 au 23 mai, les Boutographies s’exposeront à Montpellier pour la dixième fois. A travers la ville, différentes manifestations mettront à l’honneur une photographie dans tous ses états. Du Carré Sainte Anne au Pavillon Populaire en passant par la galerie A la Barak, autant de lieux qui présenteront les travaux de jeunes auteurs émergents.

Que les amoureux de la photographie se réjouissent : elle a encore de beaux jours devant elle à Montpellier. Après un hiver riche en émotions photographiques : l’exposition à plusieurs facettes de Raymond Depardon, celle des photojournalistes régionaux, celle des 20 ans du fond photographique de Montpellier où se côtoient Willy Ronis, Sebastiao Salgado, Bettina Rheims, Bernard Faucon ou encore la très grande Sabine Weiss, le printemps s’annonce radieux.

Le festival des Boutographies fête ses dix ans. Et la programmation prévue est à la hauteur de l’évènement. La vocation d’une telle manifestation ? Faire connaître et donner une chance à de jeunes photographes européens de présenter leurs travaux. Ces auteurs émergents viennent d’Italie, de Belgique, d’Hollande, de Suède, riches de leurs univers pluriels.

Le Pavillon Populaire, devenu un «écrin architectural dédié à la photographie», accueillera des démarches photographiques personnelles, introspectives, au cœur de l’intime. L’italienne Anna Di Prospero et le français Benjamin Schmuck, malgré leur jeune âge, la vingtaine à peine, font preuve d’une grande maturité, mettant à nu leur intériorité.

Autre lieu, autre approche. Au Carré Sainte Anne, une photographie plus politique et sociale se dévoilera aux yeux du public. Le lieu, en effet, se prête mieux à des tirages aux formats plus volumineux tels ceux de Bruno Arbesu. Le photographe français s’est intéressé à la scénographie et au côté marketing des meetings électoraux. Il a suivi chaque parti politique en France, en Allemagne et en Espagne. Iorgis Matyassy a photographié encore et encore les coursiers à vélo de Londres, profession précaire mais emprunte d’une grande liberté. Il s’est dit fasciné par cette «figure éphémère de la jungle urbaine». Autre figure de la jungle urbaine : ces jeunes femmes issues de l’immigration vivant dans les banlieues. L’hollandaise Ilse Frech a dressé le portrait de ces femmes à la fois modernes et attachées à leurs traditions et à leurs origines. La photographe a souhaité aller au delà des clichés.

A côté de ces deux principaux lieux d’exposition, les Boutographies sèment ci-et-là les germes d’une photographie européenne. Outre la rétrospective qui donnera à voir, sur l’Esplanade Charles de Gaulle, les plus importants clichés de cette dernière décennie, des galeries ont lié partenariat avec les Boutographes : l’Espace Transit ou la galerie A la Barak. Les Boutographies comptent aussi de nombreuses manifestations : séminaires, lectures de portfolios, projections au Musée Fabre et ailleurs, … L’objectif étant de faire connaître une photographie de qualité à tous. L’esprit du festival étant de «faire gratis et libre», souligne Peter Vass, le président des Boutographies. Même si ce dernier ajoute : «les Boutographies, c’est l’affaire des amoureux de la photo».

Pour connaître dans les détails la programmation, le site des Boutographies est accessible ici.

Edvard Munch sans Cri, à la pinacothèque de Paris

Le vernissage de l’exposition hommage à Edvard Munch s’est déroulé jeudi 15 Avril à la Pinacothèque de Paris, dix huit mois avant celle du Centre Pompidou. Crépusculaire, l’oeuvre mouvante de l’artiste norvégien laisse entrevoir au visiteur les écumes de son XXème siècle, parfois abyssal.

20 ans de collection photographique à Montpellier

Au Pavillon populaire, du 3 mars au 30 avril 2010, se tient une exposition photographique présentant plus de 200 œuvres, offertes ou acquises par Montpellier durant ces 20 dernières années. HautCourant vous propose une visite guidée.

Vingt-et-un photographes au pied du Mur

L’endroit ne pouvait être mieux choisi. A quelques mètres de la porte de Brandebourg, ultime symbole de la réunification, les photographies du Mur rencontrent celles des Berlinois qui l’ont fait tomber. Jusqu’au 6 décembre 2009, « Scènes et traces d’un mur » présente des regards croisés sur cette grande page de l’Histoire.

Depardon sous toutes les coutures

Expositions, projections, rencontres et conférences… A Montpellier, Raymond Depardon est à la fête ! Après Perpignan et Alès, la ville accueille la manifestation « Raymond Depardon en Languedoc-Roussillon ». Du 6 novembre 2009 au 31 janvier 2010, de nombreux évènements seront proposés aux Montpelliérains pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre de cet artiste incontournable.

Daniel Bodin, le questionnement social.

Dans le Hall de l’Hôtel de Ville de Montpellier, le photographe Daniel Bodin a exposé, du 13 au 23 octobre 2009, ses clichés pris lors de l’installation du village des Enfants de Don Quichotte en mai dernier, place du Peyrou à Montpellier. Il revient sur son expérience pour Haucourant.com.

Pourquoi avoir travaillé sur l’action des Enfants de Don Quichotte à Montpellier en mai 2009 ?

C’est avant tout la suite logique d’une démarche sociale que j’ai depuis quelques années. Je me penche en priorité sur les évènements sociaux et politiques. Cette expérience est un questionnement face à la régression sociale, une réflexion sur la nouvelle précarité qui s’installe dans notre société. Ce thème-là m’intéresse. Je voulais contextualiser les choses. Avec quelques-uns de mes contemporains, nous étions loin d’imaginer, dans les années 1970, qu’un mal être social tel que celui-ci nous toucherait. Nous sommes choqués face au monde d’aujourd’hui. Disons le clairement, c’est un retour au Moyen-âge. Ma démarche est simple : pourquoi aller jouer les grands reporters ailleurs, alors que la misère existe ici aussi, à Montpellier ?

J’ai approché les Enfants de Don Quichotte car c’est un très bon moyen pour communiquer avec les Sans Domicile Fixe. On a alors une facilité pour aborder le sujet. Dans la rue, il est délicat d’approcher une personne dans cette situation, comme ça, tout de go. Avec les Enfants de Don Quichotte, j’ai pu nouer des contacts avec eux. C’est très important pour moi car cela va me permettre d’approfondir le sujet. C’est exactement le même mode de fonctionnement que pour tout bon journaliste.

Qu’avez-vous voulu montrer sur vos photographies ?

J’ai une approche humaniste dans mes photographies. Je ne veux pas faire de misérabilisme, je veux sensibiliser avec des photos humaines. Alors, j’ai dû en lisser certaines. Par là, je veux dire que j’ai dû alléger émotionnellement la réalité pour qu’elle passe mieux. Je ne voulais pas montrer des gens en situation d’échec. Je voulais faire un constat ponctuel, faire ressortir l’humanité de l’individu, créer une fenêtre sur le monde. Mes photographies ne sont pas dimensionnées à la misère. Je m’exprime à travers la photographie. Cette exposition mériterait sans doute du texte, une légende, et même l’édition d’un livre. Mais je ne suis pas doué pour l’écriture, sinon je serais écrivain et non photographe. Il va falloir que je travaille sur le texte.

Quelle expérience ce fut pour vous ?

Ce fut avant tout un échange, un enrichissement réciproque. Cela m’a permis de revenir sur de nombreux préjugés que j’avais comme tout le monde malgré mon métier. Les SDF apparaissent souvent comme des personnes abruptes, baraquées, tatouées, dures. Finalement, ce sont des gens charmants. J’ai recueilli un nombre incroyable d’histoires personnelles extraordinaires, extrêmement difficiles à entendre pour le commun des mortels. J’ai fait un constat de la vie, avec une démarche sociale. J’ai aussi fait une autre découverte : le politique, à Montpellier, a un souci du social. J’en ai été étonné. Je ne le savais pas. Ce travail, au final, fut plus complet que je ne l’aurais imaginé.

Pourquoi cette exposition ?

Cela a été une volonté de la mairie de Montpellier. Au départ, elle n’était pas concernée par mon travail. Puis, peu à peu, elle s’est intéressée à ce que je faisais. Donc, elle m’a demandé d’exposer mes photographies dans le hall de l’hôtel de ville. J’ai été le seul maître d’œuvre. Mes partenaires ne savaient pas vraiment ce qu’ils attendaient de moi, ils m’ont alors laissé faire. J’ai donc dû tout conceptualiser. Cette exposition fut montée à l’emporte-pièce. Cela a été un vrai challenge !

Pourquoi certaines de vos photographies sont en noir et blanc, et d’autres en couleur ?

C’est une bonne question ! J’ai une attirance pour le noir et blanc. En faisant le tour de mes photographies pour l’exposition, je n’avais pas assez de matière dans ces tons là. Alors, j’ai fait le choix de mélanger deux sujets en une exposition. J’ai, d’une part, affiché un reportage journalistique, en couleur, à l’extérieur des panneaux d’affichage. Le néophyte accroche plus à la couleur. Comme en musique, il s’attache plus à une musicalité populaire qu’au jazz. Avec la couleur, j’ai voulu ramener de la légèreté. On réintègre le monde normal, la réalité. Puis, j’ai mis des photographies en noir et blanc, à l’intérieur, pour créer une intimité. C’est la partie galerie. Sur les portraits, je voulais donner un aspect plus dramatique.

Quelles ont été les réactions du public face à votre exposition ?

J’ai eu peu de retours. Globalement, on est allé vers un encensement de mon travail. Ce n’est pas un lieu idéal pour une exposition de ce type, pour que les photographies soient regardées avec sens. Le regard du commun est interrogatif mais glissant. Elles ont cependant été confrontées à un public large. La plupart du temps, on m’a félicité pour l’humanité de mes photographies. Il me manque toutefois l’avis de professionnels.

Art Contemporain / Un bruit qui court au delà de l’image

Vendredi 20 Novembre a eu lieu à Montpellier le vernissage de l’exposition intitulée Un bruit qui court… Revisitant notre rapport au son, les élèves du Master 2 « Conservation, gestion et diffusion des œuvres d’art du XXème et XXIème siècle » de l’Université Paul Valery ont rassemblé plusieurs œuvres d’artistes professionnels ou débutants. Une expérience visuelle, mais surtout auditive, à découvrir au Frac (Fond Régional d’Art Contemporain) jusqu’au 20 décembre.

Un grand ensemble blanc, espace dégagé et installations étranges. A gauche, des écouteurs à poser sur les yeux, et non sur les oreilles, gisent sur un carré de moquette. A droite, une vidéo projette sur le sol un jeu d’ombres chinoises alors que quelques mètres plus loin, assis sur des coussins, des visiteurs regardent une vidéo en plan fixe armés de casque audio. Ce mélange d’œuvres artistiques comportant toute une relation à l’univers sonore, c’est Un bruit qui court, exposition d’art contemporain organisée par l’association Carbone 14, une association regroupant les étudiants du Master 2 CGDOAXX de Paul Valery.

« Nous avons fait un travail de commissaire » explique Audrey Maret-Mercier, étudiante du Master 2 CGDOAXX. « Nous avons choisi des œuvres parmi celles que possédait déjà le Frac, mais nous avons aussi fait appel à des élèves de l’école des Beaux Arts de Montpellier ou à des artistes de la région ». Emmanuel Latreille, directeur du Frac, appuie ce projet incitant à « réfléchir à ce qu’est une œuvre dans sa dimension sonore ». Un concept qui, pour Audrey, appelle « un dépassement de la perception purement visuelle ».

« Un son caché, un bruit qui court : celui du complot ».

1963-2007Christophe Sarlin fait partie des deux élèves des Beaux Arts de Montpellier sollicités par Carbone 14. Pour cette exposition, il a choisi 1963-2007, la deuxième œuvre d’une trilogie consacrée à John Fitzgerald Kennedy qu’il avait réalisé en 2007. Tout d’abord, un élément physique, une plaque en métal de la couleur de la Ford présidentielle. Sous un coté relevé de ce carré de métal, un son s’échappe : celui de la première lecture du rapport Warren sur l’assassinat de JFK. « Je veux réactiver l’événement » lance Christophe Sarlin. Du sens pour une œuvre qui, si elle parait minimale, constituerait plus un prétexte à la narration. Évoquant différents niveaux de questionnements mais aussi de lecture, l’artiste s’évade et extrapole avant de conclure : « Un son caché, un bruit qui court : celui du complot ».

De la région également, Benoist Bouvot a construit Nous ne sommes plus ici spécialement pour l’exposition. Dans un renfoncement séparé du public par un rideau, un fauteuil rouge trône entre un tourne-disque et une camera projetant une image sur le mur d’en face. Par terre, un casque audio diffuse un recoupement de cinq films différents. « L’holophonie permet de respatialiser le son, développe Benoist Bouvot. Tout est dans la bande son, même si paradoxalement mon œuvre traite de l’absence à l’image ».
Bruits variés, bandes audio, et même quelques notes de musique. Accompagnée d’un clarinettiste, Julia Garbuzova retranscrit lors de sa performance une signature manuscrite en partition. Mais petit bémol, choisissez une période creuse pour parcourir la salle. « Quand il y a du monde, on entend très mal » ironise Audrey.

Du mardi au samedi, de 14h à 18h. Pour plus d’informations : www.myspace.com/expounbruitquicourt

La magie chimique de l’or bleu

« L’eau, élément précieux ». Voici le thème que le collectif l’Art FéEcho a choisi de mettre en scène à travers « Drop », une exposition d’Arno Laurens qui se déroule au Syndicat mixte de l’Arbois, à Aix-en-Provence.

Elles sont six étudiantes en fin de parcours à l’Université de Provence. Formant le collectif l’Art FéEcho, Marylou, Marjorie, Marion, Elsa, Julie et Laura portent depuis huit mois un projet sur le thème de l’eau comme élément précieux. Au centre de leurs travaux, une rencontre entre deux mondes qui n‘ont pas l’habitude de se côtoyer : l’art et la science.
D’un côté, Arno Laurens est en 4ème année de formation à l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Il expérimente dans ses œuvres les réactions de l’eau et de l’acide sur le métal. De l’autre, Elio Flesia mène ses recherches au Laboratoire de chimie de Provence. Lors de l’élaboration du projet, ses conseils techniques en tant qu’expert ont ainsi pu alimenter la création d’Arno. « Le scientifique s’efforce de rechercher la vérité et la reproductibilité de ses résultats, tandis que l’artiste va s’intéresser à l’unicité de l’expérience », commente ce chercheur du CNRS.

Pari réussi



Cette collaboration a donné naissance à l’exposition Drop, présentée par l’artiste au Syndicat mixte de l’Arbois, dans la ville aixoise. Son installation innovante explore les mystères de l’eau à travers ses réactions chimiques. « L’artiste se focalise moins sur la réalité ou sur la preuve, il donne libre cours à ses actions et à sa pensée », nuance Arno. Il amène ainsi le public à réfléchir sur des problèmes d’actualité comme le gaspillage de l’eau, cet or bleu si précieux pour les années à venir.

Le choix du lieu de l’exposition n’est d’ailleurs pas anodin. Etendu sur 4500 hectares, le Technopôle de l’Arbois accueille généralement des séminaires ou des conférences d’entreprises environnementales. C’est un endroit atypique pour venir contempler une œuvre artistique. Mais les membres de l’Art FéEcho ne laissent rien au hasard. Le site offre justement l’occasion d’une deuxième rencontre avec l’univers scientifique, autour de l’exposition.
Faire la médiation entre différents domaines et divers publics, tel était l’objectif que le collectif des étudiantes s’était fixé. Et le pari est réussi.

Un compte rendu explicatif est disponible pour des revues spécialisées en recherche, en art et en communication.

Exposition du 26 mai au 13 juin (vernissage le 29 mai à partir de 18h).

Syndicat mixte de l’Arbois : domaine du Petit Arbois, avenue Louis Philibert, Les Milles, Aix-en-Provence. 04.42.97.17.00.

Contact et renseignements : lartfeecho@hotmail.fr/ 06 24 61 51 11

Valérie Séverac, exploratrice du vide

Des chantiers. Des zones industrielles. Des terrains vagues. L’artiste Valérie Séverac travaille à partir de ces espaces indéterminés qualifiés de « non-lieux ». C’est le titre de son exposition actuellement présentée au restaurant Pain et Cie, place Jean Jaurès à Montpellier. Elle s’intéresse à cette localité en devenir, ou absente. En donne la définition suivante : « un non-lieu correspondrait à un espace dans lequel la rencontre serait impossible, où le potentiel d’accueil et d’hospitalité seraient absents ». Valérie Séverac ne s’explique pas son attirance pour ces lieux dénués d’usage, de fonction. Refuse toute psychologie avant d’ajouter avec humour : « peut-être que je devrais, ça pourrait être une bonne manière de commencer une thérapie ».

La jeune plasticienne photographie inlassablement ces chantiers, ces zones industrielles, ces terrains vagues. Photocopie ses photos, découpe puis procède à des collages. « J’apprécie la liberté, la spontanéité rendue possible par le collage. Je travaille vite, reste fidèle au premier jet » explique-t-elle. Le sentiment de perte que représente le chantier ou le terrain vague se verra peu à peu comblé par ces constructions fictives. Valérie Séverac explore cet entre-deux avant que la forme et l’usage de ces espaces ne soient définitivement scellés. « Les morceaux épars de notre vie moderne » sont alors disposés sous nos yeux.

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Apposer un titre au tableau serait en contradiction avec cette idée de non-lieu. David Bioulès, lui-même artiste, écrit très justement : « Constructions bout à bout, non hiérarchiques, comme arlequin qui fabriquait son costume par défaut, partant d’un élément sans imaginer a priori une fin (…) Transformer le monde, pas pour jouer au créateur, mais pour exercer notre regard à se poser sur les choses, se servir pour le mieux de notre faculté de voir, honorer les possibilités de ne pas s’ennuyer, s’endormir. Aller vers ces non-lieux, où somnole justement notre liberté de rencontrer, peut-être, de la poésie ».

Entrée libre (jusqu’au 16 mars)


Restaurant Pain et Cie,

4 place Jean Jaurès

Montpellier