La Fête des Lumières à Lyon ou l’enfer de la foule

Organisée sur 4 jours depuis 1999, la Fête des Lumières de Lyon s’est déroulée cette année du 6 au 9 décembre. Cette 14ème édition a attiré plus de monde que la précédente. En effet, même s’il est difficile de donner un chiffre précis, l’Office du tourisme du Grand Lyon a enregistré 46 303 visites pendant les quatre jours. C’est 54 % de plus que l’année dernière.

Grande Roue. Place Bellecour.
Il y a du monde dans toute la ville, des lumières partout, de la musique à tous les coins de rue. Les vendeurs de vin chaud crient à tue-tête pour attirer la clientèle : « Vin chaud, vin chaud ! », « Un p’tit coup de chaud pour tout le monde ». « C’est bon aussi pour les enfants » plaisante une vendeuse à l’angle des rues Saint-Jean et Bombarde. Lyon fête ses lumières et pendant quatre jours, la ville s’immobilise.

Même dans le centre-ville on garde la tradition des lumignons aux fenêtres le soir du 8 décembre.
Les rues sont encombrées par la foule. Les transports en communs sont pleins à craquer. Et il devient difficile de circuler dans le centre-ville. Les Lyonnais sont donc de plus en plus nombreux à fuir les Illuminations. Tout ce monde et l’attente dans le froid les dissuadent de sortir. Florence habite dans la banlieue lyonnaise, elle n’a pas quitté son appartement de tout le weekend : « Je n’ose pas aller en ville. J’ai peur qu’il y ait trop de monde et qu’il faille faire des heures de queue pour ne pas voir grand-chose ». Quelques courageux sortiront seulement le samedi 8 décembre. Car c’est bien cette date qui est à l’origine des Illuminations. La fête des Lumières c’est avant tout le moment où chacun met des petits lumignons à ses fenêtres. Beaucoup cultivent encore la tradition. Certains préféreront sortir le dimanche soir, espérant trouver des rues un peu plus calmes.

Rue de la République, dimanche 9 décembre.

Entre deux animations, on croise donc majoritairement des touristes. Dans le métro, deux quinquagénaires Ardéchois se renseignent sur le chemin à prendre pour se rendre dans le vieux Lyon. Manque de chance, ceux à qui ils s’adressent sont aussi des touristes : « On est comme vous, on vient de la campagne. On est un peu perdu ». Des Français sont venus de tout le pays mais aussi des étrangers. Les Italiens sont les plus nombreux. Et la notoriété de la fête des Lumières s’étend petit à petit : « Hier j’ai même entendu des gens parler une langue que je ne connais pas », affirme Ludwig, jeune Lyonnais.

Les enfants aussi sont nombreux. Les poussettes gênent d’ailleurs souvent la circulation dans des rues où il est déjà difficile de faire des gestes les bras tendus. Au restaurant McDonald’s des Cordeliers, samedi soir, une mère change la couche de son bébé à même la table sur laquelle elle vient de manger !
La foule est au rendez-vous.

Les fourgons de la Gendarmerie encerclent la Place Bellecour.
Pour gérer tout ce monde, la gendarmerie est déployée dans les secteurs les plus fréquentés. Une dizaine de fourgons borde la place Bellecour. La police, elle, encadre à moto la procession aux flambeaux du samedi soir. Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon mène la marche depuis la cathédrale Saint-Jean, jusqu’à la basilique de Fourvière.

La Basilique de Fourvière vue du parc des Hauteurs.

Des postes de secours sont installés, par-ci, par-là. De temps en temps, la masse de gens s’ouvre, comme la mer devant Moïse, pour laisser passer un camion de pompier ou une ambulance. Les consignes de sécurité sont même incorporées à certaines animations. Sur la place des Terreaux, le public, guidé par une voix féminine, suit les flèches vertes pour sortir de la place une fois le spectacle fini. Dans le métro, on reçoit aussi la consigne d’« utiliser tout l’espace disponible et de libérer l’accès aux portes ».
Certaines consignes de sécurité sont intégrées aux animations, comme sur la place des Terreaux.

1,1 millions spectateurs pour
Place des Terreaux, on en voit de toutes les couleurs.
Pour tous ceux qui bravent le froid et la foule, l’émerveillement est au rendez-vous. Petite déception tout de même : certaines animations ont un air de déjà-vu.

Mais globalement, de la Confluence – le nouveau quartier que la ville souhaite dynamiser – jusqu’à l’Ile Barbe, on en prend plein la vue et on en voit de toutes les couleurs. D’ailleurs, rares sont ceux qui ne prennent pas de photos. Les appareils sont dans toutes les mains. Les flashs crépitent. Et de la montée du chemin neuf, qui mène à la colline de Fourvière, le public ressemble à un ciel étoilé devant la cathédrale Saint-Jean. Les écrans d’appareils et de mobiles scintillent par centaine.

Rue du Président Edouard Herriot.
Les couleurs de la queue du dragon se reflètent dans la fontaine.

10 000 cyclistes ont pédalé sur les velo'v place Bellecour pour illuminer le Magic Cube conçu par Gilbert Moity.
Sur le place Bellecour, les plus dégourdis montent sur les Vélo’v et pédalent pour éclairer le Magic cube et la statue de Louis XIV qui trône au milieu de la place. Une bonne solution pour se réchauffer et participer on ne peut plus activement à la fête.
On pédale, on pédale.
Tout à coup, la statue s'illumine.

Sur la colline de Fourvière trône le traditionnel écriteau

Fête des Lumières : le casse-tête des transports lyonnais

Chaque année, pendant les quatre jours de la fête des Lumières, le réseau TCL (Transports en commun lyonnais) transporte des milliers de passagers. Le réseau est modifié et les transports sont pleins : un enfer pour les Lyonnais qui préfèrent rester chez eux au chaud. Certains quittent même la ville. En effet, peu de Lyonnais ont le courage d’attendre dix à quinze minutes pour rentrer dans une station de métro ou faire en une heure un trajet qui dure d’habitude un quart d’heure.

Un important dispositif est mis en place par les TCL pour que tout se passe au mieux et que la clientèle puisse voyager sans problème, mais beaucoup d’usagers n’en voient ni le sens, ni l’efficacité. Ce dispositif est défini par le SYTRAL (l’autorité organisatrice des transports de l’agglomération lyonnaise) dès le mois de septembre et est validé ensuite par Keolis (opérateur privé de transports public de voyageurs) qui exploite le réseau.

Il comprend des tickets de bus « en fête » sont mis en vente. Pour 2,60 euros, ils permettent de circuler sur l’ensemble du réseau de 16 h et jusqu’à la fin du service. Malheureusement, l’information concernant le principe de ces tickets passe mal auprès des nombreux touristes : « Il y a beaucoup de touristes qui demandent à se faire rembourser leur ticket parce qu’ils croyaient qu’ils allaient pouvoir l’utiliser le dimanche matin, alors qu’ils quittent Lyon avant l’heure où le ticket est valable », rapporte Yves, agent de ligne en charge de la station de métro Bellecour.

Puisque les plus grosses animations des illuminations se déroulent sur la Presqu’île, le dispositif est concentré dans le centre-ville et plus particulièrement sur les stations de métro Bellecour, Perrache, Vieux Lyon et Hôtel de Ville. Les bus transitant habituellement vers la place Bellecour et ses alentours, sont tous déviés vers la gare de Perrache, ce qui provoque une surcharge de celle-ci, d’habitude plutôt calme.

Les bus se remplissent en quelques secondes à la gare de Perrache. Certains usagers sont contraints d'attendre le prochain bus.

Pendant les quatre jours, des parcours sont organisés dès 16h dans les couloirs des stations de métro pour que les flux de passagers n’aient qu’une seule direction . « Les gens râlent tout le temps à cause de ça, mais ils ne se rendent pas compte que c’est pour que ça avance mieux », indique l’agent de ligne. Un affichage mobile est posé. Des agents de médiation, employés par la société Medialys, et des agents de sécurité, sont en poste dans de nombreuses stations de métro et arrêts de tram. Cette année, sur toute la durée de la fête, ce sont 173 agents de médiations et 381 agents de sécurité des sociétés APR, Prestige et Abscisse qui ont été mobilisés. Les postes d’agents de ligne ont aussi été doublés.

Le dispositif le plus poussé est celui de la station Bellecour

C’est la station de Bellecour que gère Yves qui a « le dispositif le plus complet puisque tous les usagers du réseau y passent forcément ». Samedi 8 décembre, journée la plus chargée, « les quais de Bellecour n’ont pas désempli de 16h à 19h. Les gens ont piétiné pendant trois heures », rapporte Yves, stupéfait. Le soir, il a même fallu faire tourner le service quarante-cinq minutes de plus que prévu pour évacuer tout le monde. Avec Yves, six agents de ligne TCL étaient en poste par jour au lieu de trois. Sur cette seule station, 108 agents de sécurité se sont occupés de gérer la clientèle de 15h30 à 2h du matin.

Globalement, tout s’est bien passé. Seul un incident technique sur la ligne D – circulant entre Vaise et Venissieux – a interrompu le service pendant une heure le vendredi 7 décembre au soir. Et comme à chaque fois que le service est interrompu, les TCL devront payer une amende à l’operateur Keolis pour chaque minute d’immobilisation des rames.

À Lyon, la Fête des Lumières est écolo

Le mois de décembre à Lyon est soumis à deux fêtes très importantes: Noël, bien sûr, mais également le 8 décembre qui célèbre les Lumières, vaste mise en valeur de la ville par des éclairages artistiques. Cette célébration de la Vierge Marie ouvre officiellement la période de Noël. Cette année, comme depuis 2002, la fête a l’immense mérite d’être écolo.

Plusieurs millions de visiteurs, 80 projets de mise en lumière, huit millions de lumignons vendus, et la totalité du parc hôtelier qui affiche complet pendant quatre jours, telle est la fête des Lumières à Lyon. Et si les habitants se plaignent désormais de ne plus pouvoir descendre dans les rues le huit décembre, c’est parce que ce soir-là, la ville est noircie de monde. En 1850, Lyon lance un concours pour la réalisation d’une statue de la Vierge Marie qui serait installée au sommet de la colline de Fourvière. Un an plus tard, c’est le sculpteur Fabisch qui voit sa statue plaquée or inaugurée le huitième jour du mois de décembre. À cette occasion, les lyonnais agrémentent leurs fenêtres de lumignons et la tradition s’est poursuivie sans interruption jusqu’à aujourd’hui.

0,1% de la consommation annuelle d’énergie

Place des jacobinsChaque année, la ville est illuminée par ses habitants. Tous sont très attachés à cette fête, d’autant plus qu’elle signifie l’entrée de la ville dans les fêtes de fin d’année. Cette date est généralement le signe qu’il faut acheter sapins de Noël, boules de verre et autres guirlandes éclatantes.

La Mairie de Lyon a cependant adapté cette fête religieuse aux exigences de notre temps, et en a fait la vitrine au combien visible de la ville. C’est désormais un dispositif gigantesque qui est installé chaque année pendant quatre jours. En 2002, la Ville a créé l’association LUCI (pour Lighting Urban Community International). Cette organisation qui regroupe désormais 64 villes du monde entier vise à mettre en valeur le rôle que tient l’éclairage dans le développement d’une ville. Vaste lieu d’échange entre cités, LUCI a d’abord été créée pour l’installation de la fête des Lumières. Grâce à elle, les quatre jours de réjouissances ne brûlent que 0,1% de la consommation annuelle d’énergie.

328 sites mis en lumière pour une facture de 3000 euros

Les lampes à incandescence, mangeuses boulimiques d’énergie, ont été remplacées par des LED, à la consommation très basse. Les matériaux utilisés sont pour la plupart recyclables, et la puissance des lanternes a été réduite de 40%. Ainsi, chaque année, la facture d’électricité s’élève à moins de 3000 euros, alors que le nombre de sites mis en lumière est passé de 107 à 328 depuis 1989. Une grande partie des éclairages mis en place pour le huit décembre reste généralement durant toutes les fêtes de Noël.

Si la réputation de cet événement n’est plus à faire tant les visiteurs se bousculent pour y participer, le but de la Ville de Lyon est désormais de promouvoir son côté écolo. C’est l’objet même de l’existence de LUCI, et de la décision de rendre permanentes certaines illuminations. La Manufacture des Tabacs est ainsi constamment illuminée de milles couleurs dès que la nuit s’installe. La halte ferroviaire de Jean Macé est incessamment teintée d’un bleu électrique. La tour TDF, petite tour Eiffel, qui culmine à la droite de la basilique de Fourvière, s’illumine de jaune or chaque soir. Une ville entière mise en beauté pour seulement onze euros par habitant et par an. Le prix est bas pour un tel résultat.

Najat Belkacem : « La foule, c’est l’âme de la Fête des Lumières »

Porte-parole de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007 et adjointe au maire de Lyon, Najat Vallaud-Belkacem supervise la Fête des Lumières depuis 2008. Pour Haut Courant, elle revient sur l’édition 2009 qui s’est achevée le 8 décembre. Avant de se lancer dans la bataille des élections régionales de mars prochain en Rhône-Alpes.

La Fête des Lumières de Lyon victime de son succès

Le soir du 8 décembre 1852, une fête religieuse totalement improvisée a lieu dans les rues de Lyon. Depuis, elle se perpétue chaque année même chez les laïcs, qui placent des lampions lumineux sur leurs fenêtres. La mairie a repris le flambeau en 2005 et organise désormais la célèbre Fête des Lumières. Aperçu contrasté de l’édition 2009, qui a commencé le 5 décembre et s’est achevée hier.

Et la lumière fut !

Avec 5 millions de visiteurs, 8 millions de lumignons et 2000 litres de vin chaud, la Fête des Lumières de Lyon est l’évènement incontournable avant les fêtes de fin d’année. Traditionnellement célébrée tous les 8 décembre, les réjouissances s’étalent sur quatre jours pour son édition 2008. Eclairé par une éthique journalistique insatiable, curieuse et illuminée, Haut Courant part en-quête dans la capitale des Gaules, le regard étincelant.

Petit, bref et concis rappel historique : le 8 décembre est la date de la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge, Sainte patronne de la ville de Lyon depuis le Moyen-Âge. Chaque année depuis lors, les lyonnais et leurs invités festoient en allumant des lampions à leurs fenêtres, dans un esprit de convivialité et de charcuterie. C’est Michel Noir, qui en 1989, démocratisa la tradition en ouvrant la ville à des spectacles de sons et lumières qui firent rapidement la renommée des illuminations lyonnaises.

Cette année, vous le savez peut être déjà, c’est la crise. Dans une démarche à la fois budgétaire et environnementale, le cru 2008, les Lumières pas le Beaujolais nouveau, privilégie les ampoules basse consommation. Revenus à des projets lumineux plus simples, les Lumières 2008 souhaitent rassembler plus que les éditions précédentes qui avaient parfois déçu, dans des décors modestes et intimistes.
D’un spectacle inspiré projeté sur les façades de l’Hôtel de ville, d’une cathédrale St Jean colorée comme jamais, d’une Place des Jacobins envahie par des poissons volants bidonnés…
2 millions d’euros de feux qui crépitent, d’âmes qui s’animent, de sourires qui naissent et d’ombres virevoltantes au gré de l’Histoire.