SEANCE DU JOUR #8 – Marvin ou la belle éducation, un bijou de sensibilité

Le dernier film d’Anne Fontaine (Les Innocentes ; Gemma Bovery ; Perfect Mothers …) est un film fort sur la difficulté d’être soi quand on sort de la norme.

Quand il faut fuir pour vivre : l’histoire de Marvin. A travers le parcours de ce garçon, le film aborde la question de l’identité. On plonge dans la douleur de ce que c’est que de ne pas pouvoir assumer qui l’on est. Mais aussi dans l’espoir de parvenir à se trouver.

Les plans sur Marvin, collégien de 13-14 ans (Jules Porier) et sur Marvin, étudiant en théâtre, (Finnegan Oldfield) alternent. Le petit Marvin Bijou vit dans un village des Vosges dans une famille d’origine populaire. Au collège, il est persécuté par des camarades, se fait traiter de « pédale » et de « PD ». Son attirance pour les garçons, il la sait, il la sent dans son corps, il comprend qu’il ressent des choses, mais qu’y peut-il ? Entre l’école et la maison, il n’est bien nulle part. Sa tristesse est frappante : le regard dans le vide, il semble ne plus avoir de joie. Le théâtre va devenir un moyen pour exprimer toute cette souffrance qu’il a en lui.

En parallèle, on suit Marvin grand, il s’appelle désormais Martin Clément et il va bientôt jouer la pièce qu’il a écrite. Une pièce sur son histoire, sur son enfance, sur ce que c’est que d’avoir été un garçon attiré par les garçons avec un père qui lui dit que « les PD c’est des dégénérés, des malades mentaux ». C’est une pièce « qui parle d’un mauvais départ » dira-t-il. Mais là encore Marvin est perdu. Par rapport à sa sexualité mais aussi par rapport à ses origines.

Ce film est l’histoire d’une fuite, de la nécessité de se sauver pour devenir quelqu’un d’autre. C’est le récit de beaucoup de garçons ou de filles, qui doivent cacher une partie d’eux et qui en souffrent, le récit d’enfances cabossées.

Pour le casting, Finnegan Oldfield, nommé au Meilleur espoir du César masculin pour Les Cowboys, est très juste dans son interprétation de Martin Clément. Jules Porier, en Marvin enfant, est lui aussi particulièrement convaincant pour son premier rôle. La réalisatrice explique que l’acteur de Marvin enfant a été choisi par rapport à sa ressemblance avec l’acteur de Marvin jeune adulte, et «il y a eu ensuite un travail sur le physique du jeune comédien pour que la ressemblance soit encore plus voyante » précise-t-elle. On retrouve l’actrice Isabelle Huppert qui joue son propre rôle dans le film, elle aidera Marvin à assumer ce qu’il est au fond de lui.

Marvin ou la belle éducation est la seizième réalisation d’Anne Fontaine. Un film qu’elle ne voulait pas forcément militant et surtout pas didactique, mais qu’elle espère être tonique. Il sortira le 22 novembre 2017 dans les salles.