François Bonnet : Un « énorme simulacre de l’Élysée »

Après avoir quitté précipitamment la commission Numérique des États Généraux de la presse écrite, François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart se lance pour Haut Courant dans une vive critique de cette « concertation » organisée par l’Élysée dans laquelle tous ses confrères se seront rués. Il insiste sur le conformisme des rédactions, symptôme de l’actuelle crise d’indépendance que subit la presse française. Nous l’avons rencontré dans les locaux de Mediapart à Paris le lundi 24 novembre 2008.

François Bonnet explique la manière dont il a été convié par Bruno Patino à participer aux États généraux:

Très vite, il a émis des réserves quant à l’organisation de ce Grenelle, mettant en cause notamment la présence de membres du cabinet de Nicolas Sarkozy au sein de chacune des commissions. C’est pourquoi il a donc soumis à celle présidée par Bruno Patino les propositions suivantes : transfert des États généraux sous la tutelle du Parlement, mise en place d’une procédure de vote et remise en cause de la représentativité des invités :

François Bonnet s’est vu opposer une fin de non-recevoir, il a donc « claqué la porte » après seulement 17 minutes de discussion :

Cette fin de non-recevoir ne déclenchera pas de débat au sein de la commission : il n’était pas question de procéder à des votes. François Bonnet s’étonne que « des journalistes comme Laurent Joffrin ou Frédéric Filloux puissent accepter ce fonctionnement » ; il est encore plus sceptique quant au choix de Rue89 d’y « aller sans illusion » :

Mediapart a donc décidé d’organiser une soirée de réaction, le Off des États Généraux de la presse, pour mettre en garde un lectorat exclu des discussions sur la question de l’indépendance du journalisme :

Les seuls à avoir rejoint Mediapart dans l’organisation du Off sont Reporters Sans Frontières ; Bonnet considère que la ruée vers les États Généraux de l’ensemble de leurs confrères est un des symptômes de la crise :

Le directeur éditorial de Mediapart dénonce ensuite le fait que, comparé à d’autres pays, la presse française est une des plus massivement aidées par l’État.

François Bonnet déclare qu’en fait d’aides publiques, la seule revendication de Mediapart concerne l’égalité de traitement entre les sites attachés à des titres papier et les « pure player », ou sites d’information indépendants quant au taux de TVA.
Il nous explique ensuite ce qui constitue pour lui le cœur de la crise :

Avec l’exemple du journal Les Échos racheté par Bernard Arnault, il termine son propos par une critique du conformisme de la presse française :