Premier tour des Régionales : Le pouls des QG de campagne

Dimanche 14 mars avait lieu le premier tour du scrutin des élections régionales. Voici un tour d’horizon des QG de campagne des partis en lice. Entre joies et déceptions, l’effervescence était de mise à Montpellier.

mdx_mairie-2.jpg 19h50 : À la mairie de Montpellier, on se presse pour obtenir les premières réactions d’Hélène Mandroux. Le maire de Montpellier, candidate pour le parti socialiste attend les derniers citoyens pour clôturer son bureau de vote. « Le premier parti de France ce soir, c’est le parti de l’abstention. C’est regrettable » lâche Hélène Mandroux. Par la suite, elle évoque les estimations dont elle a eu vent. « Les trois listes de gauche auraient rassemblé 30 % des votes, Georges Frêche serait au-dessus des 30 %, l’UMP de Raymond Couderc, en revanche, serait en-dessous des 20 %. Mais, c’est surtout le Front National qui aurait obtenu plus de 10 % des suffrages ». Vers une quadrangulaire ? « Oui, ce qui serait assez original ». Les chiffres officiels ne sont pas encore sortis, l’espoir est toujours de mise.

20h : Fermeture du bureau de vote, dans l’attente d’une nouvelle déclaration.

DSCN5363-2.jpg 20h25 : Au QG d’A Gauche Maintenant, place de la Comédie, jeunes et plus vieux s’étaient rassemblés en nombre autour de René Revol pour attendre les résultats.

Dans les couloirs, les jeunes tentent de mettre l’ambiance en entonnant le refrain de l’Internationale malgré la déception des militants. À l’image de cet élu de Grabels, technicien en informatique de 40 ans : « On est déçu, on a fait des meetings. Nous on a un programme, on a discuté avec les citoyens, on a parlé de choses concrètes et c’est celui qui a le moins de fond qui passe ! ».

Non loin de là, Jean-Luc, 57 ans, trente années au Parti Socialiste, a suivi Jean-Luc Mélenchon voilà deux ans. Ce soir, à son arrivée au QG, il a eu droit à une belle fausse joie : « Y en a un qui avait mal entendu les estimations. Il a dit qu’on avait fait 13%. Manque de bol, à la télé, ils évoquaient le Front National, et non le Front de Gauche ». Ce qui l’exaspère, c’est que « les journaux n’aient pas joué le jeu. Et c’est le populisme qui le remporte ».

À l’écart, René Revol nous confie ses premières impressions alors que les résultats officiels ne sont pas encore tombés mais l’avenir s’annonce sombre. « C’est une situation difficile. L’opération Frêche a brouillé les résultats. Il y a eu une sorte d’écran de fumée construit par Frêche et ceux qui l’ont attaqué. Nous n’étions pas arrivés à instaurer une dynamique aussi importante depuis longtemps. Nous avons fait une campagne très militante, très citoyenne, très mobilisatrice. On avait 700 militants au dernier meeting » lance-t-il écœuré. Au moment de le quitter, il nous interpelle dépité « Si vous trouvez Mandroux et Roumégas, dites leurs que je voudrais bien les voir ! ».

couderc-2.jpg 20h55 : À quelques mètres de là, Raymond Couderc jubile malgré des résultats plus bas qu’espérés. Dans l’exigu local de campagne à côté de l’Opéra, seuls l’équipe de campagne et les journalistes sont présents. Il explique aux médias son résultat (inférieur à ce qui était annoncé par les sondages 19% au lieu de 24 %), « je pense que les électeurs ont pu être agacés par la politique de réforme du Président de la République ». Mais d’après lui « tout est possible. Il y a plus d’un électeur sur deux qui n’est pas allé voter. Parmi les votants il y a deux électeurs sur trois qui rejettent Frêche ». Raymond Couderc se veut également « générateur d’un sursaut républicain. Entre les listes extrémistes nous apparaissons comme la seule alternative crédible. Ma confiance est totalement intacte pour le second tour ».

21h 35 : Dans le quartier d’Antigone, le QG de Georges Frêche est à la fête. Dans une ambiance de fin de concert, les militants sont réunis dehors. Une tente a été dressée pour l’occasion. En dessous et autour, on se tape sur l’épaule et partage joyeusement le verre de cette quasi victoire. « Ah, c’est bien de fêter la victoire du Georges ! » déclare une militante d’une cinquantaine d’années. L’homme aux petites phrases attire. Nombreuses étaient les télévisions à avoir proposé un direct en lieu et place du QG. « Le Georges » a filé vers les studios de 7LTV mais Joël Abati est là. L’ancien international français de handball se réjouit des 35 % fait par son équipe. « J’ai un sentiment de joie, on a bien travaillé. Mais ce n’est pas terminé, en langage sportif, je dirais qu’on est en finale ». Face à ceux qui estiment que G. Frêche a réalisé ce score à cause de sa personne et non de son programme, le champion ne l’entend pas de la même oreille : «Les gens sont intelligents, ils réfléchissent, voient ce qu’il a fait pour la région. Il ne faut pas prendre les gens pour» (pause). Avant de reprendre, « les gens sont intelligents, ils réfléchissent, tout ça ce sont des médisances. Ils ont lu le programme et nous, on l’a défendu sur le terrain ».

22h30 : Le couperet est tombé (7,7 % des suffrages pour le PS, 8,9 % pour le Front de Gauche et 9,1% pour Europe Écologie) et nous attendons la réaction de la candidate PS. Au quartier général, peu de monde se presse si ce n’est les journalistes (en nombre) qui attendent impatiemment l’arrivée de « la maire courage » (après avoir « poireauter » deux heures à la mairie dans l’attente d’une déclaration). Hélène Mandroux conclut la soirée en se félicitant « du succès du parti socialiste au niveau national » néanmoins elle « regrette qu’aucune des trois listes n’ait pu passer les 10% ». Avant d’ajouter, « j’ai eu Martine Aubry au téléphone, il faut faire barrage à la droite. De notre côté, nous laissons notre électorat choisir librement, voter en son âme et conscience ».


Déclaration Hélène Mandroux QG
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allies-2.jpg 22 h45: Paul Alliès, numéro 2 sur la liste d’Hélène Mandroux, porte-parole et chargé de la rénovation du parti socialiste (et par ailleurs directeur de notre master) est résolument tourné vers l’avenir. S’il « regrette la décision tardive du PS » parisien de soutenir une liste locale et la faible participation, il commente ainsi les résultats. « La gauche est éliminée et c’est un petit 21 avril, bien que nous ayons depuis août 2009 fait beaucoup de propositions pour qu’une large liste d’union de gauche se forme. Avec la règle des 10%, il fallait faire cette liste surtout pour affronter Frêche car même si on est les petits derniers, la gauche fait environ 30% ». Mais le conseiller régional sortant insiste sur les projets de son parti. « Ce qu’on a dit, on va le continuer. Nous allons rénover le PS sur des valeurs et nous n’allons pas céder d’un pouce à Georges Frêche qui a gagné grâce à son « régional – socialisme ». Les fédérations vont être confrontées à une entreprise de rénovation ». En ligne de mire, les prochaines échéances électorales avec un parti renové comme le préconisait François Mitterrand « il faut rénover le parti tous les quarts de siècle ».

23h30 : Hélène Mandroux souffle un peu, loin de la sphère médiatique. À notre départ, elle interpelle de façon narquoise à Paul Alliès « Hé Paul, Georges nous propose une fusion … ».

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

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Jean-Claude Martinez : « depuis 35 ans j’élève le peuple. Je leur fais croire qu’ils sont intelligents. »

Comment fait-on campagne quand on s’appelle Jean-Claude Martinez, qu’on a été pendant 25 ans vice-président du FN, puis exclu de ce même parti, après des différents avec la progéniture du père fondateur ? Comment fait-on campagne sans l’étiquette FN ? Comment fait-on campagne lorsqu’on dispose d’un petit budget et que les derniers sondages vous créditent de 0,5 % des voix ? A 3 jours du premier tour, rencontre avec l’aberrant, hyperactif et inclassable leader en Languedoc Roussillon de la liste La Région, la France, la Vie.

« Ce sont de faux habitants dans cette ville, un vrai décor de cinéma. »

« C’est beau, c’est grand, c’est fort la vie » telle est la devise de Jean-Claude Martinez. Mercredi 10 mars au marché d’Uzès (Gard), il a fallu toute la force de ce slogan à l’ex-vice-président du FN, pour convaincre les quelques rares électeurs. Refroidis par le froid et la neige ? Sans doute d’autant qu’« ici, c’est un marché bobos, il n’y a que des madamettes qui achètent bio. Ils ne sont pas à moins de 5 000 € par mois ». Tenace, il apostrophe pourtant « la bourgeoisie » et les commerçants à grand renfort d’humour, et de jovialité exubérante. « Si je trouve des clients, je vous les amène et vous vous m’amenez des électeurs ! » plaisante t- il auprès du boucher.

A ses militants, il ironise « Il faudrait peut-être trouver un électeur ! Allez, on s’agite, allons trouver les commerçants ! ». Ils sont huit ou neuf fidèles à le suivre, des anciens du Front National (FN) ou du Mouvement Pour la France (MPF) qu’il a ralliés à sa cause. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il font corps avec leur candidat : « suivez-le, qu’il y ait du monde sur la photo ! » souffle l’un d’eux. Un autre, en passant devant un étal de charcuterie, tape sur l’épaule du candidat en s’exclamant : « tu devrais acheter des saucissons pour montrer aux musulmans qu’on aime le porc ! »

Chez les commerçants l’accueil n’est pas beaucoup plus chaleureux. Une vendeuse refuse le livret que lui tend la tête de liste « je suis apolitique, mais je vote blanc, je n’ai pas besoin de tous vos blablas ! ». Piqué, Martinez s’en va en maugréant « ce sont de faux habitants dans cette ville, un vrai décor de cinéma. Ils croient qu’on peut bâtir une économie avec des robes en coton équitable ! ». Et justement, lui, veut construire une vraie économie, avec une agriculture qui permet de faire vivre les agriculteurs, pas une «imposture du bio» comme le préconisent les Verts.

Il fait pourtant preuve de lucidité quant à son avenir incertain à la tête de la région. Crédité de 0,5% dans le dernier sondage, il avance les 1%, « c’est 1 000 voix, soit le nombre de résistants en 1940. Jésus, ce con, n’a fait que 12 voix et la 13e elle l’a trahit ». Puis il rebondit sur le pape qui en prend pour son grade : « il devrait s’occuper d’autre chose que des capotes ! »

Après le marché ça sera direction les vignobles. La crise de la viticulture ? «Quand on arrache une vigne, on plante de l’Allemand ou de l’Anglais !» s’exclame t-il. La solution ? « Un conservatoire de vignoble pour stocker les terres et installer les jeunes. »

« Si Jean-Marie a un pépin, c’est moi qui irait à la DDASS pour déclarer qu’il est maltraité par sa fille »

Depuis le 17 novembre 2008, Jean-Claude Martinez a été exclu du FN. Pourtant pendant 25 ans, il en a été le vice-président, la tête pensante (ndlr. il a écrit la majorité des discours de Jean-Marie Le Pen). C’est une grande «affection» qui l’unit à Jean-Marie Le Pen. Ils ne se sont pas « quittés dans le drame ». L’affection demeure, au point que « Si Jean-Marie a un pépin, c’est moi qui irait à la DDASS pour déclarer qu’il est maltraité par sa fille » s’esclaffe le bougre. Mais sur ce coup-là, le leader frontiste n’a pas pu soutenir son ami : Marine et France Jamet, même combat, même filiation, même fidélité.

Voilà donc Martinez à son compte, pour « ouvrir une autre voie ». Une maison de la vie et des libertés pour être précis. «Un terme chaud, un refuge pour tous ceux qui appartiennent à la grande famille des hommes, les vignerons, les agriculteurs, les personnes âgées, les moutons… s’emballe-t-il». Une cassure irrémédiable donc avec le FN, mais surtout avec la fille de son «ami Jean-Marie» qui se joue sur la «vie», explique t-il. «Je ne peux pas le suivre sur ce terrain là, je suis contre la peine de mort, contre l’euthanasie…».

« Depuis 25 ans j’élève le peuple. Je leur fait croire qu’ils sont intelligents »

Sans l’étiquette FN, plus difficile la campagne ? « Non, c’est la même puisque les gens sentent que je suis différent. Je ne suis pas dans l’uniformité des autres partis. Je leur donne un livret pas un tract. » Justement le programme de M. Martinez compte 100 mesures axées sur trois thèmes Protéger nos racines, ouvrir nos ailes et embellir nos vies. Poétique non ? Normal, ce Sétois, brillant universitaire et ami de Maurice Clavel a été parolier de Frida Boccara.

Cent mesures, n’est ce pas un peu indigeste pour l’électorat ? Point du tout : « C’est la grandeur de l’universitaire d’élever le débat. Depuis 25 ans j’élève le peuple. Je leur fait croire qu’ils sont intelligents, je suis là pour élever leur sphincter moral ». Faire croire aux électeurs qu’ils sont intelligents ou les traiter de cons, la nuance est faible. Pas pour Martinez. lui «engueule les gens pour les faire réagir», il ne les «caresse pas comme le fait Georges Frêche».

Le candidat déplore d’ailleurs qu’il ait insulté «un vrai homme d’Etat, un israélite.» et a eu l’audace de le taxer d’ «espagnol de merde» au cours d’une émission de Guillaume Durand à laquelle ils étaient tous les deux conviés. Pas rancunier le bonhomme, comme pour Le Pen, une grande affection l’unit au président de région sortant. «Il m’appelle mon frère» confie-t-il. Il affirme d’ailleurs avoir apporté la spiritualité, l’intellect à l’un, tandis qu’à l’autre il aurait pu amener la nuance, le devoir de l’universitaire d’élever le débat.

«Ceux qui votent FN vont à l’originale France Jamet, et ceux qui ne votent pas FN continuent de lui (ndlr. M.Martinez) coller l’étiquette FN.»

Paradoxal Martinez ? Ne lui dites surtout pas qu’il est d’’extrême droite, un mot «issu du bipartisme» qui lui hérisse le poil. Il affirme avoir tenté de changer la ligne du FN, il a même organisé une rencontre entre Jean-marie Le Pen et le roi Hassan II du Maroc (ndlr. il a été conseiller fiscal du roi et directeur d’étude à l’ENA du Maroc). Il devait aussi lui présenter Hugo Chavez, qu’il admire et a déjà rencontré à plusieurs reprises. Construire un «axe Europe- Amérique Latine», est d’ailleurs un point essentiel de son programme.

Finalement, cet hurluberlu de la politique, à la frontière entre la folie et le génie – «il est un peu fada et difficile à suivre !» selon un de ses co-listiers – se présente comme un «alternationaliste». Il accueille tout le monde dans sa «maison de la vie et des libertés». Pourtant en en voulant se détacher du « père fondateur », et surtout de la nouvelle étiquette FN portée par Marine Le Pen, il s’est tiré une balle dans le pied. Comme l’explique un de ses militants  » Ceux qui votent FN vont à l’originale France Jamet, et ceux qui ne votent pas FN continuent de lui coller l’étiquette FN. »

Enfin, lorsqu’on le questionne sur l’incohérence de son discours et de son parcours, il rétorque : «Ces classements sont stériles. A ce moment là, l’extrême droite commence à la SFIO. Je crois à la lutte des classes, regardez, ici à Uzès, les riches me reçoivent mal. Je ne suis contre personne. On ne tient pas 25 ans contre !».
Finalement c’est l’un de ses militant qui le résume le mieux :  » Martinez, il avait la tête au FN et le cœur ailleurs ». C’est beau, c’est grand, c’est un peu fort tout de même…

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Mis à jour le 13 mars à 22h30

« Mais qu’est-ce qu’il a ce Georges? »

Ce jeudi 11 Mars, Georges Frêche accompagné du sénateur Robert Navarro, a tenu son dernier meeting avant le premier tour des élections régionales au parc des expos. Il a rassemblé près de 2500 personnes autour de son programme, des piques sur Martine Aubry et bien d’autres.

Mais qu’est- ce qu’il a ce Georges ?

Il fallait être au parc des expos pour avoir la réponse. Tout commence par une revue de presse sur des écrans géants dans la salle obscure avec comme fond sonore la chanson « Georges » d’Olivia Ruiz et de Salvatore Adamo. Son passage à Canal +, la chronique d’Eric Zemmour, etc. Les communicants ne perdent pas leurs habitudes : utiliser les médias pour créer de l’événement et séduire des électeurs potentiels. Georges Frêche suscite auprès de son auditoire ému, des larmes aux yeux mêlées à des rires aux lèvres.

La parole aux électeurs

Assis près d’une allée, Mr Duroux, montpelliérain, sympathisant agé de 51 ans, nous en dit un peu plus sur son candidat: « Il dit tout haut ce que pensent les gens tout bas. Je suis Georges Frêche depuis 30 ans. Il a développé Montpellier avec la salle des sports, les monuments, les magasins, etc ». Des éléments de son programme ne le laissent pas indifférent : « la création de nombreux emplois avec le développement du tourisme, la distribution de PC portables gratuits dans les lycées et le TER à 1 euro. L’aide aux villes qui sont en train de mourir comme Béziers. »

Il finit par regretter la guerre intestine au sein du Parti Socialiste qui risque de les discréditer pour les Présidentielles.
Un peu plus loin, Denise 50 ans, militante depuis trente ans est venue soutenir le président de région. Ce qui lui plaît, c’est sa force et sa continuité : « il a toujours su être auprès du peuple. Son programme donne aussi des avancés et surtout beaucoup d’aides pour les gens en difficulté ». Quand on lui demande s’il manque quelque chose dans le programme : « Je ne vois pas. Mais il faudrait que Palavas rentre dans l’agglomération ».

Les balivernes de Georges

Georges Frêche n’a pas ménagé ses adversaires : il a ironisé sur le déplacement d’Arnaud Montebourg dans la région qui a réuni selon lui quarante et une personnes seulement.
Quant à Martine Aubry, elle est considérée comme « une naine » du parti socialiste à l’opposée de la grandeur de François Mitterrand.
Le panier qu’Aubry lui a offert et en particulier les boites de cassoulet ne l’ont pas laissé indifférent. Il se demande s’il ne va pas lui offrir la collection de Martine.

BALIVERNES

Trêve de plaisanterie, le Président de région revient sur le racisme social envers les citoyens du sud de la France : « Ce mépris dont le Sud est victime depuis tant d’années. Un racisme insidieux se cache derrière, une moquerie sur l’accent, une critique de notre aptitude à innover et à travailler ».
Aussi, il reproche au parti socialiste de réunir un électorat de « bobos » et de pauvres en délaissant souvent les classes moyennes.

Son programme

George Frêche présente brièvement les points phares de son programme:

Le logement est une de ses priorités notamment l’accès aux logements sociaux pour les gens les plus défavorisés. Un des axes essentiels est celui de l’éducation. Il propose un ordinateur portable gratuit pour chaque lycéen dès le 1er Janvier 2011. Le budget de la recherche se verrait doubler. Il met l’accent sur le développement du plan Campus avec le fusionnement des universités de Montpellier en Janvier 2012.
Quant aux infrastructures, il veut favoriser le développement des emplois en créant notamment une ligne à grande vitesse. Le transport ferroviaire serait facilité par le prix du billet de TER à 1 euro.

Il rappelle l’importance de la viticulture. Le développement du vin blanc, du rosé et du vin bio labellisé Sud de France, la marque du Languedoc-Roussillon. Ce point n’est pas abordé de manière anodine puisqu’il a rendu visite aux vignerons de l’Occitane à Servian, en fin de matinée le même jour.

Enfin, il met en avant le secteur tertiaire en doublant le budget du tourisme. Une fois n’est pas coutume, il voit les choses en grand : La ligne à grande vitesse notamment entre Montpellier Perpignan, la création d’une grande agglomération qui inclurait Nîmes et Sète.
Son clin d’œil sur le plan de relance de Béziers et du port d’Agde suscite de vives réactions dans la salle:

Georges Frêche veut aider Béziers et Agde

Le président de région finit son meeting en encourageant ses militants à « tous ensemble déplacer des montagnes » en s’engageant par exemple, dans des syndicats ou encore des associations.

Le spectacle se termine comme à son début avec la fameuse chanson d’Olivia Ruiz et de Savaltore Adamo. Les gens chantent à tue-tête avec Georges qui, à contre-temps reprend ses vieilles traditions révolutionnaires : « ah ça ira ça ira… les aristocrates on les pendra »…

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Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

C’est au nom d’une « vieille complicité » que Dominique Voynet est venue soutenir Jean-Louis Roumégas dans la dernière ligne droite du premier tour des élections régionales, mardi 9 mars à Montpellier. Avec une simplicité et un franc-parler qui la caractérisent, la co-fondatrice du parti des Verts a un objectif en tête : le second tour pour son acolyte écologiste.

Europe Écologie aime les symboles. Et quoi de plus symbolique que la visite de l’une des figures historiques des Verts ? Authentique écologiste, venue en tramway après avoir tracté dans les rues de Montpellier aux côtés de Jean-Louis Roumégas, Dominique Voynet donne une petite conférence de presse à la brasserie Le Sud, face à l’Hôtel de Région.

Une institution régionale dépouillée

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Entourée de quelques-uns des candidats d’Europe Écologie pour les Régionales, Mustapha Majdoul, Agnès Langevine et Katia Mingo , l’édile de Montreuil est longuement revenue sur la menace que représente la réforme sur les collectivités locales sur l’institution régionale.

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis : « la Région est aujourd’hui menacée par les réformes du gouvernement. Notamment en ce qui concerne son autonomie financière et fiscale. En effet, la région est accusée d’être une institution dépensière par le président de la République. » Et de rajouter : « l’absence d’autonomie financière est extrêmement inquiétante. La promesse venant de la droite qui est de baisser les impôts régionaux est un peu facile à faire : les conseillers régionaux ne voteront quasiment plus rien de leur budget ».

Pourtant, Dominique Voynet rappelle l’importance de l’institution régionale. Elle cite quelques exemples : « la Région permet d’assurer la solidarité des territoires, elle est responsable de la formation professionnelle, elle prend en charge les lycées. Elle a notamment la responsabilité de mettre en place la formation pour les nouveaux métiers dont on aura besoin demain ».

La réforme des collectivités locales est, pour l’ancienne ministre de l’environnement, « un dépouillement de l’institution régionale ». Elle rappelle que « c’est peut-être la dernière fois que l’on procède à l’élection des conseillers régionaux, un scrutin de liste qui permet une juste représentation des hommes et des femmes. Si l’on laisse faire le gouvernement, demain on élira des conseillers territoriaux, siégeant à la fois au département et à la Région, élus sur la base de gros cantons regroupés. Ce, au détriment de la parité et au détriment de l’autonomie institutionnelle ».

Pour Dominique Voynet, le chef de l’État souhaite mettre en place un mode de scrutin adapté aux besoins de son parti et amplifier le mouvement de re-centralisation engagé à tous les niveaux : « après l’Université, l’Hôpital, la Justice, la Police, … c’est au tour des collectivités territoriales ».

« Il faut choisir sa Gauche »

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Ainsi, pour Dominique Voynet, le Languedoc-Roussillon mérite une meilleure campagne électorale que celle qui a été offerte aux électeurs jusqu’à présent. « La maladresse des partis, d’une part, et l’utilisation du scrutin pour en faire une sorte de plébiscite pour ou contre le sortant d’autre part, prime sur tout le reste », affirme l’écologiste. La tête de liste Europe Écologie Languedoc Roussillon, Jean-Louis Roumégas, rajoute : « la campagne a été confisquée par des faux débats». Il explique, entre autres, que le Parti Socialiste, au niveau national, a sacrifié le Languedoc Roussillon, « selon les propres mots du bureau national ».

Il reproche notamment au parti de la rose que « pour se refaire une image au niveau national, les socialistes ont utilisé l’affaire en Languedoc Roussillon, sans se préoccuper des conséquences ici. Ils considèrent donc qu’ici les électeurs sont des cobayes qui peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’hégémonie du Parti Socialiste ou de l’image de Mme Aubry. C’est regrettable ».

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, « l’espoir de rassemblement a été torpillé par la Rue de Solférino. Il est temps de choisir sa gauche maintenant ». Ainsi, pas d’autres solutions pour Europe Écologie, que d’agir seule pour représenter la modernisation de la gauche. Et les atouts de Roumégas pour cela ne manquent pas : « une énergie formidable, une qualité d’écoute et de respect des autres. Il est attentif aux problèmes des gens », affirme Dominique Voynet.

L’inévitable évocation du président de Région sortant, Georges Frêche, n’a pas tardé. Ce dernier aurait effectivement affirmé ces derniers jours : « l’écologie, il y a ceux qui en parlent et ceux qui agissent », raillant ainsi la venue de Dominique Voynet. Et Jean-Louis Roumégas de lui retourner le compliment : « le Languedoc Roussillon était premier en matière d’énergies renouvelables, il a aujourd’hui reculé au 5e rang ».

Quant à Dominique Voynet, elle ne se sent que peu concernée par la sentence de Frêche : « quand on veut être le bon écologiste de service, on ne doit pas seulement s’intéresser à des équipements symboliques que l’on peut inaugurer un dimanche soir. On doit, dans son domaine de compétence, mettre en place des politiques en vraie grandeur qui vont permettre la création d’emplois. L’enjeu est de passer de la phase expérimentale à la diffusion des bonnes pratiques en vraie grandeur ».

Elle ajoute en souriant : « quand j’entends cette phrase de Georges Frêche, je n’ai pas envie de la prendre pour moi. Jamais les écologistes n’ont été des bavards qui n’agissaient pas… On agit à la mesure des responsabilités qui nous sont confiées par les électeurs ». Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas : « les écolos ont souvent été considérés comme des alliés sympathiques mais pas essentiels et au cœur des politiques ».

Par contre, pour l’ancienne ministre de l’environnement, la phrase de Georges Frêche s’appliquerait « magnifiquement » à Nicolas Sarkozy : « le président a prétendu se faire le champion de l’écologie mais vient de se renier à plusieurs reprises ses dernières semaines : qu’il s’agisse des phrases désastreuses prononcées au Salon de l’Agriculture, ou qu’il s’agisse de son attitude concernant la prévention des risques naturels. Le président de la république est inconséquent, il agit au hasard des rencontres et dit tout et son contraire ».

« Risques de tempêtes et d’inondations, on ne nous a pas écouté »

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Cette rencontre aura aussi été l’occasion, pour Jean-Louis Roumégas, d’un petit retour sur l’actualité, peu drôle, mais ô combien au cœur des préoccupations écologistes : la tempête et les inondations en Vendée et dans l’Ouest de la France ayant causé une soixante de morts. Le porte-parole national des Verts rappelle que le Languedoc-Roussillon est l’une des régions les plus fortement menacées par les risques d’inondations : « nous avons des zones submersibles très importantes ».

Toujours selon lui, cette catastrophe naturelle prouve que « les écologistes ont malheureusement eu raison trop tôt. On ne les a pas écouté ». Il critique l’utilisation politique qui est faite de ce drame par les membres du gouvernement : « les hélicoptères ministériels viennent déverser de la compassion et des promesses… Mais en réalité, on le sait bien, rien ne va changer. Après les inondations dans le Gard, en 2005 et 2008, rien n’a changé. Des digues qui ne font que menacer encore plus gravement les habitants ont été construites. Des permis de construire continuent d’être distribués dans des zones inondables. De même, on continue à monter des murs, des digues, non pas pour protéger les habitants, mais pour pouvoir continuer l’œuvre d’urbanisation ».

Ainsi, il rappelle que le projet politique porté par Europe Écologie est avant tout de stopper l’urbanisation et de restituer à la nature ses zones d’expansion spontanée. Notamment pour mieux gérer ces risques d’inondations.

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Pour la Journée de la femme, Martine Aubry vient au secours de son « amie » Hélène Mandroux

A une semaine du premier tour des élections régionales, Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste est venue apporter son soutien à Hélène Mandroux, candidate PS en Languedoc-Roussillon. Accompagnée par un cénacle de figures féminines du PS, à l’occasion de la journée de la femme, la maire de Lille s’est employée à remettre sur les rails la campagne socialiste dans la région. Retour sur une visite éclair en terre languedocienne.

« Campagne neigeuse, campagne heureuse ! ». La neige tombée abondamment hier sur Montpellier n’a pas manqué d’inspirer Martine Aubry, en visite lundi 8 mars à Montpellier aux côtés d’Hélène Mandroux.

La première secrétaire du Parti socialiste a choisi, non sans habileté, la Journée de la femme, pour venir soutenir son « amie », dont les derniers sondages lui redonnent des raisons d’espérer. La maire de Lille faisait ainsi d’une pierre deux coups : se poser en porte-drapeau d’une parité homme-femme qui doit être « une réalité », et remettre sur les rails la campagne de Mme Mandroux.

Un véritable « pack de femmes »

Pour sa venue dans la capitale languedocienne, Martine Aubry était accompagnée, selon ses propres mots, d’un véritable « pack de femmes ». Se trouvaient notamment à ses côtés, Élisabeth Guigou, députée de la Seine-Saint-Denis, ancienne Garde des Sceaux, Adeline Hazan, maire de Reims, députée européenne, Valérie Fournayron , députée-maire de Rouen, Laurence Dumont, députée du Calvados et secrétaire nationale à la formation, Aurélie Filipetti, députée de la Moselle, porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, ou encore Farida Boudaoud, conseillère régionale en Rhône-Alpes… Une délégation « avant tout féminine, et non parisienne » prend soin de préciser la première secrétaire.

A leur arrivée dans le centre-ville, salle Pétrarque, première étape de leur visite éclair, la cohorte féministe, Martine Aubry et Hélène Mandroux en tête, a reçu les doléances d’une assemblée exclusivement féminine.

Une première entrevue au cours de laquelle les deux protagonistes de la matinée n’ont pas ménagé leurs efforts pour afficher leur grande proximité. Tutoyant la première secrétaire du PS, la maire de Montpellier n’a eu de cesse, dans son discours liminaire, de remercier « Martine » pour son « courage » et sa volonté de « retrouver les vraies valeurs du PS » en Languedoc-Roussillon.

Martine Aubry, de son côté, n’était pas en reste côté complaisances. « Avec Hélène nous nous connaissons bien, il est vrai que nous sommes amies depuis longtemps et nous nous appelons souvent » a expliqué a plusieurs reprises la maire de Lille. Et de poursuivre, « les femmes, nous ne sommes jamais en concurrence », en oubliant sans doute, l’espace d’un instant, sa rivalité avec Ségolène Royal lors du congrès de Reims de novembre 2008.

Point de querelle avec Hélène donc. Au contraire, les deux femmes poussant même la mise en scène jusqu’à une remise de cadeaux, avec, pour Mme Mandroux, « un foulard fleuri et très coloré ». Échanges qui ne sont pas sans rappeler la réconciliation du meeting de Rezé, entre Martine Aubry et Ségolène Royal, à la veille des élections européennes de juin dernier.

Relancer la dynamique de la campagne

Avec sa « chère Hélène » l’heure est donc à l’entre-aide et à la « solidarité féminine ». Car pour Martine Aubry, « seule une femme pouvait accepter et porter ce lourd combat ». Dès lors, l’issue des élections régionales ne fait guère de doute pour la première secrétaire. Elle l’affirme avec force : « il faut que ça soit une femme, ça sera Hélène ! ». Fermez le ban.

De son côté, la candidate se veut plus prudente. Si elle affirme que « cette bataille », elle va « tout faire pour la gagner », elle le confesse volontiers : « nous sommes partis en retard ». Mais, les derniers sondages semblent la ragaillardir quelque peu. Interrogée par Hautcourant, Mme Mandroux souligne ainsi l’apparition d’une vraie « dynamique ». « Ce qui est important, ajoute la candidate, c’est que cette ligne continue à croître ».

Une dynamique que la venue de Martine Aubry en terre frêchiste devait à l’évidence renforcer un peu plus. La première secrétaire ne s’y est pas trompé. Lors de la deuxième étape matinale, davantage politique, au QG de campagne du maire de Montpellier, Mme Aubry a clairement montré sa volonté de redonner une impulsion à la campagne. Mêlant humour et attaques plus sérieuses, elle a monopolisé la parole devant une Hélène Mandroux visiblement effacée.

La première secrétaire du PS s’en est d’abord prise au candidat UMP, Raymond Couderc et « cette droite qui ici n’a pas hésité à faire alliance avec le FN ». « Quand je regarde ce que présente Couderc, ajoute Mme Aubry, c’est dans le fond le même programme que Jacques Blanc, avec du sarkozysme en plus ». Aux yeux du maire de Lille « il n’y a qu’un seul projet pour l’avenir du Languedoc Roussillon c’est celui porté par Hélène et son équipe, car pour battre la droite, rien de mieux que la gauche ! ».

Fustigeant à plusieurs reprises le débat sur l’identité nationale, elle lui a opposé le « vivre ensemble » de Mme Mandroux : « alors que Sarkozy nous a poussé vers cet ignoble débat sur l’identité nationale et que les français l’ont refusé, le vivre ensemble c’est ce que nous devons défendre quand nous sommes à gauche ; c’est ce vivre ensemble qu’Hélène propose dans son projet ».

Un panier garni pour Georges Frêche

Mais, pour conclure cette matinée, Martine Aubry se devait de terminer par un geste fort, en mesure de capter l’attention des listes adverses. Et la cible était toute trouvée : Georges Frêche !

Il est vrai, qu’en cette Journée de la femme, s’en prendre à un homme qui n’a jamais brillé par son féminisme éclatant, était plutôt aisé et bienvenu. La maire de Lille ne s’est pas fait prier. Ainsi avait-elle emporté dans ses bagages un véritable « panier garni » qui devait être remis dans l’après-midi « à Georges ».

Ce qui est sûr, c’est que son contenu ne devrait pas manquer de faire réagir « l’Empereur de Septimanie » : deux DVD de films avec Brad Pitt, à qui Georges Frêche s’est récemment comparé ; deux ouvrages, « Manuel de la communication non violente au quotidien » et « 211 idées pour devenir un garçon génial » ; deux disques dont le fameux « Femmes je vous aime » de Julien Clerc, ou encore deux magazines : un Têtu et un France Football, pour « les matchs de l’équipe de France qu’il verra pendant qu’Hélène Mandroux s’occupera de la région« .

Enfin et surtout, en conclusion de cette saillie humoristique, Martine Aubry a glissé dans son panier garni une petite touche personnelle pour le président sortant : un livre « sur les oiseaux ». « J’ai peur qu’il soit à cours d’inspiration donc je lui offre ce livre pour qu’il trouve d’autres noms d’oiseaux pour pouvoir me traiter » lance-t-elle, ironique. Il est vrai que depuis l’investiture de Mme Mandroux, Georges Frêche n’est pas tendre avec la première secrétaire, qualifiée, entre autres, « d’élue de la fraude ».

Interrogée par Haut Courant sur ces nombreux assauts frêchistes à son égard, Martine Aubry semble s’en amuser. « Tout ça me fait plutôt sourire » confie-t-elle avant de repartir en direction de l’aéroport.

Au final, si cette « campagne neigeuse » ne promet pas forcément une fin « heureuse », selon l’adage aubryiste du jour, elle reste néanmoins, à une semaine du premier tour, une campagne bien houleuse.

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« A Gauche Maintenant » marche contre Agrexco

Samedi 6 mars, la liste « A Gauche Maintenant ! » marche de Montpellier à Sète, afin de mettre en échec le projet d’implantation d’Agrexco, soutenu par Georges Frêche.

C’est face à l’hôtel de région que René Revol, tête de liste unitaire « A Gauche Maintenant ! », a apporté son soutien à la journée d’action nationale contre Agrexco (entreprise dont Israël détient 50% du capital et qui cultive ses fruits et légumes dans les colonies de Cisjordanie)

La marche contre l’implantation de la société israélienne dans le port de Sète a donc démarré à 8h30 sur les berges du Lez. Malgré le froid et l’heure matinale, une centaine de personnes s’est mobilisée afin de rejoindre l’île singulière dans l’après midi. Certains étaient même venus en bus depuis la région parisienne, dans la nuit.

« Sète ne doit pas devenir un port d’implantation privilégié avec une colonie »

A une semaine des régionales, cette manifestation vient renforcer l’opposition au projet cher à Georges Frêche, que d’installer Agrexco dans le port sétois. Interrogé sur place, René Revol est catégorique : « Sète ne doit pas devenir un port d’implantation privilégié avec une colonie ».

Au cœur de la polémique, des forces israéliennes qui bloquent les exportations palestiniennes des territoires occupés dans la vallée du Jourdain. Ainsi, les colonies se sont appropriées les ressources en terre et en eau, grâce à une politique soutenue par l’armée.

En France, la grande distribution commercialise régulièrement ces fruits et légumes certifiés de provenance israélienne.

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Pour René Revol, Agrexco ne passera pas : « cette marche n’est pas une lutte de gauchistes excités, mais le refus de subventionner une société qui ne respecte pas les résolutions de l’ONU. On a le droit international avec nous. Mais ici, le président de région fait passer cela pour quelque chose de tout à fait normal. ».

De ce fait, si au cours de la prochaine décennie, Georges Frêche veut faire de Sète « l’un des grands ports de la Méditerranée entre Gênes et Barcelone » ce sera non seulement au détriment des petits producteurs de la région Languedoc Roussillon, mais également au plus grand mépris des fondamentaux des droits de l’Homme.

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Daniel Cohn-Bendit : « Je suis un utopiste réaliste »

Europe Écologie avait rendez-vous avec ses militants, ce mercredi 17 février 2010. C’est après trois heures de meeting et un discours plein de ferveur que Daniel Cohn-Bendit répond aux questions d’Haut Courant… avec le sourire et en toute simplicité.

Comment faites-vous pour conserver cette ferveur après 30 années de politique ?

Mon secret : j’aime la politique. J’aime penser le changement, faire bouger les lignes. Je suis là pour jouer mon rôle d’utopiste lucide et réaliste. Ce que j’aime en politique, c’est de prendre des risques. Nous savons tous qu’il y a des dangers, mais l’essentiel est de gouverner autrement. La politique se fait ensemble, ou ne se fait pas. Ensemble, pensons radicalement et transformons quotidiennement.

En tant que député européen, pensez-vous que des ponts peuvent-être établis entre l’Europe et les régions ?

Oui. Je crois qu’il y a des tas de projets régionaux qui peuvent être financés par des fonds européens. A l’heure actuelle, ce n’est pas le cas et c’est dommage. Il faut que les élus régionaux se rapprochent des élus européens et trouvent un projet et des moyens ensemble : formuler un projet régional au niveau européen. Par exemple, dans certaines régions, 14% des projets ferroviaires sont financés par l’Europe. C’est trop peu. Pour que cela fonctionne, il faut qu’il y ait une coopération des régions et un projet collectif. Pour le moment, il n’y a pas de cohérence entre l’ensemble des régions. Nous devons casser cet égoïsme régional.

Quelle place donnez-vous au citoyen dans le projet de transformation prôné par Europe Écologie ?

Une transformation, c’est prendre le temps d’ouvrir des discussions pour que le jugement du citoyen s’intègre dans le projet d’avenir. Concrètement, c’est multiplier les débats publics. Il est nécessaire que le citoyen s’approprie le projet et s’autogère. Dans la société de demain, l’autogestion est quelque chose que l’on peut réaliser, sans attendre une révolution qui n’arrivera pas. C’est possible par un système de coopératives pour vivre mieux ensemble. Nous proposons un pacte de comportement, c’est-à-dire mettre en place les instruments de la transformation écologique, pour des territoires responsables au service des citoyens. Les citoyens en ont marre qu’on les prenne pour des cons.

Dans votre discours, vous avez fait référence à Georges Frêche, quel bilan tirez-vous de son mandat ?

Par exemple, un mauvais bilan économique avec des projets pharaoniques qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt commun. Comme la construction d’une Grande Salle qui a coûté à la Région 54 millions d’euros. Avec cette somme, on aurait pu construire 150 salles culturelles dans toute la région.

Est-ce que l’ouverture d’Europe Écologie à d’autres partis comme Cap21 ou le MoDem, peut-être une limite à sa progression ?

Non, je ne crois pas. Il faut inventer quelque chose de nouveau en politique. Certains partis sont arrivés au bout du rouleau. Nous voulons une culture de partenariat, dans le respect d’un projet commun. Il faut reconnaître les autres, ne pas les considérer comme des adversaires. Si le PS ne comprend pas cela, il ne comprendra jamais pourquoi les électeurs en ont marre des divisions. Et, à la fin, c’est toujours la droite qui va gagner.

Quel écologiste êtes-vous au quotidien ?

Chez nous, nous utilisons l’énergie solaire. Du coup, notre maison consomme un tiers de moins que ce que l’on consommait avant. Pour me déplacer, je prend le moins possible la voiture. Je privilégie le vélo, le métro… C’est beaucoup plus développé en Allemagne où je vis. En France, les gens sont d’ailleurs surpris de me voir prendre le métro parisien. Il faut mettre sa pratique au niveau de son discours. Finalement, être écologiste, c’est avoir une citoyenneté ordinaire.

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Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

Mardi soir, soutenue par plus de 300 personnes, et portée par trois solides alliés, Hélène Mandroux déclare vouloir «mettre fin à tous les systèmes clientélistes» et appelle à «une gouvernance où le sens du juste l’emporte sur la concentration autocratique.» Arnaud Montebourg, Paul Alliès, André Vézinhet ainsi que ses colistiers viennent l’appuyer dans sa démarche.

«C’est un nouveau jour pour l’histoire de la région»

Mandroux, Vézinhet et Alliès : ce soir, les trois mousquetaires locaux sont bien quatre… Arnaud Montebourg faisant office d’invité surprise (mais annoncé). Tous rentrent en scène, suivis par quelques colistiers, sous les applaudissements.

Paul AllièsC’est Paul Alliès qui a l’entame : le Conseiller régional sortant et secrétaire national adjoint à la rénovation du Parti Socialiste commence fort en déclarant que «c’est un nouveau jour pour l’histoire de la région». Pour Madame le maire, «il est temps en Languedoc-Roussillon, de tourner la page.» Dans le conflit qui les oppose au président de Région sortant, Paul Alliès insiste sur l’importance de ce «combat, moral et identitaire : car l’identité socialiste commence là, avec les valeurs.»

Comme s’il répondait au sondage publié dans le Midi Libre[[Réaction de Paul Alliès au sondage du 16 février, le 18 février dans le Midi Libre]], Paul Alliès cite François Mitterrand : «Les campagnes électorales les plus courtes sont les meilleures», et de rajouter que «ce sont celles que l’on gagne.» Selon Mme Mandroux, ce qui compte, c’est que «jamais, réunion de toutes les forces de gauche n’a été aussi clairement annoncée. La victoire est possible pour la Gauche rassemblée.»

«Se battre pour de vraies valeurs et de justes causes»

André Vézinhet, « jeune » député et président du Conseil Général de l’Hérault depuis 1998 poursuit et préconise d’«unir les socialistes pour faire des choses qui honorent la politique : se battre pour de vraies valeurs et de justes causes.» Il rentre ensuite dans une critique des politiques locales et se déclare favorable à «une région forte».

André  VézinhetIl rappelle alors que les collectivités locales sont les premiers investisseurs de France, devant l’Etat, et que la région peut donc jouer sur des secteurs comme l’emploi. Hélène Mandroux veut d’ailleurs faire de la lutte contre le chômage une priorité : elle rappelle que dans la région, «un actif sur huit est privé d’emploi [[«et un sur cinq en dessous du seuil de pauvreté»]]». Elle propose pour y remédier, d’«instituer une conférence régionale sur l’emploi» dans le but de «mettre en place un service régional de création des métiers».

«J’ai senti comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !»

Vient le tour d’Arnaud Montebourg, jeune Conseiller général, député de Saône-et-Loire depuis 1997 et secrétaire national à la rénovation du PS. Avant de flatter Hélène Mandroux, en l’appelant «maire courage», il tient à se poser en témoin «de la direction nationale rassemblée». Et face à ceux qui opposent Paris à la province, il déclare : «la direction nationale, ce n’est pas Paris. C’est la France.»

Arnaud MontebourgMais au-delà, il présente ce qui se passe ici comme le symbole et le commencement d’un changement plus profond du Parti Socialiste. Il donne d’ailleurs rendez-vous le 3 juillet prochain pour la convention sur la rénovation du parti. D’ici là, il pense que «la victoire [est] dans un mois et qu’en tout cas, s’il faut revenir, [ils] reviendront (ndlr. lui, ou un membre de la direction du PS)». Et avoue avoir «senti depuis [sa] sortie de l’avion, comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !» Ô symbole, quand tu nous tiens…

A la fin de son discours, Equidad, une militante PS intervient dans la salle pour dire qu’«[elle] vient de Toulouse exprès pour soutenir Mme Mandroux.». «Je m’engage derrière vous pour combattre le machisme et la mauvaise éducation. Ne vous laissez jamais faire !» Suite à quoi, elle ravit la salle avec un chant catalan. Voilà de quoi faire chaud au cœur du maire.

«Je veux mettre fin à tous les systèmes clientélistes»

DSC_00203.jpgAprès de tels encouragements, Hélène Mandroux joue sur du velours. Et pourtant, elle ne mâche pas ses mots, loin s’en faut : elle dénonce successivement «un système occulte qui étouffe toute montée d’une nouvelle génération», «des systèmes clientélistes», «une concentration autocratique»…

Elle ne manque pas non plus de constater que la «présence des trois hommes] à ses cotés inflige un cinglant démenti à ceux qui disaient que le PS était incapable de se relever [[[Jean-Luc Mélenchon notamment]].» Pour elle, le président sortant du Conseil Régional n’est plus au Parti Socialiste, c’est un fait, mais n’est même plus à gauche : «Garder la région à gauche aujourd’hui, ça veut dire changer de majorité.»

La candidate propose aussi quelques mesures, «à destination de ceux qui disent que je n’ai pas de liste et pas de programme [Essentiellement des internautes]]». En vrac, travailler avec le sud de la Méditerranée, investir dans les quartiers les plus pauvres (ndlr. Elle a cité une dizaine de zones sensibles urbaines de la région sur [les 28 recensées par la SDTEFP [[Services du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, en Languedoc-Roussillon]]), mieux répartir les logements sociaux, établir un système de taxi entre les ports, proposer des billets de train gratuits pour les jeunes de 16 à 25 ans le week-end, ou se fixer l’objectif -ambitieux- de créer un ticket unique à un euro pour les Bus, Tram, Train.

A la fin de ce meeting PS, Hélène Mandroux n’oublie pas de remercier ses soutiens, et lance même un «merci» appuyé à Paul Alliès, à qui elle reconnait un combat de longue date. Elle conclut par une main tendue aux militants PS soutenant Georges Frêche : «ressaisissez-vous» leur dit-elle.

Franck Michau

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Crédits photo : Xavier Malafosse ; montpellierplus.midiblogs.com ; image.mabulle.com ; Franck Michau

Mis à jour le 19 février à 9h30

Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

Délégué régional du parti « écolo-centriste » Cap 21 en Languedoc-Roussillon, Georges Fandos a rejoint la liste d’Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas pour les élections régionales. Revenant sur son parcours et les raisons de cette alliance, il se livre à Haut Courant.

Europe Écologie plutôt que le MoDem

Quel a été votre parcours ?

Je suis engagé dans la cause écologiste depuis des années. J’ai participé au comité de soutien du premier candidat écologiste aux présidentielles de 1974 : René Dumont, un ingénieur agronome comme moi. Après, j’ai participé à la création des Verts en Languedoc-Roussillon. Ensuite, j’ai participé au développement de Cap 21. J’ai soutenu Corinne Lepage en 2002 lorsqu’elle s’était présentée aux présidentielles et j’ai été candidat Cap 21 aux législatives. En 2004, j’ai composé une liste Cap 21 aux élections régionales où j’ai presque fait 5% des voix.

Pourquoi être passé des Verts à Cap 21 ?

A l’époque, les Verts s’étaient alliés à Georges Frêche. Or, je n’étais pas d’accord avec la politique d’urbanisme de ce dernier, entre autres. Maintenant, ils s’éloignent de Georges Frêche alors je m’en rapproche. Frêche est un bon baromètre de mes relations avec les Verts, ou avec le MoDem (sourire).

C’est pour cette raison que vous êtes revenu vers Europe Écologie dernièrement ?

Oui. A un certain moment Cap 21 s’est rapproché du MoDem lors d’un accord avec François Bayrou. Au niveau régional, cela ne se passe pas très bien, surtout depuis que Dufour a passé un accord avec Georges Frêche aux municipales. Alors, on a prit nos distances avec et on s’est rapproché d’Europe Écologie. Cela me paraissait plus cohérent. On a essayé  » d’écologiser  » le MoDem et cela n’a pas marché. Ils n’ont pas été sensibles à tout ce que l’on pouvait développer. En plus, M. Bayrou a un exercice du pouvoir qui est quand même très personnel. Cela ne nous a pas plu. Corinne Lepage s’est aussi mise en retrait.

Que pensez-vous du fait que François Bayrou ait voulu mettre un candidat comme Drevet en tête de liste MoDem ?

Il n’avait plus d’écologistes dans ses rangs : nous étions partis à Europe Écologie. Il avait besoin d’un label « écologie » et il a trouvé quelqu’un en la personne de Drevet. Mais, cela n’a pas marché : Drevet fait sa propre liste. Les militants du MoDem avaient élu Marc Dufour, et Bayrou a voulu imposer Drevet de manière autoritaire. Or, Drevet n’a rien voulu céder. Du coup, il n’a eu aucun accord avec lui.

Lorsque j’ai rencontré Drevet, il y a trois mois, je lui ai proposé de faire une liste commune entre tous les écologistes. Je n’ai jamais eu de réponse. Il a décidé de faire cavalier seul. C’est dommage. Sa stratégie est de se vendre au plus offrant. Ce n’est pas la bonne. Au second tour, Frêche lui fera toutes les promesses qu’il voudra. Mais, une fois élu, il fera ce qu’il voudra. En d’autres termes, il va se faire bananer. Ce n’est pas une stratégie pertinente au niveau de l’écologie politique.

Quel regard portez-vous sur la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit d’une présidence tournante entre les socialistes et Europe Écologie ?

Cohn-Bendit dit toujours des choses surprenantes. Je pense qu’avec les socialistes, il peut y avoir un accord de second tour, mais pas au premier tour. Je vois mal Hélène Mandroux devenir du jour au lendemain écologiste. Cela ne serait pas très crédible. Je ne suis pas favorable à la proposition de ce cher Daniel.

Que pensez-vous de toute la polémique autour de Georges Frêche ?

Cela fait longtemps qu’il fait des déclarations fracassantes. Tout le monde semble découvrir le personnage, je trouve cela un peu cocasse. C’est de la péripétie. Il est très malin. S’il a fait ces déclarations c’est pour s’attirer les voix du Front National au second tour. Il mène à la fois une politique communautariste : il donne des subventions à la communauté juive notamment. En même temps, il fait des déclarations comme ça, déconcertantes. Il y a du calcul politique : c’est plus du machiavélisme politique que du racisme. Je connais le personnage.

Pourquoi sont-ils si nombreux à suivre Frêche ?

C’est la solution de facilité, pour avoir quelques places d’élus.

Pensez-vous que le fait que Cap21 se détache du MoDem sera une tendance générale dans l’avenir ?

Pour les élections régionales, dans plusieurs régions, Cap21 a passé des accords avec Europe Écologie : Haute Normandie, PACA, Ile-de-France, … Dès le départ, Corinne Lepage souhaitait que pour les régionales le MoDem travaille avec Europe Écologie. En particulier dans notre région car le MoDem a une attitude très ambigüe envers Georges Frêche et nous ne voulions en aucun cas le soutenir au second tour. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le MoDem et il va finir par soutenir Frêche au second tour. Du coup, nous étions en porte-à-faux vis-à-vis de leur stratégie. Sur le plan régional, nous étions plus proches d’Europe Écologie et nous avons préféré nous allier avec. Avec l’accord des militants. Pour les autres régions, je connais mal la problématique mais c’est lié aux dysfonctionnements anti-démocratiques du MoDem.

Sur quelles bases communes vous entendez-vous avec Europe Écologie ?

Nous avons posé plusieurs conditions préalables avant de lier cette alliance. Notre première condition était de ne pas soutenir Frêche en tant que président de région. Ensuite, nous avons deux axes forts dans cette campagne. Le premier est l’aménagement équilibré et harmonieux du territoire : refuser de tout centraliser sur Montpellier. Le second est la gouvernance démocratique de la région. C’est sur ces bases que nous nous sommes rapprochés d’Europe Écologie. Après, nous avons négocié pour avoir des élus de Cap21.

Cette alliance préfigure-t-elle une future force écologiste unifiée en Languedoc-Roussillon ?

Cela dépend de ce que deviendra Europe-Écologie. En son sein, il y a différentes sensibilités, personnalités. Son avenir n’est pas encore trop fixé. Mais, je pense que l’on a intérêt à continuer à travailler avec Europe Écologie.

N’y-a-t-il pas une contradiction dans le fait qu’un parti comme Cap 21, de centre droit, s’allie avec un mouvement qui rassemble jusqu’à l’extrême gauche ?

Cap21 n’est pas tellement de centre-droit. En fait, Corinne Lepage a été appelée à être ministre de l’environnement par M. Juppé sur la base de critères techniques avant tout, sur ses compétences propres. Elle n’est pas rentrée dans le gouvernement Juppé en tant que soutien de sa politique générale. Par exemple, lorsqu’elle a fait la loi sur l’air, les oppositions venaient du groupe RPR. Elle s’est heurtée aux lobbies pétroliers, automobiles… Elle a donc beaucoup eu d’autonomie par rapport au gouvernement Juppé. Sa sensibilité est plutôt au centre. Nous avons essayé de créer un mouvement à la fois démocrate et écologiste avec le MoDem. Nous n’avons pas réussi à le faire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plus à l’aise au sein d’Europe Écologie où il y a des personnes proches de la mouvance de Nicolas Hulot : Jean-Paul Besset, Yannick Jadot… Tous ne sont pas proches de nous, mais globalement il y en a. Le programme que nous avons élaboré ensemble pour les régionales est assez proche de nos thèses.

Sortir du modèle de développement en tâches d’huile

Que reprochez-vous au bilan de Georges Frêche ?

Il a une vision de l’aménagement du territoire du siècle passé. Sa théorie : le développement en tâches d’huile. C’est-à-dire : je développe Montpellier et, en tâches d’huile, cela se développe dans la région. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il faut avoir une vision moderne : développer les villes moyennes de notre région pour essayer de dynamiser tous les départements, tout en conservant une capitale régionale avec des fonctions culturelles, administratives et politiques. Il faut notamment renforcer le pôle universitaire montpelliérain et le mettre au service de la région, et non au service d’une mégalopole régionale.

Nous sommes proches de la conception d’aménagement du territoire que l’on peut voir en Italie du Nord ou en Allemagne où chaque ville moyenne a ses propres industries… C’est une vision d’un aménagement équilibré. Nous ne voulons pas que se reproduisent les erreurs de la région parisienne : une mégalopole qui génère des contre-productivités en termes d’embouteillages – que l’on vit déjà à Montpellier et qui s’aggraveront si l’expansion de Montpellier continue comme prévu ; car M. Frêche veut construire jusqu’à la mer -, en terme de santé – dans les grandes mégalopoles, il y a notamment des problèmes de qualité de l’air -, en terme de perte de temps dans les transports, en termes de coûts des services – la gestion des déchets, la gestion de l’eau coûte plus cher dans les grandes villes -. Il n’y a pas d’économie d’échelle, il y a des  » déséconomies  » d’échelle. Par exemple, c’est ce qui explique que la RATP soit déficitaire. Alors, c’est l’Etat français qui compense les déficits de la RATP.

Quels sont les différents besoins selon les départements ?

Il faut assurer à l’ensemble du territoire régional des services publics. Qu’ils soient présents et attractifs dans toutes les villes moyennes : Perpignan, Béziers, Bédarieux, Ganges, Sète… Nous voulons une politique d’aménagement du territoire très volontariste pour rendre attractive toutes les villes de la région. Il faut développer les savoirs-faire de la région qui sont aujourd’hui négligés. A Alès, la métallurgie par exemple. Au niveau de l’habitat, il faut développer l’isolation, la sobriété énergétique. C’est-à-dire, plutôt que de produire l’électricité, il faut l’économiser et ne pas la gaspiller. C’est faisable en isolant les maisons par exemple.

Est-il compatible de développer l’économie tout en protégeant l’environnement ?

C’est le défi de demain. Nous sommes pour l’éco-économie. La protection de l’environnement et l’écologie peuvent être un vecteur de création d’emplois important. On le voit avec les énergies renouvelables : le photovoltaïque, l’éolien… Alors pourquoi ne pas développer le photovoltaïque dans notre région ?

Changer pour ne pas sombrer

Pensez-vous qu’il y a encore la place pour un parti écologique alors que les valeurs écologiques sont reprises par tous les partis ?

Nous avons gagné une bataille culturelle : les questions écologiques sont au centre des préoccupations aujourd’hui. Par contre, ces préoccupations ne sont pas encore entrées dans les politiques concrètes. C’est tout le problème. Tout le monde fait du développement durable dans les discours mais pas dans l’action. Par exemple, en matière de transport : ce qui est envisagé par toutes les classes politiques, c’est le doublement de l’A9. Il serait mieux de mettre les camions sur les trains pour que le trafic fret se passe plutôt sur les rails que sur la route. On est encore dans des logiques traditionnelles : pour dégager l’A9, on est obligé de la doubler. On a donc progressé sur le plan des idées, de la prise de conscience mais, concrètement, dans les politiques sectorielles tout reste à faire. Je suis pour des changements structurels lourds. Il faut notamment préparer la transition vers une économie sans pétrole, tournée vers la chimie alternative verte, à partir de la biomasse, à partir d’autre chose en somme. Il faut y réfléchir très vite parce que si l’on fait rien les ressources pétrolières vont s’épuiser et on aura aucune alternative.

De tels changements ne seraient-ils pas très coûteux? Les objectifs d’Europe Écologie sont-ils chiffrés ?

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique va coûter très cher. C’est ce que nous dit le rapport Stern commandé par le gouvernement anglais [ndlr. ce rapport est un compte rendu publié en 2006 sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète rédigé par l’économiste Nicholas Stern. Ses principales conclusions sont qu’un pour cent du PIB investi maintenant suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et qu’autrement ce serait risquer une récession jusqu’à vingt pour cent du PIB mondial].

Synthèse du Rapport Stern

Je prône une transition qui sera moins coûteuse au niveau macro-économique, que si l’on continue les tendances politiques actuelles. Ne rien faire amènera des situations de crises auxquelles il faudra s’adapter, et c’est cela qui coûtera cher. De nombreuses personnes ont travaillé sur cela. L’association Negawatt, par exemple [ndlr. située à Mèze], a bâti un scénario pour un système énergétique viable, basé sur la sobriété des économies d’énergie.

Scenario Negawatt

Tout n’a pas été chiffré. Il est difficile de tout anticiper.

Cela va-t-il forcément de pair avec une augmentation des impôts ?

Par forcément. C’est une question d’allocations des ressources. Aujourd’hui, d’énormes gaspillages sont faits. Quand vous passez une heure dans les embouteillages, cela coûte cher en termes de dépenses énergétiques. Si l’on fait en sorte que les gens travaillent plus près d’où ils vivent, cela générera des économies que l’on pourra allouer à des investissements comme ceux que je viens de développer. C’est une question de transition.

Avez-vous des régions ou pays modèles ?

Des choses intéressantes ont été faites ailleurs. Dans le Sud-est asiatique, aux Philippines, par exemple. Ce sont des pays qui ont relativement réussi à se protéger de la mondialisation financière et qui ont essayé de conserver leurs capitaux pour les réinvestir. Le fait de ne pas ultra-libéraliser s’est traduit une sortie de crise plus aisée. L’exemple de la Corée du Sud est aussi intéressant. Elle a pu développer son industrie en réinvestissant ses capitaux et en ayant une stratégie industrielle claire : plutôt que de vendre ses entreprises à l’étranger, elle a auto-construit ses pôles industriels, et cela a permis de générer un cycle économique vertueux, donc du pouvoir d’achat. Le miracle coréen a été basé là-dessus. A contrario, d’autres pays ont joué la mondialisation à fond comme l’Argentine et ont fait faillite.

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