2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

Alors que la campagne pour les régionales de mars prochain a commencé, Hautcourant fait le bilan de la présidence Frêche. Retour sur différentes réalisations de la Région, avec les commentaires d’Alain Nenoff, journaliste à L’Agglorieuse, hebdomadaire satirique de Montpellier.

Fiscalité

En pleine pré-campagne, sur le plateau de 7L TV en septembre dernier, Georges Frêche se félicitait d’un point : « Les impôts n’ont pas augmenté entre 2005 et 2010 ». Mais le mandat, lui, avait commencé en 2004, et avec une augmentation importante de la fiscalité. Les impôts régionaux avaient alors enregistré une hausse de plus de 52%, le record national à l’époque. Le président de la Région en avait imputé la responsabilité à la réforme de 2003, qui attribuait davantage de compétences aux collectivités. La manne financière générée par ces impôts a cependant été suffisante pour absorber les dépenses du mandat. De même, l’endettement de la région s’est stabilisé autour de 4% des dépenses depuis trois ans.

Emploi

« De tous les domaines de compétences, c’est sûrement l’emploi qui a été le plus oublié », annonce Alain Nenoff. « Aucun plan pour la relance de l’emploi n’a été mis en place en six ans de présidence Frêche ». Au troisième trimestre 2009, avec un [taux de 12,7%, le Languedoc-Roussillon est devenue la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Pour le journaliste, il y a sur ce point un décalage flagrant entre la communication régionale et la réalité : « On nous dit que la région est la meilleure, mais on n’oublie que nous avons un produit intérieur brut qui est l’un des plus faibles du pays ». Dans un contexte global peu propice à la création d’emplois, Georges Frêche réaffirmait, il y a quelques mois sur 7L TV, agir pour l’embauche des jeunes. Une enveloppe de 6 millions d’euros a été destinée, dans le dernier budget, à la relance de l’emploi.

Lire aussi : Le chômage au cœur des régionales

Education

La formation professionnelle (23,1%), et la gestion des lycées (24,6%) représentent les deux plus gros postes de dépenses prévus dans le budget 2010 de la Région. Mesure phare de la campagne de 2004, la gratuité des livres scolaires a été l’une des premières mesures mise en place. Le Président Frêche continue en ce sens en 2010, puisqu’il a annoncé dans sa course à la Région vouloir fournir un ordinateur à tous les élèves. La formation professionnelle a quant à elle profité des écoles de la deuxième chance. Des initiatives critiquées par Alain Nenoff. Le site de campagne de Frêche annonce la réalisation de 9 nouveaux lycées et la rénovation de 72 autres. Alain Nenoff rappelle cependant que « dans les premières décisions prises pour les lycées, il a changé leurs noms tout comme il l’a fait avec le nom des salles du Conseil Régional. Il imprime sa marque. »

Ecologie

En 2007, la Région a lancé le programme « Lycée 21 ». Ce programme promeut « un comportement citoyen et responsable » en faveur de l’environnement. L’agriculture biologique est également soutenue et le Conseil Régional mise sur le Salon international des énergies renouvelables et de l’éco-construction Energaïa pour montrer ses actions écologistes. La gestion de l’eau semble avoir été une priorité notamment avec Aqua Domitia, plan de sécurisation d’accès à l’eau. La dernière action en date est le lancement d’un plan de production d’énergie photovoltaïque sur les lycées publics régionaux. En 2010, 5,1% du budget du conseil régional sera consacré à l’environnement.

Lire aussi : L’écologie au sein de la politique du Conseil Régional

Transports

Georges Frêche avait comme bras droit, dans ce domaine, l’ancien ministre des Transports Jean-Claude Gayssot. En investissant près de 270 millions d’euros pour le contournement de Montpellier et de Nîmes, l’administration sortante a permis l’aboutissement du projet de ligne à grande vitesse. Elle profitera aussi à terme à Perpignan. Le mandat a aussi vu la rénovation du réseau de trains express régionaux, recolorés dans un rouge jugé criard par certains. De nouvelles dessertes ont été crées, et les tarifs ont été globalement revus à la baisse. L’offre ferroviaire a été augmentée de près de 20% depuis 2008. Pour le transport aérien, le bilan est moins réjouissant. La région annonce une maigre augmentation du trafic, autour de 200 000 voyageurs en cinq ans.

Logement

2,3% du budget 2010 sera consacré au logement. Si ce secteur ne fait pas partie intégrante des compétences du Conseil Régional, 25 millions d’euros ont été investis depuis 5 ans pour le logement. Georges Frêche annonçait en septembre sur 7L TV qu’il avait l’intention de doubler le financement en favorisant le logement étudiant.

Viticulture

En 2004, Georges Frêche s’était engagé notamment à développer la voie de l’oenotourisme. Créée en 2006, la marque « Sud de France » a amélioré la visibilité des viticulteurs et des producteurs régionaux. Ils sont près d’un millier à s’être associés à la démarche. La branche export du label accompagne, quant à elle, les entreprises régionales qui souhaitent se tourner vers le marché international. Cinq maisons du Languedoc-Roussillon ont même été installées de New-York à Shanghaï en passant par Londres. L’idée étant d’y vendre les produits de la région, mais aussi de promouvoir le tourisme vers ses contrées. Pour Alain Nenoff, cette démarche onéreuse « n’a pas fait ses preuves. On avait déjà une promotion avant, qui n’était pas si exubérante, mais pas moins efficace. » La région annonce que la marque « Sud de France » aurait coûté près de 35 millions d’euros depuis son lancement. Les retombées, plus difficiles à estimer, n’ont en tout cas pas convaincu tous les exploitants.

Sports

La Région subventionne les clubs de sport, notamment de 1ère division mais participe aussi au financement des équipements sportifs. Prévue en 2011, une Maison régionale des sports regroupant les sièges sociaux et les équipes administratives de certaines Ligues et Comités du Languedoc-Roussillon devrait ouvrir. Le Comité régional olympique et sportif (CROS) y siégera aussi. En 2009, 15,3 millions d’euros ont été investis pour le domaine sportif. Pour 2010, 1,4% du budget sera consacré à la politique sportive.

Culture

Durant son mandat, Georges Frêche a plus fortement soutenu financièrement l’Opéra, l’Orchestre philharmonique et le festival Radio France. Rappelons néanmoins que peu de temps après son élection en 2004, le nouveau président n’avait pas hésité à fermer le Centre Régional des Lettres de Languedoc-Roussillon. La culture représente pour 2010 4,1% du budget du Conseil régional.

Dérapages

Impossible de revenir sur le mandat de Georges Frêche sans aborder les polémiques dont il a été la source. Des harkis aux joueurs Noirs de l’équipe de France, le président de la Région s’est illustré par des propos plus que douteux sur un ensemble de sujets. Dernier dérapage en date : l’affaire Fabius. Dans « L’Express » cette semaine, Frêche, répondant à une attaque de l’ancien premier ministre, estime que Laurent Fabius « a une tronche, pas catholique ». Des mots qui, comme ceux vociférés à l’égard des harkis, suscitent de vives réactions. Toujours mis en danger par ses sorties tonitruantes, Georges Frêche réussit pourtant à les mettre au crédit de sa sincérité, se targuant d’être un homme politique authentique, opposé au discours formaté de l’élite parisienne. Pour Alain Nenoff, ces dérapages seraient en partie contrôlés : « Le Front National était présent au second tour des régionales de 2004. On ne peut pas exclure que les propos xénophobes de Georges Frêche, tout au long de son mandat, servent à siphonner les voix de l’extrême-droite aux prochaines élections ».

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Mis à jour le 30 janvier à 18h30

Hélène Mandroux appelle au rassemblement de la gauche anti-Frêche

Branle bas de combat jeudi 28 janvier 2010, à la mairie de Montpellier.
Hélène Mandroux, maire de la ville décide de faire une déclaration exceptionnelle et inattendue à 17h30, suite aux propos de Georges Frêche tenus le 22 décembre 2009 lors du conseil d’agglomération de la ville.
Ceux-ci ont refait surface plus d’un mois après, puisque lâchés dans le dossier spécial consacré au président du Languedoc Roussillon dans l’Express.

Pour ceux qui n’auraient pas eu l’information assez vite ou qui n’en n’ont tout simplement pas eu vent, en lien, la déclaration mot pour mot d’Hélène Mandroux, nouvelle protégée de Martine Aubry et sauveuse des valeurs républicaines, si chères au PS.

A la lecture de cette déclaration, on peut se demander si la «tronche pas catholique» de Mr Fabius n’a pas bon dos? Il y a deux jours à peine, Mme Aubry s’était embourbée dans la polémique des retraites, en n’excluant pas la possibilité d’augmenter l’âge légal à 61 ou 62 ans. Une phrase qu’elle s’est aussitôt empressée de rectifier lors de son passage au journal de 20h de TF1 le lendemain. Mais trop tard, le « rétropédalage » ainsi nommé par l’opposition, avait été noté et acté. Bien que la première secrétaire du PS ait tenté de jouer sur l’âge effectif de départ et non pas l’âge légal…

Les propos de Mr Frêche semblent donc tomber du ciel… Un miracle inespéré pour le PS qui peut ainsi se racheter une conduite en prêchant des valeurs républicaines bafouées. Pour certains socialistes, comme Manuel Valls, « le risque de perdre une région n’est rien par rapport au risque de perdre nos valeurs ».

Pourtant le 17 janvier dernier Martine Aubry avait soutenu la candidature de Georges Frêche. La question est peut-être maintenant de savoir si la maire de Montpellier arrivera à rallier les quelques socialistes languedociens encore fidèles à Solférino et au bureau national, à sa cause.

Une alliance qui s’avère difficile, d’autant que quelques jours plus tôt l’idée d’un rapprochement entre Hélène Mandroux et la liste Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas n’avait paru emballer ni les militants, ni leur chef de file. Reste à savoir si les deux candidats arriveront à mettre de côté leurs différends envers et contre Frêche. L’idée circule qu’Hélène Mandroux pourrait être tête de file dans l’Hérault, mais que Jean-Louis Roumégas conserverait le leadership régional.

Alors Hélène Mandroux, partant en croisade pour restituer les valeurs républicaines des vrais socialistes ? On y croirait presque, dommage que le PS n’ait eu besoin d’un signe divin pour retrouver enfin l’importance de ses valeurs…

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Georges Frêche a-t-il vraiment dérapé ?

« Il a une tronche, pas catholique! ». Les propos de Georges Frêche se sont répandus comme une traînée de poudre. Les réactions de la classe politique ne se sont pas fait attendre et la plupart crient au scandale antisémite. Pourtant, remis dans leur contexte, ses mots relèvent, semble-t-il, plus du calembour que de l’insulte. Peut-on alors supposer qu’une manœuvre politique vise à faire tomber le déjà très controversé Président de Région ?

La polémique n’a étrangement pas démarré le 22 décembre, date à laquelle Georges Frêche tenait son Conseil d’agglomération. Il avait profité de l’occasion pour répondre à la pique lancée par Laurent Fabius deux jours plus tôt. Tous deux déclarant alors qu’ils n’étaient pas sûrs de voter l’un pour l’autre. C’est dans l’Express de cette semaine que la phrase a resurgi et a été reprise par Martine Aubry.

Rappelons alors que Madame Aubry, actuelle première secrétaire du parti socialiste, n’a eu de cesse de critiquer Georges Frêche ces derniers temps. Finalement elle avait retourné sa veste une première fois le 17 janvier déclarant qu’elle le soutenait. Il semble que ce dernier « dérapage » tel qu’il est présenté soit une aubaine à un mois et demi des élections régionales. Largement entouré par ses conseillers, Georges Frêche n’a pas intérêt à alimenter la polémique. Il sait que le danger vient plus de la gauche que de la droite : « Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge ».

Martine Aubry a-t-elle ici trouvé l’occasion de reprendre la main en Languedoc-Roussillon ? Toujours est-il que ce n’est pas à elle ni aux journalistes de juger du caractère antisémite des dires de Monsieur Frêche. A fortiori en campagne pour les régionales, et lorsque l’on connaît ses soutiens chez la communauté juive. Rappelons qu’il a été relaxé en appel, puis en cassation le 31 mars 2009 pour ses propos à l’encontre de deux harkis alors que certains l’avaient déjà condamné, avant la justice.

Pourtant les critiques pertinentes de la politique de Frêche sont légions, et ses dérapages verbaux connus. Mais la vraie question est peut-être de se demander si tous les moyens sont bons pour le dégommer ?

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Mis à jour le 3 février à 1h00

Europe Ecologie peaufine sa stratégie

A moins de deux mois des élections, ils étaient réunis le 25 janvier dernier à Montpellier, pour leur réunion hebdomadaire. Constitution des listes, campagne de terrains et futures alliances, les enjeux ne manquent pas pour les sympathisants d’Europe Ecologie.

« Europe Ecologie est un miracle qui progresse. » C’est avec le sourire qu’Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des Verts, a présenté le 25 janvier dernier l’évolution du rassemblement écologiste. A l’occasion de leur réunion hebdomadaire dans un local des verts boulevard Ledru Rollin à Montpellier une trentaine de sympathisants d’Europe Ecologie ont évoqué leur stratégie pour l’élection. Petit résumé des enjeux de la campagne électorale du mouvement écolo.

L’envie de vite faire campagne

Une impatience de partir sur le terrain a été manifestée par de nombreux participants. « On ne va tout de même pas attendre les affiches pour partir en campagne, il faut vite aller à la rencontre des gens, des associations. N’oublions pas que ce qui a fait le succès d’Europe Ecologie aux européennes, c’est que nous étions parti en campagne très tôt ! » s’exclame un militant Vert. « C’est vrai » surenchérit une responsable associative du quartier de la Paillade à Montpellier : « Les associations sont en souffrance et les autres partis occupent le terrain. » Aussitôt dit aussitôt fait, la prochaine réunion hebdomadaire d’Europe Ecologie se tiendra à La Paillade dans un local prêté gracieusement par un sympathisant.

La difficile constitution des listes

Emmanuel Reynaud est également revenu sur la constitution des listes. « Vous le savez la constitution des listes est longue à mettre en place car nous souhaitons la parité. Parité homme/femme et entre Verts et non Verts. Il s’agit de trouver une alchimie. Mais je pense que d’ici une semaine à quinze jours maximum, les listes seront constituées » explique-t-il.
Les listes sont d’autant plus longues à mettre en place qu’Europe Ecologie discute avec les « résistants » socialistes qui refusent de soutenir la liste conduite par Georges Frêche. « C’est une discussion, une rencontre qu’ils ont souhaité et que nous n’allons pas refuser. Comme toujours depuis la fondation d’Europe Ecologie, le rassemblement se fait sur la base d’idées, d’adhésion au projet » poursuit Emmanuel Reynaud. Des idées et un projet qui seront présenté en même temps que les listes officielles.

L’entre deux-tours déjà dans les esprits

Les listes ne sont pas totalement constituées mais se profilent déjà les enjeux du second tour. Un sympathisant se demande : « Le rassemblement avec la liste de René Revol (ndlr Parti Communiste Français, Parti de gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste) est prévue mais j’aimerais savoir sur quelle base ? » La réponse d’Emmanuel Reynaud ne se fait pas attendre : « Si les conditions le permettent, ils pourront nous rejoindre en fusionnant leur liste avec la notre comme la règle électorale le permet. A ce moment là, la répartition se fera à la proportionnelle selon les voix obtenues au premier tour. »

Un premier tour qui sera sûrement évoqué le vendredi 29 janvier lors du meeting d’Europe Ecologie à Mende à 20h30 en présence de José Bové et de Jean Louis Roumegas, tête de liste des Verts en Languedoc-Roussillon.

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Mis à jour le 26 janvier à 20h00

Georges Frêche controversé mais soutenu

Georges Frêche bénéficie d’un large soutien. Il s’appuie sur ses puissants réseaux, mais pas uniquement. Les représentants locaux du Mouvement des Jeunes Socialistes et de la gauche du PS soutiennent le monarque local.

« Je n’ai qu’un seul ennemi, la droite: l’UMP et le FN ». Georges Frêche se présente comme l’unique recours face à l’UMP. Son discours lors de l’inauguration de son local de campagne, samedi 23 janvier 2010, affiche les ambitions du candidat président. Au-delà, il espère rallier toute la gauche autour de lui. Yves Pietrasanta, des Verts, et le communiste Jean-Claude Gayssot ont déjà intégré sa liste. Georges Frêche demeure soutenu jusqu’à la gauche du PS. Pourtant, le personnage alimente la controverse. Propos racistes, politique clientéliste, démagogie revendiquée, le président de Région sortant n’est pourtant jamais contesté dans son hégémonie.

Ralliement électoraliste

En 2007, Georges Frêche est exclu du PS pour avoir évoqué le trop grand nombre de noirs en équipe de France selon lui. La gauche du PS, incarnée par Benoît Hamon, revendique l’initiative de cette exclusion. Cependant, en 2010, avant les élections, les avis ont soudainement changé. En dehors de quelques personnalités, la majorité du PS se range en ordre de bataille derrière le féodalisme local. Les diverses personnes interrogées à l’issue du discours ne sont pas perturbées par les frasques du personnage ni par sa politique.

Merry Laballe, qui dirige le Mouvement des Jeunes Socialistes de l’Hérault, défend le bilan de Georges Frêche. Le soutien de Chasse Pêche Nature et Tradition, proche de la droite, ne la dérange pas. Elle insiste sur l’accord général autour du programme: « si CPNT rejoint notre programme, alors ce n’est pas gênant de s’allier avec eux ». Les propos de Georges Frêche, considérés comme racistes, et son autoritarisme sont relativisés: « Je pense que cela fait partie du personnage. Mais, au-delà de son caractère, il faut observer tout ce qu’il a fait pour la région ». La jeune politicienne égrène les quelques mesures qu’elle juge sociales, prises au cours du mandat régional. Interrogée sur l’opposition à l’implantation d’Agrexco, entreprise israélienne jugée criminelle, elle semble douter: « Je ne sais pas, il faut évaluer le bon et le moins bon ». Cependant, le soutien affiché de Georges Frêche au colonialisme israélien n’est pas remis en cause.


Efficacité plutôt que convictions

Michaël Delafosse, jeune élu municipal, se range sans sourciller derrière le candidat contesté: « Martine Aubry soutient également Georges Frêche. C’est le seul recours pour battre la droite. L’objectif c’est de voir la région en rouge le soir des élections ». Mais le rouge ne cesse de pâlir. Pas pour lui. Tout en serrant des mains pour saluer les gens qui l’entourent, il dresse l’éloge du bilan de Georges Frêche: « Il a construit des collèges, y compris pour les catégories populaires ». Il écarte les accusations de clientélisme: « le plus important, c‘est que la gauche l’emporte pour faire contrepoids avec le gouvernement de droite ». Georges Frêche considère également avoir toujours été élu par des cons. Michaël Delafosse ne semble pas heurté par ses propos, il ajoute: « Les électeurs sont parfois cons. Quand je discute avec les gens je vois qu’ils ne savent pas tout ce que l’on a fait pour eux ».

En revanche, le conseiller municipal laisse planer un doute sur la politique régionale à venir: « Georges Frêche a dit qu’il n’allait pas augmenter les impôts. Moi, je suis plutôt pour la redistribution et je ne suis pas contre l’augmentation des impôts ». Cependant, les promesses de dépenses sociales sont nombreuses et se révèlent alors démagogiques. L’élu écarte cette contradiction: « Je suis à la gauche du PS. J’ai des désaccords avec beaucoup de socialistes, et pourtant nous sommes dans le même parti ». Le jeune élu tente d’apparaître « de gauche » tout en soutenant un candidat qui affiche des convictions réactionnaires. Michaël Delafosse, à l’image de son mentor, se paie même le luxe de dénoncer le supposé antisémitisme des opposants à l’oppression du peuple palestinien. Au PS, l’indignation antiraciste demeure un argument électoraliste à géométrie variable.


Un règne sans fin

Des personnalités proche de la gauche du PS et de Benoît Hamon au niveau national participent donc à la campagne de Georges Frêche. Marc Chicaud, sympathisant socialiste, ne masque pas ses doutes: « Il ne fait plus l’unanimité. Beaucoup de personnes sont choqués par ses propos et par sa politique ». Marc Chiraud est davantage attiré par Europe Écologie mais considère qu’ « il y a des liens amicaux qui font que je suis ici ».

Les réseaux de Georges Frêche s’étendent jusqu’à la gauche du PS. Entre communication et clientélisme, il règne comme un seigneur sur ses terres. Les personnalités du socialisme local ne veulent pas se heurter au président tout puissant, car son despotisme peut ralentir leurs ambitions.

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Mis à jour le 24 janvier à 21h30

Les règles du jeu

Les 14 et 21 mars 2010, les Languedociens vont renouveler les 67 sièges qui composent leur Conseil Régional, situé en face d’Antigone, sur l’avenue de la Pompignane. Mode d’emploi de ce scrutin, le plus complexe d’entre tous en France, et de loin.

À chaque élection ses particularités : lors des régionales de mars prochain, les citoyens des 22 régions, ne voteront pas pour un nom : ils voteront pour une liste candidate aux sièges de l’assemblée régionale. Chaque liste doit respecter la parité femmes/hommes, c’est la règle. Mais plus un nom est haut sur la liste, plus son propriétaire a de chance d’obtenir un poste de conseiller régional. Et aucune règle n’oblige les partis à placer des femmes devant les hommes sur les listes. L’assemblée du Conseil Régional n’est donc pas forcément paritaire. Actuellement, 38 hommes et 29 femmes la composent.

Au premier tour, les électeurs voteront pour l’une des huit listes en présence dans la région Languedoc-Roussillon. Chacune des listes représente un parti, un rassemblement de partis, voire un rassemblement de mouvances politiques disparates autour de personnalités. Le soir du 14 mars, il faudra compter les points.

Si une liste dépasse d’emblée 50% des suffrages exprimés, l’élection s’arrête : les vainqueurs raflent une prime majoritaire qui correspond au quart des sièges (17 sièges). Les sièges restants sont ensuite distribués à toutes les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés. Le principe ? Celui de la proportionnelle : une liste qui fait 7% des suffrages exprimés obtient 7% des sièges. A noter que le vainqueur participe à cette distribution. Il est donc doublement payé pour son score. Mais selon toutes vraisemblances, aucune des listes ne parviendra à 50% des voix dès le premier tour. Il y aura donc un deuxième tour qui se tiendra le 21 mars.

essai.pngAu deuxième tour, toutes les listes ayant obtenu au moins 10% une semaine plus tôt peuvent participer au scrutin ou fusionner entre elles. En revanche, les listes qui n’ont pas dépassé 5% au premier tour sont purement et simplement éliminées. Les membres de ces listes ne peuvent pas être élus. Quant aux listes qui ont obtenu entre 5% et 10% au premier tour, elles gagnent le droit de fusionner mais pas de participer au deuxième tour. Autrement dit, les leaders des listes concernées peuvent rejoindre une liste toujours en course, en monnayant le soutien de leurs électeurs contre des postes et un rapprochement des programmes. Tout de suite après les résultats du 14 mars, ce sera donc le temps des négociations, des alliances, des rapprochements et des fusions de listes. En principe, tout sera réglé dans la nuit du 14 au 15 mars.

Au premier tour, compte tenu de la situation actuelle, il pourrait y avoir entre deux et cinq listes dépassant les 10%. En fait, elles seront probablement trois ou quatre. Mais rien ne permet pour l’instant d’aller plus loin dans les prévisions. Selon le dernier sondage TNS/Sofres commandité par le PS et publié par Midi Libre mercredi 20 janvier 2010, trois listes sont actuellement juste en-dessous des 10%, et trois autres sont au moins à 14%. Quant aux deux dernières listes, elles devront se battre dans les semaines qui nous séparent de l’élection pour atteindre au moins le seuil des 5%. Rien n’est encore fait, la campagne commence tout juste.

Sur les listes présentes au deuxième tour, certaines vont donc fusionner entre elles et/ou avec d’autres petites listes. L’objectif : rafler au deuxième tour la première place qui permet d’obtenir la prime au vainqueur (les fameux 17 sièges). Et faire le meilleur score possible pour obtenir un pourcentage confortable de sièges restants. En 2004, la majorité a raflé 43 sièges avec 51,17% des voix.

Le conseil régional du Languedoc-RoussillonSi trois listes restent en lisse jusqu’à la tenue du deuxième tour, on parlera d’une triangulaire. Une quadrangulaire avec quatre listes. Une fois la composition de l’assemblée connue, tout ce nouveau monde pourra alors s’installer au siège de la région, se répartir en quelques groupes politiques, et désigner les membres des commissions et les vices-présidents. En principe, la personnalité conduisant la liste arrivée en tête au deuxième tour sera le prochain Président de la Région.

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Mis à jour le 5 février à 22h00

La candidature de Georges Frêche : « un aveu d’impuissance » de la direction du Parti socialiste

Samedi 23 janvier, Georges Frêche lançait officiellement sa campagne pour les élections régionales en inaugurant son local à Montpellier. Le président sortant de la région Languedoc-Roussillon mettait ainsi un terme au feuilleton à rebondissement le mettant aux prises avec la direction du Parti socialiste.

La cause est entendue. Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste soutient la candidature de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochains.

La maire de Lille l’a une nouvelle fois affirmé dimanche 17 janvier au micro du « Grand Jury » RTL – Le Figaro – LCI. Saluant l’action de Georges Frêche pour la région, elle a estimé que « oui », si elle était résidente du Languedoc-Roussillon, elle voterait pour lui. La première secrétaire du PS précisait toutefois qu’elle aurait « préféré une autre solution et un autre candidat de gauche avec l’ensemble de nos partenaires de gauche ». Et de rappeler que « Georges Frêche n’a pas l’investiture du PS ».

Ce soutien de Mme Aubry au président sortant se veut donc avant tout l’assurance pour le Parti socialiste de ne pas voir la droite l’emporter en Languedoc-Roussillon. « J’espère qu’il gagnera parce que je ne veux pas que cette droite gagne […] Jamais je ne ferais le jeu de la droite » a-t-elle ajouté.

Mais ce soutien correspond également à une certaine logique électoraliste pour une première secrétaire qui a affirmé à plusieurs reprises vouloir réaliser le « grand chelem » en l’emportant dans les 22 régions de la France métropolitaine. Dans cet objectif, Martine Aubry a sans doute intérêt à soutenir Georges Frêche, exclu du PS en 2007, aussi controversé soit le personnage. Un récent sondage vient d’ailleurs la conforter dans ce choix en créditant le président de région de 29% des intentions de vote (ndlr notons tout de même que le sondage a été commandité par le PS et, en l’occurence, se porte en faveur du PS). Soutien en demi-teinte donc, soutien « contraint », mais soutien malgré tout.

Victoire « Frêchiste », désaveu socialiste

La candidature de l’ancien maire de Montpellier prend donc une forme de désaveu pour la direction du Parti socialiste qui affirmait, au lendemain de la déroute électorale des européennes de juin dernier, ne pas souhaiter le reconduire à la tête de la région Languedoc-Roussillon. A la Rochelle au mois d’août, lors de l’université d’été du PS, les caciques du parti continuaient d’affirmer qu’« il serait difficile de soutenir Georges Frêche ».

Sur le site du Parti socialiste, Arnaud Montebourg affirmait que « Georges Frêche et son système ne sont décidément pas solubles dans la rénovation du socialisme ». Le Secrétaire national chargé de la rénovation s’en prenait alors à « son hostilité radicale et son mépris affiché pour un parti qu’il n’imagine pas se rénover un jour ».

Et pourtant ! En dépit de cet apparent consensus interne de ne pas voir M. Frêche reconduit à la tête de la région, c’est bien pour ce dernier, sous couvert de la candidature de Didier Codorniou, que les militant ont massivement voté (plus de 90% des votes) les 1er octobre et 3 décembre dernier. Un vote en forme de plébiscite qui se faisait au dépend du candidat soutenu par la direction du parti, Eric Andrieu.

Mise devant le fait accompli, Martine Aubry devait prendre acte, le mardi 8 décembre, de la décision des militants. Sans avaliser officiellement la candidature de Georges Frêche, la direction du parti annonçait qu’elle ne présenterait pas de liste alternative pour faire barrage au président sortant. « Nous n’entérinons pas sa candidature qui] réellement nous a posé un certain nombre de questions » déclarait ainsi Marine Aubry le 9 décembre au micro de [France Inter. « Nous prenons acte du vote des adhérents de cette région […] Nous ne proposerons pas à la Convention nationale de donner l’investiture nationale à Georges Frêche. Et nous ne proposerons pas un autre dispositif, car sans nos partenaires, ce serait ajouter de la division » précisait de son côté Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections. Une petite victoire pour Georges Frêche, qui prend pour le PS la forme d’un désaveu majeur.

« Indéboulonnable » Georges Frêche

Au final, un tel déroulement témoigne d’une chose : l’assise de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon présent depuis 1973 dans le paysage politique local.

Contacté par hautcourant, Michel Noblecourt, éditorialiste au journal Le Monde, spécialiste du Parti socialiste, explique que l’ancien maire de Montpellier « apparaît indéboulonnable, par le parti ». « C’est vrai que c’est un aveu d’impuissance [pour le PS] mais Frêche tient solidement et fermement la région » poursuit l’éditorialiste. A ses yeux, la victoire de du Président ne semble faire guère de doute : « je ne crois pas qu’il puisse être très inquiété » reconnait-il.

Si Georges Frêche s’est félicité de la décision du parti de ne pas proposer d’investiture officielle face à sa liste, jugeant que cela relevait du « bon sens », il n’a toutefois pas manqué de railler la position de la direction socialiste à son égard. Ainsi déclarait il au micro d’Europe 1, samedi 16 janvier : « Ils sont sympas au PS mais il y a beaucoup de faux culs ». Et d’ajouter, non sans provocation « Si je perds ce sera moi qui perdrait, si je gagne ce sera le PS qui gagnera ».

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Georges Frêche, potentiel grand vainqueur des régionales 2010

A deux mois des élections régionales, une étude TNS/SOFRES démontre que Georges Frêche, le candidat sortant, pourrait être le grand vainqueur des Régionales 2010. Selon toute vraisemblance, le candidat de la liste PS a toutes les chances d’être réélu à la tête du conseil régional du Languedoc-Roussillon.

Selon un sondage TNS/Sofres, Georges Frêche, tête de liste du PS et candidat à sa propre succession est le grand favori des Régionales 2010. D’après un sondage paru dans le quotidien Midi Libre, dans l’édition du mercredi 20 janvier 2010, les intentions de vote, au premier tour, seraient en faveur du candidat PS-divers gauche, avec 29 % d’intentions de vote. Le candidat de la liste UMP-Nouveau centre MPF, Raymond Couderc, arrive en deuxième position avec 26 % d’intentions de vote. Les Verts, représentés par Jean Louis Roumegas, occupent la troisième place, avec 14 % d’intentions de vote. La liste NPA-Front de gauche, représentée par René Revol remporte 9 % d’intentions de vote, juste devant France Jamet, candidate FN qui obtient 8 %. La liste Alliance écologiste indépendante conduite par Patrice Drevet représente 7% d’intentions de vote et enfin 4 % pour la liste Divers droite conduite par Christian Jeanjean.

Par ailleurs, un sondage «national» CSA réalisé par téléphone les 13 et 14 janvier auprès de 880 personnes inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas), paru dans le Nouvel Obs.com, déclarait le partie UMP/NC/MPF vainqueur avec 33 % d’intention de vote aux régionales de Mars 2010. Devant le PS 22% des voies et Europe-Ecologie-vert, avec 15 % des voies. D’après un autre sondage CSA réalisé pour Le Parisien/Aujourd’hui en France et daté du dimanche 17 janvier: l’abstention et les bulletins blancs ou nuls concerneraient quant à eux 49% des sondés contre 51% en octobre dernier. Période à laquelle les intentions de votes étaient de 31% pour La liste Nouveau Centre/UMP/MPF soit une progression de 2 points ; 21% pour le PS (+1point) et 17% pour les écologistes (moins 2 points).

Les autres formations sont créditées de moins de 10% des intentions de vote: 9% pour le MoDem (+1 point), 7% pour le FN (moins 1 point), 6% pour le Front de gauche (PCF-PG), qui ne bouge pas alors que le NPA aurait 5% des voix (moins 1 point) et que LO (lutte ouvrière) reste à 3% des intentions de vote.

Mais selon un rapport adopté par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) le 09 décembre 2003, en application de la loi du 06 janvier 1978, les sociétés de sondages se doivent d’être transparentes quant à la méthodologie utilisée lors de la réalisation des sondages. Ce qui est loin d’être le cas dans les faits. Par conséquent, les chiffres sont à prendre avec beaucoup de précautions. Rien n’est encore joué. Tout peut arriver…

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La Sixième Fête des Vignes, le cache-misère

Dans une ambiance que l’on aurait pu imaginer plus tendue, suite à la manifestation houleuse des viticulteurs du mercredi 25 novembre 2009 à Montpellier, la sixième édition de la Fête des Vignes s’est déroulée dans le calme et a donné l’occasion, cette année, à 49 domaines vinicoles d’être sur le devant de la scène locale, place de la Comédie, les 27 et 28 novembre 2009. Seul hic, et pas des moindres, les vignerons présents se trouvent en réalité à l’abri de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon…

Eux, ne sont pas concernés par les problèmes de la chute des ventes et des prix. Les viticulteurs qui occupaient les stands, étant tous situés dans l’agglomération de Montpellier, bénéficient en effet d’un accès facile à leurs caves, au regard de la proximité avec le centre-ville et des infrastructures routières rapides. Interrogés à propos de leur rapport à la crise, ils ont un discours qui est sensiblement le même : dans un premier temps, ils compatissent avec les viticulteurs en colère et vantent pour la plupart les mérites du label Sud de France pour pallier à cette crise -n’oublions pas qu’ils ont été invités par le créateur dudit label, Georges Frêche…- . Ensuite, lorsque nous les interrogeons plus longuement, ils avouent alors ne pas se sentir concernés : « C’est quand on est plus loin de Montpellier qu’on est confronté aux problèmes d’exportations. Nous, on fait du commerce local » nous dit Benoit Lacombe, à 37ans, après sept ans d’exploitation du domaine de Rieucoulon, et exerçant parallèlement une activité de chercheur en biologie végétale au Centre National pour la Recherche Scientifique.

Nous pouvons alors distinguer les présents des absents : d’une part les petits exploitants à faible production, souvent situés aux abords de Montpellier, présents donc pour la plupart à cette fête, et d’autre part, les absents, en crise, les moyennes et grandes exploitations de l’arrière-pays dont l’export seul permet d’écouler la forte production dont les grandes surfaces ne veulent pas. Les présents étant forcément satisfaits de rentrer dans leurs frais et de profiter de cette publicité extraordinaire que prodigue cette Fête des Vignes : « Il y a plus de monde près de Montpellier c’est plus facile pour nous de nous faire connaître, et cette Fête permet aux passants de découvrir des domaines qu’ils ne connaissaient pas ! » résume Patrick Galtion, un des vendeurs présents au stand des caves de Saint-Georges d’Orques. Ne peut-il pas alors sembler choquant que ce soient les mêmes qui cumulent tous les avantages, à savoir proximité, faible coût d’exploitation et publicité peu onéreuse, quand la crise se déroule aux portes de l’agglomération?

D’ailleurs, Georges Frêche en a paru gêné si nous nous fions au ton coléreux du discours qu’il a prononcé pour l’inauguration de la fête, vendredi après-midi. Le Président d’agglomération a en effet développé longuement et avec virulence une grande partie de ses propos sur le thème de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon, jouant par là-même le rôle de Président de région sortant en pré-campagne. Alors que Benoit Lacombe fera une distinction entre « un regroupement de commercialisation vertueux et un regroupement de production moins efficace », Georges Frêche déclare vouloir « regrouper tous les domaines de la région pour mettre un terme à la parcellisation de l’offre », c’est à dire sous la bannière Sud de France. Contraste alors entre un ton électoraliste, populiste, « maurrassien » dira un observateur -en référence aux louanges adressées à la viticulture latine-, et le contexte d’une Fête des Vignes favorisant parmi les viticulteurs, ceux qui en ont le moins besoin… Au final, l’auditoire était peut-être plus abasourdi et confus qu’enthousiaste, par le décalage entre la nature des propos de Georges Frêche et le sourire des viticulteurs présents à cette manifestation.

Face à ce discours, nous avons aussi pu échanger quelques mots avec François Delacroix, directeur général des services de l’agglomération de Montpellier, qui pour sa part a évoqué, que la volonté était plutôt de « promouvoir l’excellence et la qualité ». Il est vrai que depuis vingt ans le vin local a considérablement évolué vers plus de qualité : si ce n’est que pendant ces vingt dernières années, Georges Frêche n’a passé que cinq années à la tête de la région. Et enfin, M. Delacroix de nous avouer : « Il fallait qu’on montre qu’on s’occupait de la préservation du monde viticole. ». Une devanture donc, rendue attractive par un prix de deux euros pour trois verres en théorie, mais pour une dégustation à discrétion dans les faits -aucun ticket ne nous a été demandé-. Clairement, une vitrine soigneusement décorée, pour afficher les performances de l’agglomération… tout en masquant une crise grave que la Région ne sait toujours pas résoudre.

Franck Michau

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A Montpellier, Frédéric Lefebvre se livre à une attaque en règle contre Georges Frêche, « l’homme de la double outrance »

Lundi 14 décembre, Raymond Couderc, sénateur-maire de Béziers et tête de liste UMP pour les prochaines élections régionales de mars 2010 en Languedoc-Roussillon, inaugurait sa permanence, non loin de la place de la Comédie. Pour l’occasion, le candidat a reçu le soutien de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP.

« La place de la Comédie n’a jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui, avec un président de région qui ne cesse de faire le comédien tous les jours ! ». Les propos de Frédéric Lefebvre donnent rapidement le ton et la nature de son discours : une attaque en règle du bilan et de la personne de Georges Frêche.

Il faut dire qu’au regard du contexte, il pouvait difficilement en être autrement. La venue du porte-parole intervient en effet quatre jours après le dépôt d’une plainte pour diffamation de Georges Frêche contre Éric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale et Frédéric Lefebvre. Une plainte qui vient se rajouter aux offensives de la fin du mois de novembre quand le porte parole du parti présidentiel avait choisit de décerner au président de la région Languedoc-Roussillon deux « satanas d’or », trophées de l’UMP liés à la fiscalité régionale.

« L’homme de la double outrance »

Dans ce climat délétère, le discours de Frédéric Lefebvre a donc été sans vraies surprises. « Georges Frêche est l’homme de la double outrance » a-t-il asséné à plusieurs reprises. Pour le porte-parole de l’UMP, les élections régionales de mars 2010 sont l’occasion de « tourner une page qui s’assombrit de jours en jours ». Mais, visiblement peu à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer avec précision le bilan chiffré de la politique fiscale de la région, Frédéric Lefebvre délaisse rapidement les aspects techniques du discours pour ne se concentrer que sur la personne de George Frêche.

Il est sûr que dans cet exercice, le proche de Nicolas Sarkozy excelle. « Les socialistes du Languedoc-Roussillon doivent avoir honte » lâche-t-il devant un parterre de fidèles comblés. Et de s’interroger, « Peut-on continuer avec un homme qui méprise à ce point les gens ? ».

L’occasion pour M. Lefebvre de revenir sur la plainte en diffamation déposée contre lui. « C’est une opération d’intimidation, de diversion, une manœuvre scandaleuse, s’emporte-t-il, il s’agit là de méthodes d’un autre âge ». D’autant plus que le président de région « a la plainte sélective ». Une raillerie qui vise directement le Parti socialiste, et notamment Arnaud Montebourg qui avait jugé « inacceptable » le soutien de son parti à Georges Frêche. « Pourquoi n’a-t-il pas déposé plaine contre lui ? » s’est faussement interrogé Frédéric Lefebvre.

En concluant son discours, le membre de la majorité s’est adressé directement à Raymond Couderc. « Raymond, on a besoin de toi, il est temps qu’il y ait à la tête de la région quelqu’un qui travaille plutôt que quelqu’un qui parle mal » lui a-t-il lancé.

« Une région apaisée »

Dans son discours, précédant celui de Frédéric Lefebvre, le tête de liste UMP s’était voulu moins offensif à l’égard de son adversaire, allant même jusqu’à s’inquiéter de son état de santé. « Je lui souhaite mes vœux de prompt rétablissement, car je veux une victoire avec panache » a jugé le sénateur-maire de Béziers.

Ponctués de « nous voulons » ses propos se sont portés en priorité vers les zones rurales de la région. « Nous voulons une région apaisée, qui ne soit pas montrée du doigt, une région qui se préoccupe de l’ensemble de son territoire, de ses habitants et non pas seulement de sa capitale » a exigé la tête de liste. Parmi ces préoccupations, la sécurité, thème phare de l’UMP, n’a pas été oubliée par Raymond Couderc : « Il faut développer la vidéosurveillance, dans les lycées et dans les transports publics, notamment dans le Ter ».

Un discours lissé, sans véhémence, qui contrastait habilement avec les propos à venir de Frédéric Lefebvre. Le porte parole de l’UMP est décidément bien dans son rôle.

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