Il Divo de Paolo Sorrentino : divin mais pas trop

En salle depuis le 31 décembre 2008, Il Divo retrace la chute du président du Conseil italien, Giulio Andreotti au début des années 1990. Paolo Sorrentino réalise ici une satire (érudite) du pouvoir en Italie esthétiquement réussie. Une noirceur rythmée à la musique et au burlesque intelligemment parsemés. Quel dommage que le scénario soit si compliqué !

Giulio Andreotti, il divo, entame son septième mandat à la tête du gouvernement. Il commandite des assassinats politiques à la mafia. Il est craint. Pourtant il n’a pas le physique d’un Corleone, plutôt d’un droopy fantomatique. Ce septuagénaire bossu arbore des lunettes grossissantes posées sur des oreilles décollées. Jambes serrées et bras scindés au corps, il se déplace avec une vélocité clownesque.

L’improbable éminence noire interprétée magistralement par Toni Servillo fait rire mais surtout frémir : « Seuls ceux qui croient en Dieu peuvent comprendre que pour obtenir le bien, il faut faire le mal « .
La répartie cynique réservée à il divo dans les dialogues frappe, le spectateur désormais à l’affût de ses répliques autant que des accélérations du film. En effet, l’ancien publicitaire et réalisateur de L’Ami de la famille et Conséquences de l’amour a su utiliser des plans et mouvements de caméra efficaces, mis en valeur par une musique éclectique. Le tout décrivant un univers noir bien que souvent ridiculisé, l’Italie en proie aux attentats des brigades rouges, des exactions de la mafia et des opérations mains propres éclaboussant le monde politique et son seigneur (Il Divo) Andreotti.

Là réside la grande faiblesse du film. Le spectateur doit s’accrocher s’il ne veut pas être submergé par les détails des procès, meurtres ou par l’avalanche de noms d’hommes politiques. Difficile aussi de suivre le fil de l’intrigue tant les scènes sont décousues.

Bref, un désordre noir, burlesque au visuel impeccable qui mérite tout de même son prix du jury obtenu au dernier festival de Cannes.