Le nationalisme hindou, une menace pour les chrétiens indiens ?

En Inde, la communauté chrétienne est la cible d’attaques perpétuées par des extrémistes nationalistes hindous partisans d’un pays hindouiste. Les violences sont telles que le Vatican appelle au calme et la communauté internationale demande au gouvernement central de résoudre le conflit entre les communautés.

Le 23 août 2008, Swami Laxmanananda Saraswati, dignitaire du Conseil Mondial Hindous et membre du parti politique, le Vishwa Hindu Parishad (VHP) est assassiné dans son ashram de Tumudibandha, avec quatre de ses proches. Âgé de 85 ans, Swami Laxmanananda Saraswati était connu pour son engagement contre les conversions d’Indiens au christianisme.

L’enquête policière conclut à un acte terroriste de la part des rebelles maoïstes, très actifs dans la région. Mais les extrémistes hindous accusent ouvertement les chrétiens d‘avoir tué un de leur représentants religieux. Débute alors une série d’incendies orchestrés par les nationalistes hindous à Orissa. Ils causent la mort de 35 personnes et détruisent 41 églises et des centaines de maisons appartenant à des chrétiens. Des attaques de plus en plus brutales et déterminées qui entraînent l’exil de milliers de villageois qui ont trouvé refuge dans les commissariats ou les forêts avoisinantes.

Un Pape à la rescousse

Le soutien du Pape Benoit XVI a donné une bouffée d’oxygène à la communauté chrétienne du pays, «Les propos du pape attirent l’attention du monde sur les problèmes d’une minorité qui ne peut pas se défendre seule» a déclaré le père Dominic Emmanuel, porte-parole du diocèse de Delhi. Les chrétiens ne se sentent plus totalement isolés et savent que la communauté internationale a appelé le gouvernement fédéral indien a sécurisé la région d’Orissa et les autres régions du pays pouvant être atteintes par des émeutes d’extrémistes.

Toutefois, le clergé catholique d’Inde n’en est pas à sa première attaque contre sa communauté. En 1999, le missionnaire Graham Staines est brûlé vif avec ces deux fils à Orissa. Plus récemment, à Karnataka, une cinquantaine d’hindous ont tenté de brûler la maison d’une famille catholique. Ces derniers ont été reçus par une escouade paramilitaire. Deux pasteurs et six paroissiens chrétiens ont tout de même été blessés lors de ces émeutes. Selon le quotidien Times of India, « sept églises et lieux de culte, ainsi qu’une maison de convertis, ont été mis à sac ».

L’année 2007 a été la plus meurtrière. L’Association de défense des chrétiens de New Delhi dénombre des centaines d’attaques contre leur communauté. Fin 2006, la ville d’Orissa a vu mourir cinq personnes assassinés par les extrémistes et deux-cent églises catholiques ou protestantes détruites.

Le 3 octobre 2008, jour de la commémoration du 139ème anniversaire Mahatma Gandhi, des centaines de chrétiens ont manifesté dans les rues de la capitale, New Delhi pour demander que cesse les violences à leur encontre à Orissa et Karnataka. La plupart, munis de pancartes aux slogans évocateurs : « Arrêtez de tuer des chrétiens innocents en Inde » ou « Nous devons vaincre la violence ».

Les principaux responsables

Malgré la loi admettant la liberté de religion dans la Constitution Indienne, deux partis politiques tirent leur épingle du jeu. Le Vishwa Hindu Parishad (VHP Association hindoue universelle) et le parti politique Bharatiya Janata Party’s (BJP Parti du peuple indien) prônent la suprématie des hindous et n’hésitent pas à soutenir des campagnes antichrétiennes pour emporter les élections.

Cette politique fonctionne. En 2007, le BJP a remporté quatre états indiens battant de loin le parti du Congrès (parti laïque et centriste indien). L’idéologie nationaliste hindoue appelée hindutva s’oppose au conversion au christianisme des dalits (les intouchables), des basses castes et les membres de tribus.

Suite à l’appel des chrétiens lors de la manifestation d’octobre dernier à New Delhi, la communauté internationale a appelé le Premier Ministre Manmohan Singh à mettre en place des mesures pour lutter contre les violences antichrétiennes. Malgré les centaines d’arrestations opérées par la police, tous se tournent vers la présidente Pratibha Devisingh Patil, qui doit intervenir au plus vite avant que la situation ne devienne incontrôlable.