Nouveaux bombardements sur Motor City

Mick Collins, parrain de la nouvelle scène rock de Detroit ( White Stripes, Raconteurs, Von Bondies… excusez du peu ) sort un quatrième LP avec son gang. Les Dirtbombs nous assènent à nouveau une leçon bruyante de bonne conduite.

Detroit, terre de contraste… ville industrielle griseatre, «Motor City» siège de General Motors et de Ford, pourtant sinistrée économiquement, sinistrée socialement… mais hyperactive musicalement.

Iggy Pop lui-même n’hésite pas à le rappeler, Detroit, c’est la ville des Stooges (enfin, presque, le père Iggy n’aime pas trop les complications), mais c’est aussi celle du label Tamla Motown, qui définira le son de la musique noire à partir de 1959. Le rock et la soul. Les deux rejetons de blues. Les deux frères ennemis se rejoignent ici pour s’affronter, se confronter. Nul ne peut d’ailleurs contester le coté soul du plus grand groupe de Rock de Detroit, le MC5.

Les Dirtbombs chez le garagiste
Et bien les Dirtbombs, c’est ça. Entre autre. Parce que les Dirtbombs, c’est aussi, et surtout, un moteur entraîné par une double section rythmique. Une machine à Surround plus efficace qu’une Cadillac Eldorado traçant sur la Highway 66.

We have you surrounded, fait office de contrôle technique pour la machine. Dix ans après le premier album, on vérifie que tout va bien. C’est le cas. On retrouve les pièces classiques des Dirtbombs : gros son bourrin, affiné au refrain par un coeur très soul avec des titres comme Ever Lovin’ Man ; Leopardman at C&A ; Pretty Princess Day ou They Have You Surrounded. Poussé dans les tours, le moteur chargé au Stooges ( avec plomb ) rugit sur It’s Not Fun Until They See You Cry ou I Hear The Sirens. Sur Indivisible, Wreck My Flow ou Pretty Princess Day. On se verra contraint de détacher la ceinture de sécurité pour danser : toute résistance à ces rythmiques funky au gros son est impossible. Quand le soleil viendra à se coucher sur un horizon rougeatre, on se calera Sherlock Holmes, et sa longue montée planante.

Le pilote de l’engin, Mick Collins est noir. Et lui, les grandes lignes droite, ça ne lui plait pas tant que ça. Alors dans les années 1980, il décide de faire du garage-rock avec The Gories, son premier groupe, sans basse. Puis il décide en 1992 de monter les Dirtbombs, un side-project pour s’amuser, enregistrer quelques singles. Pour changer, il gonfle le moteur avec 2 basses, et 2 batteries. Finallement, l’énormissime son qui se dégage du capot des Dirtbombs le séduit. Il tentera de piloter cet appareil malgré un line-up des plus instables.

Il semblerait que depuis Dangerous Magical Noise ( 2003 ), le groupe soit parvenu à un équilibre. Ce qui ressort de ce We Have You Surrounded, c’est que le garagiste Collins a trouvé les bons réglages pour son Hot Rod.

Alors, nous n’avons plus qu’à leur souhaiter bonne route !