Montpellier : des p’tits coins écolos en centre-ville

Des toilettes publiques écolos : le projet imaginé par Ecosec, jeune entreprise Montpelliéraine, est en passe de séduire la municipalité. Ingénieur en sciences de l’eau, Vincent Le Dahéron fait partie de l’équipe et apporte son expertise en matière de valorisation des urines. Alors qu’Ecosec présente son projet à Paris dans le cadre de la COP21.

-115-r90.jpgÊtre écolo en faisant pipi ou popo c’est possible ! Ou ça le sera bientôt à Montpellier, grâce à Ecosec et son projet de toilettes sèches. Vincent y croit : «amovibles sans eau et sans sciures» ces toilettes trôneront un jour sur la place de la Comédie.

Ecosec voudrait remplacer les toilettes publiques «sales» et «coûteuses» pour la collectivité : «notre location est plus chère, mais fait économiser 2 000 euros d’eau et d’électricité par an à la ville», explique Vincent. Et l’ingénieur l’affirme, «pour trois cabines installées en centre-ville nous pouvons créer deux emplois à temps-plein». On parle ici «réinsertion et emploi local» uniquement. Car Ecosec n’oublie pas d’où elle vient : Montpelliéraine, elle est aussi une société coopérative et participative (SCOP) récemment intégrée au parc Réalis de la ville (pépinières d’entreprises de l’économie sociale et solidaire, ndlr).

L’entreprise privilégie l’humain. Un financement participatif (12 000 euros récoltés via le site internet Kiss Kiss Bank Bank) et un lien social assuré, le service proposé incluant «des temps de sensibilisation pour les scolaires et le grand public», précise Vincent. Les déchets à valoriser : nos urines et nos matières fécales !

À Montpellier, c’est pour bientôt ?

-114.jpgPrésenté lors de l’Antigone des associations en 2014, la cabine de toilettes sèches a séduit les élus Montpelliérains. Et selon Vincent, le besoin est pressant : «Nous rebondissons sur une des promesses du maire d’installer vingt toilettes publiques en centre-ville.» Durant trois mois, un prototype a été testé au zoo de Lunaret. Même si le côté technique a été une gageure, «la collecte et le nettoyage ont été effectués bénévolement», Ecosec a essuyé «de supers retours» de la part des usagers, lance fièrement Vincent.

«En février-mars prochain, il est prévu d’installer une cabine au parc Montcalm», annonce l’ingénieur. La mairie, elle, suit de près l’entreprise Montpelliéraine et l’encourage à se professionnaliser, «d’où les phases test». Côté recyclage des déchets en revanche, tout est déjà pensé.

Des déchets réutilisés issus de WC écolos et connectés

La valorisation des urines et des matières fécales est distincte : transformation en fertilisants pour les unes, en compost pour les autres. Mais qu’en est-il du fonctionnement de la cabine ? En ingénieur vert aguerri, Vincent lance son argumentaire transition écologique : «Panneau photovoltaïque pour alimenter la cabine, microprocesseur pour sonder le niveau d’urine, système de séchage des matières fécales, détecteur de présence pour mesurer la fréquentation et géolocalisation.»

Toilettes écolos certes, mais toilettes connectées ! «À l’intérieur, il y a un Flash Code qui renvoie à un questionnaire de satisfaction sur internet», ajoute Vincent. Car aujourd’hui, on l’emporte même aux latrines, notre smartphone !

Élément important, ces WC durables sont surtout «sans odeurs». Un qualificatif un peu surprenant pour des toilettes, qui plus est publiques. Comment est-ce possible ? «Le nettoyage est effectué par un technicien, en vélo, cinq fois par jour», s’enthousiasme l’ingénieur qui insiste sur «la nécessité de limiter les émissions de CO2».

Les citoyens sont-ils prêts à passer le cap ? «Je le pense oui», affirme Vincent. «Ce n’est pas non plus un retour à la bougie, mais un confort d’hygiène et une manière de dire : allons de l’avant !» Et Ecosec s’est vite mis au vert : la cabine a trôné à Paris, dans le cadre de la COP21.

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Les villes sont grandes, le monde est petit

Avec Slinkachu, l’art est à portée « de pied ». L’artiste londonien peint des petites figurines, qu’il dispose et photographie à même la rue. Des œuvres à échelle « nano » qui sort le street-art de ses repères habituels.