WikiLeaks : « Le 11 septembre de la diplomatie mondiale »

Le 28 novembre dernier, WikiLeaks a commencé la publication de plusieurs milliers de mémos diplomatiques américains. Relayés par cinq grands quotidiens mondiaux (Le Monde, El Pais, The New York Times, The Guardian et Der Spiegel) les révélations du site restent au cœur de tous les débats. Deux experts, Guillaume Dasquié, journaliste d’investigation à Libération, et Mathieu O’Neil, maître de conférence à la Sorbonne, expliquent ce phénomène controversé.

Un miroir de la culture hacker

En créant WikiLeaks, Julian Assange, a fait connaître au grand public une pratique informatique réservée aux seuls hackers depuis les années 1990. conference_wikileaks.jpg Spécialiste des médias alternatifs aux États-Unis, Mathieu O’Neil est venu expliquer aux Montpelliérains cette révolution dans le monde de l’information. Cet universitaire australien a tenu à rappeler, mardi 14 décembre, que les fuites publiées par le site ont été fournies par des hackers, « ces informaticiens qui travaillent de façon totalement libre […]. Aux États-Unis, leur culture est basée sur une vision libérale, voire libertaire. On parle de tout et tout peut se dire. » Cet esprit venu d’outre-atlantique suscite l’incompréhension des Européens, notamment « l’aspect intrusif du hacker, qui entre là où on n’est pas censé entrer. »

Seul véritable principe de WikiLeaks : la transparence. Paradoxalement, cette volonté de dévoiler tous les secrets gouvernementaux repose sur une organisation complexe et opaque. Cette dernière lui d’ailleurs a permis d’échapper aux menaces de fermeture du site. Guillaume Dasquié s’est penché sur la question et donne son avis sur ce système.

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Chaque jour, les câbles diplomatiques paraissent au compte-goutte dans la presse mondiale. Au total, 250 000 documents devraient être publiés. De nombreuses personnes s’interrogent cependant sur cette promesse ambitieuse. Lors des précédentes révélations, sur les guerres en Irak et en Afghanistan, WikiLeaks avait annoncé la mise en ligne d’un grand nombre de documents. Dans les faits, une partie n’a jamais été rendue publique.

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« Premier vrai combat entre les États et Internet »

Les révélations sur l’Afghanistan (ou « Afghan Diaries ») publiées durant l’été 2010 ont attiré l’attention des seuls spécialistes. En dévoilant des pratiques inconnues du grand public, les mémos diplomatiques impliquent aujourd’hui les grands acteurs de la scène politique internationale. De Sarkozy à Poutine, les diplomates américains jugent sévèrement de nombreux responsables, remettant ainsi en cause la confiance des pays envers les États-Unis.

Pour Mathieu O’Neil, « c’est la première fois qu’il y un vrai combat entre internet et les États et que les hackers s’en prennent au pouvoir politique de façon aussi directe. » Cet affrontement pourrait bien être à l’origine « d’un 11 septembre de la diplomatie mondiale ».

Plus rien n’est caché, tout est mis au grand jour :« Avec un tel système, on ne peut plus parler de désinformation, les documents bruts sont accessibles à tout le monde. » Le professeur de la Sorbonne est conscient de la puissance de telles sources. Il relativise cependant le déclenchement de réelles menaces. Ni les diplomates, ni les relations inter-étatiques ne sont en danger. Guillaume Dasquié le rejoint sur ce point.

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Julian Assange, symbole critiqué du site

Indissociable de son fondateur, WikiLeaks vit aujourd’hui au rythme des affaires judiciaires de Julian Assange. La personnalité marquée de ce dernier a déjà provoqué des désaccords avec certains de ces proches collaborateurs. Mathieu O’Neil rappelle le cas de Daniel Schmitt, ou de son vrai nom Daniel Domscheit-Berg, numéro 2 de WikiLeaks, qui « lui avait reproché d’être devenu trop personnel » avant de quitter le site. « Assange a toujours eu envie de tout savoir, pour lui le pouvoir politique n’est qu’une conspiration secrète qu’il faut empêcher de faire fonctionner en révélant ses dossiers confidentiels. »

Ces dernières semaines, de nombreux blogueurs ont étudié le cas Assange, allant jusqu’à y trouver des ressemblances avec Guillaume Dasquié. Flatté de cette comparaison, le journaliste de Libération relativise tout de même ce rapprochement.

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Pascal Riché, Rue89 : réflexions sur une presse en crise

La crise qui touche la presse écrite est de plus en plus présente. Baisse de la diffusion, de la confiance envers les journalistes, journaux détenus par des actionnaires en lien avec le pouvoir. Certains ont trouvé une solution alternative et indépendante à cette situation. C’est le cas de Rue89 crée en 2007 à l’initiative d’anciens journalistes de Libération. Son rédacteur en chef, Pascal Riché, répond à nos questions.

Un point sur la situation actuelle du site Rue89

Rue 89 existe depuis trois ans et se rapproche de l’équilibre. Pascal Riché revient sur le modèle des  »pure players » et explique comment fonctionne son site d’information en ligne. Entre liberté éditoriale et légitimation de l’information sur le net, il défend, arguments à l’appui, un nouveau média qui se bat pour exister.

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Où en est la presse en ligne ?

Internet apparait pour beaucoup comme un outil où les informations ne sont pas fiables, où tout le monde peut donner son information, au risque de la dénaturer. Dans cette vidéo, Pascal Riché explique qu’il a fallu, pour les pure players, partir de zéro et se créer une image crédible et rassurante. Avec d’autres médias sur internet tels que Médiapart ou Slate, Rue 89 a participé à la création d’un statut d’éditeur en ligne où les journalistes sont reconnus comme tels.

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Les limites des médias traditionnels: l’exemple de la télévision lors de l’intervention de Nicolas Sarkozy le 16 novembre dernier. Que peut apporter la presse en ligne?

Rue 89 a, selon Pascal Riché, pour principal objectif de délivrer une information honnête et objective. Il revient sur un épisode de la vie politique française où cette exigence journalistique a été quelque peu bafouée: l’intervention, le 16 novembre 2010 de Nicolas Sarkozy à la télévision, alors interviewé par Claire Chazal, David Pujadas et Michel Denisot.

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MÀJ: 22.11.10, 23h04

Golden Diplomacy @cademy ou la première « net réalité politique »

On connaissait « Nouvelle star », « Star Academy » ou encore « Graine de star » pour les jeunes chanteurs. Une société de production vient de lancer un concours national: Golden Diplomacy @cademy pour promouvoir la diversité et permettre aux jeunes d’intégrer le bureau d’un nouveau mouvement politique, le Mouvement Citoyen Black Blanc Beur (MCB3).

Voter : « il y a une application pour ça »

A quelques jours du vote pour les élections régionales, les tests de positionnement politique fonctionnent à plein régime sur Internet. Ces tests qui ont fait leur apparition lors des dernières élections présidentielles de 2007, proposent soit de vous situer par rapport à un parti politique, soit par rapport au programme d’un candidat.

Une nouvelle application pour iPhone fait son apparition. L’application Politest permet de déterminer de quel parti, ou tendance politique, l’utilisateur est le plus proche. Moins d’une semaine avant le vote aux élections régionales, la nouvelle fait grand bruit.

Cette application est issue du site internet du même nom, créé en 2005 par des anciens étudiants de Science Po, qui voulaient ainsi participer à la lutte contre l’abstention. Politest prétend ainsi inciter les électeurs à accomplir leur devoir civique. «Beaucoup de personnes ne se rendent pas aux urnes, parce qu’ils ne savent pas pour qui aller voter, alors qu’un parti politique correspond souvent à leurs opinions», expliquait le créateur de Politest, Laurent Cald à l’AFP.

Douze grandes questions de société (impôts, immigration, homosexualité, …) permettent de se positionner autour de 26 partis ou tendances politiques que sont : Alternative Libérale, Chasse Pêche Nature et Traditions, Debout la République, le Front National, La Gauche Moderne, Lutte ouvrière, le MoDem, le Mouvement pour la France, le Mouvement Républicain et Citoyen, le Nouveau Centre, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti Chrétien-Démocrate, le Parti Communiste, le Parti de Gauche, le Parti Radical de Gauche, le Parti Socialiste, l’aile gauche du PS, l’aile droite du PS, l’UMP, les tendances centriste, gaulliste, libérale, souverainiste de l’UMP, et les Verts (à travers 3 tendances).

Ce test a déjà fait parler de lui en 2007 lors du vote pour l’élection présidentielle, et a été rejoint par d’autres. Un exemple parmi tant d’autres, celui de LeMonde.fr, qui proposait un quizz permettant de se situer en fonction des programmes politiques défendus par les candidats à la présidentielle.

Bien que Politest ne questionne pas directement sur les enjeux régionaux, il peut aider à se positionner sur l’échiquier politique. Cependant, on ne sait pas si ce test attire plus les indécis que les curieux, ni s’il incite l’électeur à se rendre dans l’isoloir. Quoi qu’il en soit, il va sans doute continuer à fonctionner à plein régime jusqu’au premier tour des régionales, ce dimanche.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Facebook, les dérives d’une success story

Facebook nouveau psy ou nouveau confessionnal des temps modernes ? Dans tous les cas, suscitant un véritable engouement, il connaît aussi des dérives : licenciement, meurtre, espionnage, course effrénée aux amis, commentaires blessants… Le réseau social peut être une véritable bombe à retardement. Et ceux qui résistent à la vague, sont des ringards aux yeux des adeptes.

Facebook, le réseau social planétaire a célébré les 400 millions d’inscrits en février. En un laps de temps record, il est devenu un phénomène mondial sans précédent dans l’univers d’Internet. Tout commence il y a 4 ans. Mark Zuckerberg, un étudiant âgé de 19 ans, ouvre un site pour que ses camarades de la célèbre université de Harvard puissent y afficher, gratuitement, leurs pages personnelles et partager leurs hobbies entre eux. Le réseau s’ouvre rapidement à tous, sans restriction. Le succès est au rendez-vous : plusieurs dizaines de millions d’abonnés aux USA, en Australie et en Europe. Comment se justifie ce développement fulgurant ? Sans doute à cause de cette société de consommation toujours à la conquête de nouveaux produits. MSN, Skype, Twitter… ou aujourd’hui Chatroulette, … à chacun sa gloire temporaire.

Facebook ou le règne de l’espionnage

Facebook est un outil efficace pour tous les espions en herbe. Les amoureux déçus notamment. Vos ex vous ont toujours à l’œil et guettent vos moindres faits et gestes. En partageant sa vie avec une personne, on partage aussi un même cercle d’amis. Vos ex peuvent ainsi vous espionner à travers vos anciens amis communs.

Avec Facebook, votre employeur vous garde aussi à l’œil. Certains n’hésitent pas à décortiquer votre profil et vos amis sur le réseau avant un entretien d’embauche. Par exemple, aux États-Unis, un employé avait menti à son patron en prétextant un problème familial pour s’absenter de son travail. Quelques jours après, un autre utilisateur de Facebook l’a dénoncé, photos à l’appui sur lesquelles il était vêtu d’un déguisement d’Halloween, entrainant son licenciement.

Tuée par son mari pour avoir changé son statut trop tôt..

Ne changez pas trop vite votre statut sur Facebook. Cela pourrait vous coûter la vie ! C’est ce qui est arrivé le 18 février 2008 en Angleterre. Une femme venait de quitter son mari. Quelques jours après, elle a changé son statut de « en couple » à « célibataire ». Cette modification ne prend que quelques secondes et l’ensemble de vos contacts voit ainsi rapidement si vous êtes ou non un cœur à prendre. Or, lorsque que Emma Forrester a procédé à ce changement, son ex-mari Wayne s’est précipité dans sa voiture pour se rendre au domicile de la jeune femme. Sous l’emprise de l’alcool et de la drogue, il a tué la mère de ses deux enfants avec un couteau de cuisine et un hachoir. Il a justifié son crime à la police en disant que ce changement de statut l’avait rendu fou.

Comment gâcher son image de marque ou se créer des ennuis ?

Les exemples des nombreuses dérives de Facebook ne manquent pas. Monsieur S., planificateur financier respectable de Montréal, a eu la curieuse idée de mettre pour photo de profil … originale. Le représentant lui-même… travesti en jolie infirmière blonde et « gonflée ».

Sur un autre profil, Monsieur L., conseiller financier, étale tous les détails les plus croustillants de sa vie personnelle : ce qu’il mange, ses films préférés… Jusque là rien de surprenant : Facebook étant devenu un lieu où chacun raconte sa vie. Ce qui est original : ce dernier met sur son profil toutes les photos de ses conquêtes !

Autre dérive : récemment des soldats de Tsahal, de l’armée israélienne se sont affichés sur Facebook, révélant des décors et des paysage de bases et de sites classés secret défense, tout comme l’avaient déjà faits des soldats américains en Irak. Bien sûr, ils se sont fait réprimander comme il se doit !

Autre exemple : un jeune étudiant, Adam Morrison, a été soupçonné de vouloir commettre une tuerie similaire à celle de l’école Columbine, aux États-Unis, en raison d’un faux profil publié sur Facebook. En créant son profil, il ne se doutait pas que quelqu’un utiliserait ensuite sa photographie et son identité pour créer un faux compte à son nom. Il s’est alors retrouvé interrogé au poste de police… Adam a depuis annulé son compte.

Il y a peu, une récente faille de sécurité de Facebook a rendu accessible à tous les photos de certains utilisateurs paramétrés pour n’être visibles qu’aux amis… dont celles de son fondateur, Mark Zuckerberg.

Les bases de données de Facebook : le rêve de tous les services secrets du monde

La base de données, les archivages d’informations personnelles récoltées par Facebook font froid dans le dos et sont un paradis pour le FBI. Une fois inscrit, on ne maîtrise plus ses informations et on prend des risques sur notre vie privée et publique. Le géant connaît votre identité, votre date de naissance. Il sait qui vous êtes et ce que vous faites et ce que vous voulez faire. Notons que la police pour des besoins d’une enquête peut avoir grâce à une procédure légale les données sur vous. En ce qui concerne le droit à l’oubli, Internet garde éternellement les traces de vos photos. D’autre part, on peut évoluer et ne plus avoir envie de voir certains aspects de notre passé, mais avec le réseau, tout reste.

Pour certains, une course aux amis … malgré les dangers

Pour certains personnages publics, politiciens ou artistes, Facebook est un moyen efficace pour mobiliser du monde. Il a notamment joué un rôle de fédérateur sans précédent dans l’élection de Barack Obama. Pour d’autres, c’est une course sans précédent pour la collection d’amis.

Combien d’amis avons-nous réellement ? Selon Cameron Marlow, le sociologue maison de Facebook, la réponse est : quatre si vous êtes un homme, six si vous êtes une femme. Dans un article publié par The Economist, les recherches de Marlow indiquent que le «facebookeur» a 120 amis en moyenne, mais n’a de conversations, de réels dialogues, qu’avec une petite partie d’entre-eux. Même pour ceux qui collectionnent les amis (500 et plus). Ce chiffre n’augmente pas de façon significative : dix pour les hommes et seize pour les femmes.

Ces chiffres concernent les amis avec lesquels on échange des mails ou avec lesquels on «tchatte». Dès qu’il s’agit de relations plus phatiques, unidirectionnelles, comme : commenter des photos, «updater» son statut, ou écrire sur le mur de quelqu’un, ces chiffres augmentent légèrement (sept amis en moyenne chez les hommes et dix chez les femmes).

En se basant sur ces données, Marlow suggère qu’une fois que votre réseau personnel croit au delà du nombre de Dumbar (150, la limite cognitive théorique du nombre de personnes avec lesquelles vous pouvez maintenir une relation sociale stable), alors vous ne faites, au mieux, qu’augmenter le nombre de contacts occasionnels que vous suivez passivement.

Ce commentaire d’un utilisateur lui donne raison : «Grave mais au final ils vont virer ! Non mais il faut être honnête il y a beaucoup de contacts que tu retrouves par hasard et tu les demandes en amis pour savoir ce qu’ils sont devenus mais après quand tu as satisfait ta curiosité t’as plus rien à leur dire donc… Bah tu fais à la mode de … tu les dégages LOL !!» (ndlr, à l’origine le texte était rédigé en langage sms, il a été réécrit pour la compréhension de tous)

Et pour ceux qui n’ont pas beaucoup d’amis sur Facebook, ne soyez pas tristes, consolez vous avec le conseil d’un vieux sage africain à un jeune qui se vantait d’avoir beaucoup d’amis : «Réveillez en pleine nuit à tour de rôle toutes les personnes que vous considérez comme amies. Faites leur croire que vous venez de commettre un crime odieux. Mettez des habits « ensanglantés » en vous salissant avec un liquide rouge et un sac rempli de n’importe quoi pour leur faire croire que c’est le corps et que vous avez besoin de son aide pour le faire disparaître. A la fin de votre tournée, vous me direz à nouveau le nombre de vos amis.» Le jeune garçon exécuta aussitôt le conseil du sage et s’est vite rendu compte qu’il n’avait pas autant d’amis qu’il le croyait.

Facebook est donc un outil technologique comme les autres à «consommer avec modération et prudence surtout» .

Le Dalaï-lama surfe sur la vague du net

Le chef spirituel tibétain a rejoint les réseaux sociaux en ouvrant son propre compte Twitter, lundi 22 février. En une journée, il enregistre plus de 60 000 abonnés à son flux de «tweets». A présent, ils sont presque 120 000. Un océan de sagesse sur un réseau social, qui l’eût cru ?

Facebook a de quoi être jaloux. Twitter n’en finit plus de conquérir le monde. Et si le célèbre réseau social américain est loin d’être le plus usité en France, il occupe une place importante parmi les plus utilisés au monde. Et sa dernière recrue en date a de quoi faire des envieux : le Dalaï-lama a ouvert un compte certifié lundi 22 février. Compte qui a atteint, en trois jours, presque 120 000 abonnés à son fil d’actualité. Chaque seconde, une nouvelle personne vient grossir la liste des «amis» du Dalaï-lama sur Twitter, curieux ou initiés.

Capture d'écran du compte Twitter du Dalaï-lama

Le chef spirituel tibétain nous fait part, sur Twitter, de ses pérégrinations. Ce, avec l’emploi de la 3e personne. Bien évidemment, en 140 signes (longueur maximum autorisée des messages sur Twitter), le Dalaï-lama ne peut s’étendre à de longs discours bouddhiques, ni transmettre ses sages pensées de paix et de tolérance. Il s’agit donc essentiellement de liens vers son site Internet où l’on retrouve les photographies de ses dernières apparitions américaines.

Effectivement, bien avant l’ouverture de ce compte Twitter, le Dalaï-lama était déjà bien présent sur la Toile. En décembre 2005, il avait lancé son propre site Internet. Nous pouvons notamment y lire la biographie du leader spirituel tibétain, mais aussi ses dernières actualités. Le site avait été inauguré à l’occasion de la Journée mondiale pour les Droits de l’Homme et du 16e anniversaire de son Prix Nobel de la paix. En anglais et en tibétain, il donne notamment la possibilité d’envoyer des mails directement au chef spirituel.

Le Dalaï-lama n’est pas absent non plus de Facebook, principal concurrent de Twitter. Certes, il n’y est pas inscrit, mais de nombreuses pages lui sont dédiées, ou à sa fondation. Il existe même des petites applications ou tests à faire autour de sa figure.

Capture d'écran des applications Facebook autour de la figure du Dalaï-lama

Alors, à l’heure où la tradition rencontre la modernité, à quand un compte de Benoit XVI sur Facebook ou Twitter ?

Pascal Riché : les aides à la presse en ligne critiquées mais assumées par Rue89

Pascal Riché, co fondateur et rédacteur en chef de Rue89, était le 22 janvier dernier à Montpellier. Venu enseigner aux élèves journalistes les spécificités de l’écriture web, il a accepté d’aborder son aventure devant la caméra de Haut courant.

Pionnier de l’information en ligne, le site Rue 89 s’est lancé en 2007 avec pour objectif singulier de révolutionner l’information.

Il s’est principalement démarqué par son interaction avec la communauté des internautes ainsi que ses contenus multimédias, renouvelant grâce au web, le rôle et la perception du journalisme.

Dans un souci de transparence, le site privilégie un débat participatif et propose une «information à trois voix» mettant à contribution journalistes, experts et internautes. L’avantage ? Obtenir une information complétée, vérifiée, contredite… Bref, enrichie. «Un modèle repris par les sites d’information des grands journaux qui ont petit à petit intégré les blogs et le participatif» d’après l’ancien correspondant international de Libération.

L’expérimentation comme totem d’indépendance, Rue89 a su éclaircir de nombreuses zones d’ombres dans l’actualité en prenant en compte les multiples évolutions qu’offre Internet aux médias et au public. Et entend bien continuer ainsi, «sans penser au papier» et à «sa difficulté de gestion».

Les sites d’information en ligne connaissent un essor fulgurant sur la toile tandis que la presse papier ne cesse de s’affaiblir. Pourtant, ce pure-player qui ne manque pas d’ambition, reste encore à la recherche d’un modèle économique stable et viable.

Haut courant a profité de cette rencontre pour discuter de l’évolution d’une telle entreprise dans le journalisme.

60 millions d’euros de subventions pour les entreprises de presse sur Internet.

Le premier fond d’aide au développement de la presse en ligne, créé suite aux États généraux de la presse écrite, prévoit sur les trois années à venir 60 millions d’euros de subventions pour les entreprises de presse sur Internet.

Au coté de Mediapart et Slate, Rue89 a obtenu un fond d’aide de 249 000 euros. Ces pure player s’étaient regroupés autour du Spiil ( Syndicat de la Presse Indépendante d’Information en Ligne) et avaient milité pour que soit rétablie «l’équité et la transparence de ces aides à la presse».
Le montant de celles attribuées aux sites de journaux papiers n’a encore jamais été révélé à ce jour.

De nombreuses critiques mais un choix assumé

Évoquant des «conditions de concurrence faussées», Pascal Riché a exprimé la position de Rue89 face à ces subventions et explique pourquoi ils les ont accepté, malgré de nombreuses critiques.

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La presse papier ne va pas disparaitre tout de suite

Même si P.Riché reconnaît que l’essor du support numérique dans l’information «bouleverse une presse déjà fragile», il ne lui prédit pas pour autant une fin proche.

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Elie Cohen : « mon travail de chercheur a été bouleversé par le net »

Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS, était à Montpellier jeudi 5 février, pour participer à une conférence sur le thème : » Internet, quel modèle économique pour l’information? « . L’occasion de lui poser quelques questions sur l’avenir de la presse sur internet. Le chercheur n’a visiblement pas que des bons points à distribuer aux internautes. Entretien.

Pensez-vous que la relation plus directe qui s’établit entre journaliste et lecteur sur internet peut permettre au journaliste de faire un travail plus approfondi?

«Pour décrire ce phénomène j’emprunterais la formule de Jean-Louis Missika, de « média conversationnel [[Selon Jean-Louis Missika : avec le succès d’Internet, des  » chats « , des blogs, etc., les Français s’initient au média  » conversationnel « , qui place le public sur un pied d’égalité, lui permet d’interpeller le journaliste ou l’homme politique, et de réagir en temps réel. Si les blogs sont, par exemple, plus nombreux en France qu’en Allemagne, c’est que les Français trouvent dans ces nouvelles formes d’information la possibilité de contourner ce qu’ils considéraient comme les deux plus grands défauts de leur presse : la distance entre l’élite des journalistes et les citoyens ordinaires d’une part et d’autre part, sa connivence avec les hommes politiques. Mais c’est aussi qu’ils ont le goût de la discussion et sans doute une soif d’expression personnelle que les millions de blogueurs manifestent à leur façon.]]», où le lecteur critique directement et en temps réel le travail du journaliste. Il apparaît l’idée d’un formidable élargissement des sources. Mais il existe deux biais, d’une part cela déchaine les passions et d’autre part ce sont toujours les mêmes qui parlent aux mêmes. Il n’y a pas de points de vue contradictoires. Internet ne favorise pas le débat, au contraire cela produit des communautés refermées sur elles-mêmes.»

Pourtant, ne croyez-vous pas que si l’arrivée des lecteurs déchaine effectivement les passions, voire de la violence verbale, elle annonce également un progrès démocratique?

«Oui, mais je trouve qu’il y a un nombre incroyable de scories sur internet. Et je ne vois vraiment pas en quoi la parole du lecteur peut permettre d’améliorer effectivement le travail du journaliste ou du chercheur. En particulier sur des sujets économiques.»

Mais le journaliste ne peut-il pas profiter des critiques que lui adresse le lecteur, et ainsi enrichir son travail?

«Non, je ne suis pas d’accord avec l’idée que l’on puisse établir une coproduction entre journaliste et lecteur. Je ne pense pas que cela puisse apporter une quelconque plus-value. Néanmoins, mon travail de chercheur a été bouleversé. Je fréquente régulièrement quelques blogs, dont certains se professionnalisent et distribue une information de qualité. Je peux vous citer par exemple le blog calculatedrisk, qui apporte des analyses économiques pertinentes.»

Voyez-vous, avec internet, une éclaircie pour l’avenir des jeunes journalistes?

«Ecoutez, je connais pas mal de jeunes qui sortent de grande écoles et qui n’arrivent pas après des mois, à trouver du travail. Il y a un formidable gâchis de compétences. Les entreprises de presse sont en crise terminale et il n’y aura pas de renaissance. Seuls certains services payants comme sur l’Ipad ou les kiosques électroniques pourront peut-être permettre de sauver l’économie de la presse.»

Mis à jour le 10 février à 23h30

Christian Jeanjean 100% gagnant sur Facebook

La communication du candidat URP (Union Républicaine Populaire- Divers droite) Christian Jeanjean révèle les hautes ambitions d’une liste peu présente dans les sondages. Crédité de 4% des suffrages aux prochaines régionales, le maire de Palavas-les-Flots a été pourtant l’un des premiers languedociens à lancer sa campagne sur Internet.

Facebook

En quarante-sixième place du top 100 des personnalités politiques sur Facebook, Christian Jeanjean se targue d’être le premier élu régional de ce classement. Avec 2091 fans sur son profil, le Palavasien dépasse de loin son rival Raymond Couderc, candidat investi de l’UMP, qui plafonne à 1100 fans. A gauche, Georges Frêche totalise 1269 supporters. Plus étonnant encore, l’ancien député de l’Hérault dépasse aisément certains pontes de la politique nationale, tels que Martine Aubry, Marielle de Sarnez et Bernard Kouchner, bon dernier de ce palmarès. La page, créée dès 2008, témoigne de la volonté de Jeanjean d’asseoir sa candidature à la tête de la région.

Entré en dissidence avec le parti présidentiel, l’homme se sert de cet outil pour entretenir son réseau de fidèles, en actualisant quasi-quotidiennement ses informations. Sur ce profil, les récits de ses déplacements par la presse locale cohabitent avec les articles sur les régionales et la reprise d’enjeux nationaux. Son intérêt pour les problématiques sociales du Languedoc-Roussillon y est particulièrement relayé. Son équipe de campagne publie aussi des vidéos et des photos de ses interventions. Un flux constant est crée vers ses autres pages Facebook (son profil personnel et son groupe de soutien) et son site officiel de campagne.

Site officiel

Sans apporter beaucoup plus que sa présence sur Facebook, le site de Christian Jeanjean se recentre sur les actions de sa campagne. Le calendrier des manifestations auxquelles il participe peut y être consulté. Sa dissidence avec Couderc donne le ton. En une, la missive du sénateur-maire de Béziers, où ce dernier affirme qu’il n’interfèrera pas dans les ambitions régionales de Jeanjean, est lisible dans son intégralité. Dans les différents onglets, on retrouve les bulletins du candidat, intitulés « Vous aimez le Languedoc-Roussillon, moi aussi ! », et la possibilité de soutenir financièrement la campagne.

Blogs de soutien

Là encore, Christian Jeanjean peut s’appuyer sur une blogosphère où il compte beaucoup d’amis. Alors que les soutiens de son frère ennemi Raymond Couderc sont peu référencés sur Google, l’édile de Palavas bénéficie d’un maillage étendu sur tous les départements et jusqu’à la jeune génération. L’exemple de Jean-Paul Ney, ancien journaliste et colistier de Jeanjean dans les Pyrénées Orientales, qui suit le leader de l’URP, illustre bien ce réseau. Patrice Grihault, autre blogueur actif, relaie tous les évènements de la campagne, partageant vidéos et articles de presse… et n’hésite pas à jouer les troubles-fêtes sur la page Facebook de Raymond Couderc. Particulièrement visibles lors de la campagne pour l’investiture, ces soutiens se sont progressivement désengagés à partir de son entrée en dissidence. Alors qu’il disposait de l’appui des jeunes militants UMP, leur soutien s’est étiolé.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Internet: la porte ouverte à un nouveau modèle économique de l’information

Mardi 2 février, de 17 à 19h, à la Maison des étudiants de Richter, le Master 2 management des médias de l’université Montpellier 1 recevait un colloque intitulé « Internet, quel modèle économique pour l’information ? » Elie Cohen, économiste et directeur de recherche au CNRS, et Pierre Haski, co-fondateur du site d’informations en ligne Rue89, étaient invité pour participer au débat animé et organisé par Jean Kouchner, directeur de ce même master. Compte-rendu d’un débat haut en couleur, qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes.