Appel aux lecteurs: Faut-il rejouer France-Irlande?

Alors que la fédération du football irlandais réclame déjà -et probablement vainement- à la FIFA de rejouer le match de barrage perdu contre les Bleus, la France est prise entre le soulagement d’avoir enfin son équipe qualifiée pour la Coupe du monde et la culpabilité de l’avoir arraché par tricherie. Haut Courant invite ses lecteurs à donner leur opinion.

Le dilemme est terrible. Des joueurs comme Patrice Evra et Hugo Lloris sont allés le chercher avec leurs tripes, ce billet pour le Mondial sud-africain. Ce sera leur première chez les grands à tous les deux. Un rêve de gamin… Au surlendemain de ce 17 novembre 2009, on aimerait pouvoir les féliciter. C’est cruel, mais on ne peut pas.

Certes, deux penaltys sur les deux matchs n’ont pas été sifflés. Mais l’équipe de France n’a pas mérité sa victoire contre l’Irlande. Certains joueurs –vieux et jeunes confondus- n’ont pas su élever leur niveau à la hauteur de l’évènement. Et les Bleus ont volé les Verts par la main de leur propre capitaine…

Quel contraste. Le Thierry Henry de ces trois derniers jours était souriant et sûr de lui. Alors qu’avant-hier, à la mi-temps, dans les bras de Lilian Thuram il semblait comme effrayé et à bout de souffle. Une pression chez un compétiteur de cette trempe, seule la Coupe du monde peut en produire dans le football.

Pas de doute. Le but de la victoire que l’ex-gunner offre à Gallas est entaché. Henry a triché. Par réflexe, par crispation, certes, mais il a triché. Sa main a touché volontairement le ballon par deux fois, la première pour éviter qu’il sorte du terrain, la deuxième pour qu’il se remette dans le sens du jeu.

En 1998, l’équipe de France a gagné la Coupe du monde à la régulière et en tire sa plus grande fierté sportive. C’est une marque de fabrique aux yeux de beaucoup de supporteurs, et pas seulement dans l’Hexagone.

Quel modèle offrons-nous à la jeune et méritante République d’Irlande, fondée en 1949 sur les bases de notre propre système politique? Les Verts ont été énormes. Ils y ont cru jusqu’au bout. Ils auraient mérité d’aller représenter leur peuple en Afrique du Sud. Cet évènement en direct sera peut-être le plus suivi de toute l’Histoire…

Ceux que ça intéresse à Haut courant ont diverses opinions sur ce qu’il faut retirer de ce match contre l’Irlande. C’est pourquoi nous posons la question à nos lecteurs: faut-il le rejouer? À vous de répondre en commentant cet article. C’est notre contribution au débat sur l’Identité nationale voulu par le président de la République. Sachez que ce dernier a déjà expliqué à Raymond Domenech qu’il passerait ses vacances en Afrique du Sud en juin prochain.

Venez signer la pétition de Haut Courant.

Les bleus ne devront pas oublier l’Eire pour aller à la coupe du monde

L’équipe de France de football affrontera l’Eire en barrage qualificatif pour la coupe du monde 2010. Un petit point sur les enjeux de cette double confrontation.

C’était en septembre 2005. L’équipe de France en grande difficulté dans son groupe défiait l’Eire à Dublin pour un match déterminant. Sans impressionner, les bleus avaient alors fait l’essentiel en s’imposant 1-0 sur un but de Thierry Henry. Quatre ans plus tard, les hommes de Raymond Domenech affronteront de nouveau l’équipe d’Irlande les 14 et 18 novembre prochain en vue d’obtenir leur billet pour la coupe du monde 2010. Petit diaporama des enjeux avant ces deux matchs décisifs.

Le bilan des affrontements est légèrement en faveur des bleus

Pour 13 confrontations entre l’Eire et la France, « les Français ont gagné 5 fois, pour 4 défaites et autant de matchs nul. » indique le monde.fr . Un bilan légèrement favorable qui n’incite pourtant pas à une confiance démesurée. Ainsi comme le rappelle sport24.com la France avait dû attendre 52 ans jusqu’en 2005 « après la première et unique victoire jusque-là en Irlande ».

Et aujourd’hui ?

L’équipe de France théoriquement supérieure à son adversaire sur le papier aura également l’avantage de recevoir au match retour. Pourtant Raymond Domenech reste méfiant. Interrogé par la radio RTL, le sélectionneur des bleus a indiqué « On sait ce qu’il faut faire, quel que soit l’adversaire. L’objectif est de se qualifier pour la Coupe du Monde. C’est l’Irlande, faut le faire. On les connaît, c’est l’Angleterre bis. On sait ce qui nous attend. C’est costaud. » D’autant que l’entraîneur des verts n’est autre que Giovanni Trapattoni, entraîneur légendaire surnommé « le maestro », déjà vainqueur de cinq coupes d’Europe (trois coupes de l’UEFA, une coupe des coupes et une ligue des champions) et de sept championnats d’Italie. L’entraîneur transalpin semble avoir pris ses marques à la tête de la sélection irlandaise comme en témoigne l’invincibilité des verts durant la poule de qualification, où ils ont notamment affronté l’Italie à deux reprises (4 victoires et 6 nuls).
L’inconnue sera également l’état physique des joueurs français. La plupart d’entre eux devraient jouer deux matchs par semaine durant les mois d’octobre et novembre, ligue des champions oblige. Cette période est traditionnellement propice aux blessures. Didier Deschamps l’entraîneur de l’Olympique de Marseille a évoqué ce danger au micro d’Eurosport : « Le gros souci, c’est le risque de blessure. J’espère qu’il n’y aura pas de joueurs importants blessés. »
D’autres se montrent plus rassurants à l’image de Gérard Houiller, directeur technique national : « Actuellement, l’équipe de France est dans une phase ascendante. Il y a une énorme détermination des joueurs pour aller en Afrique du Sud. Il faut que cela continue. Je ne me fais pas de bile. Quand je vois la ferveur qu’il y avait contre l’Autriche, alors que c’était un match sans enjeu, je me dis que cela va être extraordinaire. » La partie s’annonce serrée.

Europe : 2005-2008, même combat ?

Un double « non » franco-hollandais en 2005, un « non » irlandais en 2008 et une myriade de ratifications parlementaires : les politiques n’ont pas confiance en leurs concitoyens qui eux, n’ont toujours pas confiance en l’Europe.

2005-2008 : l’Europe reste incomprise. Trois ans après le double refus référendaire de la France et des Pays-Bas de ratifier la première constitution européenne, le récent, et finalement prévisible, « non » irlandais semble moins problématique. Néanmoins, l’adoption par la majorité des pays membres d’un processus de ratification du « Traité simplifié » par voie parlementaire révèle la méfiance que les dirigeants européens ont en leurs populations.

Lorsqu’en 2005, l’idée même de constitution avait été abandonnée, les dirigeants feignaient avoir compris le sens du double-refus : la construction européenne est incomprise et trop abstraite pour les citoyens. Dans son programme présidentiel, Nicolas Sarkozy promettait de relancer l’Europe.

«Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe»

A deux semaines de la présidence française de l’Union Européenne, rien n’a changé, les craintes restent les mêmes. «L’Europe, ça été vécu pour protéger, et tant d’Européens pensent que l’Europe, ça inquiète. À nous d’en tenir compte, pas dans six mois, tout de suite», expliquait récemment Nicolas Sarkozy. Comme s’il prenait à peine conscience du phénomène. Et le président français d’ajouter : «Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe en ce moment. Il faut qu’on en tienne compte très rapidement et qu’on change notre façon de faire l’Europe. L’idée européenne, on n’a pas le droit de la saboter, mais il faut qu’on fasse différemment.» Différemment. Autrement qu’avec le couple franco-allemand en tête ? De nombreux observateurs attribuent ce nouvel épisode à la faille du couple, pourtant pierre angulaire de la construction européenne depuis ses débuts.

RTEmagicC_Logo_priorites.JPG.jpgLe 1er juillet, le chef de l’Etat français prendra la présidence du Conseil de l’Union Européenne pour six mois. Son style arrogant et détonant risque de se confronter aux mœurs nettement plus policées des diplomates bruxellois. Nicolas Sarkozy risque d’appliquer à Bruxelles son style hexagonal : aller vite, être partout, au risque de parfois se contredire. Au programme de cette présidence française intitulée « l’Europe protection », quatre axes de travail : l’immigration, l’environnement, la défense et la PAC (politique agricole commune).

«L’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy»

L’immigration, sujet des plus épineux et qui risque fortement de créer des tensions. Sous la houlette du couple Sarkozy-Hortefeux et de Berlusconi, le président du conseil italien, le thème, annoncé comme prioritaire, a été nommé « La gestion globale et concertée des migrations ». Le conflit est ainsi latent entre l’Espagne d’un côté, et la France et l’Italie de l’autre. Toujours dans le cadre de l’immigration, « les 13 et 14 juillet 2008, les 44 pays du nord et du sud de la Méditerranée se retrouveront pour faire le point sur les futurs contours de l’Union pour la Méditerranée. » (touteleurope.fr) Ce projet, cher au président français, ne fait pas l’unanimité à Bruxelles, loin de là.

Autre sujet de discorde, historique celui-là, la politique agricole commune qui, une fois de plus, devrait mettre à jour certaines fractures au sein de l’Union. Nicolas Sarkozy souhaite engager « une véritable refondation en profondeur » de la PAC « sans attendre l’échéance de 2013. » « En marge des thèmes officiels, l’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy sur d’autres dossiers sur lesquels ces dernières sorties ont été diversement appréciées : les carburants et le développement durable, ou encore la politique monétaire », est-il ainsi écrit sur le blog politique de fluctuat.

La méthode Sarkozy va s’attaquer à l’Europe. Le non irlandais place d’emblée la France face à ses propres difficultés. Nicolas Sarkozy clamait haut et fort son initiative de relance du processus par le traité de Lisbonne. Quelles suites à l’épisode irlandais ? Les six prochains mois révèleront l’ampleur de l’impasse dans laquelle la construction européenne s’embourbe depuis maintenant trop longtemps.