Les captivantes « Âmes grises » de Philippe Claudel

Avec nuance et honnêteté, Philippe Claudel nous livre avec « Les âmes grises », un instant de médiocrité humaine. D’une beauté froide et saisissante.

Ni noir, ni blanc. Gris. Philippe Claudel a, on ne peut mieux, choisi son titre. Parce qu’il a le juste sens des nuances, la médiocrité humaine décrite par l’auteur dans Les âmes grises, devient d’une beauté captivante. L’atmosphère de ce village, où une petite fille est retrouvée morte en 1917, pourrait être aussi glauque que glaciale. Mais comme les champs de bataille situés non loin, les paysages, la trame, les personnages sont noirs de bassesse et de cruauté, blancs d’humanité.

L’écriture imagée et poétique demeure légère, même dans le plus sordide des instants. Portée par la plume de Claudel, le lecteur se laisse berner et emmener dans des détours et voies sans issue. L’auteur du Rapport de Brodek nous réapprend le goût des mots. Car contrairement à beaucoup d’autres, cette intrigue ne se laisse pas consommer, elle se déguste.

Les âmes grises, Philippe Claudel, LGF, Le livre de poche, 2006, 279 pages, 6€50.

Le rapport de Brodeck – Prix Goncourt des lycéens 2007, Philippe Claudel, Stock, 2007, 400 pages, 21€50.

Les captivantes « Âmes grises » de Philippe Claudel

Avec nuance et honnêteté, Philippe Claudel nous livre avec « Les âmes grises », un instant de médiocrité humaine. D’une beauté froide et saisissante.

Ni noir, ni blanc. Gris. Philippe Claudel a, on ne peut mieux, choisi son titre. Parce qu’il a le juste sens des nuances, la médiocrité humaine décrite par l’auteur dans Les âmes grises, devient d’une beauté captivante. L’atmosphère de ce village, où une petite fille est retrouvée morte en 1917, pourrait être aussi glauque que glaciale. Mais comme les champs de bataille situés non loin, les paysages, la trame, les personnages sont noirs de bassesse et de cruauté, blancs d’humanité.

L’écriture imagée et poétique demeure légère, même dans le plus sordide des instants. Portée par la plume de Claudel, le lecteur se laisse berner et emmener dans des détours et voies sans issue. L’auteur du Rapport de Brodek nous réapprend le goût des mots. Car contrairement à beaucoup d’autres, cette intrigue ne se laisse pas consommer, elle se déguste.

Les âmes grises, Philippe Claudel, LGF, Le livre de poche, 2006, 279 pages, 6€50.

Le rapport de Brodeck – Prix Goncourt des lycéens 2007, Philippe Claudel, Stock, 2007, 400 pages, 21€50.

Un doux parfum de Ruffin

Jean-Christophe Ruffin est un humaniste. Sa carrière de médecin du monde lui a ouvert les yeux sur un monde scindé en deux grandes parties, et qui joue selon les règles de la première, l’occident tout puissant. Le fil conducteur de ses livres est représenté par le sort réservé au tiers-monde par cette société capitaliste de consommation qui commande le monde occidental. Au travers de cette « grille de lecture », il s’adonne ouvrage après ouvrage, à se renouveler tout en gardant le même thème.

Si Globalia peut être taxé de roman d’anticipation, dans la veine des 1984 d’Orwell, et autres Le meilleur des monde d’Huxley, si La Salamandre est en quelques sortes une tragédie romantique, sa dernière parution, Le parfum d’Adam touche à l’art du roman d’espionnage.

Comme dans tous ses livres, Ruffin s’attache à critiquer durement, mais aussi le plus en profondeur possible le sujet précis auquel il s’attaque. En l’occurrence, son dernier opus balaie les sujet-clefs du moment, tout en restant sur de classiques fondamentaux : le développement durable, le terrorisme biologique, la santé mondiale et la psychologie… Le tout dans une ambiance d’espionnage et de contre-espionnage digne des meilleurs James Bond.

Encore une fois il nous propose des voyages exotiques et inattendus, nous emmenant des déserts arides de l’Amérique du nord aux bidonvilles humides du Brésil en passant par l’Europe de l’Est et les mégapoles Américaines.

Dans ce nouvel opus toutefois, il pousse peut être un peu loin le goût du détail dans un récit qui aurait sûrement gagné à être plus court et ainsi plus dense. Voulant mêler espionnage et histoire d’amour, il dessert le second style en poussant très, peut-être trop, loin le premier. Au final, la romance entre les deux protagonistes est un peu délaissée et laisse le lecteur sur sa faim.

Le Parfum d’Adam est tout de même globalement un roman d’espionnage de très bonne facture avec une morale sous-jacente qui éveille brillamment le lecteur à des problématiques actuelles et titille son instinct d’humanitaire qui s’ignore.

Un doux parfum de Ruffin

Jean-Christophe Ruffin est un humaniste. Sa carrière de médecin du monde lui a ouvert les yeux sur un monde scindé en deux grandes parties, et qui joue selon les règles de la première, l’occident tout puissant. Le fil conducteur de ses livres est représenté par le sort réservé au tiers-monde par cette société capitaliste de consommation qui commande le monde occidental. Au travers de cette « grille de lecture », il s’adonne ouvrage après ouvrage, à se renouveler tout en gardant le même thème.

Si Globalia peut être taxé de roman d’anticipation, dans la veine des 1984 d’Orwell, et autres Le meilleur des monde d’Huxley, si La Salamandre est en quelques sortes une tragédie romantique, sa dernière parution, Le parfum d’Adam touche à l’art du roman d’espionnage.

Comme dans tous ses livres, Ruffin s’attache à critiquer durement, mais aussi le plus en profondeur possible le sujet précis auquel il s’attaque. En l’occurrence, son dernier opus balaie les sujet-clefs du moment, tout en restant sur de classiques fondamentaux : le développement durable, le terrorisme biologique, la santé mondiale et la psychologie… Le tout dans une ambiance d’espionnage et de contre-espionnage digne des meilleurs James Bond.

Encore une fois il nous propose des voyages exotiques et inattendus, nous emmenant des déserts arides de l’Amérique du nord aux bidonvilles humides du Brésil en passant par l’Europe de l’Est et les mégapoles Américaines.

Dans ce nouvel opus toutefois, il pousse peut être un peu loin le goût du détail dans un récit qui aurait sûrement gagné à être plus court et ainsi plus dense. Voulant mêler espionnage et histoire d’amour, il dessert le second style en poussant très, peut-être trop, loin le premier. Au final, la romance entre les deux protagonistes est un peu délaissée et laisse le lecteur sur sa faim.

Le Parfum d’Adam est tout de même globalement un roman d’espionnage de très bonne facture avec une morale sous-jacente qui éveille brillamment le lecteur à des problématiques actuelles et titille son instinct d’humanitaire qui s’ignore.

Les Histoires de Noël d’Anne Perry

Après moults enquêtes livrées au coeur de la cité londonienne, Anne Perry nous gâte avec des romans policiers qui se déroulent autour de Noël. Une vraie bonne surprise de cette fin et début d’année.

Si l’envie vous vient de retrouver l’atmosphère chaleureuse des fêtes de fin d’année, je vous conseille l’excellente série des enquêtes de Noël livrée par la romancière anglaise Anne Perry.

Un écrivain prolifique

Vous ne la connaissez peut être pas mais cet écrivain native de Londres a écrit pléthores de romans policiers historiques. Pour l’anecdote, elle fut elle-même accusée d’un meurtre au cours de sa jeunesse. Des enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt en passant par le détective Monk sous l’époque victorienne, elle livre sans concession un tableau parfois désenchanté des riches classes sociales anglaises.
Les livres de Noël d’Anne Perry sont sortis sous un format différent que celui des traditionnels livres de poche. La pochette est cartonnée et illustrée. Il s’agit d’une série de nouvelles policières qui mettent en lumière des acteurs secondaires de ces ouvrages habituels. Ces histoires, vous les retrouverez dans quatre aventures différentes : la Disparue de Noël paru en décembre 2003, le Secret de Noël en décembre 2004, le Voyageur de Noël en décembre 2005 et le Détective de Noël en décembre 2006.

Le secret de Noël : un coup de coeur

Le Secret de Noël est à lui seul, un véritable coup de coeur. Il mêle à l’intrigue policière, une peinture de la campagne anglaise où chacun recèle de secrets plus ou moins honteux. En voici un court résumé : lorsque le pasteur Dominic Corde et sa femme Clarice sont dépêchés en catastrophe afin de remplacer à l’église le Pasteur Wynter, ce dernier est retrouvé chez lui décédé. A-t’il été assassiné? Clarice va mener l’enquête auprès des habitants du village de Cotisham. Je ne vous en dirai pas plus et vous laisse découvrir ces quelques bonnes feuilles encore disponibles jusqu’à Noël prochain.

Daniel Pennac, « Le dictateur et le hamac »

« Ce serait l’histoire d’un dictateur agoraphobe qui se ferait remplacer par un sosie.
Ce serait l’histoire de ce sosie qui se ferait à son tour remplacer par un sosie.
Mais c’est surtout l’histoire de l’auteur rêvant à cela dans son hamac.
Et c’est l’éloge du hamac: ce rectangle de temps suspendu dans le ciel. »
Quelques mots au dos d’un livre: « Le dictateur et le hamac », les mots d’un éternel rêveur: Daniel Pennac.

Fruits de ses nombreux songes: Cabot-caboche, L’œil du loup, la saga des Malaussène et des Kamo pour ne citer que les plus connu. Paru en 2003, l’auteur se dévoile dans Le dictateur et le hamac et nous invite dans les coulisses de son imagination. Subtil mélange, le livre propose aux lecteurs une rencontre entre une histoire loufoque et les étapes de sa construction. Une étrange comédie qui prend vie petit à petit dans le fameux hamac suspendu au Nordest du Brésil, à Maraponga, où l’auteur passe, à l’époque, ses journées à s’évader.

« Je songe à cette question qu’on pose parfois aux romanciers : Comment naissent vos personnages ?
Comme ça. De l’imprévisible et nécessaire combinaison entre les exigences d’un thème, les besoins du récit, les sédiments de la vie, les hasards de la rêverie, les arcanes d’une mémoire capricieuse, les évènements, les lectures, les images, les gens. »

Ainsi vogue le récit. Agrémenté de bribes de vécu, d’informations échangées, entendues, qui peu à peu prennent forme dans une histoire faite de clins d’œil à la vie.
L’auteur se questionne ouvertement et convie le lecteur dans les cheminements de sa pensée. Les « ce serait » et autres verbes au conditionnel rythmes les différentes fenêtres de création par lesquelles il nous invite à renter. Après avoir introduit une ouvreuse de cinéma pour les besoins du personnage principal, il pense tout haut. « Cette histoire manque de femmes, comme j’aimerais profiter de cette pause, dans mon hamac pour raconter ton histoire a toi par exemple, petite ouvreuse… » Et l’histoire repart vers des sentiers inconnus.

Le roman est un régal d’écriture et une réflexion sur l’étrange comédie de la vie, un jeu de dupe et de sosies où la recherche de soit, la passion, l’ennui, le rêve pousse les personnages à avancer vers l’infini.
L’histoire d’un dictateur qui se fait remplacer par un sosie ? Cela ressemble étrangement à un film… Mais alors, qui imite qui ? Ce livre nous invite à rencontrer celui à qui s’est vraiment arrivé…après tout, « il suffit d’imaginer… » suggèrent les pages avant de se refermer.