Mariage et parentalité homosexuels, le débat est relancé

Après l’arrêt du tribunal administratif de Besançon ordonnant la délibération d’un agrément d’adoption à une lesbienne, l’appel samedi d’Hélène Mandroux, en faveur du mariage de couple de même sexe, relance le débat des droits des homosexuels.

C’est en tant que célibataire que Emmanuelle B. avait demandé le droit d’adopter. Mais en couple depuis vingt ans avec une autre femme, le Conseil général du Jura, chargé de fournir les agréments d’adoption, lui avait refusé à deux reprises. Malgré des avis favorables obtenus lors d’enquêtes liées à la procédure d’adoption et un arrêt de la Cour Européenne des droits de l’homme de 2008 condamnant la France pour discrimination sexuelle, le Conseil général du Jura reste sourd à sa demande. Saisie du litige, le tribunal administratif de Besançon a tranché le 10 novembre dernier: il n’y a rien qui s’oppose à l’obtention de l’agrément d’adoption.

Mais ce n’est pas la reconnaissance du droit d’adoption pour les homosexuels qui est ici reconnu. C’est en tant que célibataire et non comme couple, qu’Emmanuelle B. pourra adopter un enfant. Néanmoins, Hussein Bourgi, Président du Collectif contre l’homophobie de Montpellier se réjouit : «C’est une très bonne décision». Cependant, il ne manque pas de souligner que « c’est une réponse positive mais qu’elle ne répond pas à toutes les situations ».

L’appel d’Hélène Mandroux

10 ans après l’entrée en vigueur du PACS (pacte civil de solidarité) destiné en premier lieu à la communauté homosexuelle, l’édile de la cité héraultaise lancera samedi 14 novembre, un appel en faveur du mariage homosexuel.
C’est lors du Cinquième festival gay et lesbien de Montpellier organisé par le Collectif contre l’homophobie, que l’appel sera lancé à 18h sur la place du Marché aux fleurs de Montpellier. Le festival qui se déroule jusqu’au 15 novembre, est l’occasion pour le C.C.H. de réaffirmer son engagement pour la cause homosexuelle mais surtout de revendiquer l’égalité des droits pour tous.

D’après nos confrères de Midi Libre, Hélène Mandroux a reçu « plusieurs dizaines de signature de soutien » dont celle de « Bertand Delanoe, maire de Paris ou encore Pierre Cohen, maire de Toulouse ». La journée sera entre autre marquée par la présence de Patrick Bloche, député-maire du 11ème arrondissement de Paris et rapporteur de la loi créant le PACS.
Pour Hussein Bourgi, « l’initiative du maire de Montpellier est particulièrement bienvenue. L’un des objectifs de l’association est le débat public, il sera ainsi relancé ». Et d’ajouter « le fait que cela soit des maires de province qui s’engage sur le sujet est très bien. C’est une question nationale qui n’est pas seulement lié à un microcosme parisien ».

Rappelons qu’en Europe cinq pays autorisent le mariage gay. Il s’agit des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Espagne, de la Norvège et de la Suède. Mais le débat pourrait revenir rapidement sur le devant de la scène européenne avec la réélection du Premier ministre portugais, le socialiste José Socrates dont le mariage des couples homosexuels était inscrit au programme.

Pour retrouver le programme du 5ème Festival gay et lesbien de Montpellier : http://www.cch.asso.fr/IMG/pdf/programme_bbr2009.pdf

Jacques Nolot : « Le cinéma doit provoquer une réflexion sur l’homosexualité »

Premier festival cinématographique axé sur les thématiques gays et lesbiennes à Nice, les rencontres  » D’un genre à l’autre  » attirent un public de tous horizons depuis le 30 avril. Réalisateur et acteur de « L’arrière-pays », « La Chatte a deux têtes » et récemment « Avant que j’oublie », Jacques Nolot a répondu présent, jeudi 1er mai, pour une rencontre avec le public niçois après la projection de ses films. Acteur fétiche d’André Téchiné, sexagénaire, homosexuel, il livre son opinion sur le festival et sa vision du cinéma.

Pourquoi avoir accepté de participer aux rencontres D’un genre à l’autre ?

Les festivals de type « cinéma gay » me gênent, mais j’ai tenu à venir à Nice parce que ça me semblait important. Dans une ville avec une politique de droite, fermée et homophobe (1), j’ai trouvé l’initiative du festival très courageuse. Je suis contre la ghettoïsation, mais si je suis venu, c’est que je cautionne un minimum.

Contestez-vous le bien-fondé d’un festival cinématographique gay et lesbien ?

J’ai un rejet complet pour les étiquettes, on ne dit pas des autres festivals qu’ils sont hétéros ! Mais je ne peux pas refuser de faire partie de la communauté gay. C’est comme la famille : elle nous emmerde un peu mais on est content quand on la retrouve aussi. Ces festivals stigmatisent l’homosexualité, mais si c’est un moyen pour éveiller les consciences et faire bouger les choses, comme à Nice, pourquoi pas ?

Dans votre dernier film, Avant que j’oublie (2007), l’homosexualité suggère l’interdit, la maladie, la mort. Que souhaitez-vous exprimer à travers vos films ?

Je suis assez vigilant avec l’homosexualité, je refuse de représenter l’homo à travers le cliché de la « folle », comme l’a fait Pédale douce par exemple. Dans mes films je brise le tabou de l’homme homosexuel, car l’homosexualité féminine est beaucoup plus acceptée. Je montre le réel, le quotidien : des hommes mariés qui se payent des gigolos, la séropositivité, la vieillesse.

Quelle est votre vision du cinéma, et surtout, de votre cinéma ?

Il y a toute une partie du cinéma français que je ne regarde pas, notamment les comédies. Pour moi le cinéma doit provoquer la réflexion, le spectateur doit ressortir nourri. Moi, j’écris pour exprimer mon malaise. C’est pour cela que mes films dérangent et surprennent. En ce moment, je vais trop bien pour écrire un nouveau film…

(1) : NDLR, ces propos n’engagent que leur auteur, et en aucun cas la rédaction de ce site.