Matinale du jeudi 24 janvier

Tous les jeudis, les membres de l’équipe d’Haut Courant animent la matinale sur Radio Campus Montpellier.

Au programme du 24 janvier :

 Les titres de l’actualité internationale et nationale – Mathilde Roux

 Reportage sur l’intervention internationale au Mali avec les interviews de Maguy Masse présidente de l’association Survie et de Yare Diagne membre de cette même association – Jordane Burnot / Simon Robert

 Journal d’informations locales – Météo – Pauline Chabanis

 Chronique : Les cons – Simon Robert

 Interview d’Andréa Velut, chargée de diffusion du Droit international Humanitaire à la croix rouge au niveau de la délégation départementale de l’Hérault – Coralie Pierre

Animation : Alix Moréteau

Yaré DIAGNE: « Au Mali, le Sud est inquiet, le Nord est terrorisé. »

La semaine dernière se tenait à Montpellier une conférence sur la situation actuelle au Mali. Parmi les intervenants, Yaré Diagne est géographe urbaniste. Il est impliqué dans plusieurs associations (dont Survie [[Survie est une association visant à promouvoir l’aide au développement en Afrique, à montrer les lignes de pensée sur le continent et à mettre en lumière le phénomène d’appui des dictatures.]]) ayant pour objectif de mettre en lumière la situation au Mali aujourd’hui.

Hillary Clinton s’est rendue à Alger le 29 octobre dernier. L’objectif pour Washington : tenter de convaincre le président Bouteflika qu’une intervention est nécessaire au Nord du Mali. La prise de pouvoir des salafistes a fait naître les pires craintes dans le pays. Le quai d’Orsay préconise une intervention dans l’Azawad. Les enjeux sont d’une grande complexité et cruciaux à différentes échelles, ainsi que nous l’a expliqué Yaré Diagne.

Haut courant : Quelles sont les différentes forces en présence à l’heure actuelle au Mali ?

Yaré Diagne : Le Mali, depuis son indépendance en 1960, a connu pas moins de trois coups d’État. Le pays, comme beaucoup d’États africains, a été frappé par une stagnation économique due aux intérêts des anciennes puissances coloniales. L’autorité publique dans les années 2000 n’a pas réussi à s’imposer et la faiblesse de l’État est à l’origine de la crise actuelle.
Dès janvier 2012, des groupes touaregs (qui réclamaient l’indépendance du Nord-Mali depuis longtemps, déjà) ont pris le contrôle de certains villages au Nord. L’armée n’a rien pu faire. Les rebelles touaregs étaient lourdement armés suite à la débauche de Kadhafi en Libye. Ils étaient en mesure de prendre le pouvoir. Le MNLA [[Mouvement National de Libération de l’Azawad. Le MNLA est un mouvement rebelle laïc.]] a bénéficié de la reconnaissance des différents groupes touaregs qui ont rejoint le mouvement. Le problème est que l’État malien n’a jamais été en mesure de résoudre le différend territorial au Nord. Officieusement, ce territoire n’appartenait à personne.
C’est ce qui a conduit au Coup d’État du 23 mars. Mais tout le monde y était opposé : l’Union africaine, la CEDEAO[[Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest dont les ressources proviennent à 80% de l’Union européenne]] et l’Union européenne. Le coup d’État s’est donc soldé par un échec.
Aujourd’hui le MNLA est dépassé par les événements. Les groupes djihadistes dont le Mujao [[Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest]] et Ansar dine (soutenu par le Qatar) sont entrés en conflit contre les rebelles laïques (dont le MNLA) et ont pris le dessus. Et, depuis trois semaines, les troupes islamistes se renforcent. Certains viennent du Soudan voire de la corne de l’Afrique pour soutenir les salafistes !

HC : Quelle est la réaction des États frontaliers ?

Y.D. :L’Algérie est dans une situation délicate. Elle refuse d’intervenir et pousse un « ouf » de soulagement car elle voit le danger islamiste se déplacer hors de ses frontières. Mais il existe des relations entre certains villages au Mali et d’autres en Algérie. La composition sociale est la même. C’est pourquoi, en dépit des troupes postées à sa frontière Sud, l’Algérie prend des risques en restant en dehors du conflit. D’autant plus que des membres du FIS (Front Islamique du Salut), originaires d’Algérie sont entrés dans la coalition (voir carte ci-dessous).
La CEDEAO soutient plutôt une intervention. Mais qui peut le faire ? À part le Sénégal, il n’y a pas de réelle armée en Afrique de l’Ouest et rien ne se fera sans l’aval de l’Europe.
La France est elle aussi dans une situation inconfortable. Elle ne souhaite pas intervenir directement mais soutenir une action militaire. Cependant, les intérêts financiers avec les ressources naturelles que sont le pétrole, l’uranium et le fer au Mali lui sont primordiaux. Le pays capitalise toujours aujourd’hui sur ses ex-colonies. Si le Sénégal veut emprunter du fer à un autre pays, il doit passer par la banque de France. C’est également le cas pour le Mali. Elle essaye de résoudre un conflit qu’elle a elle-même créé : elle a établi un État malien faible sous De Gaulle puis a fourni indirectement des armes aux rebelles avec l’intervention en Libye (voir carte ci-dessous).

Source: association

HC : Comment les populations vivent-elles cette situation ?

Y.D. : Au Sud, les populations sont inquiètes à deux niveaux. D’une part parce que l’État est désorganisé et semble incapable de résoudre le conflit. D’autre part, du fait du manque total d’informations en provenance du Nord. Le pays est divisé et les informations parviennent au compte-goutte. Et même quand elles arrivent, elles sont invérifiables.
Au Nord, les gens sont terrorisés. L’imposition d’un islam radical modifie totalement leur manière de vivre. L’Islam au Mali était auparavant tolérant et respectueux des institutions étatiques. Il n’a rien à voir avec les croyances extrémistes. Aujourd’hui, la population est dos au mur. À la radio (média principal du pays), tout est prohibé, seules les informations d’ordre médical peuvent être données. Auparavant l’information circulait librement. Les mutilations sont monnaie courante. La destruction des mausolées de Tombouctou n’est pas un hasard : les djihadistes n’acceptent pas la vénération de quelqu’un d’autre que le prophète. Des actes de résistance ont lieu çà et là. Une frange de la population prépare des actions (militaires ou non) pour lutter contre le nouveau pouvoir.

HC : À quel genre de conflit fait-on face à l’heure actuelle ? Quels en sont les enjeux ?

Y.D. : Le conflit au Mali n’est pas ethnique et ne l’a jamais été. Certains Touaregs sont également les victimes des djihadistes. Ce à quoi on fait face, c’est un conflit au nom de la religion pour le contrôle d’un territoire. Et au vu de la porosité des frontières avec le Niger, la situation semble incontrôlable et les djihadistes, de plus en plus nombreux ont en réalité le contrôle d’un territoire quatre fois plus grand. Territoire aux enjeux géostratégiques primordiaux pour l’Afrique et le monde entier. Mais cette situation masque d’autres problèmes toujours présents au Mali. Par exemple, un accord entre le gouvernement, l’Italie et la Belgique a été signé pendant le conflit concernant l’exploitation de l’or, le tout sur le dos de la population. Malheureusement, personne n’en parle…

L’épineux problème malien

Afflux de Djihadistes par centaines, au Sahel, le Président français publiquement menacé de mort, attentat perpétré contre le chef d’état mauritanien, feu vert onusien à une intervention militaire, otages toujours détenus : la situation au Mali devient explosive. Parallèlement, dans un discours prometteur en rupture avec son prédécesseur, François Hollande affirme à Dakar, que le temps de la « Françafrique » est révolu. Comment concilier efforts humanistes et réalités géopolitiques ?

L’équation ne comporte pas véritablement d’inconnue, elle paraît tout simplement insoluble. Au Mali, tout se précipite. Le pays est aujourd’hui géographiquement coupé en deux et contrôlé par plusieurs groupes fondamentalistes, dont le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’ouest). Dans la zone « occupée » au nord, les islamistes se divisent précisément en différents courants : les Touaregs séparatistes algériens, Al Qaida au Magreb Islamique, et des Djihadistes (MUJAO) qui veulent imposer la charia ( la loi coranique) au pays. Ces derniers, sûrs de leur force de frappe, n’hésitent plus à menacer la vie de milliers de maliens et celle du président français : «  François Hollande doit réaliser que sa vie est menacée, tout comme celle des otages » avertissent-ils.
Un premier incident a d’ailleurs eu lieu selon le Nouvelobs.fr, le 30 juillet dernier. Un drone français Harfang en mission de reconnaissance a été abattu au-dessus du désert malien. Seule une technologie sophistiquée telle que des missiles sol/air de l’OTAN permet de détecter et d’abattre ce type d’appareil. Ce qui laisse à penser que certains groupes de terroristes ont d’ores et déjà fait leur marché en Libye après l’effondrement du régime de Khadafi, comme le rappellent plusieurs sites d’information africains: Slate Afrique. Le gouvernement malien, indique Le Monde, est autorisé par l’ONU à déployer 3000 hommes pour reconquérir le Nord du pays et ne peut donc pas se passer d’un appui logistique des forces françaises.
Hollande doit maintenant se doter d’un certain doigté. Intervenir pourrait potentiellement menacer la vie des otages français tout en perpétrant une forme d’ingérence, dont le discours prononcé à Dakar se voulait pourfendeur. Jean-Yves le Drian, le ministre de la Défense le rappelle dans  les colonnes du Parisien le 16 octobre 2012 : « nous n’enverrons pas de troupes au sol ». Pourtant, selon une révélation du Figaro datée du 23 septembre 2012, 200 hommes des forces spéciales sont aujourd’hui déployés sur le théâtre malien. Le président français annonce de son côté que « la sécurité au Sahel garantit la sécurité en Europe ».


Djihadiste du Mujao

Enjeux politiques

Cette partie du monde, il est vrai, devient le terreau du terrorisme. Cette zone est désertique, deux fois plus grande que la France (1 millions de kilomètres carrés), sanctuarisée par les islamistes radicaux qui en font leur base arrière. Malgré les efforts affichés de la diplomatie française pour réduire sa présence sur le continent africain, on constate que les liens historiques tissés entre l’Hexagone et ses anciennes colonies, condamnent Hollande à la plus grande implication.

La solution ? internationaliser le conflit. Sous l’impulsion de la France, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest souhaite s’engager dans le reconquête du Nord Mali dans les prochaines semaines. Washington encourage cette initiative et se dit prêt à apporter son aide.
Entre les lignes, le dossier malien permet aussi à Hollande de repositionner ses pions sur l’échiquier africain. Il peut maintenant asseoir cette nouvelle stature de chef des armées, image qui lui faisait cruellement défaut depuis le début de son investiture. L’impuissance diplomatique de Paris en Syrie avait exacerbé ce sentiment.
Enfin, en perte de vitesse dans l’opinion publique depuis quelques semaines, François Hollande a peut-être compris, à l’image de Sarkozy en Libye, que la guerre permet de masquer les difficultés sociales franco-françaises, une stratégie judicieuse, qui doit en revanche s’appliquer avec parcimonie.
Cela s’avèrera à double tranchant, il faut veiller à ce que l’armée française, sûre d’elle, ne se casse pas les dents. Une source officielle indique le 22 octobre 2012 dans le Nouvel Observateur que «  donner un coup de pied dans la fourmilière est une chose, éradiquer durablement le terrorisme au Sahel en est une autre ».

CAN 2010: Impossible n’est pas « Malien »!

Le match d’ouverture de la CAN(Coupe d’Afrique des Nations) opposait l’Angola au pays organisateur: le Mali.
Dans un match plein de rebondissements, le Mali a réussit l’impossible en égalisant dans les arrêts de jeu au cours d’ un match plein de suspens.

La CAN a démarré ce dimanche 11/01/10 en Angola qui jouait le match d’ouverture contre le Mali. La cérémonie d’ouverture était riche en couleur.
Et ce malgré l’attaque de la délégation togolaise, par des rebelles deux jours auparavant, qui avait fait trois morts. Le gouvernement togolais a donc rappelé à la maison son équipe qui s’est par conséquent retirée de la compétition.

Vendredi, le 08/01/10 le car qui transportait la délégation togolaise qui se rendait à Cabinda pour y disputer son premier match de la 27-ème édition de la Coupe d’Afrique des nations face au Ghana, a été victime d’une attaque meurtrière à l’arme lourde.

L’entraîneur adjoint des Eperviers du Togo, Abalo Amélété, et Stan Ocloo, l’intendant chargé de la communication ont succombé samedi à leurs blessures, au lendemain de l’attaque à la mitraillette, dans la province du Cabinda, qui avait déjà coûté la vie au chauffeur du bus qui les transportait.La fusillade a été revendiquée par les Forces de libération de l’Etat du Cabinda (FLEC), un mouvement séparatiste actif depuis 35 ans dans la région.

Aprés avoir observé une minute de silence à la mémoire des disparus, le tournoi a commencé avec de beaux spectacles. Huit buts au total.
Le Mali qui était mené 4 buts à 0 à dix minutes de la fin du match a réussi à revenir de manière spectaculaire au score.
L’Angola pensait se diriger vers une victoire facile , menant 4-0 à la 74e minute grâce à Flavio (36e, 42e), Gilberto (67e sp) et Manucho (74e sp). Mais le Mali a réussit un improbable retour par Seydou Keita (79e, 90e), Kanouté (88e) et Yatabaré, et a arraché l’égalisation au bout du temps additionnel (4-4).