GOJIRA : « Au delà de nos démons, nous restons des humanistes »

Vendredi 7 février, le Rockstore de Montpellier accueille Gojira, un des groupes majeurs de la scène Metal française depuis plus d’une dizaine d’années. Pour l’occasion, entretien avec Mario Duplantier, le batteur énergique de la formation.

A. J. : On vous classe souvent dans la catégorie du Death Metal, vous retrouvez-vous sous cette appellation?

Mario Duplantier : Nous appartenons sans nul doute à la grande famille du Metal. La musique du Death Metal, plus extrême encore, nous a chamboulés dès les débuts, du fait de la de la technicité très poussée de ce style et de la récurrence autour de la noirceur. Mais au delà de ça, même si nous n’hésitons pas à parler de nos propres démons, nous restons des humanistes. Nous avons foi en l’Homme. L’important dans notre recherche, c’est de donner une dimension d’ordre existentiel et spirituel à notre musique.

A. J. : Au delà de la question des influences, Gojira a t-il une idole en commun qui fait l’unanimité au sein du groupe ?

M. D. : Notre groupe existe grâce à Metallica. J’avais 12 ans la première fois que je l’ai écouté, c’est ce qui m’a fait abandonner le sport pour la batterie. Sinon, nous admirons aussi Sepultura et Death.

A. J. : On vous dit engagés. En faveur de quoi « militez » vous ?

Nous ne sommes pas spécialement branchés politique, bien que tout le soit plus ou moins. Il y a des choses qui nous touchent, d’autres qui nous font mal. On essaie de composer des hymnes à la nature et à la vie.

A. J. : Comment se déroule la phase de composition de votre musique ?

M. D. : C’est mon frère Joseph qui écrit les textes et compose les mélodies. Il gère de nombreux aspects culturels du groupe, jusqu’aux pochettes. De mon côté, je crée le dynamisme des morceaux. Souvent, une idée part d’une partie de batterie que je viens de trouver.

A. J. : Pouvez-vous me parler un peu de votre jeu de batterie, impressionnant de technicité ?

M. D. : Le Metal est un challenge technique formidable. Pour être bon dans ce domaine, il faut se spécialiser corps et âmes dans cette rythmique spéciale. Sur scène ou en répétition, je me mets toujours en péril, je cherche à toujours repousser mes limites de jeu. Le rapport au corps doit donc s’appréhender comme celui d’un athlète de haut niveau qui ne se relâche jamais. Mon souci majeur avec mon instrument, c’est de réduire la marge entre les concerts où je suis fatigué et ceux où je pète la forme, pour que le public ne s’en aperçoive pas.

A. J. : Vous marchez très bien outre-atlantique, qu’est ce qui séduit les américains dans votre musique, selon vous ?

M. D. : L’avantage du Metal, c’est que c’est une musique universelle. Nous obéissons aux mêmes codes à travers le monde. Gojira crée une musique internationale, mais avec une touche « à la française » : nos textes sont basés sur une réflexion critique et cultivée, plus complexe que certains groupes allemands ou américains. Aux États-Unis, les gens sont fascinés que l’on vienne de France. Ils ont un respect incroyable et nous déroulent à chaque fois le tapis rouge.

A. J . : L’année dernière sortait votre dernier album « The Way Of All Flesh » (La voie de toute chair). Quelle est la signification du titre ?

M.D. : Joseph a commencé à avoir ses premières rides. Tout de suite, il s’est posé certaines questions fondamentales sur l’après-vie. Sommes-nous juste un tas d’os qui pourrit sous la terre, nous réincarnons-nous? Avec cet album, il a décidé d’appréhender sa propre mort, pour ensuite se demander ce que l’on peut bien faire du temps qui nous est imparti jusqu’au coup d’arrêt.

A. J. : Vous êtes cette année sur la route. Avez-vous des projets après 2009 ?

M. D. : Avec la tournée en tête d’affiche aux États-Unis cette année, le rythme va être soutenu! Donc après, on envisage de se calmer sur les concerts. Nous avons joué dans un cinéma en live il y a quelques temps pour illustrer un péplum muet. Ce projet nous a plu, nous enregistrerons peut-être la BO si nous récupérons les droits d’auteur!

A. J. : Et au fait, Gojira, c’est un hommage à la puissance de Godzilla, n’est-ce pas ?

M. D. : Oui, c’est le nom de Godzilla en japonais. Ça évoque la puissance, bien sûr, mais c’est aussi une référence au nucléaire : Ce monstre est né de radiations nucléaires, d’une déformation de la nature. Et puis, notre musique, elle aussi, est monstrueuse.

Paraverse, du métal précieux

Une cave de 9m2. Il n’en a pas fallu davantage aux membres de Paraverse pour composer leur album. Neuf titres qui ont permis à ce groupe de Métal-Rock de gagner les Duels Rock en septembre 2007, devant près de 700 personnes.Au départ, il y a trois amis qui occupent les mêmes bancs au lycée Clemenceau à Montpellier. Bruno, le guitariste, Philipe le bassiste et Katia, la batteuse. Ils font du punk. Leur groupe s’appelle Zébu «ouais, c’était assez bourrin», confirme Bruno. A la sortie du lycée, en 2004, ils enterrent le Zébu et décident de créer une nouvelle formation et recrutent. «Recherche chanteur pour groupe de métal», passent-ils dans une annonce. Quelques auditions plus tard, Shanti arrive. Shanti ? « C’est indien, ça veut dire « Paix » mais c’est juste un kif de mon père, je n’ai aucune origine indienne. J’étudiais dans un autre lycée, on a fait quelques essais et ça l’a fait, alors je suis resté

Tarik et Philipe

En septembre 2006, Tarik, le deuxième guitariste intègre la formation. Paraverse est au complet. Mais au fait que signifie Paraverse ? «On va dire que l’on a trouvé les explications après», s’amuse Shanti, «mais c’est un peu l’association du mot parallèle et univers, comme une dimension parallèle». Répétition après répétition, le groupe va gagner en maturité. «On a commencé à travailler nos titres. On compose la musique puis on écrit les paroles. Les guitares donnent le ton et inspirent», résume Bruno. Comment décrire la musique de Paraverse ? Shanty se hasarde à parler de Rock-métal, Taryk de Heavy-métal. «On va dire entre Pearl Jam et Iron Mainden», tente Bruno. Les univers musicaux de chacun des membres se rejoignent sans se confondre. «On ne cherche pas à rentrer dans un style musical précise la batteuse, d’ailleurs les morceaux de l’album ne se ressemblent pas, on perçoit les différentes influences musicales, le jazz de Taryk ou le heavy de Philipe», ajoute Bruno.

Katia

Les textes sont écrits par le chanteur, «c’est souvent des contes fantastiques, nihilistes parfois». Sur un point tous les membres du groupe sont d’accord : «on chante en anglais ! En français, il manque un truc, ça le fait pas». Bruno abonde «il y a des groupes de heavy qui chantent en français mais on dirait du Goldman arrangé».
L’insulte…
En septembre 2006 le groupe s’inscrit aux Duels Rock organisés par le Rockstore. Un an plus tard, ils remportent le tremplin. A la clef, l’enregistrement d’un album et le pressage du CD. « En réalité on n’a rien vu venir, deux semaines après notre victoire on était dans les studios», précise Shanti, «un titre a même été composé en trois répétitions», se souvient Katia. Entre temps, Paraverse a su séduire le public, durant l’été 2007 les musiciens ont pu acheter un camion pour se lancer dans leur première tournée avec une date mémorable : le 29 novembre 2007, le groupe fait la première partie de Mass Hysteria au Rockstore. «C’était assez fort comme moment, le public a bien accueilli notre musique», se réjouit Katia. Ils avaient même trouvé le temps d’enregistrer un CD quatre titres à Toulouse.

Bruno

Aujourd’hui, leur premier album, intitulé « Crowed inside » est disponible. Le groupe organise un concert pour son lancement officiel. En bon joueur, Paraverse a invité deux autres formations de rock : Lanes et Civil War contre qui ils avaient remporté la finale des Duels Rock. L’avenir de Paraverse, ils l’envisagent assez sereinement. «On continue à composer, c’est la priorité du groupe. Si on prend de l’ampleur et que l’on augmente le rythme de nos tournées c’est tant mieux. Pour l’instant on perfectionne notre set», résume la batteuse. En attendant, si les membres de Paraverse se voient dans une dimension parallèle, l’ascension et la reconnaissance dont ils jouissent au sein de la scène alternative rock sont bien réelles.