« Il Fenomeno » à terre

Luiz Nazario de Lima plus connu sous le nom de Ronaldo a peut-être vu sa carrière se briser mercredi 13 février, lors d’un match du Milan AC face à Livourne. Victime d’une rupture totale du tendon rotulien, le Brésilien ne pourra pas rejouer avant 9 à 12 mois. Ce n’est pas la première épreuve que doit traverser Ronaldo mais à 31 ans, cette blessure pourrait bien sonner le glas de la carrière du Brésilien. Avant cet énième coup dur, Ronaldo affola toutes les défenses jusqu’à devenir l’un des plus grands, le premier phénomène du football mondial. Il reste encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire des phases de finale de coupe du monde avec 14 réalisations.

Originaire d’Itaguai, une ville de l’Etat de Rio, très jeune Ronaldo commence à attirer l’attention dans différents clubs de quartier. Il rejoint par la suite la modeste formation de Sao Cristovao avant de rallier le Cruzeiro Bello Horizonte, l’un des grands clubs brésiliens. En un an, le prodige crève l’écran, inscrivant la bagatelle de 58 buts en… 60 rencontres. Il a seulement 17 ans lorsqu’il termine meilleur buteur de la Copa Libertadores. Au sein de l’équipe nationale des moins de 17 ans, il ajoute 59 buts en 57 matches à des statistiques déjà impressionnantes.

Un joueur d’exception

Ses performances exceptionnelles lui ouvrent les portes du Vieux Continent. Au sortir de la coupe du monde 1994 disputée aux Etats-Unis et remportée par le Brésil, le PSV Eindhoven recrute le phénomène. Auréolé d’un titre de champion du monde bien qu’il n’ait pris part à aucune rencontre, Ronaldo marche sur les traces de son aîné Romario, également révélé par le club batave. Dès la première année, Ronaldo confirme ses aptitudes de buteur, trouvant le chemin des filets à 30 reprises en 33 matches.

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En 1996, le prodige brésilien signe pour le FC Barcelone. Il va alors devenir le prototype de l’attaquant moderne, rapide, puissant, technique et diaboliquement adroit devant le but. Il multiplie les exploits techniques et continue sur la moyenne hallucinante d’un but par match. Le but contre la Compostelle restera l’un de ses plus grands chefs d’œuvre. Après avoir récupéré le ballon dans sa moitié de terrain Ronaldo va effacer pas moins de six joueurs avant de placer un plat du pied. Ses buts font le tour du monde. L’enfant d’Itaguai est alors le nouveau phénomène du football mondial. Il vient de terminer « pichichi » de la liga (meilleur buteur) avec 34 buts au compteur et glane son premier ballon d’or. photo_ronaldo1.jpg
Seulement un an après son arrivée, l’attaquant auriverde rejoint l’Inter de Milan. Il accomplit une première saison pleine. Il martyrise les défenses du Calcio, marquant 25 buts en 32 rencontres de série A. La deuxième saison part sur des bases identiques. Mais arrive ce terrible jour de novembre 1999 qui va stopper une première fois le joueur, alors au sommet de son art. Ce jour-là, Ronaldo subit une rupture partielle du tendon rotulien. Il fait son retour à la compétition le 12 avril 2000 à l’occasion de la demi-finale aller de la coupe d’Italie face à la Lazio de Rome. Mais, seulement 7 minutes après son entrée en jeu, Ronaldo s’écroule sur la pelouse du stade Olimpico, hurle de douleur et quitte le terrain en larmes. Le diagnostic du professeur Saillant est sans appel : rupture totale du tendon rotulien. Après cette blessure, « Il Fenomeno » contracte de multiples problèmes musculaires, entravant sans cesse son retour au plus haut niveau. Finalement, Ronaldo reprend la compétition en mars 2002, juste à temps pour disputer le mondial en Corée du sud.

Un retour en fanfare avant la blessure de trop ?

Malgré deux années quasiment sans jouer, il réalise un retour en fanfare. Il inscrit 8 buts durant la compétition dont deux en finale face à l’Allemagne qui permettent au Brésil de remporter une cinquième Coupe du Monde. Dans la foulée, le Brésilien rallie le Réal Madrid et ses « galactiques ». Il n’est plus aussi explosif qu’à ses débuts mais sa technique demeure et surtout son sens du but reste intact. Il décroche son deuxième ballon d’or en décembre 2002 : une fantastique résurrection. La saison suivante, il finit « pichichi » avec 24 réalisations.
En janvier 2007, délaissé par le Réal qui lui reproche son surpoids, Ronaldo fait son retour en Italie pour le compte du Milan AC. Après une moitié de saison globalement réussie, il est freiné dans sa préparation l’année suivante par une blessure. Il effectue un nouveau retour en novembre. Le trio qu’il forme avec ses compatriotes Kaka et Pato promet une année radieuse à tous les supporters du Milan. Malheureusement, sa carrière prend un nouveau coup d’arrêt le 13 février. 18825a-ac_milan_ronaldo_ne_restera_pas.jpg
Du côté de Milan où il arrive en fin de contrat, les médecins se veulent rassurants arguant que la médecine a réalisé d’importants progrès. Jean-Pierre Meersseman, chef de l’équipe médicale de l’AC Milan a confiance dans l’équipe du professeur Saillant pour soigner l’attaquant rossonneri : « L’équipe du Professeur Saillant est au top. En plus, depuis huit ans, il y a eu des progrès considérables dans le domaine. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur son temps de convalescence mais si tout va bien, il rejouera. » Les coéquipiers de Ronaldo espèrent eux aussi, à l’image de Daniele Bonera : « Cette blessure… Son visage… Cela me rappelle tellement ce qui s’est passé à Rome en avril 2000. C’est horrible car c’est un homme génial. Nous prions pour qu’il ait la force de se relever encore une fois. »
Espérons seulement qu’il garde le formidable état d’esprit qui lui avait permis de faire son retour en 2002 : « Je ne crois pas qu’on puisse parler de miracle. C’est moi qui ai fait tous les efforts nécessaires pour revenir. Je n’ai jamais baissé les bras, j’ai toujours gardé la foi. C’est la passion du ballon rond qui m’a poussé à m’accrocher. »

Pato, itinéraire d’un surdoué

Le Milan AC peut s’enorgueillir d’avoir recruté la nouvelle attraction du football mondial. De nombreux observateurs considèrent Alexandre Rodrigues da Silva dit « Pato » comme le dernier joyau brésilien. Tout juste âgé 18 ans, le nouvel attaquant rossoneri connaît une ascension fulgurante.

Né à Pato Branco, le 2 décembre 1989, Pato (canard en portugais), à l’instar de beaucoup de ses compatriotes auriverde, commence par le futsal, dès l’âge de 3 ans. Son talent dépasse rapidement les frontières de l’état de Parana et, à 11 ans, la famille du jeune prodige le laisse rallier le centre de formation de l’Internacional SC, l’un des plus renommés du pays. La légende Pato est en marche. Entre 2001 et 2007, Pato gravit tous les échelons au sein du club de Porto Alegre, des équipes de jeunes à l’équipe fanion, battant tous les records de précocité. La coupe Sendai 2006, organisée au Japon, le révèle au plus haut niveau international chez les jeunes. Bien que benjamin de la Pato_Alexandre.jpgcompétition, il marque le tournoi de son sceau sous les couleurs brésiliennes. Auteur d’un triplé, pour l’entrée en lice de la Seleção contre le Japon, puis de l’unique but du match contre la France, il offre ainsi le titre à son équipe la veille de son dix-septième anniversaire.

« C’est un phénomène »

Cette même année, il fait sa première apparition en équipe première face à Palmeiras à l’occasion de l’avant-dernière journée du championnat Brasileiro 2006. Son club a longtemps pris soin de camoufler sa perle aux médias, interdisant même à ses coéquipiers d’ébruiter son talent, le temps de voir à la hausse sa clause de libération. Ce jour-là, il crève l’écran. Sur son premier ballon, il marque le premier but de sa carrière chez les seniors puis délivre deux passes décisives. Fernando Carvalho, le président de l’Internacional ne tarit pas d’éloge sur le garçon : « C’est un phénomène, il a un bel avenir devant lui. » Pato ne tarde pas à illustrer ces propos. Lors de la coupe du monde des clubs, il ne cesse d’impressionner. Il donne le tournis à des joueurs comme Carles Puyol, le défenseur de Barcelone. Mieux en demi-finale face à Al-Ahly, il se paye le luxe d’effacer le roi Pelé des statistiques en devenant le plus jeune buteur d’une compétition organisée par la FIFA, à 17 ans et 102 jours. Son illustre aîné avait lui marqué contre le Pays de Galles à 17 ans et 239 jours. L’Internacional remporte la compétition aux dépens du club catalan et Pato explose définitivement aux yeux du monde.images-2.jpg
Doté d’un bon jeu de tête, habile des deux pieds et excellent dribbleur, l’adolescent attise la convoitise des plus prestigieux clubs du vieux continent tels que le Real Madrid, Chelsea ou encore l’Inter de Milan. Mais, finalement, c’est le rival honni de l’Inter, le grand Milan AC qui s’adjuge les services de la pépite, le 2 août 2007, pour la somme de 22 millions d’euros, du jamais vu pour un joueur de 17 ans. La présence de Ronaldo, son idole, ainsi que celles de ses compatriotes Cafu, Dida et Kaka dans les rangs milanais pesa lourdement dans la décision du Brésilien.
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Appelé en sélection brésilienne

Encore mineur, Pato doit attendre jusqu’au mois de janvier pour faire sa première apparition officielle sous son nouveau maillot, floqué du numéro 7. Qu’importe, il profite d’un match amical contre le Dynamo Kiev pour se mettre en valeur (un but et deux passes décisives). Abel Braga, son ancien entraîneur à l’Internacional ne doute pas une seconde de la réussite de son protégé au plus haut niveau : « Si vous avez la patience d’attendre 2 ans, alors vous détenez une perle. » Il n’aura pas fallu si longtemps à Pato pour déclencher une véritable « Patomania ». Le 13 janvier 2008, à domicile face à Naples, il marque son premier but en championnat d’Italie tout en faisant un grand match pour sa première titularisation. Après la superbe prestation de son attaquant, l’entraîneur du Milan Carlo Ancelotti se rajoute à la longue liste des fans du joueur : « C’est un garçon très mature pour son âge, il a la tête froide. Il a vécu ses débuts avec une extrême tranquillité. Il a montré tout ce qu´il savait faire, sa vélocité, sa coordination et sa rapidité à frapper. » Toute l’Italie est sous le charme. Claudio Ranieri, l’entraîneur de la Juventus pousse le compliment jusqu’à son paroxysme : « Il y a quelques extraterrestres dans le football et après ce que j’ai vu hier soir à San Siro, Pato fait partie d’eux. Il a joué comme un joueur de 30 ans, avec de la personnalité. »
Ses exploits poussent même Carlos Dunga, le sélectionneur de la Seleção à retenir le prodige en équipe nationale pour affronter l’Irlande en match amical, le 6 février à Dublin. Tout porte à croire que Pato sera l’un des fers de lance de l’équipe brésilienne lors des prochains jeux olympiques de Pékin. La trajectoire de l’enfant de Pato Branco semble incontrôlable. Mais, à seulement 18 ans, Pato a encore beaucoup à montrer au plus haut niveau pour prouver qu’il se pose définitivement en héritier de ses partenaires Ronaldo et Kaka.