« Défendre la liberté de la presse, sans enjeux partisans »

Dans le cadre de la Comedie du livre, à Montpellier, les trois capitaines Edwy Plenel, Jean-François Kahn, et Franz-Olivier Giesbert se sont interrogés sur le naufrage possible de la presse papier.

Un casting de choix, et un décor sublime, malheureusement assez peu adapté aux causeries, celui de l’Opéra Comédie. Philippe Lapousterle pose aux trois géants de la presse française que sont Jean-François Kahn [[fondateur des hebdomadaires L’évenement du Jeudi et Marianne]], Franz-Olivier Giesbert [[directeur du magazine Le Point, et animateur de l’émission Chez FOG sur France 5]], et Edwy Plenel [[Directeur de publication du journal en ligne Mediapart et ancien directeur de la rédaction du quotidien Le Monde]], la question : Peut-on éviter le naufrage de la presse papier ?

Mais, la question est-elle mal posée, ou les intervenants mal choisis ? En effet, Jean-François Kahn le rappelle : « Les trois patrons que nous sommes sont des exceptions dans le panorama de la presse française, puisque nos titres gagnent de l’argent, ou du moins n’en perdent pas ». Edwy Plenel, quant à lui, recentre rapidement le thème du débat. Pour lui, la question n’est pas d’éviter la naufrage de la presse papier, mais de sauver une presse indépendante des pouvoirs politiques et économiques. Une presse qui défende « Les vérités de faits qui, comme l’écrit Hannah Arendt dans la crise de la culture, seront toujours en danger face aux vérités d’opinions. »

Jean-François Kahn : « Dans une vraie économie de marché, il n'y aurait plus de journaux du tout en France »
À cette presse indépendante s’oppose la publicité en premier lieu. Celle-ci dispose d’un pouvoir de séduction sur le public, puisqu’elle peut rendre l’objet journal gratuit. Pour Jean-François Kahn, c’est une situation aberrante. « Imaginez une seule seconde que, devant une boulangerie, quelqu’un s’installe et se mette à distribuer du pain gratuit, aussi bon que celui du boulanger, payé par la publicité. Qui accepterait cela ? La loi elle-même interdit au nom de la concurrence ce genre de situation. Si la presse se trouvait dans une vraie économie de marché, il n’y aurait plus de journaux du tout en France ! »

De l’interprétation du libéralisme

Franz-Olivier Giesbert semble moins inquiet : « Il ne s’agit pas d’un naufrage, mais la presse traverse une crise. Et ce, partout en Europe ». L’analyse qu’il présente est peu ou prou celle qu’a défendu l’institut Montaigne dans son rapport de 2006 pour « Sauver la presse quotidienne d’information ». Pour lui, les gratuits ne peuvent pas être tenus pour responsables de la crise de la presse. D’une part parce qu’il s’agit « d’ersatz » de journaux, d’autre part parce qu’« une situation de concurrence dope les ventes » et enfin parce que « les gratuits amènent vers le papier un public qui ne lisait pas auparavant ». Les principales causes de la crise sont à chercher ailleurs : dans le coût de fabrication des journaux ; dans le manque de points de distribution ; dans la dépendance des entreprises de presse aux aides de l’Etat ; et dans le manque de concurrence.
Franz-Olivier Giesbert : « La concurrence dope les ventes »

Pour Edwy Plenel aussi, l’une des raisons de la crise de la presse est un manque de libéralisme. Mais pas de libéralisme économique, de libéralisme politique : « Il y a un problème démocratique. Comment pouvons nous accepter une situation comme celle de la conférence de presse présidentielle de janvier ? 600 journalistes, 15 questions, aucun droit de réponse, et plus grave encore : la profession entière qui rit de voir le président se moquer de l’un des leurs[[ Laurent Joffrin de Libération]]. Et pour finir, on applaudit le président ; on applaudit l’acteur. »

Jean-François Kahn abonde dans le sens d’Edwy Plenel : « Le public voit une connivence entre les journalistes, et se méfie de la presse. Au point d’aller exactement à l’inverse de ce que défendent les journaux, comme on a pu le voir avec la constitution européenne. Il faut repenser la façon d’écrire ». Pour lui, cette connivence va de paire avec le fait que la plupart des entreprises de presse appartiennent à des groupes qui vivent de commandes publiques comme Lagardère, Dassault et Bouygues.

Edwy Plenel : « Il y a un problème démocratique »

Contre toute attente, Franz-Olivier Giesbert lui-même va s’émouvoir de l’absence de sens critique de la profession à l’égard de la communication politique : « Ce n’est pas grave que les politiques critiquent les journalistes, c’est le jeu. Or, le conformisme est la clef de tout. En France, on étouffe les débats, la presse refuse la contradiction. La presse vit en dehors du monde ».

Jean François Kahn va conclure ce trop court débat : « Il faut défendre cette idée d’une presse libre, mais sans enjeux partisans. Il faut condamner les atteintes à la liberté, même quand les situations qui sont générées nous arrangent ».

Médiathèques : couac dans le système informatique

Remue-ménage dans les médiathèques. Depuis quelques jours, l’Agglo développe une campagne d’information : affiches dans les halls, SMS aux abonnés et changement automatique de tous les mots de passe d’accès au catalogue en ligne. La cause de ce mouvement ? Jusqu’à récemment, les informations personnelles des abonnés n’étaient pas protégées.

Explications : lors de l’inscription, un numéro d’identifiant est attribué, ainsi qu’un mot de passe commun. Or, beaucoup d’abonnés ne changent pas ce mot de passe. N’importe qui peut alors accéder aux coordonnées du lecteur, prendre connaissance des livres empruntés, ou même poster pour lui des messages sur le forum. Caroline, 30 ans, s’est enregistrée à la médiathèque Fellini. «On ne m’a rien dit lors de l’inscription. Tout le monde peut avoir accès à mon numéro de téléphone, ce n’est pas très fiable de la part de la bibliothèque».

La Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) est formelle : d’après la loi informatique et libertés, les médiathèques étaient hors la loi jusqu’au récent changement, car elles ne préservaient pas la sécurité des données des utilisateurs.

Aujourd’hui les médiathèques s’emploient à changer de cap. Gilles Gudin de Vallerin, directeur du réseau des médiathèques, s’explique : «Nous ne pensions pas qu’autant de personnes ne changeaient pas le mot de passe initial. Il y a eu un problème de communication. Nous avons réagi dès que nous avons pris conscience du phénomène, le système est maintenant individualisé».
Il ajoute : «Malgré ce contre-temps, nous croyons à ces nouveaux services en ligne, c’est l’avenir.»

« Hélène Mandroux est la femme que j’ai envie de suivre »

Double champion du monde de handball avec deux générations différentes – les « Barjots » en 1995 et les « Costauds » en 2001- Grégory Anquetil aurait pu s’essayer à la politique lors des dernières municipales, sur la liste Mandroux. Rencontre avec un néo-retraité qui ne manque pas de projets de reconversion. Il revient sur sa carrière internationale, son engagement politique et son avenir.

Vous avez vécu deux générations en équipe de France, les Barjots et les Costauds, laquelle vous a le plus marqué ?

Les Barjots ! Les débuts sont toujours plus intenses. Ca restera l’équipe la plus contestée, on a dérangé tout le monde. C’était une équipe de cœur, de passion, qui a vécu dans la douleur, systématiquement en conflit : procés, plaintes, gardes à vue… On a failli tous se battre, un truc de malade ! On n’a pas eu le droit à la Légion d’honneur avec les Barjots, contrairement aux Costauds. Aujourd’hui tout ça est enterré, on est amis et on se revoit à l’occasion.

«La veille de la finale 95, on s’est couché à 4 heures du mat’!»

Cette équipe a réussi dans l’adversité.

Non, dans la douleur. Notre mode de fonctionnement était illogique : comment réussir en faisant tout à l’envers. Je n’ai jamais revu ça de ma vie et aujourd’hui encore je ne comprends pas comment ça a pu marcher. Par exemple, la veille de la finale du championnat du monde 1995 (ndlr : victoire de la France contre la Croatie 23 à 19), on s’est couché à 4 heures du matin. Quand il fallait s’entraîner, on n’était pas aux entraînements. Quand on devait prendre l’avion, la Fédération réservait des places sur trois vols parce que personne n’était là pour le premier.

La reconversion d'un
Et avec les Costauds ?

Avec les Costauds, c’était beaucoup plus professionnel, plus cadré. Mais la meilleure équipe reste les Barjots, où tous les postes étaient doublés et où il y avait un talent fou.

Ce sont donc deux époques radicalement différentes ?

Quand j’ai commencé, je voulais croquer la vie à pleines dents. Je me sentais comme un poisson dans l’eau avec les Barjots. J’ai commencé à être vraiment professionnel à l’age de 26, 27 ans (ndlr : dix ans après ses débuts professionnels). Avant, je m’amusais. Avec la naissance de mon fils, à 28 ans, j’ai dû me calmer.

«Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent»

Vous avez été fidèle à Montpellier pendant toute votre carrière professionnelle, vous n’avez jamais été tenté par l’étranger ?

Pas du tout. Je n’ai jamais couru après l’argent. Le challenge était de gagner la Ligue des Champions, le plus haut niveau possible en club (ndlr : Montpellier l’a gagné en 2003 contre Pampelune, l’équipe de Jackson Richardson). Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent. Si on propose à un joueur moins de sous pour un championnat soi-disant plus relevé, il n’ira pas.

Vous avez terminé votre carrière de joueur en juin 2007, quel est aujourd’hui votre rôle au sein du club montpelliérain ?

Je suis au service marketing, où je fais la prospection des partenaires. On s’était mis d’accord il y a cinq ans. C’était une continuité logique dans le club.

Comment voyez-vous l’avenir sportif du club ?

Dans les trois ans qui viennent, cette équipe, avec deux ou trois joueurs de plus, peut remporter la Ligue des Champions. Il y a de très bons jeunes. Alexandre Tomas, jeune ailier droit, qu’on n’attendait pas du tout à ce niveau là. Or il est en train de tout casser.

«Le hand, et le sport en général, est un axe de communication»

Appréhendiez-vous cette reconversion ? Le terrain vous manque-t-il ?

Non, je ne l’appréhendais pas. J’avais vraiment envie d’autre chose depuis trois ans. Maintenant je fais partie d’une association multisports où je ne fais pas de hand. Je préfère jouer au foot, pour le plaisir. J’ai également une société à mon nom qui produit du vin, je suis inscrit dans une école privée et je bosse pour Canal Plus. Enfin, d’ici deux ans, j’aurai peut-être une émission de sport sur 7L TV (ndlr : télévision locale de Montpellier).

Le terrain ne vous manque pas ? Vous n’avez pas l’envie d’entraîner ?

Jamais de la vie.

Le sport de haut niveau est très présent à Montpellier. Vous suivez cela avec attention ?

C’est faux. A Montpellier, il y a très peu de sport de haut niveau. Le haut niveau c’est la Première division. J’ai beaucoup d’amis au club de foot. J’aimerais pouvoir emmener mes enfants voir des matchs de Ligue 1 à la Mosson.

Et le rugby ?

Il y a la place à Montpellier pour une grande équipe de rugby. Il y a trois, quatre joueurs qui sortent du lot, la question est de savoir si on pourra les garder.
Le hand, et le sport en général, sont un axe de communication. Si les clubs s’entendent, il y a la place pour tout le monde.

Greg Anquetil, un sportif engagé

«Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu»

Dans cette reconversion, il y a également votre engagement politique. Pourquoi n’étiez-vous finalement pas sur la liste d’Hélène Mandroux aux dernières municipales ?

Pour être sur une liste, il faut être résident à Montpellier. Or je devais acheter un appartement à Montpellier mais suite à des soucis avec le vendeur, ça ne s’est pas fait. Je me suis donc retiré de la liste.

Etes-vous encarté au Parti socialiste ?

Je ne suis pas encarté mais j’ai des convictions socialistes. De toute manière, avant d’élire un parti, il faut élire des êtres humains. Aujourd’hui au PS, il n’y a personne au plan national pour qui j’aimerais m’engager.

Pourquoi Hélène Mandroux ?

Je connais Hélène Mandroux depuis quinze ans. Au niveau de sa personnalité et sa façon de voir la vie, c’est quelqu’un de très rare. C’est moi qui lui ai proposé de figurer sur sa liste, sans contrepartie. Je suis très content de son élection mais je ne lui demande rien. Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu. C’est ce qui fait leur complémentarité.

Serez-vous présent sur une liste aux prochaines élections municipales ?

Si la tête de liste du PS ne me convient pas, je ne m’engagerai pas. Hélène Mandroux est vraiment la femme que j’ai envie de suivre.

« Hélène Mandroux est la femme que j’ai envie de suivre »

Double champion du monde de handball avec deux générations différentes – les « Barjots » en 1995 et les « Costauds » en 2001- Grégory Anquetil aurait pu s’essayer à la politique lors des dernières municipales, sur la liste Mandroux. Rencontre avec un néo-retraité qui ne manque pas de projets de reconversion. Il revient sur sa carrière internationale, son engagement politique et son avenir.

Vous avez vécu deux générations en équipe de France, les Barjots et les Costauds, laquelle vous a le plus marqué ?

Les Barjots ! Les débuts sont toujours plus intenses. Ca restera l’équipe la plus contestée, on a dérangé tout le monde. C’était une équipe de cœur, de passion, qui a vécu dans la douleur, systématiquement en conflit : procés, plaintes, gardes à vue… On a failli tous se battre, un truc de malade ! On n’a pas eu le droit à la Légion d’honneur avec les Barjots, contrairement aux Costauds. Aujourd’hui tout ça est enterré, on est amis et on se revoit à l’occasion.

«La veille de la finale 95, on s’est couché à 4 heures du mat’!»

Cette équipe a réussi dans l’adversité.

Non, dans la douleur. Notre mode de fonctionnement était illogique : comment réussir en faisant tout à l’envers. Je n’ai jamais revu ça de ma vie et aujourd’hui encore je ne comprends pas comment ça a pu marcher. Par exemple, la veille de la finale du championnat du monde 1995 (ndlr : victoire de la France contre la Croatie 23 à 19), on s’est couché à 4 heures du matin. Quand il fallait s’entraîner, on n’était pas aux entraînements. Quand on devait prendre l’avion, la Fédération réservait des places sur trois vols parce que personne n’était là pour le premier.

La reconversion d'un
Et avec les Costauds ?

Avec les Costauds, c’était beaucoup plus professionnel, plus cadré. Mais la meilleure équipe reste les Barjots, où tous les postes étaient doublés et où il y avait un talent fou.

Ce sont donc deux époques radicalement différentes ?

Quand j’ai commencé, je voulais croquer la vie à pleines dents. Je me sentais comme un poisson dans l’eau avec les Barjots. J’ai commencé à être vraiment professionnel à l’age de 26, 27 ans (ndlr : dix ans après ses débuts professionnels). Avant, je m’amusais. Avec la naissance de mon fils, à 28 ans, j’ai dû me calmer.

«Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent»

Vous avez été fidèle à Montpellier pendant toute votre carrière professionnelle, vous n’avez jamais été tenté par l’étranger ?

Pas du tout. Je n’ai jamais couru après l’argent. Le challenge était de gagner la Ligue des Champions, le plus haut niveau possible en club (ndlr : Montpellier l’a gagné en 2003 contre Pampelune, l’équipe de Jackson Richardson). Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent. Si on propose à un joueur moins de sous pour un championnat soi-disant plus relevé, il n’ira pas.

Vous avez terminé votre carrière de joueur en juin 2007, quel est aujourd’hui votre rôle au sein du club montpelliérain ?

Je suis au service marketing, où je fais la prospection des partenaires. On s’était mis d’accord il y a cinq ans. C’était une continuité logique dans le club.

Comment voyez-vous l’avenir sportif du club ?

Dans les trois ans qui viennent, cette équipe, avec deux ou trois joueurs de plus, peut remporter la Ligue des Champions. Il y a de très bons jeunes. Alexandre Tomas, jeune ailier droit, qu’on n’attendait pas du tout à ce niveau là. Or il est en train de tout casser.

«Le hand, et le sport en général, est un axe de communication»

Appréhendiez-vous cette reconversion ? Le terrain vous manque-t-il ?

Non, je ne l’appréhendais pas. J’avais vraiment envie d’autre chose depuis trois ans. Maintenant je fais partie d’une association multisports où je ne fais pas de hand. Je préfère jouer au foot, pour le plaisir. J’ai également une société à mon nom qui produit du vin, je suis inscrit dans une école privée et je bosse pour Canal Plus. Enfin, d’ici deux ans, j’aurai peut-être une émission de sport sur 7L TV (ndlr : télévision locale de Montpellier).

Le terrain ne vous manque pas ? Vous n’avez pas l’envie d’entraîner ?

Jamais de la vie.

Le sport de haut niveau est très présent à Montpellier. Vous suivez cela avec attention ?

C’est faux. A Montpellier, il y a très peu de sport de haut niveau. Le haut niveau c’est la Première division. J’ai beaucoup d’amis au club de foot. J’aimerais pouvoir emmener mes enfants voir des matchs de Ligue 1 à la Mosson.

Et le rugby ?

Il y a la place à Montpellier pour une grande équipe de rugby. Il y a trois, quatre joueurs qui sortent du lot, la question est de savoir si on pourra les garder.
Le hand, et le sport en général, sont un axe de communication. Si les clubs s’entendent, il y a la place pour tout le monde.

Greg Anquetil, un sportif engagé

«Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu»

Dans cette reconversion, il y a également votre engagement politique. Pourquoi n’étiez-vous finalement pas sur la liste d’Hélène Mandroux aux dernières municipales ?

Pour être sur une liste, il faut être résident à Montpellier. Or je devais acheter un appartement à Montpellier mais suite à des soucis avec le vendeur, ça ne s’est pas fait. Je me suis donc retiré de la liste.

Etes-vous encarté au Parti socialiste ?

Je ne suis pas encarté mais j’ai des convictions socialistes. De toute manière, avant d’élire un parti, il faut élire des êtres humains. Aujourd’hui au PS, il n’y a personne au plan national pour qui j’aimerais m’engager.

Pourquoi Hélène Mandroux ?

Je connais Hélène Mandroux depuis quinze ans. Au niveau de sa personnalité et sa façon de voir la vie, c’est quelqu’un de très rare. C’est moi qui lui ai proposé de figurer sur sa liste, sans contrepartie. Je suis très content de son élection mais je ne lui demande rien. Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu. C’est ce qui fait leur complémentarité.

Serez-vous présent sur une liste aux prochaines élections municipales ?

Si la tête de liste du PS ne me convient pas, je ne m’engagerai pas. Hélène Mandroux est vraiment la femme que j’ai envie de suivre.

Quand Vélomagg’ pédale dans la semoule

Près d’un an et 3 000 abonnés après sa mise en place, le Vélomagg’ jongle encore entre succès et maladresse. Témoignage de cycliste en mal de monture

Dimanche matin. Entre Fise et soleil, l’appel de l’exploit sportif résonne en plein air. Objectif : la plage. Moyen de transport : le vélo. Une seule formalité, la location d’une petite reine. Initiative qui tourne vite au parcours du combattant. Pas de vélo disponible en location sans abonnement. Le système est victime de son succès. « Les seuls vélos sont réservés aux abonnés ? Alors comment s’abonne-t-on ? »

Un aller – retour et trois justificatifs plus tard, une fois surmonté l’épisode de la photocopieuse en panne, l’obstination paie. Et la fière détentrice de la carte n° 285933 s’en va traquer la bécane. Rien à la vélostation centrale mais pas de panique ! Les bicyclettes ne manquent pas à l’Opéra-Comédie et, en attendant de pédaler, les pieds battent le pavé. Mais misère ! Coup d’oeil au panneau de l’Opéra, qui affiche « aucune clé dispo ». Un autre à la quinzaine de vélomagg’ attachés à la station. Sollicité, le jeune homme au guichet s’excuse : « Non, désolé, la borne ne fonctionne plus depuis hier soir. »
Mais la mission plage vaut bien un regain d’obstination. Au moins de quoi cavaler jusqu’aux Halles Castellane… où le totem, plongé dans un coma profond, ne répond pas aux passages frénétiques de la carte magnétique. L’essai sur l’Esplanade redonne une lueur d’espoir quand le volet s’ouvre. De courte durée. La seule clé proposée ne correspondant à aucun vélo. Cap sur la maison de l’Agglo pour un dernier essai avant abandon. Trotte, trotte. Là encore, dix vélos et zéro clé.

L’appel à la station centrale clarifie la malédiction. « Les vélos ne tournent pas car les abonnés gardent les clés et repassent de temps en temps pour réinitialiser leur abonnement. Du coup, les vélos sont visibles mais pas disponibles. » Autre joie de l’automatisation, les bornes ne sont pas reliées au centre. Aucun moyen de vérifier la présence des clés dans les totems ou de pénaliser les abonnés égoïstes.

Bilan : deux heures perdues, un abonnement inutile et le recours à la voiture. Et tant pis pour l’environnement.

Trois questions à…

crédit : Montpellier AggloRobert Subra, vice-président de l’Agglo, chargé des transports

« Mille vélos commandés »

Un millier de vélos pour plus de 400 000 habitants, est-ce suffisant ?
Nous en prévoyons 6 000 de plus pour les trois ans à venir. C’est peu à l’échelle de l’Agglo mais il faut garder en tête qu’il s’agit d’une petite part de l’intermodalité. Les Vélomagg’ entrent dans un dispositif qui doit devenir le plus complet possible. L’idée consiste à éviter l’utilisation de la voiture en ville. Pour ça, il faut développer le maximum de moyens alternatifs. Le vélo, mais aussi le tram, les parkings d’échanges, les bus et les zones piétonnes en font partie. Un puzzle bien cossu en fait !

Comment s’assurer que les vélos ne sont pas monopolisés par des abonnés au détriment des autres ?
On a délibéré le 30 avril pour modifier le système. La durée d’emprunt passe de 24 à 12 heures. En le rendant à la station de départ, on y gagne une heure. Sinon, des pénalités vont se mettre en place. Le problème, c’est que certains empoisonnent les autres en immobilisant les vélos ! Alors, on crée un encouragement d’un côté et une pénalité, de l’autre.

Quelles priorités pour l’avenir ?
Continuer à s’adapter à la ville et à sa population. Les usagers du Vélomagg’ ont pour la plupart moins de 35 ans et un grand nombre de touristes s’en servent aussi. Du coup, les abonnements longue et courte durées doivent être maintenus. Mille vélos sont commandés mais sans l’apport de recettes publicitaires, ça coûte cher. On est ravi mais l’ennui, c’est qu’il faut réussir !

Cas unique et effet de mode

D’autres villes pratiquent le vélopartage mais Montpellier possède le Vélomagg’. La particularité du dispositif ? Pas de publicité, pas de limite à une seule ville et un coût moins important.
Velomagg-logQ.jpg
Depuis juin 2007, le système s’est installé puis a été automatisé. À l’initiative de l’Agglo et de Tam, qui ont oeuvré ensemble pour développer une offre alternative aux propositions de Clear Channel ou JC Decaux. Pour éviter le recours aux afficheurs publicitaires, Tam a misé sur les économies. Les arceaux et les cadenas viennent de marchés habituels. Au final, un vélo revient à 700 € par an contre 3 000 €, en moyenne, pour les différents modes de vélopartage. Il présente aussi un autre avantage par rapport à ses cousins lyonnais ou parisien. Contrairement à ces derniers, le Vélomagg’ fonctionne sans chaîne.

Le principal motif de location ? La promenade. Robert Subra avoue même avoir trouvé des surprises dans l’enquête de satisfaction effectuée l’année dernière. « Beaucoup de gens s’en sont servis pour aller à la plage ! C’est tout de même à dix kilomètres… » Cela s’explique puisque les touristes, français ou étrangers, représentent plus de 60 % des usagers. Viennent ensuite les déplacements domicile-travail et les courses. Pour s’adapter aux 60 000 étudiants que compte la ville, Tam propose aussi un abonnement longue durée… Indisponible ! Pour des raisons techniques, les 600 vélos prévus à cet effet sont tous attribués.

Du côté de l’Agglo, on reconnaît que la proportion de vélos par habitant est insuffisante mais Robert Subra l’affirme : « Le service doit être efficace et, vu les contraintes économiques, on est obligé de progresser lentement. » Autre spécificité du dispositif, des stations sont implantées dans les autres communes de l’Agglo. À Saint-Jean- de-Védas, Jacou, Lattes ou encore Castelnau-le-Lez, les abonnés peuvent choisir entre les transports en commun et le vélo pour se déplacer.

Avec les contrôleurs, « Ticket, s’il vous plaît ! »

Le front en sueur, le regard rivé sur le quai à chaque arrêt. Le stress pour bon nombre d’usagers du tram sans ticket. Parfois, pour les contrôleurs aussi, « c’est dur ». Embarquement avec une équipe de Montpellier.

Les deux Patrick, Serge, Alain, Thierry, Jean-Michel, Pascal et Frédéric naviguent de rame en rame sur la ligne 1. Moyenne d’âge, 35 à 40 ans, Tous ont la carrure imposante. Tous cravatés, tenue impeccable. Le chef d’équipe, Patrick, décide de la marche à suivre. « C’est un peu plus difficile maintenant. Il y a plus d’agressivité qu’avant. » Par période, le contrôleur a des coups de blues. « On ne respecte plus aucune institution », déplore-t-il. Thierry a quitté la conduite pour le contrôle il y a cinq ans. Il relativise. « On est toujours dehors. Les horaires sont meilleurs. C’est un choix, on ne nous y a pas forcés. Il y a des problèmes comme partout ». Serge, lui, est dans le métier depuis dix-huit ans et ne s’en lasse pas. Même s’il a été agressé à trois reprises. Côtes cassées la première fois. C’est devenu « naturel » de contrôler. Et « il n’y a pas que le côté répressif, il y a aussi les renseignements. » Pascal poursuit : « Il y a de l’indulgence. Des fois, on regrette… » Les non titulaires ont besoin d’alterner avec la conduite, sinon « ça pèse ».

« En temps normal, je ne l’aurais pas verbalisé. S’adapter à chaque situation, c’est ça le plus dur »

14 h 30, période creuse, les contrôleurs peuvent « décompresser ». Le bon côté de la mission, « une bonne entente dans l’équipe, un soutien ». Une cohésion « très importante » dans ce métier. On l’observe quant à leur manière de travailler. A peine perceptible, un petit sifflement leur sert de code pour communiquer. Savoir quand monter, descendre et changer de rame. Récupérer la machine à carte… Qu’ils dégainent à chaque arrivée de tram. Ils s’avancent à deux par porte. Toujours. Et ne se « désolidarisent pas ». Un jeune garçon lance naturellement : « J’ai pas ma carte ». Patrick laisse passer, « pour cette fois ». Un autre valide son ticket sous le nez des contrôleurs : amende. « C’est un sport national la validation à vue. C’est sa parole contre la nôtre. »

Au Corum, sur le quai, un jeune homme lance des gestes brusques envers Serge, une armoire à glace pourtant. Pour un arrêt, il se vexe de devoir payer 27 €. Encore… « Vous n’êtes pas compréhensifs ! Les étudiants galèrent en ce moment ! » Un dialogue s’engage finalement. « C’est ça le plus important, désamorcer », souligne Frédéric. On explique au jeune homme que s’il avait prévenu qu’il ne faisait qu’un arrêt en montant dans le tram, ce serait passé. Mais pas alors qu’il était déjà dedans. Pascal souligne qu’il faut être conditionné pour faire ce métier. « Moi, ça va, je donne des cours de self-défense. »

« 15 à 20 % des personnes contrôlées rouspètent », prévient Patrick, le chef d’équipe. D’autres tentent de s’expliquer, paraissent tellement sincères, désemparées, que cela en ferait presque mal au cœur. Comme Jean-Luc : « C’est idiot, j’ai toujours mon ticket dix voyages sur moi, là, je ne sais pas où il est. C’est normal de payer. Je travaille, pour moi, l’amende c’est rien. Et puis, je ne suis pas bête, j’ai vu les contrôleurs et je suis monté quand même. » Thierry, le contrôleur, ne peut pas gracier Jean-Luc à ce moment-là. Il vient de faire payer une jeune femme qui regarde cet autre usager se défendre, pour échapper à l’amende. Le contrôleur l’assure : « En tant normal, on ne l’aurait pas verbalisé. S’adapter à chaque situation, c’est ça le plus dur. » D’un côté comme de l’autre. Bilan des deux heures : 25 procès verbaux sur les 13 rames contrôlées.

Sur six millions de voyageurs par mois, 130 000 sont contrôlés.

Montpellier : Un mouvement précoce et bon enfant

Pierre Marie Ganozzi est professeur d’Histoire Géographie au Lycée Albert Schweitzer du Raincy (93). Il a étudié en 1997 dans le cadre de sa maîtrise d’histoire le mouvement étudiant de mai 68 à Montpellier.

Quand débute le mouvement étudiant à Montpellier ?

Dés le mois de février ! Le 14, la Fédération Universitaire, la Fédération des Résidences Universitaires de Montpellier (FRUM) et l’UNEF organisent un meeting à la cité universitaire du Triolet pour demander une réforme du règlement intérieur. Les revendications portent essentiellement sur des questions de mixité, afin que les mineurs[[ La majorité était alors à 21 ans]] de sexe opposés puissent se rencontrer, et que les couples majeurs non-mariés puissent avoir des aménagement. Il est aussi question de liberté de regroupement politique. Le meeting est un succès, il réunit 2000 personnes, soit plus de la moitié des résidents de la cité. Beaucoup de gens se reconnaissent alors dans l’UNEF et dans les fédérations universitaires. Le règlement sera réformé en faveur des étudiants début mars.

Comment se déroule la suite des événements ?

Dans la foulée des événements parisiens. Il existe à Montpellier aussi un comité Vietnam, dans lequel on retrouve des militants de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR) et des Etudiants Socialistes Unitaires (ESU). Des délégués de l’UNEF Montpellier sont présent le vendredi 03 mai à la Sorbonne. Le meeting qui devait avoir lieu dans le local de l’UNEF est déplacé car le local a été incendié la veille par le mouvement Occident. Le rassemblement se tiendra alors de façon sauvage, et sera évacué par les forces de police avec beaucoup de violence.
Les délégués Montpelliérains rentrent de Paris le dimanche soir et dés le lundi matin, ils tractent et circulent dans les amphis de la fac de lettres pour raconter ce qui s’est passé. La faculté se met alors en grève, ce sera l’une des premières de province. Le fait d’avoir des témoins direct des événements va accélérer le processus par rapport à d’autres villes qui n’ont que les échos de la presse.

Les facultés de Montpellier sont alors bloquées ?

Non. Il n’y aura pas de blocages à Montpellier en 1968. les enseignants et les étudiants font la grève sur le tas, donc il n’y a pas lieu de bloquer. Des assemblées générales se tiennent toute la journée.

Le mouvement étudiant montpelliérain a t’il beaucoup de lien avec le mouvement parisien ?

Oui, en permanence. Les étudiants on prit possession du secrétariat, ce qui leur permet d’être en communication constante avec Paris. Luc Barret, le président de l’UNEF à Montpellier deviendra d’ailleurs plus tard en 1969 le président de l’UNEF au niveau national.

Quelles sont les spécificités du mouvement Montpelliérain ?

La principale est qu’il existe à Montpellier une relation étroite entre le mouvement étudiant et le mouvement salarié. On ne peut pas vraiment parler d’ouvriers, il s’agît surtout des cheminots. Les syndicats collaborent au sein de l’intersyndicale qui regroupe l’UNEF, la CGET, La CFDT, La FEN et FO. Ce n’est pas le cas partout, loin de là. A partir du 18 mai, et pendant une dizaine de jours, l’intersyndicale se réunira d’ailleurs à Paul Valery. Des comités sont mis en place pour aller chercher des vivres directement chez les paysans pour nourrir les grévistes, étudiants et salariés.

Quelle interprétation peut-on avoir de cette entente ?

Montpellier ne représente pas d’enjeux politiciens. L’attitude du PCF ici n’est pas du tout celle de sa direction parisienne. Les syndicats collaborent donc sans arrière pensées.

Y a t’il d’autre particularités ?

Oui, les événement se sont déroulés sans violences à Montpellier. On trouve des étudiants gaullistes en médecine et quelques membres d’Occident en droit, mais ils ne se sont pas trop montrés. Un jour, la rumeur d’une descente d’Occident à Paul Valery a couru. Le service d’ordre de la CGT est allé prêter main forte à l’UNEF. Finalement, Occident n’est pas venu. Le 31 mai lors de la manifestation de soutien à De Gaulle, l’extrême droite a manifesté dans un cortège distinct.
L’ambiance générale était bon enfant à Montpellier. A titre d’exemple, en médecine, malgré la fermeture de la fac, les étudiants se sont organisés pour aller nourrir les animaux cobayes afin que ceux-ci ne souffrent pas de la grève.

Comment le mouvement prend-il fin ?

Un peu comme partout. Fin mai, De Gaulle dissout l’assemblée nationale. On est au lendemain du protocole de Grenelle. L’Union des Etudiants Communistes (UEC) considère que c’est un succès, et se lance dans la préparation de la campagne. Les ESU sont plus méfiant mais quittent tout de même la grève pour entrer en campagne. Les ligues d’extrême gauche sont dissoutes. Le militantisme devient difficile dans la clandestinité. Pourtant, leurs effectifs ont largement augmenté. La JCR est passé de 15 à plus de 300 membres durant le mouvement.

Qu’est-il resté du mouvement Montpelliérain ?

Des idées en premier lieu ! L’assemblée constituante mis en place le 13 mai à Paul Valery comprenait 30 enseignants, 30 assistants, 30 étudiants et 10 administratifs. Leurs idées ont contribué à l’élaboration de la réforme Faure.
Ensuite, c’est à Montpellier que l’idée des universités populaires est allé le plus loin. L’idée était d’ouvrir les murs de la fac à tout le monde durant l’été. L’expérience a débuté à Paul Valery. Le 07 juillet, le doyen fait évacuer les lieux avec l’aide de la police. L’université d’été va alors se réfugier dans la salle des rencontres prêtée par les frères dominicains. Il faut tout de même nuancer. Si les conférences ont duré jusqu’à début août, peu de gens y ont prit part.

Vous avez étudié mai 68, aujourd’hui vous êtes enseignant dans le secondaire. Pensez-vous que mai 68 ai laissé un héritage aux mouvement étudiants ?

Non. L’héritage de mai 68 ne se situe pas dans cette sphère. Je n’ai pas vu les braises de 68 souffler sur les dernières grèves lycéennes ou étudiantes. C’était peut-être vrai en 1986, mais depuis 1995, d’autres référents se sont mis en place. Pour moi, les déclarations du président Sarkozy sont anachroniques. Ça n’a pas de sens de vouloir « en finir avec 1968 ». C’est un problème. Jusqu’à présent, l’événement n’était envisagé qu’à travers des témoignages ou du ressenti. Soit on mythifie, soit on diabolise mais on le traite rarement dans sa globalité et sa complexité. Le temps de l’Histoire est venu. D’ailleurs, cette année, il me semble que ce qui sort en librairie est plus intéressant.

Mai 68 : La démocratie déferle sur les bancs de l’université

A l’occasion du quarantième anniversaire de Mai 68, le journal Midi Libre réalise un dossier spécial dans la semaine du 4 au 11 mai. Le dossier se décline en thématiques. Voici la page qui traite du mouvement étudiant.

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L’équité pour un monde plus harmonieux

Deux semaines pour changer les comportements de consommation. Voilà le pari de la huitième Quinzaine du commerce équitable. Une série de manifestations qui a commencé hier, place Sainte-Anne, par une exposition accompagnée de jeux et de dégustations. Le tout organisé par l’association Artisans du monde, sur le thème de l’agriculture paysanne.

L’importance de l’action est soulignée par Marjolaine de Clerc, unique salariée de l’association : « Le moment semble presque idéal. Les émeutes de la faim, le débat sur les OGM… Tous ces éléments du quotidien soulèvent l’inquiétude des citoyens. » Répondre par la sensibilisation à cette anxiété, voilà le rôle de la Quinzaine. Et puis la question du prix n’est pas la seule en jeu.

« Les citoyens ont un pouvoir d’action sur l’évolution du monde »

Le principe du commerce équitable repose sur la volonté de soutenir des agriculteurs dans les pays en développement. Des petits producteurs peuvent alors se réunir pour mutualiser matériel et récoltes, afin de réunir une masse exportable. Les revenus tirés de cette activité permettent alors de développer la vie économique locale. L’achat éthique garantit une production respectueuse des droits des travailleurs et de l’environnement. « Le développement durable, qui n’était pas une priorité il y a trente ans quand Artisans du monde a débuté, fait maintenant partie des exigences, précise Marjolaine. Les articles ne portent pas systématiquement de label bio mais leur fabrication suit les mêmes procédés. »

Et comme pour le bio, plusieurs labels éthiques existent. Des gammes de café estampillées Max Havelaar fleurissent d’ailleurs dans les supermarchés, à l’inverse de celles d’Artisans du monde. Un parti pris pour Marjolaine : « Ils tentent la quantité pour faire basculer les comportements mais c’est une part si infime par rapport aux gammes classiques ! » La caractéristique d’Artisans du monde est de garantir que l’intégralité de ses articles respecte l’éthique. Une lourde tâche pour l’association, qui manque cruellement de bénévoles. Mais Marjolaine reste optimiste. « À nous de rappeler aux citoyens qu’ils ont un pouvoir d’action sur l’évolution du monde. » Un pouvoir qu’ils peuvent découvrir tout au long de la Quinzaine.

Entretien

312_low.jpgYuna Chiffoleau, sociologue à l’Inra (Institut national de recherche agronomique), travaille à la coordination de projets de commerce équitable à l’échelle locale

En quoi consiste le commerce équitable de proximité ?
On développe des filières courtes entre producteurs et consommateurs avec, au maximum, un seul intermédiaire entre eux. Cela permet de limiter les transports, à la fois dans une logique de développement durable et pour préserver la qualité des produits. L’idée est la même que pour le commerce Nord-Sud. Ils ne se nuisent pas entre eux car les espaces de solidarité sont extensibles. Les circuits sont complémentaires aussi, avec des produits différents. Et, contrairement aux filières longues, les produits n’ont pas besoin d’un conditionnement lourd pour l’acheminement à destination.

Comment cette initiative est-elle née ?
Le constat vient d’un diagnostic de l’agriculture française. Les exploitants sont fragiles, surtout dans le Languedoc. La profession connaît une forte dévalorisation sociale, malgré l’image donnée par la compétitivité des grandes exploitations. L’objectif était donc de trouver une alternative à la grande distribution. À la fois pour des producteurs qui en sont exclus et des clients qui souhaitent privilégier la qualité tout en s’engageant dans une démarche citoyenne.

Le public s’implique-t-il en dehors de l’acte d’achat ?
Une relation d’échange se forme plus facilement car les intermédiaires sont rares. Les consommateurs citoyens demandent aussi une qualité grandissante, dans le respect du développement durable. Ce dialogue permet à tous de progresser, de s’adapter.

Quels sont les résultats de cette démarche ?
L’impact dépasse le seul secteur économique. Les producteurs ouvrent des boutiques, créent des emplois. Les synergies réalisées pour partager le matériel trop coûteux permettent de tisser du lien social. L’activité peut évoluer aussi. Certains agriculteurs proposent maintenant des produits transformés, comme de la tapenade ou de la confiture. L’essentiel, c’est de redonner une valeur à la coopération agricole. Et de s’intéresser davantage aux hommes qu’aux produits.

Littérature sur Mai 68 : les pavés ne font plus recette

Pour ses quarante ans, Mai 68 fait un retour en force dans l’espace public. Emissions spéciales, hors-séries de quotidiens de l’époque, témoignages,… la révolte populaire devient, comme beaucoup d’évènements historiques, un marché pouvant s’avérer lucratif. A Montpellier, les quatres grandes librairies de l’Ecusson (FNAC, Virgin, Sauramps et Gibert Joseph) consacrent leurs vitrines et leurs rayons à l’évènement. Plus d’une centaines d’ouvrages sont disponibles mais aussi des cds, dvds et produits dérivés en tout genre. Devoir de mémoire ou vague marketing?

Qui achète Mai 68?

La tendance verse dans la nostalgie plutôt que dans la découverte. Pour Alain Monge, responsable de l’espace vente à Sauramps: « C’est globalement un public qui a connu Mai 68, même jeune. Pas mal étudiants n’apprécient pas que l’on compare tout le temps les mouvements étudiants actuels à ce qui s’est passé en Mai 68. » Au Virgin, même son de cloche de la part du responsable, Philippe Castelneau : « Les livres de nostalgie et de commémoration marchent mieux que les livres de fond. » A la Fnac, rares sont les têtes blondes qui s’arrêtent devant le rayon dédié. Pour Paul, 65 ans, hypnotisé par les images des barricades diffusées sur l’écran géant :  « Cela me fait une sensation bizarre de revoir tout ça. A part ceux qui, comme moi, y étaient, je ne vois pas qui cela peut intéresser. Et encore, je ne vais pas acheter ce que j’ai vécu en vrai. »

Quels sont les succès et les flops des rayons?

Les ouvrages « grand public » comme le Hors-série de Télérama (1) ou les recueils de photographies (2) marchent très fort, au détriment du texte pur et des analyses du mouvement contestataire. Exception faite de l’ouvrage de Daniel Cohn-Bendit, Forget 68 (3). Le leader de l’époque se trouve en bonne place sur les rayons. Témoignage également et succès surprise pour Le Jour où mon père s’est tu, de Virginie Linhart (4). « Les gens cherchent davantage de témoignages, de souvenirs. Par exemple, les slogans de 68 (5)se vendent très bien, c’est petit et pas cher, on le place d’ailleurs en appel de caisse comme pour les chewing gum. », précise Alain Monge. Au rayon des bides, Les Années 68 (6), ouvrage très complet mais très épais, n’attire pas les foules. Le public étant en majorité grisonnant, les ouvrages destinés à ceux qui n’ont pas connu Mai 68 ne s’arrachent pas. Au Virgin, «les ouvrages clins d’oeil ne décollent pas, les gens restent attirés par ce qui est visuel » explique M.Castlelnau. André et son fils Raphaël Glucksmann arrivent en bonne place dans ces ouvrages surfant sur Mai 68 (7).

L'espace actualité de Sauramps, tout de rouge vêtu

Beaucoup de bruit mais pour quoi?

Entre les quatres « grands de Montpellier », le bilan apparaît comme mitigé. A Gibert Joseph, qui consacre le plus petit espace à Mai 68, « Globalement, cela ne marche pas », explique la responsable qui a agencé le rayon suivant ses goûts pour les ouvrages. D’ailleurs, le rayon ne passera pas le mois de Mai. Sauramps a mis, quant à lui, les petits plats dans les grands. Le lieu consacre à Mai 68 toute sa vitrine de l’étage inférieur, en plus du rayon Actualités : « On a commencé il y a déjà deux semaines pour un résultat satisfaisant. L’évènement fait grimper les ventes de tout le rayon actualité politque et si la vitrine s’arrête fin mai, le rayon restera jusqu’à mi-juin ». En tout, une centaine d’ouvrages s’affichent à Sauramps, tout comme au Virgin ou un PLV (Publicité sur lieu de vente) est mis en place pour tout le mois de mai. Le choix des ouvrages sélectionnés résulte d’un rapport rentablilité/qualité. On parle alors de
« choix judicieux » ou « pertinent » et on raisonne en terme de « potentiel » de l’auteur à faire vendre.

Le site de la Fnac voit grand et propose une large gamme de

La Fnac ne s’embarasse pas de ce genre de questions et remporte la palme de l’offre. Un grand rayon au fond du magasin avec un large écran plat et plusieurs petits coins consacrés à tout ce qui peut ou a pu avoir un rapport avec Mai 68. C’est une opération nationale et personne ne souhaite répondre aux questions sur la pertinence et la stratégie d’une telle opération. Le catalogue spécial Mai 68 ressemble d’ailleurs à à la liste de noël d’un soixante-huitard passionné : slogans, affiches, ouvrages de fond, de forme mais également tout ce qui a pu passer musicalement pendant l’année 68 (Georges Moustaki, la comédie musicale Hair, Michel Polnareff, The Grateful Dead,etc). La stratégie de la chaîne s’ouvre même sur le mouvement hippie, la liberté sexuelle, l’émancipation des femmes et tout ce qui a pu découler du mouvement de Mai 68 jusqu’à aujourd-hui, c’est dire que l’offre est large mais avec parfois, une pertinence mystérieuse.

Le catalogue Mai 68 de Sauramps reprend en couvertude une des affiches du mouvement Finalement, Mai 68 est à la France, ce que 1907 a été à la région Languedoc Roussillon : la commémoration d’un événement marquant avec tous les points de vues et les produits disponibles sur la question. Alain Monge, de Sauramps, conclut sur ce phénomène : «Si on compare Mai 68 et 1907 dans les ventes : le premier bénéficie de beaucoup plus de titres disponibles mais pour le nombre d’exemplaires vendus par titre, 1907 arrive premier, ce qui n’empêchera pas l’anniversaire de Mai 68 de faire plus de chiffre que celui de 1907. » La déferlante Mai 68 arrive à Montpellier comme une vaguelette sur le Lez. A la question posée par le catalogue spécial de Sauramps, que reste-t-il de nos révoltes?, il semble bien triste de répondre : la nostalgie de la forme et non du fond.