Une autre télévision est possible, oui mais laquelle ?

Après l’annonce du 8 janvier dernier concernant la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, les réactions ont été nombreuses. Souvent le fait des professionnels de l’audiovisuel. Deux chercheurs ont accepté d’imaginer ce que pourrait être la « télévision de qualité » que Nicolas Sarkozy appelle de ses voeux.

Philippe Meirieu est l’auteur d’« Une autre télévision est possible », Chronique Sociale, Lyon, octobre 2007.
Professeur en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon 2, il est aussi responsable pédagogique de la chaîne de télévision pour l’éducation et la connaissance, Cap Canal

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Philippe Meirieu
Vous qui dénoncez la course à l’audience que se livrent les chaînes de télévision tout en reconnaissant que l’immense majorité d’entre elles ne peut vivre que grâce aux revenus de la publicité , que pensez-vous de l’annonce de Nicolas Sarkozy concernant la suppression de la publicité pour le financement des chaînes publiques ?

Je suis très réservé sur cette annonce. La question de la publicité a été traitée sous l’angle du marché et non pas sous l’angle du statut de la publicité en général.
Je n’appelle pas à une augmentation ou à une diminution de la publicité, mais à une réflexion globale sur le rôle et la place de la publicité à la télévision. Il faudrait réfléchir à l’ensemble des choses qui perturbent la gestion de l’espace public audiovisuel. Toutes chaînes confondues. Par exemple, moi, au titre de la protection de l’enfance, je suis favorable à une suppression de la publicité un quart d’heure avant et un quart d’heure après chaque émission de jeunesse.
D’autres moyens de financement existent. Par exemple le partenariat. On pourrait imaginer des partenariats avec l’éducation nationale, le ministère de la santé etc… Une forme de partenariat ciblé pourrait être entrepris avec les collectivités territoriales. Par ailleurs, je ne suis pas hostile à une augmentation de la redevance qui est en France l’une des plus basse d’Europe.

Que serait pour vous une télévision de qualité ?

Une télévision qui se passionnerait pour la chose publique, aussi bien pour la médecine, que pour l’éducation… Il y a eu des réussites dans ce domaine qui pourraient être reprises.
Une télévision qui prend les gens pour des gens intelligents, ce qui ne veut pas dire de ne pas les distraire. Mais une télévision qui n’est pas un caractère hypnotiquo-magique, qui refuse un certain nombre de trucages, systématiques dans le talk-show.
Une télévision qui donne une place essentielle à l’image de création. Il y a le documentaire mais également quelque chose qui en France aurait un fort potentiel : le cinéma d’animation. Ce n’est pas forcément élitiste. Beaucoup de personnes apprécient le documentaire touristique ou animalier. Le docu-fiction quant à lui peut aider à faire comprendre des choses. Ce qui serait par exemple intéressant, ce serait de faire des scénarios qui présenteraient ce qui se passerait si ceci ou si cela…. Les créateurs ne sont pas suffisamment mis à contribution. De plus il faudrait que ça fonctionne par appel d’offre et pas par copinage.
Une télévision qui prend des risques. Il faudrait avoir du courage pour supprimer le matin les émissions de jeunesse, type dessins animés, qui ont une influence très nocive en terme d’attention à l’école. Par ailleurs, nous sommes dans des formes archi éculées, le 13 /26/52 mn pour le documentaire. Il y a d’autres formes possibles ! Promo et copinages sont devenus le carburant de la télévision. C’est insupportable ! Ce sont toujours les mêmes émissions critiques, même les moins traditionnelles, c’est encore de la promo et du copinage !
Pour que la télévision se fasse culturelle, il faut qu’elle se fasse créatrice de forme. La télévision a été créatrice à ses débuts. Aujourd’hui, c’est l’âge de la télé réalité, qui a été très astucieux en termes d’inventivité. Le problème est qu’il modélise les autres émissions. On tombe dans le paradigme voyeurisme, exhibition, narcissisme.

Yves Soulé est formateur lettre à l’IUFM de Montpellier. Il est associé au laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique éducation et formation (LIRDEF)

Yves Soulé

Comment réagissez-vous à l’annonce de Nicolas Sarkozy concernant la suppression de la publicité sur les chaînes publiques?

J’éprouve beaucoup de soupçons par rapport à un gouvernement qui décide, sans concertation, de dissoudre le lien consubstantiel de la télévision publique et de la publicité .
Je ne crois pas aux idées de partenariat pour financer la télévision sans les logiques d’audimat et donc de publicité. Pourquoi ne pas plutôt imaginer une sorte de carte bancaire télévisuelle qui permettrait une consommation à la carte ? Les téléspectateurs paieraient ainsi leur consommation effective. C’est une solution qui risque néanmoins d’être plus chère que ne l’est la redevance aujourd’hui.
Je me méfie de cette volonté de retour en arrière, vers un passé idéalisé . Y-a-t-il déjà eu une télévision de qualité ? Il faudrait s’intéresser aux discours de la presse sur la télévision dans les années 60…

Que serait une télévision de qualité?

Mon rôle en tant que formateur n’est pas d’imaginer ce que la télévision devrait être. En tant que téléspectateur, j’ai une opinion sur la question. Pour commencer, il faut se méfier lorsque qu’on parle de « la » télévision. Elle est aujourd’hui hybride .
S’il est question des chaînes publiques hertziennes, une télévision de qualité serait un télévision qui n’aurai pas de compte à rendre en terme de rentabilité immédiate . Une télévision qui se poserait la question de l’interactivité avec le téléspectateur.
La télévision conserve un rôle majeur dans la production. On a besoin de l’écriture télévisuelle à côté de l’image figée et presque laborieuse de la lecture en ligne. La télévision a un impact spécifique . Il y a une proximité à l’objet. Elle a été accusée de ruiner la veillée . Aujourd’hui, elle s’oppose à la consommation individuelle, privée, voire égoïste d’Internet.
Toutefois, il faut penser ces deux outils dans leur complémentarité. Un outil comme You Tube offre un formidable catalogue. On ne peut nier les problèmes que son utilisation implique, mais ça appelle une réflexion plus large : pourquoi l’offre de l’Institut National de l’Audiovisuel est si chère ?
Il faudrait un intérêt accru de la télévision pour des publics spécifiques, tels que les ados par exemple. Leur parole dérange. Il faudrait se préoccuper de ce public comme le font certaines radios et non pas en fonction de l’intérêt que pourraient y trouver leurs parents.
Contrairement à Philippe Meirieu quant il parle de sidération, je préfère parler de considération. Cela suppose un certain respect dans le professionnalisme des gens de la télévision. On ne peut pas critiquer a priori. Il y a comme une difficulté à penser la télévision. Elle fait peur . Le pouvoir d’aliénation qu’on lui prête est tel qu’on en vient à la considérer comme l’«autre».
La télévision nécessite un apprentissage, sur quatre points essentiels : le contenu, le traitement, les intentions et l’impact. Le téléspectateur peut choisir d’avoir une position critique face à la télévision, mais soyons honnête, la télévision est aussi bien souvent une fenêtre d’oubli de la réalité, de décalage par rapport à ses obligations journalières. Elle constitue une soupape. Il serait aberrant de demander au téléspectateur qu’il se comporte comme les chercheurs aimeraient qu’il le fasse.

Sida : Un dépistage rapide bientôt lancé par Aides

Aides veut mettre à disposition un nouveau test de dépistage du virus du Sida

Lors de l’inauguration de ses nouveaux locaux (1), mardi 1er avril au soir, l’association Aides a annoncé vouloir mettre en place un dépistage rapide du virus du sida, d’ici la fin de l’année. Le principe est simple. Une goutte de sang (prélevée sur un doigt) dans un boîtier et, vingt minutes après, le résultat (fiable à 99,9 %) apparaît.

Les personnes seront reçues par les membres de Aides, dans deux pièces, pour faire le test mais surtout pour discuter et être orientée.
« Ce projet est expérimental, associatif et non médicalisé. Nous voulons être un auditeur en plus des autres centres de dépistage, explique Jean-Philippe Morel, coordinateur départemental. Si le test est positif, nous enverrons la personne vers les structures classiques. »

Néanmoins, comme pour les autres tests, il faut compter un délai de trois mois avant de déceler le virus. « Ce n’est donc pas un permis de baiser, prévient Alain Ligni, secrétaire de la délégation départementale. Le résultat signifie que la personne est saine à un instant T, c’est tout ».

L’association projette de créer le même système pour déceler l’hépatite C. La volonté des membres de l’association ne s’arrête pas au dépistage. Il existe également des groupes de parole, des actions de soutien pour les personnes séropositives et tout un travail de prévention pour les séronégatives.

Dans le département de l’Hérault, une personne sur 200 serait contaminée par le virus du Sida.

(1) Avenue Saint-Charles, ouvert le lundi, mercredi, vendredi de 14 h 30 à 17 h 30.

(article publié dans Midi Libre du 3 avril 2008)

Les entreprises « joueront le jeu» si l’Etat les aide

Jean-Louis Bouscaren est le dirigeant des incontournables auto-écoles ECF – Bouscaren. Il est aussi le président de la CGPME – LR, syndicat patronal des PME, et vice président du Conseil Economique et Social Languedoc-Roussillon.

Interrogé pour le Journal Midi Libre, il livre son avis sur les déclarations du président Sarkozy le 4 avril. En particulier sur ce qui le concerne : la redirection des aides aux entreprises en faveur des PME et des secteurs innovants en priorité.

«Ce n’est pas une surprise, mais cette déclaration va dans le bon sens. Maintenant que Nicolas Sarkozy l’a annoncé publiquement, il doit tenir ses engagements»…

Jean-Louis Bouscaren, président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) en Languedoc-Roussillon, se montre satisfait.
Le chef de l’Etat souhaite recentrer les aides aux entreprises sur le secteur des PME et de l’innovation.

Jean-Louis Bouscaren
«Il semble avoir compris que ce sont les PME et les TPE qui créent l’emploi dans le pays. Les entreprises du Cac 40, elles, ont plutôt tendance à le tuer en délocalisant. Les structures patrimoniales prennent le plus de risques et sont les plus méritantes. Même lorsqu’elles se tournent vers le marché international, leurs racines restent en France. C’est là qu’elles versent leurs impôts.»

Echaudé par la récente décision de requalifier les Contrats Nouvelle Embauche (CNE) en CDI, Jean-Louis Bouscaren attend cependant des mesures concrètes :

«Nous souhaitons un allégement des charges, ainsi que la réduction des barrières administratives, qui sont contre-productives pour l’emploi».

La suppression des effets de seuils en fonction du nombre d’employés apparaît désormais comme une priorité pour la CGPME.

Mare Nostrum : des nouvelles stars dans l’aquarium

« Branchez les guitares »… C’est parti pour un nouveau show à Mare Nostrum, le grand aquarium de Montpellier. Une raie très spéciale va faire son entrée, le 7 avril. Son nez rond, ses nageoires grandes et pointues et sa longueur d’environ 1,30 m font penser à la forme du célèbre instrument à corde. D’où son nom, « raie guitare ».

Une espèce qui vient d’Indonésie pacifique. Pour l’instant, celle de Mare Nostrum reste en quarantaine afin que les soigneurs puissent l’examiner, la peser. L’approcher, l’habituer à leur présence, à des manipulations. « Elle a une forme olympique, elle est bien grasse », souligne Nicolas Hirel, responsable de la
mise en scène de l’aquarium. Mais elle est inoffensive car elle n’a pas d’aiguillon venimeux. Elle sera ensuite transférée dans l’aquarium
après anesthésie.

L’autre nouvelle recrue, le poisson-scie, est passée par la également. Il barbote dans l’aquarium depuis moins d’une semaine, avec son 1, 5 m de longue. « Depuis décembre, nous l’entraînions, à l’écart. Les animaux sont des acteursur. On leur demande de jouer un rôle. Celui qu’ils joueraient dans leur milieu naturel. Et on va faire en sorte que chaque poisson vienne manger à l’appel de son nom », explique Nicolas Hirel. Tous les animaux en ont un, une sorte de code. « Ce qui permet aux soigneurs de parler du même individu. » Celui du poisson-scie reste secret, il s’agit d’une marque de l’outil. Peut-être que les visiteurs pourront le découvrir, qui sait. Pour l’instant, le poisson-scie prend ses marques. Le matin, on peut le voir patrouiller en haut du bassin puis redescendre, petit à petit, pour finalement se poser sur le sable. L’endroit où il doit normalement se trouver. « Nous avons choisi ces deux espèces car il fallait habiller le fond de l’aquarium. Pour qu’il ressemble à un morceau d’océan, même si ce n’est pas forcément crédible avec tous les éclairages. »

Le poisson-scie vient du Queensland, en Australie. Il tient son nom de la forme de son nez, long d’une cinquantaine de centimètres et comprenant une quarantaine de dents, avec lequel il débusque, assomme et déchiquette ses proies. Les visiteurs n’assisteront peut-être pas à la scène, étant donné que les soigneurs nourrissent ces spécimens à la perche, comme les requins. Seulement trois individus de cette espèce sont visibles en aquarium en France.

Bientôt quatre, puisque Mare Nostrum va en acquérir un autre. Des poissons pêchés exprès pour l’aquarium, avec l’autorisation du ministère de l’Environnement australien. « Il a fallu plus d’un an de démarches pour obtenir le droit d’importer les poissons-scies », précise Nicolas Hirel. Une deuxième raie devrait être attrapée pour Mare Nostrum. Là aussi, sous autorisation. Car, comme beaucoup d’autres, l’espèce est menacée de disparition.

On joue au foot parmi les livres de Rousseau

D’une ludothèque classique à une salle de jeux vidéo, le passage s’annonçait inattendu mais envisageable. « Bonjour ! On vient jouer à Fifa 08, on a réservé… » Depuis le 15 mars, la médiathèque Jean-Jacques Rousseau, à La Paillade, propose une salle bien particulière. Sur quatre postes, les adolescents profitent de consoles XBox360 et Playstation 3, les plus récentes du marché.

La médiathèque Rousseau comme expérience pilote, et entretien avec Gilles Gudin de Vallerin, directeur des médiathèques de l’Agglo.

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Une actrice X se dévoile en faveur du Sidaction

La lutte contre le SIDA ne se mène pas seulement sur les plateaux télé mais également dans les discothèques. A Montpellier, la Nitro organise un week-end spécial Sidaction. A cette occasion, une actrice de film X, Léa Lazur se produit vendredi pour un show coquin et le lendemain, des centaines de préservatifs seront distribués aux clients du club. Interview avec une actrice qui met ses charmes au service d’une cause parfois mal perçue dans l’industrie pornographique.

Haut Courant : Que pensez-vous du Sidaction ?

Léa Lazur : C’est bien mais il est dommage que ce ne soit pas une action menée tout le temps. Le Sida existe et la lutte contre cela devrait être permanente. Il faudrait faire des reportages dans les magazines spécialisés, en expliquant les pratiques à risque. La prévention ne va pas assez loin ; pour la sécurité routière, il font des campagnes bien plus chocs, il faut faire réagir les gens.

Thierry (son mari) : Faire une soirée avec un show, oui mais il faudrait diffuser des vidéos de prévention durant la soirée, faire venir des médecins pour expliquer aux gens les vrais risques et les conséquences. Porter un ruban rouge n’est pas suffisant, il faut agir.

Haut Courant : Quel peut être votre rôle dans cette lutte ?

Léa Lazur : En France, il y a une volonté de montrer l’exemple. Je suis consciente que les films pornographiques font partie de l’éducation sexuelle de pas mal de jeunes. Pour moi, c’est un gage de sécurité de tourner en France.

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Haut Courant : Pourquoi ? La France se distingue-t-elle des autres pays ?

Léa Lazur : Les tournages sans préservatifs sont interdits en France, ainsi que certaines pratiques à risque comme l’éjaculation faciale. On ne tourne plus depuis quelques années sans utiliser de préservatifs. Dans le milieu, nous avons des tests obligatoires, environ tous les quinze jours alors qu’à l’étranger, même si il y a les tests, les acteurs peuvent jouer non-protégés. Les tests réalisés sont complets niveau MST et pas seulement pour le HIV. J’ai déjà refusé de tourner avec un acteur car, même si son test HIV était négatif, il y avait des traces de chlamydiae (bactérie provoquant des infections urinaires et pouvant déboucher sur des troubles de la fertilité chez la femme).

Rocco Siffredi, beaucoup trop « trash »

Haut Courant : Avez-vous déjà tourné sans préservatif ?

Léa Lazur : Je ne suis dans le milieu que depuis un an et je refuse de tourner sans. Les tournages à l’étranger restent plus laxistes comme au Brésil.

Haut Courant : comment cela se passe-t-il à l’étranger ?

Léa Lazur : Il y a davantage de films, plus d’argent, il ne faut pas se leurrer. Une fille aux Etats-Unis, si elle tient physiquement, elle peut enchaîner trois-quatre scènes par jour, et pour beaucoup plus d’argent. D’un autre côté, les acteurs étrangers respectent davantage la femme, ils lui demandent s’il n’y a pas de douleur, si tout se passe bien…bref, ils sont professionnels. Sans faire de généralités, les acteurs français ne pensent qu’à « niquer »… Mais je ne tournerai jamais dans un film de Rocco Siffredi, les scènes deviennent de plus en plus trash. Dans les productions françaises comme celles de Marc Dorcel, il y a un souci esthétique, que la femme soit belle et sexy.

Haut Courant : Peut-on vivre du cinéma pornographique en France?

Léa Lazur : La plupart du temps, les acteurs et les actrices travaillent avec le statut d’intermittents du spectacle. Les tournages sont aléatoires, parfois plusieurs films à la suite et après plus rien. Je fais des shows et des photos pour compléter mes revenus. Pour un show de 15-20 minutes, cela suffit. Après, tout dépend de la personne que je fais monter sur scène mais il n’y a pas de rapports sexuels. Certaines filles le font mais moi pas, je préfère le côté glamour. En plus, question protection, il y a de gros risques.

Ce vendredi à la Nitro, route des plages. Entrée : 14€. Tél : 04 62 22 45 82

Hélène Mandroux condamne la Chine et tacle Georges Frêche

Suite aux violences au Tibet, le Dalaï Lama en appelle à la communauté internationale.
A Montpellier, la condamnation de la situation tibétaine arrive par la voix de son maire, Hélène Mandroux. Cette prise de position peut paraître mineure au regard du poids diplomatique de la ville par rapport aux forces en présence. Mais à Montpellier, la passion de la Chine est au goût du jour et le communiqué de la Mairie pourrait jouer le trouble-fête, surtout dans les relations entre la maire et le président de l’Agglomération.

« Je condamne fermement les mesures de répression que les forces de l’ordre et l’armée chinoise exercent depuis plus d’une semaine à l’encontre des moines et des civils Tibétains. Cette violence va à l’encontre du respect des droits de l’homme et des engagements internationaux pris en ce sens. Le gouvernement chinois doit rapidement mettre fin à ces actes de répression et prendre des mesures pour ramener la paix sur son territoire. ».

Sobriété, clarté et menace…venant de Montpellier. La maire de Montpellier, Hélène Mandroux se déclare ouvertement contre la répression chinoise au Tibet. La fin du communiqué se fait même menaçante sur la fin : « doit rapidement » sous-entend une urgence et une sanction. Sinon…mais sinon quoi? La mairie enverra-t-elle son unité d’élite ASVP (Agent de surveillance de la voie publique)? Fermer la serre amazonienne aux hordes de touristes chinois?

C’est sur le plan commercial que l’avertissement d’Hélène Mandroux pourrait avoir des conséquences. Les rapports entre la Chine et la ville de Montpellier se tissent de plus en plus d’un fil d’or. Tout commence avec le jumelage avec Chengdu, capitale de la province du Sichuan en 1981. Montpellier organise également la Biennale Internationale d’Art Contemporain Chinois.

Depuis 2002, l’Agglomération de Montpellier, tenue par Georges Frêche, prédécesseur de Mme Mandroux à la mairie, renforce ces liens économiques avec la Chine et notamment Shanghai. Le président de l’Agglo se passionne pour la Chine et pas seulement pour les statues de Mao. Depuis sa tendre jeunesse étudiante, Georges Frêche fréquente les haut cadres du parti communiste chinois, tout en s’opposant à la révolution culturelle de 1964. Une relation dont est née le jumelage avec Chengdu -dont le gouverneur de la Province était appelé à devenir premier ministre-.

Des accords économiques sur la sellette

En 2004, un accord a été trouvé entre le le réseau des incubateurs des entreprises de hautes technologies de la Ville de Shanghai et les pépinières d’entreprises du Centre Européen d’Entreprise et d’Innovation de Montpellier Agglomération (Cap Alpha et Cap Omega). En automne dernier, cet accord a été reconduit pour la durée 2008-2011.

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Hélène Mandroux devait-elle condamner la réaction de la Chine dans la province du Tibet? Diplomatiquement, oui mais commercialement… En s’inscrivant en porte à faux de Georges Frêche, la maire de Montpellier -qui entame son premier mandat issu des urnes- risque de se mettre à dos les autorités chinoises en même temps que le président d’Agglo. Cependant, ce coup porté à la relation sino-montpelliéraine a de grandes chances de rester lettre morte dans la situation actuelle. Les Chinois, entre projet de boycott des jeux olympiques et vidéos rescapées de la censure officielle, ont sûrement d’autres chats et quelques moines à fouetter.

Quand la situation au Tibet connaîtra une accalmie, les dirigeants chinois pourront se pencher à tête reposée sur l’organigramme local. L’agglomération et la mairie restent deux entités distinctes, mais sauront-ils faire la différence. En attendant une éventuelle répercussion sur les accords économiques, Hélène Mandroux entame sa nouvelle indépendance sur les chapeaux de roues. Georges Frêche et sa sinophilie apprécieront…

Le Second Tour de Haut Courant

Haut Courant poursuit son partenariat avec Montpellier Plus, le quotidien gratuit de Montpellier. Des membres de notre équipe ont pu suivre les faits marquants de ce deuxième dimanche électoral. Sur Montpellier, le seul suspense restait dans les pourcentages obtenus. La liste d’Hélène Mandroux passe largement au-dessus de son adversaire Jacques Domergue. La bonne surprise de la soirée est à mettre à l’actif de Jean-Louis Roumégas et des Verts (fusionnée avec la liste LCR-CUALs-MTE de Francis Viguié). Cette liste d’opposition peut se prévaloir de ses 18,62% pour revendiquer une place dans l’exécutif montpelliérain.

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«Nous ne sommes pas une petite partie jetable de la gauche»

Les Verts de Jean-Louis Roumégas, et la liste d’Hélène Mandroux n’ont pas réussi à s’entendre pour le second tour des élections municipales. Avec 11,12% des suffrages, ils se présentent alliés à la liste Montpellier écologique, sociale, vraiment à gauche conduite par Francis Viguié (5,46%). Explications d’Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des verts.

Contre toutes attentes, Les Verts présentent au second tour une liste commune avec Montpellier écologique, sociale, vraiment à gauche.

Oui, la liste de Francis Viguié qui regroupe la LCR, les Collectifs Unitaires Anti-Libéraux (CUAL) et Montpellier Tous Ensemble (MTE). C’est une liste de gauche alternative très diverse, comme ils aiment à le montrer. On a pu se contacter rapidement, car on partage beaucoup de combats. Nos militants se connaissent. Pour le coup, il y avait urgence. Eux comme nous avons du y réfléchir très vite du fait des contraintes légales (dépôt des listes en préfecture mardi à 18H) et logistique (impression des professions de foi et du matériel de vote).

Vous n’aviez jamais envisagé de ne pas fusionner avec la liste d’Hélène Mandoux?

Non, jamais! Si on l’avez envisagé, nous n’aurions pas agit comme ça vis à vis du parti socialiste. Nous avons cru un accord possible, cela aurait été si nous avions eu face à nous des partenaires loyaux. Georges Frêche avait déclaré «vouloir nous faire descendre en dessous des 10%», mais c’était avant le premier tour. Nous avons prouvé que nous étions une force électorale, et les politiques ont le devoir de respecter les gens.

Pendant la campagne, le message que nous passions était qu’il fallait que l’on fasse plus de 10% pour peser, mais qu’ensuite on conclurait une alliance avec Hélène Mandroux pour le second tour. Elle, de son coté, acquiesçait. Au second tour, on va demander aux électeurs s’ils pensent qu’Hélène Mandroux a bien fait d’éjecter les Verts, et donc de dire aux 9000 personnes qui ont voté pour la liste de Jean-Louis Roumégas : «Vous ne m’intéressez pas». Elle les place sur le même plan que les électeurs de Jacques Domergue. Ni eux, ni nos électeurs n’auront droit à la parole. C’est plutôt grave.

Emmanuel Reynaud (à gauche) et les photographes de presse le 9 mars au soir

Quelles sont les conséquences pour vous, d’une entrée dans l’opposition?

Nous avons toujours été pragmatique. Il n’y a pas d’opposition de principe à avoir. En revanche, en cas de désaccord avec la majorité, nous n’aurons pas de compromis à faire. Nos électeurs nous soutiennent. Il n’y aura pas de «vote utile», Hélène Mandroux a déjà gagné. Quand on est dans sa position, agir comme elle l’a fait avec nous est synonyme d’arrogance. En ce qui me concerne, je n’aimerai pas être dans la liste Mandroux à l’heure actuelle, avec ceux qui ont participé à l’éviction de l’écologie de la ville de Montpellier. Qui va nous protéger demain des promoteurs immobiliers? Je ne vois pas ce que le MoDem de Dufour et le PCF peuvent apporter à cette ville.

Les Verts, ne sont pas là pour protéger des pâquerettes! Nous avons un message fort qui concerne la planète, l’environnement, et donc les gens. Je ne comprends pas qu’elle abandonne l’écologie au profit d’une absence de projet pour la ville. Si on en croit la profession de foi de Mandroux, elle est pour l’emploi, pour le logement, pour l’environnement. C’est bien. Comme tout le monde en fait. Le seul message politique que délivre cette liste c’est: «Nous sommes les plus forts, donc on fait ce que l’on veut!».

«Nous avons un problème avec Georges Frêche»

Hélène Mandroux vous a proposé 4 sièges au conseil municipal, au final vous en visez 6 dont 2 accordé à la liste de Francis Viguié. Qu’est-ce que ça change?

La politique ce n’est pas de la comptabilité! Il est question de rester debout, on ne peut pas accepter n’importe quoi. Quand on est élu on représente des gens, en l’occurrence, les 9000 qui ont voté pour nous. Ils l’ont fait pour un projet et c’est pour celui-ci que l’on se bat. Si on ne pèse pas au sein d’une majorité, à quoi ça sert? En étant dans l’opposition, on crée des lignes pour l’avenir. On sera là pour rappeler le message que les électeurs écologistes ont voulu faire passer.

On sera également là pour faire passer un message: «Nous avons un problème avec Georges Frêche». Nous l’avons toujours dit. Ce message sera plus clair si on est dans l’opposition. Honnêtement, le traitement «Frêchiste» réservé à l’opposition, nous ne le souhaitons à personne. Ses méthodes sont presque dignes de la Stasi [[Police Politique de la RDA]] ! Le principe c’est l’intimidation et la menace. Il n’y a aucune humanité dans sa façon de traiter les gens. Il faut admettre que les choses ne sont plus comme ça depuis Mandroux. Contrairement à Frêche, elle est humaine. Profondément.

Pourtant vous ne cessez de pointer sa «déloyauté»

Elle est mal entourée. On se demande qui tire les ficelles dans cette liste, elle s’est tellement contredite! Elle n’a pas cessé de dire qu’elle voulait des verts. Je renvoie au PS les mots de Robert Navarro [[1er secrétaire de la fédération socialiste de l’Hérault]] : «Quand on veut vraiment un accord, on le trouve».

Georges Frêche dit vouloir faire à Montpellier avec cette alliance qui va du PCF au MoDem un «Laboratoire d’un futur parti de gouvernement». Pourquoi le fait-il sans les Verts? C’est ne pas tenir compte des résultats! Nous ne sommes pas une petite partie jetable de la gauche! Nous notre propos n’est pas de faire que Montpellier soit aussi gros que Shangaï. Sans prétention, les verts veulent pouvoir peser sur l’avenir de la planète.

La soirée électorale de Hautcourant

Dimanche 9 mars, la France votait pour les élections municipales et cantonales. A Montpellier, la socialiste Hélène Mandroux recueille 47,11 % des suffrages contre 26,13 % à son concurrent direct, l’UMP Jacques Domergue. Les Verts se placent en troisième position grâce à la liste menée par Jean-Louis Roumegas et obtiennent 11,12 %.

Des journalistes d’Hautcourant, en partenariat avec le journal Montpellier Plus, ont participé à cette soirée riche en émotions et en suspense avec un dépouillement des plus tardifs.

Les articles suivants sont parus dans l’édition du lundi 10 mars du Montpellier Plus.

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