La gauche et Montpellier, c’est une histoire d’amour qui dure. Georges Frêche, après avoir remporté cinq mandats successifs, a passé la main en 2004 à sa dauphine, Hélène Mandroux. Cette dernière affronte pour la première fois la vérité des urnes. Elle peut cependant s’appuyer sur un bilan solide. Un bilan que les Verts ont aidé à construire, les mêmes qui se retrouvent à faire cavalier seul en 2008. L’extrême-gauche plaît sur Montpellier mais propose plusieurs listes, ne sachant plus sur quel pied danser avec un PS flirtant avec le MoDem.
Une ville entière peut-elle régler un complexe oedipien d’un (ou deux) tours d’élection ? Réveillée en sursaut voilà trente ans, Montpellier « la surdouée » ne se remettra pas aisément des impulsions de Georges Frêche. Cette élection municipale en incarne la preuve. Les frontières brouillées, entre compétences de ville et d’agglo, rappellent aussi que le scrutin ne distingue plus le Montpelliérain natif de l’Européen adopté. De l’ombre locale du Président Frêche à l’influence nationale du Président Sarkozy, tour d’horizon.
Bastion de la gauche depuis des années, la ville de Montpellier fait de la résistance dans une région où Nicolas Sarkozy a réalisé de bons scores, sauf à…Montpellier. La droite relève donc ses manches et Jacques Domergues se lance à l’assaut de l’hôtel de ville en ouvrant grands ses bras à ceux qui voudraient le rejoindre. Concerant les centristes, ils n’ont jamais été aussi nombreux…à choisir des directions opposées. Le MoDem Marc Dufour rallie la liste de la candidate socialiste Hélène Mandroux. Le Cap 21 George Fandos décide de faire cavalier seul tandis que les hommes du Nouveau Centre rejoignent Jacques Domergue.
Le FN, esseulé, se fait discret mais attend avec impatience les résultats du scrutin.
Pour conquérir Montpellier, l’opposition doit être solidement armée mais semble avoir renoncé à l’adage « l’union fait la force ».
Si la socialiste Hélène Mandroux est annoncée comme la grande favorite de cette édition 2008, sept autres candidats postulent au fauteuil de maire de Montpellier. Tous ont leur idée de ce que serait « leur Montpellier ». Un trombinoscope et les grands points des différents programmes pour faire connaissances avec les concurrents.
Les élections municipales auront lieu le 9 et 16 mars. A quelques jours de cette nouvelle échéance pour Montpellier, l’équipe de Haut Courant publie un dossier intitulé Politique Plus, en partenariat avec Montpellier Plus, le quotidien gratuit de Montpellier.
Seule grande ville du Sud de la France toujours à gauche, Montpellier connaitra dimanche, quel que soit le nom du candidat arrivé en tête du premier tour des élections municipales, un bouleversement sans précédent avec la fin de l’ère Frêche, chaotique et charismatique maire de la Ville jusqu’en 2004. Son héritière devra prouver que derrière son style plus feutré se cache une vraie volonté politique, les Verts partis seuls ont l’obligation de faire un bon score pour tenter de survivre politiquement. L’électorat centriste, disputé par plusieurs listes, sera probablement la clé de ce scrutin. Quant au candidat de droite, il verra si sa stratégie anti-frêchiste peut payer.
Un cahier spécial réalisé par l’équipe de www.hautcourant.com, étudiants du Master « Métiers du Journalisme » de Montpellier.
Des chantiers. Des zones industrielles. Des terrains vagues. L’artiste Valérie Séverac travaille à partir de ces espaces indéterminés qualifiés de « non-lieux ». C’est le titre de son exposition actuellement présentée au restaurant Pain et Cie, place Jean Jaurès à Montpellier. Elle s’intéresse à cette localité en devenir, ou absente. En donne la définition suivante : « un non-lieu correspondrait à un espace dans lequel la rencontre serait impossible, où le potentiel d’accueil et d’hospitalité seraient absents ». Valérie Séverac ne s’explique pas son attirance pour ces lieux dénués d’usage, de fonction. Refuse toute psychologie avant d’ajouter avec humour : « peut-être que je devrais, ça pourrait être une bonne manière de commencer une thérapie ».
La jeune plasticienne photographie inlassablement ces chantiers, ces zones industrielles, ces terrains vagues. Photocopie ses photos, découpe puis procède à des collages. « J’apprécie la liberté, la spontanéité rendue possible par le collage. Je travaille vite, reste fidèle au premier jet » explique-t-elle. Le sentiment de perte que représente le chantier ou le terrain vague se verra peu à peu comblé par ces constructions fictives. Valérie Séverac explore cet entre-deux avant que la forme et l’usage de ces espaces ne soient définitivement scellés. « Les morceaux épars de notre vie moderne » sont alors disposés sous nos yeux.
Apposer un titre au tableau serait en contradiction avec cette idée de non-lieu. David Bioulès, lui-même artiste, écrit très justement : « Constructions bout à bout, non hiérarchiques, comme arlequin qui fabriquait son costume par défaut, partant d’un élément sans imaginer a priori une fin (…) Transformer le monde, pas pour jouer au créateur, mais pour exercer notre regard à se poser sur les choses, se servir pour le mieux de notre faculté de voir, honorer les possibilités de ne pas s’ennuyer, s’endormir. Aller vers ces non-lieux, où somnole justement notre liberté de rencontrer, peut-être, de la poésie ».
Entrée libre (jusqu’au 16 mars)
Restaurant Pain et Cie,
4 place Jean Jaurès
Montpellier
Georges Frêche, président de l’agglomération montpellieraine a lâché une nouvelle bombe dont il a le secret.
D’après Montpellier Plus, l’ancien maire de Montpellier (1977-2004) souhaite poursuivre sa quête effrénée de statues. Il avait lancé les hostilités en exprimant son désir de dresser une statue de Lénine en plein cœur de Montpellier.
Cette fois, Georges Frêche veut une réplique de Mao Zedong (1893-1976). Le fondateur de la République populaire de Chine ne serait pas le seul à orner la zone Odysseum. Dans un discours prononcé le 18 février à l’occasion de l’inauguration d’une chaufferie à bois, le président de l’Agglomération de Montpellier a cité pléiades de figures du XXe siècle susceptibles de s’implanter aux côtés de Lénine. Parmi eux, Churchill (1874-1965), De Gaulle (1890-1970), Roosevelt (1882-1945) ou encore Mandela. Alors que Fidel Castro vient de prendre sa retraite, l’ancien « Lider Maximo » deviendra-t-il la prochaine figure historique à hanter les Monpellierains?
Dans le cadre de la sortie de son nouveau livre, « L’assassinat raté de Georges Frêche » (Editions Singulières), Alain Rollat, ancien journaliste au Monde et fondateur de La Gazette de Sète, revient sur ce qu’il appelle un « cas d’école ». Deux ans après l’affaire dite des « sous-hommes », l’auteur décrypte les rouages de la machine médiatique qui selon lui se serait emballée contre le président de la région Languedoc Roussillon. Après le scandale des «Blacks de l’équipe de France», ce sont ces deux « affaires » qui l’ont « décidé à opérer sur Georges Frêche un arrêt sur image, (…), comprendre comment ce notable auréolé par ses œuvres montpelliéraines avait pu devenir ce despote taxé de racisme dont la plupart des médias véhiculaient l’image. »
A quelques jours de la sortie officielle de son ouvrage (prévue pour le 21 février 2008) que nous avons pu nous procurer, Alain Rollat nous a accordé un entretien exclusif.
Avant d’aborder le sujet du livre, Alain Rollat revient sur le rachat du groupe des Journaux du Midi et la responsabilité du Groupe Le Monde dans cette affaire.
Alain Rollat a propos du Midi Libre
Hautcourant : Pourquoi ce livre ?
Alain Rollat : Pour opposer mon objection déontologique à l’équation aberrante selon laquelle Frêche serait assimilable à Le Pen. L’idée que je me fais du journalisme m’a conduit à démontrer l’absurdité de cette fausse symétrie. Je me suis attelé au décryptage de cette image mensongère parce que personne, visiblement, n’avait envie de le faire. J’ai cherché à comprendre pourquoi et j’ai démonté un mécanisme médiatique prouvant que l’addition de demi-vérités ne fait pas toujours une somme véridique.
Vous comparez le cas de Georges Frêche avec la vindicte roumaine, avec le massacre d’Ouvéa et les prisonniers israéliens. N’est-ce pas là une façon de créer de l’émotion avec Frêche que de comparer des scandales d’Etat, des prises d’otage, des exécutions sommaires de tyrans, des manipulations dramatiques, avec la vindicte dont est victime un seul homme et seulement pour des mots ?
Attention aux raccourcis trompeurs ! Le cas Frêche me paraît un cas d’école, en matière de traitement de l’information, parce qu’il prouve que l’addition de bouts de vérité ne fait pas toujours une vérité vraie. Quand je me réfère au syndrome de Timisoara je le fais pour renvoyer à un phénomène identifié : le refus, parfois observé chez les médias, de sortir de l’erreur collective consécutive à un emballement irrationnel. Quand je rappelle certaines des folles rumeurs colportées en Nouvelle-Calédonie dans la période où je « couvrais » ce sujet pour Le Monde, je le fais pour illustrer le complexe de Sem et Japhet exposé dans la Bible : le refus de voir la réalité en face comme les fils de Noé refusaient le spectacle de leur père ivre…Je ne recherche aucun effet émotionnel, je m’inscris dans une méthodologie qui m’oblige à préciser quels instruments j’utilise pour ma démonstration. Les comparaisons auxquelles je procède ont justement pour but de montrer qu’en politique le mot ne suffit pas à faire l’homme. Chez Frêche, l’emploi du mot « sous-hommes » présentait toutes les apparences du racisme mais cela n’autorisait pas à conclure que Frêche était raciste. Quand le journalisme se fait sommaire il n’est plus digne de ce nom.
Votre ouvrage paraît inattaquable sur le fond, vous démontez l’engrenage dans lequel Georges Frêche a été pris. Dans ce cas pensez-vous qu’il existe des vérités de fait absolues qui ne souffrent pas la contradiction ?
Les vérités de fait n’étant que des vérités « modestes », selon le qualificatif d’Hannah Arendt, elles ne sauraient être absolues. Les vérités journalistiques ne sont pas des vérités scientifiques. C’est justement pour cela que les règles déontologiques du journalisme préfèrent les notions d’intégrité et d’honnêteté intellectuelle au critère prétentieux de l’objectivité qui n’est que l’horizon à atteindre…
A propos de l’affaire des harkis, et sans avoir à préjuger de l’antiracisme de Frêche, est-il acceptable qu’un homme politique puisse utiliser en public de tels termes teintés de populisme ? Cela vaut aussi pour l’affaire des Blacks dans l’équipe de France ?
Non, aucun homme politique ne saurait être exonéré de ses écarts de langage. Populisme rime avec démagogie. Mais, en démocratie, c’est au citoyen qu’il appartient d’être vigilant. On a les élus qu’on mérite.
Avec cette affaire, Georges Frêche n’est-il pas dans la situation de l’arroseur arrosé et n’a-t-il pas suscité les réactions que l’on sait dans la mesure où, le matin même, à une inauguration du tramway, il avait justement déjà estimé que les harkis étaient « les cocus de l’UMP » ?
Oui, vous avez raison. A force de verser dans la violence verbale Georges Frêche a subi un retour de manivelle qui a coalisé contre lui, chez ses adversaires, comme chez certains de ses propres amis, ainsi que chez les journalistes locaux, tous ceux qui ne supportaient plus ses excès de langage. Ceux-là ont été ravis de le voir puni par là où il avait péché…De là à écrire « Frêche = Le Pen »… Les journalistes qui ont franchi ce pas ont manqué à toute retenue, et surtout à leur devoir d’information véridique.
A propos des malheurs de Frêche avec la Septimanie, l’An I de la gratuité, le Midi Libre se défendait des attaques du président de la région en arguant que le quotidien faisait son travail. Les articles étaient tous négatifs selon vous. Est-ce que Midi Libre avait un parti pris ou a fait preuve de négligence ?
Le rachat du groupe des Journaux du Midi, laisse à craindre, selon Alain Rollat un « appauvrissement du contenu rédactionnel« .
Alain Rollat sur La Depeche du Midi (2)
La défense de Midi Libre aurait été plus crédible si le quotidien régional s’était montré équitable. En montant en épingle tout ce qui apparaissait en négatif dans le bilan régional de Frêche, à l’automne 2005, sans publier en regard tout ce qui pouvait apparaître en positif, Midi Libre a donné le bâton pour se faire battre. Frêche y a vu une volonté de lui nuire, il a déclenché des représailles en privant le journal d’une partie de ses recettes publicitaires, puis ce contentieux a dégénéré quand l’affaire des « sous-hommes » a éclaté, en février 2006. A ce moment là Midi Libre a réglé ses comptes avec Frêche dans tous les sens du terme. Il a préféré la loi du talion à celle de l’information, ce n’était plus du journalisme mais une vulgaire empoignade.
Georges Frêche s’est-il réjoui des turbulences du Midi Libre? L’auteur donne son avis sur les relations qui unissent une presse régionale et la classe politique.
Alain Rollat, presse régionale et pouvoir politique (3)
Vous parlez des relations entre le président de la région et le Midi Libre qui sont houleuses. Le Midi Libre n’a-t-il que des torts ? Dans son rapport aux médias Frêche n’utilise-t-il pas des moyens de pression ?
Non, tous les torts ne sont pas du côté de Midi Libre. Georges Frêche a fait de ses rapports avec la presse des rapports de force et dans ce genre de situation la vie est difficile pour tout le monde. Le traitement de l’information en subit fatalement des conséquences et c’est dommage.
Dans la lutte des quotidiens régionaux ou locaux La Gazette est souvent taxée de « frêchiste ». Est-ce avéré ? Et cela n’est-il pas de nature à créer un système médiatique binaire ?
La Gazette de Montpellier s’est construite, depuis 1987, en opposition culturelle au contenu de Midi Libre qui était alors en situation de monopole. Et il vaut toujours mieux, où que ce soit, disposer de deux journaux plutôt que d’un seul. L’information des Montpelliérains y a trouvé son compte. Georges Frêche, dont les relations avec Midi Libre ont toujours été tumultueuses, a naturellement tiré profit de ce pluralisme mais le contenu de La Gazette a toujours été équilibré. Je veux dire que si son fondateur, Pierre Serre, ne fait pas mystère de ses convictions de gauche, ni de sa sympathie personnelle pour Georges Frêche, le contenu de son hebdomadaire n’est pas, pour autant, celui d’un journal militant ou celui d’un journal inféodé. Frêche n’y est pas épargné quand il mérite d’être épinglé. Le succès spectaculaire de La Gazette prouve, me semble-t-il, que, à Montpellier, les citoyens apprécient beaucoup la diversité que leur garantit ce système binaire en matière d’information, sans oublier la contribution satirique de « L’Agglo-rieuse »…
Après les deux livres de Delacroix et Maoudj votre ouvrage a-t-il vocation à servir de synthèse ou à faire pencher la balance ?
Mon livre n’est ni un pamphlet ni un dithyrambe. Je ne suis plus, depuis très longtemps, en recherche de vocation. Si ma démonstration pouvait faire réfléchir certains de mes jeunes confrères à la nécessité de l’humilité dans la pratique de notre métier – et parfois au devoir de dire « non » à son propre employeur- j’en serais le plus heureux des vieux crabes…
Alain Rollat, ancien du Monde et des Journaux du Midi, se sait attendu par la profession sur le contenu de son livre. Ne craint-il pas une levée de boucliers? Pourquoi parler de « cas d’école »?
Alain Rollat se sait attendu par la presse sur la sortie de son livre
Frêche a-t-il encore un avenir politique (région ou ministère) ?
Il ne sera jamais ministre et il le sait. C’est trop tard. Quel chef de gouvernement prendrait d’ailleurs le risque de sa « grande gueule » ? Georges Frêche aspire à finir sa carrière au Sénat et à exercer un second mandat à la présidence de notre région. Je lui souhaite de sortir de la vie politique par cette grande porte car il mérite mieux que l’image qu’il donne trop souvent de lui-même.
Quel avenir entre Georges Frêche et le nouveau groupe de presse régional, allant de Bordeaux à Montpellier?
Alain rollat, Frêche face à la restructuration des groupes de presse
Montpellier est-elle encore aujourd’hui une « surdouée » ?
Le fait d’avoir été surdouée ne l’empêche pas de vieillir mais je trouve que c’est une ville qui vieillit bien parce que sa population a conscience que c’est une chance de vivre à Montpellier.
Etes-vous devenu «frêchiste» ?
Le journalisme politique, tel que je le conçois, interdit la connivence. Il impose, au contraire, la prise de distance maximale vis-à-vis du « sujet » à observer. Mon regard est celui de l’entomologiste. Frêche m’intéresse parce qu’il est un « spécimen » peu commun dans le paysage politique. J’ai longtemps observé le fonctionnement de Georges Pompidou sans devenir pompidolien, puis celui de Valéry Giscard d’Estaing sans devenir giscardien, puis celui de François Mitterrand sans devenir mitterrandolâtre. Je suis allergique aux étiquettes. Je n’étais pas frêchiste et ne le suis pas devenu. Je tiens trop à ma liberté d’expression pour l’aliéner.
Jeudi 31 janvier, dans la matinée, place du Nombre d’Or à Antigone, un ensemble d’organisations anti-OGM[[Avec Greenpeace, ATTAC, les Faucheurs volontaires, Agir pour l’environnement, la Confédération paysanne, l’UNAF]] a lancé un appel national pour la liberté et le droit de vivre et produire sans organismes génétiquement modifiés. Ils mettent en garde la société civile face au projet de loi examiné au Sénat entre le 5 et le 8 février. Selon eux, ce texte qui prétend organiser la coexistence entre filières OGM et non OGM ne correspond pas aux attentes du Grenelle de l’environnement ni à la clause de sauvegarde qui vise le maïs OGM Monsanto 810. La réglementation européenne n’est pas non plus respectée. Ils rappellent les propos de Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et du développement durable : « sur les OGM, tout le monde est d’accord : on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc, on ne va pas prendre de risque »[[Le Monde 21 septembre 2007]].
Jean Sabench, membre de la Confédération Paysanne de l’Hérault explique que « le projet de loi organise la pollution généralisée ». La consommation de pesticides, réduite les trois premières années dans les cultures d’organismes génétiquement modifiés, monte en flèche par la suite. Jean Sabench met directement en cause le parlement qu’il assimile à une « chambre de commerce à la solde de l’industrie agro-alimentaire ». La coexistence entre filière OGM et non OGM est impossible selon les signataires de l’appel. Un champ « propre » contaminé est dévalué, des agriculteurs biologiques ont ainsi perdu qualification et clientèle en raison de la dissémination. Le principe même de la propriété privée paraît ainsi en jeu. Autrement dit, si les « promoteurs des OGM veulent exercer leur liberté d’entreprendre sans remettre en cause celle d’autrui, ils doivent faire en sorte de ne provoquer aucune contamination. En conséquence, la loi doit garantir l’indemnisation de tout préjudice remettant en cause la possibilité d’étiqueter sans OGM, c’est-à-dire toute contamination dépassant le seuil de détection ». Tous les opérateurs de la filière OGM doivent être solidairement responsables, à l’image de la condamnation de Total lors du procès de l’Erika.
Les signataires de l’appel ont tenu à saluer le grand succès de l’opération « Caravane STOP OGM 34 » qui a parcouru le département pour sensibiliser la population. Un millier de signatures a été récolté en deux semaines et la pétition remise aux hommes politiques locaux. Cette réussite confirme la statistique selon laquelle « 80% des Français ne veulent pas d’OGM ». Jean-François Roux, faucheur volontaire, regrette que « la plupart des politiques se cachent derrière les expertises scientifiques. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont tout fait pour faire passer la loi sur la coexistence de la manière la plus extensible possible ». Cela a provoqué sa récente grève de la faim aux cotés de José Bové pour faire appliquer les mesures du Grenelle de l’environnement. La Haute Autorité sur les OGM leur a donné raison.
Les associations écolos se plaignent au passage de la crise démocratique que révèle la problématique des OGM. Cumul des mandats oblige, les parlementaires élus locaux prennent rarement le temps de dialoguer avec eux. Jean-François Roux estime que les élus sont « les instruments des lobbies OGM, des néolibéraux positivistes à la Claude Allègre avec des positions attardées autour du productivisme ». Face à ces critiques, Jacques Domergue, député UMP, a assuré que chacun votera pour le projet de loi « en son âme et conscience ».
Les peines contre les faucheurs se sont par ailleurs durcies, ils risquent deux ans ferme comme Jean-Baptiste Libouban, fondateur historique des Faucheurs volontaires, convoqué le 12 février au tribunal de grande instance de Montpellier. Elles sont encore plus importantes contre les fauchages de champs réservés à la recherche. Les organisations débattent en interne sur le problème de la destruction de plans thérapeutiques tout en précisant que les médicaments peuvent être fabriqués en laboratoire, sans modification génétique, ce qui est par exemple le cas pour le traitement de la mucoviscidose.
Fred Baldy, membre d’ATTAC, a enfin posé la question du choix de société mondiale dans laquelle nous souhaitons vivre. Il a vivement dénoncé la doctrine selon laquelle « pour faire du profit, il faut marchandiser le vivant ». Puis conclut : « si gouverner c’est prévoir, on demande juste aux gouvernants de penser loin ».
La dernière BD en date de Jason, le Norvégien qui vit désormais à Montpellier, faisait partie de la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.
Jason et son « Dernier Mousquetaire » faisaient partie de la sélection pour le prix du meilleur album de Bande Dessinée au Festival d’Angoulême qui se déroule depuis le 24 janvier, et jusqu’au 29. Il rentrera bredouille. Il ne figure pas au palmarès rendu samedi 26 janvier.
Surréaliste est surement un adjectif un peu faible pour qualifier « Le Dernier Mousquetaire« . Dans cet aventure, un vieux mousquetaire alcoolique (pas le plus médiatisé de tous) rencontrera un roi sans divertissement, un général pleutre ou encore une princesse effrontée. Il nouera des amitiés avec un robot simplet, et un camarade de cellule à l’occasion d’une première cigarette (quoi de plus politiquement incorrect aujourd’hui?). Il se confrontera à son pire ennemi, tentant d’être plus efficace que le président et Madame le Maire pour sauver la France.
Avec un trait simple, clair, et des couleurs vives, le dessin de Jason peut paraître simpliste. Il n’en est rien. Son art réside au contraire dans la capacité à rendre terriblement expressifs ces personnages animalisés, uniquement par le contexte, la direction d’un regard, ou une légère courbure d’échine.
Si l’action se situe entre Montpellier et Mars, Jason nous emporte bien plus loin. De ses premières œuvres sombres et cyniques (« Attends« [[paru aux éditions atrabile]]) qui reflétaient l’ennui, la solitude dans une société industrialisée, Jason a conservé le flegme tout scandinave de son dessin et des dialogues à l’économie. Il a aussi conservé ses personnages, ou en tout cas son personnage, qui tel un acteur, change de rôle à chaque album. Depuis « Hemingway« [[paru aux éditions Carabas]], son univers s’est agrandit, et semble aujourd’hui sans limite.
L’auteur Norvégien de naissance, et Montpellierain d’adoption avait déjà été sélectionné pour le prix du meilleur album en 2003 pour « Chhht!« [[paru aux éditions Atrabile]], ainsi qu’en 2006 pour le prix du meilleur scénario avec « Hemingway« . Espérons que la nouvelle déconvenue ne découragera pas cet artiste inclassable.