Sale temps pour les OGM

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Jeudi 31 janvier, dans la matinée, place du Nombre d’Or à Antigone, un ensemble d’organisations anti-OGM[[Avec Greenpeace, ATTAC, les Faucheurs volontaires, Agir pour l’environnement, la Confédération paysanne, l’UNAF]] a lancé un appel national pour la liberté et le droit de vivre et produire sans organismes génétiquement modifiés. Ils mettent en garde la société civile face au projet de loi examiné au Sénat entre le 5 et le 8 février. Selon eux, ce texte qui prétend organiser la coexistence entre filières OGM et non OGM ne correspond pas aux attentes du Grenelle de l’environnement ni à la clause de sauvegarde qui vise le maïs OGM Monsanto 810. La réglementation européenne n’est pas non plus respectée. Ils rappellent les propos de Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et du développement durable : « sur les OGM, tout le monde est d’accord : on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc, on ne va pas prendre de risque »[[Le Monde 21 septembre 2007]].

Jean Sabench, membre de la Confédération Paysanne de l’Hérault explique que « le projet de loi organise la pollution généralisée ». La consommation de pesticides, réduite les trois premières années dans les cultures d’organismes génétiquement modifiés, monte en flèche par la suite. Jean Sabench met directement en cause le parlement qu’il assimile à une « chambre de commerce à la solde de l’industrie agro-alimentaire ». La coexistence entre filière OGM et non OGM est impossible selon les signataires de l’appel. Un champ « propre » contaminé est dévalué, des agriculteurs biologiques ont ainsi perdu qualification et clientèle en raison de la dissémination. Le principe même de la propriété privée paraît ainsi en jeu. Autrement dit, si les « promoteurs des OGM veulent exercer leur liberté d’entreprendre sans remettre en cause celle d’autrui, ils doivent faire en sorte de ne provoquer aucune contamination. En conséquence, la loi doit garantir l’indemnisation de tout préjudice remettant en cause la possibilité d’étiqueter sans OGM, c’est-à-dire toute contamination dépassant le seuil de détection ». Tous les opérateurs de la filière OGM doivent être solidairement responsables, à l’image de la condamnation de Total lors du procès de l’Erika.

Les faucheurs volontaires risquent deux ans de prison

Les signataires de l’appel ont tenu à saluer le grand succès de l’opération « Caravane STOP OGM 34 » qui a parcouru le département pour sensibiliser la population. Un millier de signatures a été récolté en deux semaines et la pétition remise aux hommes politiques locaux. Cette réussite confirme la statistique selon laquelle « 80% des Français ne veulent pas d’OGM ». Jean-François Roux, faucheur volontaire, regrette que « la plupart des politiques se cachent derrière les expertises scientifiques. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont tout fait pour faire passer la loi sur la coexistence de la manière la plus extensible possible ». Cela a provoqué sa récente grève de la faim aux cotés de José Bové pour faire appliquer les mesures du Grenelle de l’environnement. La Haute Autorité sur les OGM leur a donné raison.

Les associations écolos se plaignent au passage de la crise démocratique que révèle la problématique des OGM. Cumul des mandats oblige, les parlementaires élus locaux prennent rarement le temps de dialoguer avec eux. Jean-François Roux estime que les élus sont « les instruments des lobbies OGM, des néolibéraux positivistes à la Claude Allègre avec des positions attardées autour du productivisme ». Face à ces critiques, Jacques Domergue, député UMP, a assuré que chacun votera pour le projet de loi « en son âme et conscience ».

Les peines contre les faucheurs se sont par ailleurs durcies, ils risquent deux ans ferme comme Jean-Baptiste Libouban, fondateur historique des Faucheurs volontaires, convoqué le 12 février au tribunal de grande instance de Montpellier. Elles sont encore plus importantes contre les fauchages de champs réservés à la recherche. Les organisations débattent en interne sur le problème de la destruction de plans thérapeutiques tout en précisant que les médicaments peuvent être fabriqués en laboratoire, sans modification génétique, ce qui est par exemple le cas pour le traitement de la mucoviscidose.

Fred Baldy, membre d’ATTAC, a enfin posé la question du choix de société mondiale dans laquelle nous souhaitons vivre. Il a vivement dénoncé la doctrine selon laquelle « pour faire du profit, il faut marchandiser le vivant ». Puis conclut : « si gouverner c’est prévoir, on demande juste aux gouvernants de penser loin ».

«Vous offririez bien un verre à un vieux Mousquetaire?»

La dernière BD en date de Jason, le Norvégien qui vit désormais à Montpellier, faisait partie de la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

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Jason et son « Dernier Mousquetaire » faisaient partie de la sélection pour le prix du meilleur album de Bande Dessinée au Festival d’Angoulême qui se déroule depuis le 24 janvier, et jusqu’au 29. Il rentrera bredouille. Il ne figure pas au palmarès rendu samedi 26 janvier.

Surréaliste est surement un adjectif un peu faible pour qualifier « Le Dernier Mousquetaire« . Dans cet aventure, un vieux mousquetaire alcoolique (pas le plus médiatisé de tous) rencontrera un roi sans divertissement, un général pleutre ou encore une princesse effrontée. Il nouera des amitiés avec un robot simplet, et un camarade de cellule à l’occasion d’une première cigarette (quoi de plus politiquement incorrect aujourd’hui?). Il se confrontera à son pire ennemi, tentant d’être plus efficace que le président et Madame le Maire pour sauver la France.

Avec un trait simple, clair, et des couleurs vives, le dessin de Jason peut paraître simpliste. Il n’en est rien. Son art réside au contraire dans la capacité à rendre terriblement expressifs ces personnages animalisés, uniquement par le contexte, la direction d’un regard, ou une légère courbure d’échine.

Si l’action se situe entre Montpellier et Mars, Jason nous emporte bien plus loin. De ses premières œuvres sombres et cyniques (« Attends« [[paru aux éditions atrabile]]) qui reflétaient l’ennui, la solitude dans une société industrialisée, Jason a conservé le flegme tout scandinave de son dessin et des dialogues à l’économie. Il a aussi conservé ses personnages, ou en tout cas son personnage, qui tel un acteur, change de rôle à chaque album. Depuis « Hemingway« [[paru aux éditions Carabas]], son univers s’est agrandit, et semble aujourd’hui sans limite.

L’auteur Norvégien de naissance, et Montpellierain d’adoption avait déjà été sélectionné pour le prix du meilleur album en 2003 pour « Chhht!« [[paru aux éditions Atrabile]], ainsi qu’en 2006 pour le prix du meilleur scénario avec « Hemingway« . Espérons que la nouvelle déconvenue ne découragera pas cet artiste inclassable.

La science à Montpellier, ce sont d’abord des hommes et femmes qui trouvent

La délégation Languedoc-Roussillon du CNRS marque l’année avec deux découvertes majeures : un nouveau traitement contre le HIV et une nouvelle piste pour soigner l’anorexie.

La recherche montpelliéraine se porte bien. Elle est bien au-dessus de la moyenne nationale. La délégation Languedoc-Roussillon du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) a ainsi déposé cette année soixante brevets, soit deux fois plus que les prévisions au vu de leurs effectifs. Les 1500 chercheurs répartis sur 50 laboratoires travaillent dur et se sont vus particulièrement récompensé cette année.

La chercheuse Valérie Compan deale de l’ecstasy à des souris pour soigner l’anorexie. (source : CNRS)

Un traitement possible de l’anorexie a été découvert par l’équipe de Valérie Compan(Institut de Génomique Fonctionnelle). Point de mouche qui pette mais des souris qui planent. Les petits rongeurs sont d’abord privés de nourriture avant d’absorber de l’ecstasy. Alors qu’on leur donne accès à la nourriture, ils font la fine bouche, refusant toujours de s’alimenter. La raison ? Un peptide (molécule composée d’acides aminés) produit par les récepteurs 5-HT4 situés dans le noyau Accumbens. Cette structure cérébrale, proche de l’Hypothalamus, commande la sensation de plaisir et de récompense. La drogue active la sécrétion de ce peptide et déclenche l’effet coupe-faim. Inversement, si on réduit la sensibilité des récepteurs 5-HT4, l’appétit revient et les souris se régalent.

Cette découverte pourrait déboucher sur le traitement de l’anorexie humaine grâce à une action sur les récepteurs 5-HT4. Concernant l’ecstasy utilisé, il provient d’un catalogue de produits et son utilisation est très contrôlée. Dommage, cela aurait pu en réconcilier plus d’un avec la recherche scientifique.

Le groupe de Jamal Tazi (accroupi) a porté un coup dur au V.I.H. (source : CNRS)

La deuxième importante découverte va également ramener beaucoup d’espoirs. L’enjeu est plus grave car il concerne le V.I.H., le virus responsable du SIDA. Jusqu’à maintenant la trithérapie (combinaison de trois molécules différentes) était la meilleure réponse pour lutter contre la propagation des cellules infectées. L’Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier a pris le problème sous un autre angle. Au lieu de lutter contre les cellules qui finissent par développer des résistances au traitement, le groupe du chercheur Jamal Tazi a décidé de concentrer son effort sur le mécanisme de propagation de ces cellules infectées. Ils ont élaboré une molécule chimique (IDC16) qui agit sur la réplication cellulaire du virus. Le virus ne disparaît pas, il se retrouve stoppé et ne peut plus se propager.

De grands laboratoires nord-américains se sont déclarés intéressés par cette découverte. Ils vont participer au financement et au développement de l’utilisation de la molécule. IDC16 pourrait être une réponse au SIDA mais aussi à d’autres maladies comportant le même mode de reproduction cellulaire.

Dernière bonne nouvelle pour la recherche, trois chercheurs de la délégation Languedoc-Roussillon font partie des 559 jeunes chercheurs en lice pour obtenir un financement par l’ERC (European Research Consult). Le nom des lauréats sera connu courant décembre. Ce financement peut aller de 100 000 à 400 000 euros par an sur une durée de cinq années.