Michel Passet: «Je serai candidat sur la huitième circonscription »

Deuxième adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante, président du groupe communiste des élus à la Mairie et à l’Agglomération, Michel Passet est depuis trois ans responsable départemental du groupe communiste de l’Hérault.

Vous êtes président du groupe communiste dans une mairie socialiste alliée au Modem. Comment se porte cette cohabitation ? Prenez- vous les décisions ensemble ?

Aux dernières élections municipales nous n’avons pas du tout apprécié cette alliance. Nous voulions un parti socialiste qui tire à gauche plutôt que tirer au centre. Pourtant aujourd’hui les rapports que nous avons avec le Modem sont bons. Nous n’avons pas eu des gros accrochages sur les orientations de la ville, étant donné qu’on se tient au programme que le maire avait proposé.

Comment va se positionner le PCF dans la campagne aux municipales de 2014 ?

Nous miserons tout sur les valeurs qui sont les nôtres pour qu’un maximum de villes demeurent à gauche ou soient reconquises par la gauche. Parce qu’il y en a besoin. A part deux villes dans l’Aude, une ville dans la Lozère et Montpellier, toutes les villes moyennes de la région sont à droite. Dans l’Hérault : Béziers est à droite, Sète est à droite, Agde est à droite, Castelnau-le-Lez est à droite, Saint Jean de Vedas est à droite. En dehors de Montpellier il y a une nécessité de reconquête importante. La gauche ne va pas jouer les gros bras dans l’Hérault, il faut en avoir conscience.

René Revol sera le candidat du Front de Gauche dans la deuxième circonscription de Montpellier, est-ce que cela aura une influence sur votre décision ? Et vous, pensez-vous candidater aux législatives?

Non, ça ne change rien. Pour l’instant nous n’avons pas encore fini les candidatures du Front de gauche dans toutes les circonscription de l’Hérault. Nous attendions, ça devrait être bouclé cette semaine. En ce qui me concerne, je serai candidat sur la huitième circonscription.

Quels étaient vos engagements lors de votre élection ? Pensez vous les avoir accompli et comment l’avez vous fait ?

Lors des élections, Hélène Mandroux a présenté un programme auquel nous avons adhéré. Donc nous agissons dans le cadre du respect de ce programme. Ceci dit, nous avons essayé de faire avancer un certain nombre de propositions qui concernent l’avenir de la ville. D’abord, nous considérons qu’il faut redonner une sécurité à la jeunesse. C’est important que les jeunes retournent participer à la vie citoyenne. Pour cela nous avons créé un Conseil montpelliérain de la jeunesse et nous sommes en train de mettre en place le projet de la Cité de la jeunesse [qui a coûté 15 millions d’euros –ndlr], avec l’objectif de créer un pôle d’impulsion pour que les jeunes retrouvent une véritable citoyenneté au niveau de la ville dans tous les secteurs. La deuxième chose c’est de relancer l’économie de Montpellier à travers une ouverture plus large sur le bassin méditerranéen. Nous voulons repositionner la ville en tant que pôle de coopération économique, grâce surtout à nos pôles d’excellence dans la recherche.

Les jeunes vivent un moment particulièrement difficile avec la précarité et le chômage qui augmentent. Comment réagit le parti communiste à Montpellier ?

Il y a des mesures spécifiques au niveau local : nous avons un fort potentiel reconnu dans les études et dans la recherche en ce qui concerne le médical. Montpellier est une ville mondialement connue pour ça. Par contre, nous n’avons pas de petites et moyennes entreprises installées à Montpellier. Il faut développer ce secteur et la machine économique du petit. En outre, il faut aider les gens à sortir de la crise, c’est notre politique.

Pourtant les politiques de la ville, par exemple pour ce qui concerne le problème du logement, ont suscité des vives critiques au sein de beaucoup de mouvements de gauche. Je me réfère notamment au projet Grand Cœur, mené par la SERM. On assiste aujourd’hui à une véritable montée des prix des loyers dans les quartiers populaires du centre ville. Beaucoup d’immeubles restent vides et les logements sociaux prévus ne sont pas nombreux. Quelle est votre position par rapport à cette question ?

L’idée générale de reconstruire la ville sur la ville c’est une bonne idée. Les quartiers et la vie dans les quartiers ont besoin de renouvellement profond tous les trente à quarante ans. La vie des gens change. Grand Cœur c’est reconstruire le centre ville de Montpellier petit à petit, donc c’est une bonne chose. Je ne dit pas que tout a été fait parfaitement. Le problème à mon avis est ailleurs. A Montpellier il y a des nouvelles zones en expansion qui font l’objet d’une véritable spéculation. Les prix des terrains montent comme jamais et il y a beaucoup de gens qui s’enrichissent au détriment de la collectivité. Il y a des gérants de société que moi je mettrai en prison !

Quel est l’avenir du parti communiste à Montpellier ?

Nous avons assisté depuis deux ans à une légère augmentation de notre influence. Aux cantonales nous avons dépassé les 10% dans certains cantons. Dans cette ville nous avons une certaine stabilité, nous sommes à la mairie depuis que la gauche est au pouvoir. Personne ne peut dire si dans dix ans le parti communiste existera encore. Ce qui est important c’est les idées, et je pense qu’au niveau des idées nous avons un bel avenir…

Francis Viguié: « le trublion » du conseil municipal

Conseiller municipal à la Mairie de Montpellier depuis 2008, Francis Viguié est souvent le seul à s’opposer aux décisions de la majorité. A 59 ans, ce militant de toujours, engagé auprès de la LCR dans les années 1970, reste plus déterminé que jamais dans sa volonté de changer le monde. C’est autour d’un café au bar des Lilas, dans son quartier de Figuerolles qu’il nous livre son analyse.

Que vous inspire la déclaration de candidature de Philippe Saurel aux élection municipales de Montpellier en 2014 ?

C’est un peu tôt pour ce genre d’annonce. A deux ans de l’échéance électorale, il pense déjà aux prochaines municipales alors qu’il reste encore beaucoup à faire pour les Montpelliérains. Cependant, il n’est pas le seul a être entré en campagne. Jean-Pierre Moure, le président de l’Agglo s’est, lui aussi, lancé dans la bataille pour la mairie. Ce qui me dérange c’est que ces ambitions personnelles gangrènent le conseil municipal.

Qu’entendez vous par un conseil municipal « gangréné » ?

Au conseil municipal il règne une ambiance déplorable, dans laquelle il est difficile de faire avancer les dossiers importants. L’affrontement entre Saurel et Moure a ravivé les vieilles tensions au sein d’un Parti Socialiste divisé. Et Hélène Mandroux n’arrive pas à apaiser la situation. Faute de majorité dans son groupe municipal, elle manque d’espace politique.
De manière générale, les mauvaises pratiques de la fédération socialiste héraultaise et sa mise sous tutelle sont le résultat d’une perte de leurs repères politiques. Georges Frêche n’était pas un homme de gauche et Robert Navaro qui était son bras droit en est l’exemple. Leur politique est à l’image de leur fonctionnement interne.

Quels sont vos projets pour la ville ?

Premièrement les transports gratuits. Dans une ville comme Montpellier où la population est jeune, modeste, et durement touchée par le chômage, c’est une nécessité. Il faut bien pouvoir se déplacer pour trouver un boulot, aller au travail ou à l’université. Actuellement seuls les bus qui relient la périphérie au centre sont gratuits. Alors comment fait-on pour se déplacer dans le centre ville quand on a pas les moyens de se payer le tramway ou le bus ? Depuis des années je propose la gratuité des transports, mais jusqu’à aujourd’hui le conseil municipal l’a rejetée.
Globalement il y a un gros problème au niveau de l’urbanisation. Il n’est pas normal que des quartiers comme le Petit bard ou les Cévennes pourrissent, et que du neuf soit construit ailleurs. La priorité est de rénover les vieux bâtiments qui ne sont même pas isolés. Il faut stopper cette « urbanisation à tout va ». On doit arrêter de tout vouloir bétonner, les citadins ont besoin de respirer.

Sinon la question centrale c’est celle des services publics. Depuis des années, on a délégué l’exploitation de l’eau à Véolia, une entreprise privée. Il paraît évident que l’eau potable est un bien commun auquel on ne devrait pas pouvoir limiter l’accès par des hausses de prix. Heureusement le contrat se termine en 2014, et nous proposons donc un retour en régie. C’est la même chose pour les parkings du centre ville bradés à Vinci alors même que l’activité est très rentable. Personne ne peut se payer 7 heures de stationnement par jours.

Enfin, on doit passer à une forme de démocratie participative. Voter tous les six ans aux municipales ce n’est pas vraiment la démocratie. Il n’y a aucun droit de regard sur ce qui est fait par la mairie pendant le mandat, et ce n’est pas normal. Les citoyens devraient pouvoir voter les grandes décisions, mais aussi le budget. Si on prend l’exemple de la vidéo-surveillance, rien n’indique son efficacité pour lutter contre l’insécurité. Pourtant la majorité continue d’investir des sommes folles dans ce projet ruineux pour les collectivités. Ce n’est pas moi qui le dit, mais ce qu’indique le rapport de la cours des comptes.

Au second tour des municipales, ferez-vous à nouveau alliance avec les Verts comme en 2008 ?

Avec les Verts c’est peu probable. Ils ont commencé à négocier avec la majorité pour obtenir des places, et risquent certainement de s’allier au Parti Socialiste. Au contraire le Nouveau Parti Anticapitaliste a toujours voulu rester indépendant du PS.
Le scandale c’est que le système électoral favorise les grands partis. Il faudrait instaurer la proportionnelle pour une élection juste.

… et avec le Front de Gauche ?

Pour l’instant on est encore en négociation avec eux pour les législatives.

Qu’attendez-vous de ces élections présidentielles de 2012?

Avant tout je souhaite le départ de Sarkozy, il a fait suffisamment de dégâts comme ça dans notre pays. Mais ce n’est pas pour autant que j’attends beaucoup de François Hollande. Je m’en méfie car comme les autres « socialistes » européens il propose une politique d’austérité. Alors que la population n’a pas à payer une crise dont elle n’est pas responsable.

Que pensez-vous du candidat du NPA : Philippe Poutou ?

Par rapport à Philippe Poutou, je ne suis pas emballé. A mon sens il y a de sérieux problèmes d’orientation depuis le renoncement d’Olivier Besancenot à la présidentielle. Son départ était assez soudain, cela ne nous a pas laissé suffisamment de temps pour nous organiser au mieux. Aujourd’hui j’ai l’impression que le parti s’est replié sur lui même.

Philippe Saurel : « Je suis habitué à combattre depuis que je suis né »

L’actuel adjoint à la culture et futur candidat à la mairie de Montpellier, Philippe Saurel semble déterminé. Autour d’un café aux halles Jacques Cœur, proche de son cabinet dentaire, il se confie. Entretien.

Vous vous êtes déclaré deux ans avant les municipales, n’est-ce pas un peu tôt ?

(Il coupe) Ce n’est pas deux ans, c’est quatre ans. Ça s’est produit en avril 2010, juste après l’épisode des régionales. On peut considérer que c’est un peu tôt mais c’est une façon de faire de la politique. Moi j’annonce les choses clairement alors que beaucoup arrivent masquer, envelopper de voiles d’hypocrisie… J’instaure une nouvelle pratique, c’est à dire « je dis ce que je fais et je fais ce que je dis ». Comme disait Jospin à l’époque, une façon moderne de dire les choses et puis après on voit. Les Français aujourd’hui ont besoin de ça.

Ne pensez-vous pas que les élections législatives, et avant les présidentielles, vont modifier le paysage politique local ?

Le paysage politique certainement, mon souhait d’être maire de Montpellier certainement pas.

Pourquoi ce choix des élections municipales et non pas des élections législatives ?

Je n’étais pas forcément contre les législatives dans la mesure où c’était sur la circonscription n°2 – la moitié des cantons de la ville -, notamment là où je suis conseiller général. C’était donc tout à fait légitime pour moi d’être candidat. Mais je me suis heurté à un front uni de l’ensemble des structures internes du Parti Socialiste qui n’ont pas souhaité désigner pratiquement deux ans avant un candidat potentiel. Ils ont sans doute eu peur qu’il devienne aussi le seul candidat légitime à la ville de Montpellier. Il y a aussi eu les égos personnels des uns et des autres. Il y a d’autres candidatures que moi à la mairie mais ceux-là ne le disent pas. Ils le suggèrent, le susurrent, le transpirent, mais ne le disent pas. Personne ne peut m’enlever le courage de le faire. Je crois que dans ce monde, quelque part, il manque aussi de temps en temps un peu de courage politique. Ainsi, le Front National et les partis extrêmes attirent beaucoup de voix car les partis républicains traditionnels vont quelques fois se coucher au lieu de rester debout.

Depuis que vous êtes candidat à sa succession, quel est la nature de vos rapports avec la maire actuelle Hélène Mandroux ?

Excellent. J’ai toujours été clair avec Hélène Mandroux. Je lui ai dit que j’étais son adjoint jusqu’à la fin du mandat et que je resterais fidèle à mes engagements.

Comment a-t-elle pris votre annonce ?

Elle m’a convoqué dans son bureau et m’a dit qu’elle me mettait un carton jaune. On l’a fait avec le sourire. A aucun moment je n’ai souhaité faire en sorte que son mandat s’abrège y compris pendant les périodes où elle a été remise en question par les membres du groupe majoritaire. Je l’ai protégée à ce moment-là et je continue à le faire. Elle a été élue légitimement par les montpelliérains et pour moi, ce vote est sacré.

Vous n’avez jamais vraiment caché votre prétention à la mairie de Montpellier. Pourtant, vous avez déjà échoué une fois pour une précédente investiture pour les élections législatives. Qu’est-ce qui vous fait penser que, cette fois-ci, c’est la bonne ?

Au niveau de mes élections, si j’avais à me comparer à un challenger de boxe anglais, je dirais que j’ai six combats et pas de défaite. Trois fois conseiller général contre l’UMP, l’UDF et les Verts, et toujours avec le même pourcentage : 61%.
J’ai échoué à l’investiture car le PS n’a pas voulu que je sois candidat. A l’époque, j’ai soutenu Hélène Mandroux. Lors des dernières élections municipales de 2008, beaucoup voulaient se séparer de moi et avaient convaincu certains décideurs de le faire. Il a fallu que je me batte pour être dans la liste, y compris menacer de faire une liste divers gauche. Cela a été entendu. Je suis habitué à vivre comme ça, à combattre depuis que je suis né. Je suis fils d’instituteur. Je ne suis pas né avec du sang bleu dans les veines. Je me suis battu tout le temps. Je n’étais pas prévu à l’université de médecine, je n’étais pas prévu à la fac de lettre. J’étais prévu nulle part, je fais ce que j’ai envie de faire !

Si vous n’aviez pas l’investiture du PS, vous entreriez en dissidence ?

C’est tôt pour en parler, mais je suis déterminé.

André Vezinhet, député et président du conseil général, a récemment déclaré à propos des candidatures multiples pour la prochaine éléction municipale de 2014 « je vois beaucoup de petites pointures qui nourrissent des ambitions. Il va falloir les calmer et j’y contribuerai. » Vous sentez-vous visé par cette déclaration ?

Non, d’ailleurs il ne m’a pas cité dans l’interview contrairement à Jean-Pierre Moure par exemple. Je ne me sens absolument pas visé. Je connais mes chiffres sur la ville, et je connais les siens. Vis-à-vis d’André Vezinhet, j’ai toujours voté pour lui en tant que président du Conseil Général, j’ai toujours voté le budget du Conseil Général. Cependant, sur certains sujets je suis en opposition car je considère que ce n’est pas l’intérêt de la ville et des montpelliérains. Par exemple, ce matin sur Midi Libre, le Conseil Général souhaite condamner la route de la plage entre le Petit et le Grand Travers sans avoir déjà prévu les parkings qui sont sur la ceinture qui va à la grande motte. Je trouve que c’est une erreur car cela condamne pour les montpelliérains qui vont prendre un bain de façon immémoriale avec les mamans, les poussettes. Cela met la plage à un kilomètre à pied, je considère que seul certains pourront y aller. Tant qu’il n’y aura pas le tramway, je considérais que ce n’est pas jouable.

En vous déclarant aussi tôt, vous offrez pour tous vos adversaires potentiels la possibilité de vous mettre des bâtons dans les roues avec les noms de domaine comme PhilippeSaurel2014.com qui ont été réservé. Ne craigniez-vous pas d’être mis rapidement hors-jeu avec ces attaques ?

Cela fait plus de deux ans que j’ai annoncé ma candidature et je suis toujours vivant. (Rires) Au fond je n’en ai pas grand choses à faire des domaines. Premièrement, ce sont des ânes avec des petites méthodes de petits barbouzes. Ils ont acheté PhilippeSaurel2014.net, .com et .fr. Il reste donc les .org, .biz… Deuxièmement, je ne veux pas les acheter moi, je ne souhaite simplement pas qu’on récupère mon nom sans me le demander, c’est deux choses différentes. Moi j’ai un site internet : PhilippeSaurel.com, il suffit que je mette un onglet Saurel2014 et le problème est réglé. Je laisse les électeurs juges, lorsque les gens voient que l’on acharne sur moi avec des coups bas en voulant me piquer des sites internet sans qu’on dise pourquoi et que ce sont des gens du cabinet de l’Agglo de Jean-Pierre Moure, les montpelliérains ne sont pas des idiots…

Longtemps Patrick Vignal a été votre principal adversaire politique…

(Il coupe) Non jamais, lui est arrivé un mandat après moi, nous sommes exactement du même âge à un mois près, il a toujours considéré que j’étais en pole position pour la ville donc il a toujours essayé de prendre ma place mais c’est logique… Je n’en fais pas une maladie, je ne lui en veux pas. C’est la compétition politique…

Que pensez-vous du fait qu’on parle plus d’André Vezhinet ou de Jean-Pierre Moure que de vous ?

J’aime beaucoup les médias mais je ne crois qu’à une seule cause, à l’électeur, c’est-à-dire aux montpelliérains. J’aimerais qu’on dévoile les véritables sondages, qu’on en fasse faire des vrais, pas financés par des boîtes de communication qui sont à la solde des collectivités… Je connais les chiffres, on verra aux élections…

Que pensez-vous qu’il manque à Montpellier aujourd’hui ?

Aujourd’hui il manque un grand centre d’art contemporain. C’est pour cela que j’ai proposé que l’ancienne mairie soit remaniée. On est dans le vocable de la ville durable puisqu’on récupère un grand bâtiment public et on lui donne une seconde vie à moindre frais pour la ville. Surtout on sacralise le lieu public en continuant son rôle en dynamisant le centre-ville. A proximité du musée Fabre, de l’Opéra Comédie, du Corum, je crois que ce n’est pas incohérent de faire un centre d’art contemporain à cet endroit. Evidemment ce n’est pas le seul projet, c’est un peu le phare si j’ose dire.

Quel est votre point de vue sur la politique globale de l’ancien maire Georges Frêche ?

Georges Frêche a tout fait à Montpellier pendant ses mandats. Il y a des choses que j’ai apprises avec lui en politique et je ne renie rien. Je n’ai pas perdu une goutte de son enseignement. Mais les temps changent, le monde avance, on ne peut pas reproduire les schémas de l’histoire. En 7 ans à l’urbanisme, je connais bien le sujet du développement durable, j’ai impacté le renouvellement urbain et la conservation du patrimoine. Donc trois choses qui n’étaient pas des lignes de force de l’orientation du développement de la ville sous Georges Frêche. Dans le cadre de mon mandat j’ai donc instillé une nouvelle dynamique mais je ne dis pas que dans les prochaines années à venir il n’y ait pas d’autres modifications d’intérêt général. Les choses évoluent, la politique évolue tout le temps.

Avez-vous déjà défini vos priorités pour la ville ?

Je n’ai pas encore défini mon programme. Mais pour moi, les priorités sont avant tout sociales. Après elles se déclinent dans le domaine de l’urbanisme, du sport, de la culture, de l’éducation. L’important ce sont les montpelliérains dans leur vie quotidienne. Je considère que la ville c’est un être-vivant qui doit être réglé au millimètre et adaptable à tout instant. C’est là que réside la difficulté, il faut toujours avoir une vision permanente des choses. On doit sans arrêt être en relation avec l’évolution de la ville, si on ne l’est pas on crée des lacunes dans la vie quotidienne des gens. Une ville je la vois en mouvement, et je me vois moi comme tous mes concitoyens dans ce même mouvement.

« Le Monde » pose ses valises à Montpellier

Rencontre avec Jonathan Parienté. Journaliste au Monde, il fait souvent escale à Montpellier dans le cadre du projet « une année en France ».

Jeune journaliste au service politique du site Le Monde.fr, Jonathan Parienté participe avec grand plaisir au projet « Une année en France ». Il quitte régulièrement ses habitudes parisiennes pour venir « poser ses valises » à Montpellier. Une idée originale qui mobilise journalistes et photographes dans huit communes à travers toute la France. L’idée est d’aller voir ce qui se trame dans ces villes, s’adapter à leur rythme, leurs habitants et en rendre compte sur la toile au travers de blogs dédiés.

Jonathan Parienté alimente donc son blog « Montpellier, une place au soleil » au fil de ses rencontres, de ses expériences et découvertes qui ont lieu durant ses séjours. Il admet que cette démarche, pendant cette année d’élection présidentielle, est aussi une manière de se libérer d’un certain parisianisme. L’occasion notamment de « fuir les circuits habituels » pour aller à la rencontre des gens, parler d’eux et de leur environnement. Un moyen pour un lectorat nombreux de découvrir ces villes françaises à travers le prisme d’un journalisme qui prend le temps.


Montpellier une place au soleil – Le blog de… par masterjournalisme08

A l’Arena, le handball devient show

Mercredi 14 décembre à la Park&Suites Arena. Ce soir, la récente salle omnisport montpelliéraine accueille le derby de handball entre le Montpellier Agglomération Handball (MAHB) et le club de Nîmes. Retour sur une soirée riche en spectacle.

Une salle moderne

photo_1-2.png

20h, devant l’Arena. Le bâtiment massif et moderne impressionne. Le toit qui couvre une immense baie vitrée est illuminé d’un bleu saphir. Une fois le portique de sécurité franchi, les gens pénètrent dans l’enceinte. A l’intérieur, l’architecture est également sublime. Mais le chaland est d’abord attiré par les lumières et odeurs des nombreux stands. Le vaste hall d’entrée propose tout ce que la société de consommation peut imaginer. Qui dit spectacle dit marketing. Après avoir payé sa place à partir de 9€ ou pris un pack de deux matchs à 12€, le consommateur de sport est fortement invité à se restaurer ou acheter un produit dérivé de son équipe favorite. Une fois le devoir de consommation accompli, il est temps de pénétrer dans l’arène.

Un show à l’américaine

20h45, dans les gradins. Les presque 9000 spectateurs présents tout autour du terrain assistent à un véritable show à l’américaine. Suspendu au plafond, un dirigeable survole la salle près de l’écran géant. Au sol, un alignement de jeunes handballeurs montpelliérains quadrillent le parquet. La lumière s’éteint, le speaker annonce les arbitres du match. Ces derniers se retrouvent sous les feux des projecteurs, accueillis au centre du terrain comme de véritables rock stars. Vient ensuite le tour des joueurs nîmois avant les montpelliérains. Un par un, les hommes de Patrice Canayer apparaissent sur fond d’une musique entrainante. Leur nom est scandé par la foule tandis que des flammes s’élèvent sur le terrain. A l’applaudimètre, il n’y a pas de match, Nikolas Karabatic est ovationné. Pour un spectacle total, il faut des stars. Le tout juste élu « champions des champions » par le journal l’Equipe en est une toute trouvée. Tous les yeux sont rivés sur lui, « Karabatic c’est le meilleur » résume un enfant en tribune. Cette entrée spectaculaire des joueurs peut paraître exagérée pour une rencontre de championnat qui oppose le leader à l’avant-dernier. « Mais c’est bon pour le hand » rétorque Christelle, la compagne d’un joueur, présente parmi les spectateurs.

21h début du match. Le show se poursuit. Les joueurs locaux sont encouragés par une fanfare dans la tribune allouée à leurs supporters. Les yeux rivés sur eux, un speaker chauffe la salle au micro et réclame une ola à chaque temps mort. Outre les « Montpellier, Montpellier » et autres trompettes des supporters, la rencontre est rythmée par diverses musiques émises par la sono de la salle. Ainsi, un célèbre morceau, extrait de Star Wars, résonne lorsque les joueurs du MAHB tirent leurs penaltys.

22h30, coup de sifflet final. Sur le terrain aussi le spectacle a tenu toutes ses promesses avec un suspense haletant jusqu’au bout. Le MAHB s’impose sur le fil grâce à un but à 10s de la fin. Le Rideau se ferme sur le parquet. Seuls les plus privilégiés pourront poursuivre la fête dans les loges VIP de l’Arena…

Troisième mi-temps dans les coulisses des loges V.I.P.

photo_coulisses.jpg 23h, devant les portes des loges VIP. Les vigiles veillent, il faut montrer patte blanche pour entrer. Une fois à l’intérieur le spectacle est alléchant. Plusieurs tables sont garnies de charcuteries, fromages et autres victuailles. Tenue de soirée et sourire aux lèvres, de charmantes hôtesses reçoivent les invités, journal l’Equipe à la main. En Une du quotidien : Nikola Karabatic. Champion des champions, le handballeur est la fierté de Montpellier.

Une centaine de personnes se rassemblent sous un éclairage teinté de jaune et de violet. L’ambiance est feutrée. Sur l’estrade, le Président de l’Agglomération de Montpellier Jean-Pierre Moure ne cache pas sa satisfaction: « Le titre de Nikola fait honneur au sport de l’agglomération de Montpellier. Nous sommes la première agglomération de France sur le plan sportif. Je suis convaincu qu’on ira plus loin ». A ses côtés, l’ancien handballeur Joël Abati et actuel conseiller régional savoure : « Aujourd’hui, à travers ce titre qu’a reçu Nikola, c’est enfin la reconnaissance du handball ».

René Girard, entraîneur de l’équipe de football de Montpellier, est présent. Venu pour soutenir son homologue et ami nîmois Patrice Canayer, il ne tarit pas d’éloges pour Nikola Karabatic : « Il mérite amplement cette distinction. C’est un joueur formidable et un homme exceptionnel ». Les retrouvailles entre les deux entraîneurs se font sourire aux lèvres. « C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, on se connait depuis longtemps » assure le coach des handballeurs montpelliérains, avant de conclure. « On échange beaucoup mais pas sous forme de conseils ».

Photo0173.jpgLa soirée poursuit son cours, et voit l’arrivée au compte-goutte des joueurs. Ceux-ci retrouvent leurs compagnes et amis, puis s’éclipsent discrètement. Deux heures après minuit, les derniers verres de vins sont versés. Tandis que les personnes encore présentes finissent de quitter les lieux, les petites mains s’affairent pour débarrasser le surplus de nourriture.

Montpellier à l’heure de la SELidarité

Pour lutter contre les effets de la crise économique, les Montpelliérains choisissent de plus en plus
les réseaux d’échanges comme remède. Les SEL (Systèmes d’échange locaux) représentent un
moyen d’entraide reposant sur la solidarité entre ses membres.

Selon un sondage IFOP du 5 novembre 2011, 68% des Français déclarent être affectés par la crise économique dans leur vie personnelle. Les Montpelliérains n’échappent pas à ce constat. Pour faire face à la crise, un système à le vent en poupe : le système d’échange local, communément appelé SEL.

Les SEL sont apparus dans les années 1980 outre-Atlantique, puis en France, en 1995. Il y en a maintenant un peu partout dans le monde, dont 451 référencés en France (12 dans l’Hérault, dont 2 à Montpellier : SEL de Montpellier et SELriz).

Qu’est-ce qu’un SEL ?

Un SEL est un circuit économique alternatif, utilisant une monnaie virtuelle afin d’échanger des biens et des services. Classé généralement dans l’économie sociale et solidaire, le SEL est aussi une idéologie. Adhérente du SEL de Montpellier, Sabine Lopez est d’avis que « d’avantage d’échanges et de solidarité entre les gens est un moyen de contrebalancer une consommation qui devient destructrice pour notre planète ».

797_6388dd51e59e7f8ce32d18115ede7d0a.jpgMais concrètement, comment cela marche-t-il ? « Nous échangeons des services sur la base d’une unité de temps appelé Grain de Sel (un grain de sel égal une minute) » explique Mme Lopez, avant de compléter : « Chacun dispose d’une feuille de richesse dans laquelle sont marqués les grains de Sels accumulés ou débités. Par exemple : Paul aide au déménagement de Pierre pendant 1 heure. Il devra donc marquer 60 grains de Sels qui seront débités sur la feuille de Pierre et crédités sur la sienne ».

Un système en expansion

« De plus en plus de monde est en recherche de système alternatif pour économiser et réduire sa consommation » souligne Sabine Lopez. Depuis 2008 et le début de la crise économique, le SEL de Montpellier a constaté qu’il y avait « de plus en plus d’adhérents ». Surtout, tous les âges sont représentés.
Le SEL, une bonne alternative pour réaliser des économies ? « Oui, bien sûr, c’est évident » répond Mme Lopez, « d’autant plus que nous pouvons également échanger des objets sous forme de bourse locale d’échange (BLE). Donc, avant d’acheter, nous passons une annonce à notre SEL pour savoir si quelqu’un a l’objet en question ».

Sans faire de bruit, le SEL de Montpellier arrive à conquérir un nombre croissant de personnes. Si quelques adhérents sont arrivés par l’intermédiaire des médias (télévision et presse), beaucoup ont connu ce système grâce au bouche à oreille.
Pour plus de convivialité, des réunions sont fréquemment organisées. Ainsi, grâce à l’aide de toute une communauté, un lien social se crée, en plus des économies réalisées.

En temps de crise, il y a ceux qui se retranchent dans leur coin à se priver, et les autres, qui préfèrent faire jouer la solidarité pour économiser au mieux.

Teatro La Frontera : corps et musique se mêlent au milieu de l’Océan

Les lumières s’éteignent. Le piano nous envoie le souffle d’une tempête en plein océan. Et commence alors le voyage de Novecento entre l’Europe et les Amériques, métronome qui va faire de lui l’auteur d’une musique insaisissable, portant des vagues de migrants, des vagues d’espoir et de misère.

Mise en scène par Violeta Gal, l’œuvre magistrale d’Alessandro Baricco est interprétée par deux frères, Luca et François Di Carlo, dont la complicité sur scène fait des merveilles. L’un se consacre à la description du monde par la musique, donnant le rythme et la couleur de l’évolution de la vie de Novecento. Avec ce défi de devoir se mesurer à cette mélodie qui sort d’un livre. L’autre ajoute à la beauté du texte son interprétation par le corps, à travers la danse qui raconte la musique du pianiste des mers.

Violeta Gal a voulu s’appuyer sur une lecture originale et créative pour « approfondir l’interprétation ». Notamment, en suggérant au comédien de transmettre l’émotion de Novecento par le corps, et au musicien de nous raconter l’histoire, de nous raconter l’Océan. Dans une recherche de sincérité par l’épuisement du comédien sur scène, le corps devient l’expression du génie musical de cet homme qui a passé toute sa vie sur un bateau. François Di Carlo fait parler tous les personnages de la vie de Novecento, qui ne comprend comme personne le monde dans lequel il vit.

388857_296646700369400_296642810369789_999061_808555667_n.jpg

Aussi, quand Jelly Roll Morton (personnage réel du début du vingtième siècle interprété par Johann Weber) monte sur le bateau pour provoquer Novecento en duel, ce sont deux visions du monde qui s’opposent. L’ « inventeur du jazz » représente celle de la concurrence, de l’adversité, bref celle du monde réel. Cette « intrusion » déstabilise le spectateur, tout comme Novecento qui ne comprend pas. Il y répond donc par la créativité, par l’humanité. « On a oublié ce dont on a besoin pour vivre. Novecento nous le rappelle. » [[Violeta Gal]]

Le texte décrit une temporalité précise, le début du vingtième siècle, dont les enjeux sont relativement similaires à ceux de notre époque. « On vit toujours en temps de guerres, de migrations » [[idem]]. Novecento finit par se suicider car il ne peut pas vivre dans le monde réel. « C’est un suicide politique, comme une grève de la faim ou une immolation par le feu. » [[idem]]

384957_296646787036058_296642810369789_999063_1427198252_n.jpg

C’est le théâtre en général que Violeta Gal veut remettre en question. « Les artistes se sont mis sur un piédestal alors que jouer sur scène est un acte politique en soi, on ne peut pas penser que c’est un acte gratuit. Une part de nous-mêmes doit rester sur scène. » Elle insiste d’ailleurs sur le simple rôle d’intermédiaire qu’a l’artiste entre l’art et le peuple. « Si le public peut se remettre en question, j’ai tout gagné. » C’est ce qu’elle a ressenti le jour un lycéen lui a dit à la fin de la pièce : « Ce serait génial que Novecento existe vraiment. »

La toute jeune compagnie Teatro La Frontera, s’appuie sur un théâtre en mouvement qui veut dépasser la contemplation et susciter la réflexion. Un véritable appel est lancé à l’imaginaire du spectateur. La compagnie franco-chilienne déboussole le public en brouillant les frontières entre terre et mer.

Précarité : Une diversité associative en péril

Déjà confrontées à l’absence de moyens et au sous-équipement, les associations Montpelliéraines chargées de venir en aide aux sans-abri craignent dorénavant de voir leur nombre diminuer sous la contrainte.

« Issue », « Gestare », « Cada », « Regain », « Halde Solidarité », « Avitarelle »… A Montpellier, une vingtaine d’associations gèrent l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes en situation de précarité. Chacune est porteuse d’une philosophie, d’une orientation et de projets différents. Toutes se complètent et confrontent leurs actions. Pourtant, malgré son importance, cette pluralité est aujourd’hui menacée par la situation économique et les restrictions budgétaires.

« La crise a le mérite de faire marcher notre ingéniosité. Face à la morosité ambiante, Mathieu Chibaudel, coordinateur au sein de l’association GESTARE (Gestion Animation Recherche) préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. On fait au mieux avec ce que l’on a. On essaie d’être dans une politique de rationalité des coûts et de trouver des filons. On a de gros partenariats avec la banque alimentaire mais aussi avec la ville ce qui nous permet de profiter de certains équipements sportifs. Le point positif, c’est que la situation économique compliquée amène les associations à la mutualisation et au développement de nouveaux projets. »

Des associations contraintes de se regrouper ?

En 2009, le collectif « La Boussole », réunissant sept associations[[Les associations concernées étaient « Issue », « Gestare », « Cada », « Regain », « Halde Solidarité », « Avitarelle » et « AERS »]], a été créé pour faciliter la réalisation de projets dans le domaine du sport, du loisir et de la culture. Cette rencontre a, entre autre, aboutit à la constitution d’une équipe de football. Par la suite, elle a donné la possibilité à deux montpelliérains de participer à la coupe du monde des sans-abri à Paris l’été dernier. Une franche réussite venue, qui plus est, de l’initiative des salariés et non des institutions.

A moyen terme, cette dynamique pourrait néanmoins s’inverser. « Derrière cette belle idée de mutualisation on sent se profiler celle du groupement contraint, craint Christian Lepers, directeur de l’organisation GESTARE. Dans le contexte actuel, l’Etat cherche à dégraisser. Il y a aujourd’hui moins de moyens pour contrôler les associations. Par conséquent, des structures pourraient subir un rassemblement imposé, pour limiter le nombre d’interlocuteurs.»

Préserver une pluralité des regards

S’il pourrait paraître avantageux du point de vue des finances publiques, ce système de concentration le serait beaucoup moins au niveau humain. « Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il n’y a pas qu’une seule bonne formule en matière de prise en charge des sans domiciles fixes. Une association n’a pas plus raison qu’une autre, ajoute C. Lepers. L’enjeu est donc, de préserver une diversité de structures d’hébergements pour élargir le champ des possibilités. Il faut qu’on puisse à la fois, s’appuyer sur les expériences des uns et des autres, et orienter les résidents en fonction de leur situation. Il ne faut pas qu’il y ait un parcours obligatoire. »

Absence de solutions au sortir des centres d’hébergements pour les personnes les plus en difficulté, manque de place dans les logements sociaux et les maisons-relais, carences au niveau des équipements… Aujourd’hui les dispositifs de prise en charge des sans-abri à Montpellier sont insuffisants. Un peu moins de 400 places en CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) sont disponibles dans la ville Héraultaise contre environ 1000 à Nancy ou à Rennes par exemple. Autant dire qu’une réduction du nombre d’associations ne contribuera pas à arranger la situation.

Montpellier : une ville pour les jeunes…précaires

Selon les chiffres Insee, au troisième semestre 2011 le taux de chômage en France a atteint les 9,7% de la population active. Une augmentation sensible est relevée pour la tranche d’âge 25-49 ans, ainsi que pour les femmes entre 15 et 24 ans, les plus de cinquante ans ne sont pas non plus épargnés. Dans l’Hérault la situation est bien pire : plus du 13% des personnes actives sont à la recherche d’un travail. Alors que les CDI semblent aujourd’hui hors de portée, les Jobs étudiants, l’intérim, et les CDD apparaissent désormais comme un luxe pour les jeunes.

Amina a 28 ans et un diplôme en psychologie. Depuis quelque mois elle va régulièrement à la Maison des chômeurs et des citoyens solidaires pour recevoir un soutien dans sa recherche d’emploi. Elle a une expérience de quatre ans avec les personnes âgées et les handicapés, mais actuellement elle n’arrive plus à trouver un poste. La concurrence est trop forte : « j’ai envoyé plus de 40 CV et lettres de motivations, mais personne m’a rappelé . Il y a beaucoup de gens qui postulent pour les mêmes offres et moi je n’ai pas encore validé mes années de travail. Je suis en train de faire les démarches pour obtenir un VAE(Validation des Acquis de l’Expérience –ndlr), mais pour l’instant c’est la galère. Heureusement que j’ai une amie qui peut m’héberger.» Les salariés du secteur des services à la personne représentent près de 6% des salariés de l’Hérault, mais seulement un quart d’entre eux a moins de 35 ans. Ce chiffre semble encore plus préoccupant si l’on confronte la moyenne du temps de travail hebdomadaire (11,6 h) avec la proportion des personnes rétribuées en dessous de 1,2 Smic horaires brut (61%). Certes, dans le secteur les jeunes ne se réjouissent pas.

Diplômés et étudiants oui, mais pas privilégiés

Laurence, 29 ans, débarque à Montpellier en septembre après avoir quitté Paris. Elle possède plusieurs expériences de travail, un Master 1 et une formation comme institutrice. Pourtant, elle est toujours dans une situation précaire: « Je ne demande pas grande chose, je voudrais juste gagner ma vie. J’ai travaillé à l’usine, dans un chantier, dans un supermarché, mais rien qui ait abouti à un contrat, explique-elle. Je viens de trouver un logement, après plusieurs mois passés chez une pote, mais je ne sais pas si j’arriverai à payer le loyer le mois prochain

Des difficultés partagées par les étudiants. Plusieurs d’entre eux n’arrivent plus à financer leurs études et à assurer leur indépendance. Les petits jobs sont rares, mal payés, et souvent même pas déclarés. Beaucoup de jeunes sont dans l’obligation de renoncer à leurs droits pour aspirer à un poste : ils savent qu’ils peuvent être virés à tout moment. Comme Juan, étudiant et employé «au black» dans un bar montpelliérain, qui a été licencié il y a deux semaines «Un jour je suis arrivé au travail et le patron m’a dit que j’étais viré parce qu’il n’avait pas de quoi me payer. Il s’est même énervé contre moi. Je me suis senti exploité !».

Dans l’hôtellerie-restauration la précarisation est à son point le plus haut. Parmi les 17 000 saisonniers travaillant en région pendant l’été, un sur cinq entre septembre et novembre est allé s’inscrire à Pôle Emploi, un sur trois parmi les 25-40 ans. La crise et les mauvais investissements ont laissé beaucoup de caisses vides, et l’argent qui reste ne circule pas forcement par des voies légales. Le job étudiant devient alors un privilège, le contrat un luxe.

Le paradoxe du dynamisme

Il y a trois ans, une étude de l’Insee montrait que le Languedoc Roussillon au cours de la période 1993-2006 était la première région en France pour la création d’entreprises. En revanche, la même étude expliquait que 8 entreprises crées sur 10 ne comptaient aucun salarié, et notamment à Montpellier. Un chiffre qui explose en 2010 en atteignant la barre des 96%. Il s’agit pour la plupart de sociétés spécialisées dans les services, moteur de la région et première source d’emploi dans l’Hérault. Les seules qui n’ont pas été touchées par la crise.

Voici la contradiction : les nouveaux acteurs d’un secteur en plein développement sont ceux qui génèrent le moins d’emploi.

Le discours ne vaut pas pour les activités financières et d’assurance, qui augmentent leurs effectifs (+1500) en bénéficiant du soutien public apporté aux banques. En revanche, dans les autres secteurs ce sont les travaux intérimaires et les contrats à durée déterminée qui augmentent de manière significative. Autant que le chômage.

Le chômage n’est pas que dans les chiffres

« Il y a plus de jeunes qui viennent. Souvent ils sont diplômés et ils cherchent n’importe quel travail» affirme Marc Vinet, bénévole pour le Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus (Crée), qui a son siège à la Maison des chômeurs et des précaires. «Le taux de chômage est bien plus haut que 13%, il y a beaucoup de cas qui ne figurent dans les chiffres. En ville on est au moins à 20%, et dans le quartier de la Paillade à 40-45%.»

Mais même toucher une allocation chômage peut devenir une odyssée. « Les procédures sont toujours plus complexes, les gens sont désorientés. En outre, à Pole Emploi il y a une volonté bien précise de faire baisser les chiffres à travers un durcissement dans la sélection des dossier», continue monsieur Vinet.

La précarité devient le reflet des inégalités sociales. A Montpellier comme ailleurs, ce sont ceux qui ont les moyens qui s’en sortent le mieux. Pour le reste, la «sur-cotation » de la ville ressemble plutôt à un chapeau trop grand qui oblige les jeunes à faire le dos rond. Ce qu’aujourd’hui on appelle la révérence du travail gratuit ou mal payé.