Super Slut : la super ascension de deux jeunes Biterrois

Clément Bourdon et Romain Lolio, « deux petits Biterrois qui n’ont jamais rien fait d’exceptionnel », sont en train de réaliser un gros coup. Ils mixent depuis deux ans sous le surnom Bumble & Romz et viennent d’envoyer leur dernier morceau à un grand label allemand. Le titre sort début octobre, leur duo s’appellera alors Super Slut.

Le rêve d’une vie. C’est ce que deux jeunes Biterrois sont en train de vivre. Pourtant, à leur début, Clément Bourdon et Romain Lolio, qu’on surnomme Bumble & Romz depuis l’adolescence, se sont affublés d’un drôle de pseudonyme sur myspace, « latuile ». Aujourd’hui, tout change, ils viennent de signer un contrat avec un des plus gros label mondial de musique.

Bumble & Romz se connaissent depuis cinq ans, les boites de nuits montpelliéraines sont leur terrain de jeu favori. Il y a deux ans, ils se sont mis à mixer, à jouer de l’électro. Pour Romain, aucune ambiguïté n’est possible : « Pour les vieux, la techno, c’est du bruit. Mais en fait, c’est vraiment de la musique. »

Leur premier morceau s’intitule Synopsis, il est sorti cet hiver chez Angell Records, un label français. « Nous avons tout vendu et gagné en notoriété, explique Clément. Pour notre prochain morceau, nous avons voulu le teinter d’une touche d’Espagne, qu’il sonne espagnol, avec un sample flamenco. »

Deux soirs de boulot à la maison et le titre est prêt à être diffusé. Clément joue parfois à L’usine à gaz, en warm-up, pour chauffer la soirée. Le DJ résident, Mathieu, a bien aimé le morceau, il l’a joué. Et comme « les gens ont adoré », Bumble & Romz l’ont envoyé, par internet, à Great Stuff, un label allemand, un des leaders du marché.

« Notre rêve ? Ibiza, face à la mer. Mais pour y arriver, il faut s’arracher pendant cinq ans »

Après quelques échanges de mails, le verdict tombe, Bulerias, leur morceau flamenco-techno, sortira chez Great Stuff. Ces « deux petits Biterrois qui n’ont jamais rien fait d’exceptionnel » sont en train de réaliser un gros coup, ils ont même « du mal à réaliser ». Seul problème, le label allemand n’est pas fan du nom de scène Bumble & Romz. Place maintenant à Super Slut, dont on se gardera bien de donner la traduction… « De toute façon, dans l’électro, il y a souvent des noms bizarres. » Utile mise en garde. Mais, si ça convient aux parents…

Maintenant, le plus dur démarre, se faire connaître. Et là, bonne nouvelle, le buzz (d’autres diraient la mayonnaise) commence à prendre, surtout du côté de la capitale régionale. « Si les DJ’s montpelliérains n’aiment pas, alors on est grillé dans la région », avoue Romain. « Pas mal de ceux qu’on a adulés, comme Greg Delon du Bar Live, jouent le morceau. Pour nous, c’est excellant ! »

En 2008, l’objectif était de sortir un morceau, pari réussi. 2009 ? « En sortir un autre. » En revanche, devenir résident d’un club ne les branche pas vraiment. « C’est pas le but, ce qu’on veut : c’est tourner. » D’ailleurs, ils ont déjà joué à Montpellier, Toulouse, Lyon ou Carcassonne. Mais le rêve reste l’Espagne et surtout Ibiza « face à la mer. Mais pour y arriver, il faut s’arracher pendant au moins cinq ans », prédit Clément.

Surtout, il ne faut pas croire que la techno est leur seul univers. Ils aiment et écoutent toutes sortes de musiques. Romain a même débuté sa carrière dans un petit groupe de rock. Pour Bumble & Romz : « Si tu es enfermé dans un truc, tu ne t’en sors pas, tu ne t’ouvres pas et tu n’as pas d’objectif. » Ils apprécient particulièrement Gorillaz, Jamiroquai, et soulignent que des groupes de pop rock tels Radiohead ou Muse ont récemment ajouté une brillante touche électro à leurs compositions.

Pour Romain et Clément, leur nouvelle carrière de Super Slut marque un tournant dans leur vie. Un super challenge synonyme, souhaitons-leur, de super saut vers les sommets.

Hey Bo

Bo Diddley, l’un des géniteurs du Rock’n’Roll a éteint son ampli une dernière fois le 2 juin 2008. Il est mort d’un arrêt cardiaque dans sa résidence à Archer, en Floride. Voyage au pays du bruit en hommage à celui qui en fut l’un des premiers explorateurs.

Le nom que Bo avait choisi (son nom de Baptême était Ellas Otha Bates McDaniel) fait référence à un instrument de musique de rue ; le Diddle. Cet instrument est la guitare des pauvre. Il s’agît d’un fil de fer tendu sur une caisse de bois. On gratte cette corde en y faisant glisser un goulot de bouteille (dit Bottleneck) pour en modifier le son, et ainsi accompagner le blues des rues. Le son qui en ressort n’est pas à proprement parler mélodique, mais il a un timbre, un relief. Quelque chose de particulier.

Fasciné par cet instrument, Bo s’en inspirera pour créer ses guitares, distribués par la firme Gretsch.

Gretsch Bo Diddley (1957)
Gretsch Jupiter Thunderbird (1959)

Bo était un créateur, un vrai. Il a introduit dans la musique ce rythme syncopé, cassé, qui apporte au rock toute sa rudesse et à la fois tout son coté dansant. Ce rythme, il l’inaugure dés son premier album en 1955, avec la chanson Bo Diddley :

Bo Diddley – Bo Diddley, 1955

Mais on ne doit pas seulement à Bo cette innovation technique au niveau du rythme. Il a avant tout révolutionné le rapport au son du Rock ‘n Roll, et ainsi créé les conditions d’éclosion d’un rock différent. Le Garage Rock avec notamment The Sonics dans la seconde moitié des années 1960, puis le Punk Rock à la fin des années 1970.

Bo Diddley РHey Bo Diddley (d̩but des ann̩es 1960)

A l’instar des peintres abstraits avec la forme, Bo va axiomatiser le son. Il va le faire exister en parallèle de le mélodie, parfois même à la perpendiculaire. Il va jouer avec les faibles possibilités qu’offrent les systèmes de sonorisations de l’époque. Il va pousser les reverbs et les trémolos dans leurs derniers retranchements. Il va jouer avec le larsen, qui dès lors, passera du statut d’ennemi à celui de compagnon de route, voir de meilleur ami du guitariste comme nous l’enseigne Jimi Hendrix :

Jimi Hendrix – Wild Thing (Live at Monterey, 1968)

Ce travail sur l’esthétique du son sera poursuivi. Ainsi, Link Wray, en 1958, souhaite durcir le son de la guitare Surf, il a alors l’idée de percer le haut-parleur de son ampli avec un tournevis. Le son sifflant, sale et nasillard qui en ressort est baptisé « Fuzz », et devient dès lors le son incontournable du Rock’n’Roll jusqu’à l’invention de saturations plus spécifiques.

Link Wray – Ace of Spades (Live 1997)

Plus loin du rock, des musiciens expérimentaux comme La Monte Young, et plus tard Glenn Branca vont construire en grande partie leurs travaux sur la texture du bruit. La Monte Young aura une large influence sur les New Yorkais du Velvet Underground :

The Velvet Underground – Black Angels Death Song (1967)

Plus tard, les Sonic Youth, progéniture spirituelle du Velvet, et leader incontestés de la scène Noise Rock américaine depuis plus de 20 ans vont poursuivre l’exploration. Ils branchent à leur débuts, des perceuses sur des pédales Wha-Wha par exemple. Leurs expérimentations bruitistes d’alors nourriront par la suite leur rock riche et intelligent.

Sonic Youth – Mote (1990)

Pour clore ce voyage et boucler la boucle, les correspondants anglais des Sonic Youth, [Jesus & Mary Chain-> http://www.myspace.com/jamcrocknroll
], rendent un hommage appuyé au grand père du rock bruitiste avec un somptueux Bo Diddley Is Jesus sur la compilation de faces B Barbed Wire Kisses(1988) :
J&MC – Bo Diddley Is Jesus

Comment les groupes se vendent sur Internet

Des sites communautaires servent de tremplin pour lancer la carrière de jeunes musiciens. Exemples en région…

Kamini, les Arctic Monkeys, Soko. Ces chanteurs ont été découverts après avoir créé le « buzz » (faire du bruit) sur Internet. La toile est dorénavant le nouvel outil qu’utilisent les groupes de musique pour se faire connaître… et repérer.
Leader des sites communautaires, MySpace offre aux artistes l’opportunité de se créer une carte de visite professionnelle sur le web.
Le groupe montpelliérain pop rock Koacha fait ainsi partie de la communauté du site. « La plupart des artistes qui sont sur MySpace utilisent leur profil comme une vitrine pour diffuser les dates de leurs prochains concerts, laisser des morceaux en ligne, des photos et des vidéos de leurs spectacles« , précise Jérôme, le batteur du groupe. « Pour démarcher les salles de concert, on préfère utiliser notre page MySpace. C’est très facile de la mettre à jour, alors qu’on a besoin d’un webmaster pour ajouter des infos sur le site dédié au groupe. C’est plus contraignant!« 
Accessible à tous, MySpace bénéficie d’une forte audience, ce qui permet aux membres d’élargir leur public : avec 3,3 millions de visiteurs par mois, MySpace France compte parmi ses membres quelque 200 000 artistes ou groupes musicaux. « L’attente du public est énorme. Les gens veulent découvrir de nouvelles musiques qu’ils n’entendent pas à la radio« , explique Marc Mayor, le directeur de MySpace France.
Autre avantage non négligeable: il n’y a pas de hiérarchie sur le site. Un groupe méconnu est donc sur un pied d’égalité avec des artistes vedettes, tels que la star américaine Madonna.
MySpace représente ainsi un véritable moyen d’échanges entre artistes. A Montpellier, le guitariste Emmanuel Jessua raconte comment son groupe de métal Hypno5e s’est créé de nouveaux contacts: « MySpace nous a permis de rencontrer d’autres groupes, de faire des concerts avec eux en Belgique et en Allemagne. En tant que groupe indépendant, c’était important de créer notre page pour faire connaître notre musique au grand public« .
Depuis avril 2007, le nouveau programme musical du site, Me, MySpace and My Band, organise des concerts gratuits dans la France entière afin de donner un coup de projecteur sur les artistes membres du réseau.
Les membres d'Hypno5e ont bénéficié de Myspace pour se faire connaître
Montpellier a ouvert le bal en accueillant quatre groupes locaux sur la scène du Rockstore: Koacha, Hypno5e et Trash Aka L, un duo électro rock. Ils ont d’ailleurs été sélectionnés sur la compilation numérique Me, MySpace and My Band (sortie en avril).
Fini le temps où les artistes passaient exclusivement par les maisons de disques pour faire produire leur album. Alors que la crise du disque s’accélère, les fans se procurent le CD de leurs artistes favoris sur Internet. La toile fait figure de voie royale où les succès se forgent. Mais la concurrence, elle, reste rude.

Lull, présent sur tous les blogs

Léna, montpelliéraine, et Olivier, lodévois, forment un duo attachant sur scène et dans la vie. Elle écrit, il compose, et ils chantent ensemble dans un groupe acoustique world pop, Lull. « La première chanson que j’ai interprétée est un standard du jazz : Lullaby of birdland. Le nom du groupe est tiré de cette expérience ; en anglais, ça désigne un moment d’accalmie », précise Léna d’une voix de velours.
Ces deux-là connaissent bien le système de promotion qu’offre MySpace, mais ils ne s’en contentent pas. Ils sont présents sur tous les blogs : Jamendo, plateforme de téléchargement gratuite et légale, ou My groovy pod, un site où les groupes peuvent faire des concerts retransmis en direct par une webcaméra. La chanteuse nuance pourtant l’effet promotionnel de ces blogs. « Il ne suffit pas d’avoir un profil MySpace pour démarcher les labels. Il faut présenter un communiqué de presse, une maquette, un visuel du groupe pour que la maison de production voie qu’on a un public derrière nous ». En attendant la gloire, les deux artistes s’inscriront prochainement au Tremplin Milonga de Nîmes.

Pascal Obispo met Earsonics dans ses oreilles

Earsonics, PME montpelliéraine de huit salariés, a réussi à se faire une place de choix dans le secteur très fermé des écouteurs professionnels.

Fulgurante. C’est ainsi que l’on peut qualifier l’ascension de Earsonics, entreprise montpelliéraine d’écouteurs.
L’aventure commence en 2004. Franck Lopez, ingénieur du son et musicien professionnel, n’est pas satisfait par les in-ear-monitors (des écouteurs intra-auriculaires pour entendre le son qui vient de la scène) lors de ses tournées. « Les écouteurs que je trouvais sur le marché n’étaient pas très performants, exlique-t-il. J’ai donc décidé d’en créer moi-même. » Grâce à ses notions en acoustique et conception, il décide de se lancer. Il suit une formation de prothésiste et crée ses premiers écouteurs, seul. En novembre 2007, il fonde la SAS Earsonics, à Montpellier. Aujourd’hui, son entreprise emploie huit salariés.

Deux EM3 Pro, produit phare de EarsonicsProduits phares: les EM3 Pro, « véritables enceintes d’oreilles. » Moulés à la forme du conduit auditif, ces écouteurs offrent une très bonne isolation aux bruits extérieurs. Et la qualité du son dans l’oreille est sans pareille, d’après son concepteur. « Quand on est sur scène, on peut régler les voix et les instruments comme on veut, dans les écouteurs. Le son est net. » Réalisés en acrylique translucide et rigide, ils ont la particularité d’être personnalisables. Au choix: zébré noir et blanc, du rouge, du noir, du bleu… Toutes les folies sont permises.

Une notoriété nationale

Le SM2, destiné à un plus large publicIl n’en sort que deux par jour de l’atelier. Avec un prix de 890 euros, ce produit s’adresse aux professionnels de la musique. D’ailleurs, Earsonics équipe 95% de la scène française, dont Pascal Obispo, Raphaël, Julie Zenatti ou IAM. Principalement grâce au bouche-à-oreille et au site internet. Pour toucher un plus large public, un modèle standard du EM3 va être lancé en septembre. Le SM2, produit haut de gamme à 280 €, permettra aux fans de musique d’écouter leur CD favori avec « un son excellent et sans déranger les autres. » Des projets de personnalisation des écouteurs avec Apple et des maisons de luxe françaises sont à l’étude.

Earsonics développe de nouveaux produits. L’entreprise propose des bouchons antibruit, appelés Pads (130 €), qui permettent aux musiciens de répéter sans être gênés et qui restitue le son. « La personne n’est pas coupée du monde quand elle les porte, à défaut des autres bouchons existants, affirme Franck Lopez. Et nous sommes les seuls exploitants du brevet. » La version grand public, elle, s’adresse à tous les secteurs d’activité bruyants. Ce qui représente un énorme marché à explorer pour l’entreprise.
Les Pads, une nouveauté de l'entreprise

Des projets internationaux? Pour le moment, Earsonics veut consolider son emprise sur le marché français. Le jeune patron, prudent, indique qu’ «avec le site internet, nous avons déjà des clients au Canada et à Hong Kong. Mais nous ne voulons pas brûler les étapes.»